Lundi 14 octobre en Amphi A Bâtiment Bias 2, 10 rue Bias
Le roi assyrien et ses dieux à la conquête du monde : quand politique et religion créent un empire
La ville d’Aššur est une des cités centrales de l’histoire mésopotamienne qui pose une question passionnante aux chercheurs : comment une petite ville sans importance va-t-elle devenir la capitale religieuse d’une des plus grands empires du Proche-Orient ancien. La conférence proposera d’analyser les interactions entre trois acteurs de cette histoire : le dieu Aššur, la ville d’Aššur et le roi assyrien pour montrer comment le discours politique s’est construit en fur et à mesure de l’évolution de la puissance de la ville et comment cette évolution va entrainer l’adaptation de la figure du dieu tutélaire Aššur, qui aboutira, pour certains chercheurs, à une forme de monothéisme.
B. Lafont, A. Tenu, F. Joannès & Ph. Clancier, La Mésopotamie. De Gilgamesh à Artaban. 3300-120 av. J.-C., Paris, 2017.
E. Frahm, Assyria: The Rise and Fall of World’s First Empire, London, Oxford, New York, New Delhi, Sydney, 2023.
Lionel Marti est assyriologue, chargé de recherche au CNRS, et appartient à l’UMR 7192 « Proche-Orient — Caucase : langues, archéologie, culture ». Il co-dirige la fouille de Bash Tapa au Kurdistan irakien. Il s’intéresse tout particulièrement au monde assyrien (XIVe-VIIe siècles av. J.-C.) et à ses origines amorrites (XVIIIe siècle).
L’éditorial de la rentrée
Des hommes et des dieux : Pouvoirs et religions
Il n’est peut-être pas de question plus ancienne, et en même temps de problème plus actuel que celui des rapports entre pouvoirs et religions. Tel sera le thème de nos conférences de l’année 2024-2025 qui a été choisi après consultation de nos adhérents.
Question actuelle, disons-nous, et, sans doute, à l’échelle de la France beaucoup plus actuelle qu’il y a un demi-siècle. On peut situer le tournant dans les années 1980, moment où, comme l’écrit Patrick Weil, « le modèle républicain laïque d’intégration nationale est questionné par l’émergence de l’islam dans un contexte de développement de la diversité culturelle », qu’elle soit religieuse ou non religieuse. Et, bien sûr, par la suite, le surgissement ou la résurgence dans nos sociétés, en principe modernisées, de formes de violence radicale se réclamant de la religion ont frappé tous les esprits.
Selon le principe qui nous anime à Nantes Histoire, il convient de situer cette actualité, qui ne sera pas éludée, dans une réflexion sur la profondeur de l’Histoire, en variant les angles d’approche, les cas de figure, les civilisations, les aires géographiques. Nous y sommes aidés par l’appel aux meilleurs spécialistes qui nous font l’honneur et l’amitié de diffuser auprès de nous les résultats de leurs recherches et de leur réflexion.
La dualité entre pouvoir et religion, entre chef et chaman, est peut-être présente depuis l’origine de l’humanité. Elle est rarement simple et univoque. Certes, politique et religion peuvent-elles converger et s’unifier dans une figure royale ou prophétique pour créer ou soutenir un empire. Mais c’est le plus souvent la distinction des pouvoirs temporels et spirituels qui marque l’histoire. Bien sûr, les intérêts sont en principe réciproques, le pouvoir temporel ayant besoin d’être sacralisé, et le spirituel protégé. Mais on constate souvent des ruptures d’équilibre. Soit que l’institution religieuse cherche à dicter leur conduite aux princes, pour convertir, lutter contre l’hérésie, voire soutenir des guerres de religion. Soit inversement que les autorités temporelles, avec leur politique anglicane, ou gallicane, entendent gouverner, pour le moins contrôler et instrumentaliser la religion au service de l’État. Les deux images de couronnement que nous avons choisies pour illustrer notre flyer pourraient suggérer deux rapports de pouvoir inverses : à la soumission de Charlemagne à l’Église, telle qu’elle est représentée dans une image rétrospective du XIVe siècle, s’oppose le défi que semble lancer Napoléon au pape en posant lui-même sur sa tête la couronne impériale.
Aux symbioses, même conflictuelles, qui dominent de l’Antiquité aux Temps modernes, s’ajoutent dans la période contemporaine des prises de distance avec différents seuils de laïcisation, concordats tournant parfois aux « discordats », séparations pas toujours à l’amiable : aux convictions et aux passions religieuses peuvent alors s’opposer des convictions rationalistes, des passions anticléricales, voire des politiques antireligieuses. Un consensus sur la laïcité, la garantie de la liberté de conscience et de culte, la séparation et l’indépendance du temporel et du spirituel, semble, au moins en France, dominer désormais, malgré les questionnements qu’apporte le temps présent à ce modèle républicain. La confrontation avec d’autres cas de figure contemporains, ceux du Mexique, de l’Inde, d’Israël, ou de la Russie, suggère évidemment la complexité et la diversité de la question à l’échelle mondiale.
Programme 2024-2025 : Des hommes et des dieux : pouvoirs et religions
Dieu et César, pouvoirs et religions, il n’est peut-être pas de question plus ancienne et en même temps de problème plus actuel… Nos conférences de 2024-2025 aborderont nombre des formes qu’ont pu prendre dans l’histoire ces rapports interactions : théocraties et figures du roi-prêtre, vassalisation des religions par le pouvoir temporel, ou inversement contrôle et utilisation du bras armé temporel par un pouvoir spirituel. Aux symbioses, même conflictuelles, qui dominent de l’Antiquité aux Temps modernes, s’ajoutent dans la période contemporaine des prises de distance allant jusqu’à la séparation.
Actualités historiques
Les conférences Junior
Des jeunes chercheurs masterant·es et post-masterant·es sont invités par Nantes-Histoire pour venir présenter leurs recherches sur le thème « santé, corps et sociétés ». Leurs communications se dérouleront de 17h15 à 17h45, dans un amphi du Pôle Santé, et serviront d’ouverture à certaines conférences au cours de l’année. Elles sont gratuites et ouvertes à toutes et tous.
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Nos autres activités
Cette année-là à Nantes
Nos objectifs : l’histoire citoyenne, l’histoire partagée
Créée en 1987, Nantes-Histoire est une association qui travaille à promouvoir une histoire citoyenne. Tout en prenant en compte la dimension locale, elle se veut généraliste, dans la plus grande variété des sujets, des périodes historiques, des échelles géographiques. Les lumières qu’apporte l’histoire peuvent et doivent servir à éclairer les problèmes d’aujourd’hui et nos engagements dans la cité.
Profondément ancrée à Nantes et alentours, en même temps qu’ouverte sur le monde, notre association a pour objectifs de répondre au désir d’histoire qui existe chez beaucoup de nos concitoyen·nes et de le susciter. Nous nous situons dans la grande tradition républicaine des Universités populaires du début du XXe siècle et des mouvements d’éducation populaire de la Libération, tout en nous préoccupant de renouveler cette tradition et d’être pleinement en phase avec notre temps.
Si l’acquisition des connaissances historiques est le fruit d’un effort de recherche exigeant, et si la parole des spécialistes constitue une base indispensable, l’interprétation de ces données est l’affaire de chacun·e et de toutes et tous. L’histoire telle que nous la concevons s’appuie sur la pluralité des voix et des interprétations, aux antipodes des certitudes dogmatiques. Le temps du débat constitue ainsi un moment essentiel à la fin de nos conférences et nous entendons le prolonger sur notre site.
Éclairer le présent par le passé, être attentif aux différences et aux changements autant qu’aux ressemblances et aux continuités, tels sont les principes de notre association.