Thème des cours publics 2018 -2019

Complots et complotisme dans l’histoire

Si le dévoilement d’une histoire secrète fascine, le regain d’intérêt actuel dans les médias pour les complots et la théorie du complot (complotisme ou conspirationnisme), sous ses formes les plus diverses et variées, signe d’une crise de la culture et de l’éducation, devait préoccuper à juste titre l’association Nantes-Histoire qui consacre son cours public de l’année 2018-2019 à ce thème.
S’il faut bien distinguer complots et théories du complot, comploteurs et complotistes, de la conjuration de Catilina, dénoncée par Cicéron, jusqu’aux actions terroristes contemporaines, l’histoire du monde est parsemée d‘épisodes politiques où le complot, projet concerté secrètement contre la vie ou la sûreté d’une personne, d’un groupe ou d’un État, a joué un rôle essentiel. D’autre part, quand on parle de théories du complot ou de complotismes, il est plus généralement fait référence à une disposition d’esprit systématique, une vision du monde dominée par la croyance que tous les événements dans le monde humains sont voulus ; la démarche est toujours la même : tous les faits ont une cause humaine, mêmes les plus naturels, qui viserait à cacher les véritables desseins de ceux qui nous gouvernent et qui les manipulent de façon à cacher toujours les vraies causes, la plupart du temps inavouables.
Nantes-Histoire propose donc dans son cours public 2018-2019 un parcours sur l’histoire et la signification des complots et des conspirations célèbres, réels ou imaginaires, du début de l’Empire romain à nos jours.

Agenda

Programme Année 2018-2019

Date de la conférence

conférencier

thème de la conférence

8 oct. 2018

André LOEZ

Les complots dans l’histoire : mythes, réalités et problèmes.

15 oct. 2018

François CADIOU

La hantise du complot dans la Rome du temps de César : l’affaire Vettius (octobre 59 av.J.C)

5 nov. 2018

Claude GAUVARD

Complots et naissance de l’Etat en France au Moyen-Age.

12 nov. 2018

Nicolas DROCOURT

Complots et coups d’état à Byzance
IXe-XIIe siècles.

19 nov. 2018

John TOLAN

La peur du complot juif au Moyen-âge : l’accusation de Meurtre rituel.

26 nov. 2018

Yann LIGNEREUX

D’un complot à un autre. De quelle conspiration parle-t-on dans la France de Louis XIII et de Richelieu ?

3 décembre 2018

Philippe HAMON

Des complots liés à la Saint-Barthélemy.

10 décembre 2018

Marc BELISSA

L’invention du complot maçonnique : l’affaire de l’abbé Barruel (1741-1820).

17 décembre 2018

Jean-Clément MARTIN

De l’intérêt des complots et du complotisme : l’exemple du 9 Thermidor an II, la chute de Robespierre.

7 janvier 2019

Jean-Yves MOLLIER

La corruption parlementaire des années 1930 aux années 1980.

14 janvier 2019

Jean GUIFFAN

Le mythe d’un complot judéo-maçonnique dans l’Affaire Dreyfus

21 janvier 2019

Mathilde LARRERE

La Charbonnerie

28 janvier 2019

Bertrand JOLY

Le boulangisme a-t-il comploté ?

4 février 2019

Jean Noel TARDY

La conspiration à l’âge romantique (1820-1870). Etude d’une pratique et d’un imaginaire politiques.

11 mars 2019

Dominique FRERE

La persistance de certains mythes archéologiques : construction de l’imaginaire et obsession du complot.

18 mars 2019

Julien GIRY

Débat sur Les théories du complot.

Evénement

29 avril 2019

Patrick Barbier

Historien de la Musique

Professeur à l’Université Catholique de l’Ouest (Angers)

Président du Centro Studi Farinelli (Bologne)

Membre de l’Académie Littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire

Conférence musicale

Musiques et fêtes à Venise au temps de Vivaldi

Lundi 29 avril 2019

18h15

Salons Mauduit – rue Arsène Leloup

gratuité aux membres de Nantes-Histoire sur présentation de votre carte d’adhérent

5 euros pour autre public

18 mars 2019

Julien Giry

Chercheur associé à l’IDPSP/ Univ. Rennes 1 et membre du programme européen de recherche interdisciplinaire Comparative Analysis of Conspiracy Theories (CA 15101), Docteur en science politique de l’université de Rennes 1

Débat autour du « conspirationnisme » dans l’histoire américaine

et des théories du complot aujourd’hui.

Sa thèse, « Le conspirationnisme dans la culture politique et populaire aux États-Unis. Une approche sociopolitique des théories du complot« , est disponible sur le net en consultation ou téléchargement en cliquant sur le lien ci-dessous :

https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-01686574/document

Parmi ses dernières publications académiques :

  • « Archéologie et usages du « style paranoïaque ». Pour une épistémologie critique », Critica Masonica, n°12, 2018.
  • « Quand la radicalité en vient à questionner la rationalité (en) politique. Lyndon LaRouche, une étude de cas » in Stéphane François (dir.), Un XXIe siècle irrationnel? Analyses pluridisciplinaires des pensées « alternatives », Paris : Éditions du CNRS, 2018.
  • Avec Virginie Tournay et Emmanuel Taïeb, « Les radicalisations. Culture et postmodernité », Quaderni, n°95, hiver 2017/2018.
  • « Étudier les théories du complot en sciences sociales. Enjeux et usages», Quaderni, n°94, 2017.
  • « Le « complotisme 2.0 », une étude de cas de vidéo recombinante : Alain Soral sauve Glenn et Tara dans The Walking Dead », Quaderni, n°94, 2017.

Site web de Julien Giry :

https://juliengiry-sciencepo.e-monsite.com/

11 mars 2019

Dominique Frère

Professeur d’Histoire et d’Archéologie

Université Bretagne Sud / Lorient

Le peuplement phénicien de la Bretagne : archéologie d’un mythe

Résumé :

Depuis le début du XIXe siècle et jusqu’à nos jours, ce que l’on peut appeler un mythe archéologique ne cesse de se renouveler. Les Phéniciens auraient implanté des colonies sur le littoral de la Vendée et de la Bretagne méridionale et fondé les premières villes de la Gaule, bien avant Marseille. À la recherche de l’étain des îles Cassitérides, ils seraient ainsi à l’origine d’une véritable civilisation « armorico-phénicienne ». A la fin du premier Empire et durant la Restauration, Armand-Louis-Bon Maudet de Penhouët, membre de la Société des Antiquaires de France en 1807, est le premier à construire une véritable théorie des origines phéniciennes de la Bretagne à partir des témoignages archéologiques et iconographiques ainsi que de rapprochements linguistiques entre la langue bretonne et les langues sémitiques. A une époque où le concept de préhistoire n’existait pas encore et où la linguistique comparée n’en était qu’à ses balbutiements, les thèses de celui qui fut l’un des premiers archéologues bretons n’étaient pas tellement absurdes, reposant en particulier sur la comparaison avec les volumes de la « Description de l’Egypte » consacrés à l’antiquité. Durant environ deux décennies, de 1810 jusque vers 1830, les menhirs, dolmens et autres « antiquités armoricaines » sont au cœur de violents débats qui voient s’affronter les partisans d’une Armorique celtique et ceux d’une Armorique orientale. Les celtomanes de la génération suivante semblent avoir définitivement vaincu mais se retrouvent confrontés à l’avènement de la Préhistoire qui s’impose brutalement en Bretagne lors du congrès celtique international de Saint-Brieuc de 1867. Mais alors que l’archéologie préhistorique est devenue une réalité scientifique et institutionnelle incontournable, la phénicomanie resurgit dans les années 1870 avec des découvertes retentissantes d’un soi-disant navire phénicien dans les marais de Guérande et d’inscriptions phéniciennes qui s’avèrent être des faux. Et jusqu’à nos jours, le mythe archéologique d’un peuplement phénicien de la Bretagne ne cesse de resurgir, avec des thèses osées et parfois farfelues comme celle d’une puissante civilisation phénicienne d’Armorique dont l’anéantissement, après les guerres puniques, aurait été l’objectif principal et caché du déclenchement de la guerre des Gaules. C’est une archéologie romantique qui est à l’œuvre, une autre vision (et une révision) de l’histoire, fantasmée et très idéologique, des origines de la Bretagne. Face à leurs détracteurs, les fervents partisans d’une Bretagne phénicienne se réfugient dans la posture de victimes d’un complot. Complot évidemment fomenté par les représentants d’une « science officielle » effarés à l’idée que l’on puisse démontrer les « mensonges de l’histoire » entretenus depuis Jules César.

Téléchargez la présentation de la conférence de Dominique Frère

au format PowerPoint en cliquant ICI

Bibliographie de Dominique Frère :

  • D. Frère (dir.), De la Méditerranée vers l’Atlantique. Aspects des relations entre la Méditerranée et la Gaule centrale et occidentale (VIIIe-IIe siècles av. J.-C.),Rennes, 2006
  • D. Frère (dir.), L’archéologie méditerranéenne et proche-orientale dans l’Ouest de la France. Du mythe des origines à la constitution des collections, (Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 115), 2008
  • D. Frère, L. Hugot, « Les origines de Rome vues par les Antiquaires bretons », Mémoires d’Italie. Identités, représentations, enjeux (antiquité et classicisme), Côme, 2010, p.132-140.Amitiés,Dominique

4 février 2019

Jean-Noël Tardy

Agrégé et docteur en Histoire membre associé du Centre d’Histoire du 19e siècle

Paris-1 / Paris-4

La conspiration à l’âge romantique (1820-1870).

Etude d’une pratique et d’un imaginaire politiques.

Résumé :

Le propos de cette conférence est de questionner une forme particulière du politique qu’est le complot, non à travers un seul cas, mais à l’échelle d’un temps politique relativement long et riche en conspirations, le moment qui s’étend de la Restauration à la chute du Second Empire. Libéraux, républicains, socialistes, légitimistes et bonapartistes sont tous impliqués dans des conspirations durant cette période. Face à la multiplicité des affaires de 1815 à 1870, l’historien est confronté à plusieurs défis liés à la question du secret : le manque d’information mais aussi la désinformation ou le faux. Il ne s’agit pas de réduire la tâche de l’historien à celle du détective, même si des rapprochements existent. Le complot est un objet complexe car il est à la fois un crime politique, une forme d’action collective et une vision du monde et de l’histoire, parfois désignée sous le terme de théorie du complot. Ce n’est qu’après une opération de déconstruction de l’objet que l’on s’attachera à étudier comparativement les actes subversifs des différentes oppositions aux régimes politiques du XIXe siècle.

Bibliographie de Jean-Noël Tardy :

  • L’âge des ombres, complots, conspirations et sociétés secrètes au 19e siècle, Les Belles Lettres, 2015

28 janvier 2019

Bertrand Joly

Professeur émérite

d’Histoire contemporaine

Université de Nantes

Le boulangisme a-t-il comploté ?

Résumé :

Le Sénat érigé en Haute Cour condamne en août 1889 le général Boulanger, Henri Rochefort et Arthur Dillon, tous contumaces, à la déportation pour complot. Selon la vérité judiciaire, les boulangistes ont donc bel et bien comploté contre la République, mais tous les historiens ont souligné le vide du dossier à charge et les aspects contestables d’un procès purement politique.

Se demander s’il y a eu complot revient à s’interroger sur la nature même de la campagne boulangiste, ses fins et ses moyens : conquête légale du pouvoir par les urnes ou coup d’état éventuel, avant ou après l’éventuelle victoire électorale ? Réforme républicaine ou restauration monarchique ? L’étude des divers meneurs montre qu’ils étaient profondément divisés sur ces questions essentielles et que leur ligne légaliste officielle n’écartait en réalité aucune hypothèse, faute d’un projet clair et précis que Boulanger était incapable de fixer, tandis que, derrière eux, leurs alliés royalistes restaient tout aussi divisés et indécis. Cela explique que le boulangisme a pu donner l’impression de comploter (financements occultes, rencontres clandestines, accords secrets) sans que rien de sérieux ne résulte de ces menées aventureuses.

Bibliographie sommaire du boulangisme

  • DANSETTE (Adrien). Le Boulangisme. Paris, Fayard, 1946, 411 p. L’ouvrage classique sur le sujet, forcément vieilli mais encore très utile.
  • BRETEUIL (Henri de). Journal secret, 1886-1889, édité par Dominique Paoli. Paris, Mercure de France, 2007, 387 p. Témoignage d’un député royaliste intelligent mêlé de près à l’intrigue.
  • GARRIGUES (Jean). Le Général Boulanger. Paris, Olivier Orban, 1991, 380 p. Biographie bienveillante du général.
  • GARRIGUES (Jean). Le Boulangisme. Paris, 1992, 128 p. (Que sais-je, n°2698). Synthèse commode.
  • IRVINE (William D.). The Boulanger Affair reconsidered, Royalism, Boulangism and the Origins of the Radical Right in France. New York, Oxford university press, 1989, X-240 p. Renouvelle largement le sujet, grâce à une remarquable enquête érudite.
  • JOLY (Bertrand). Paul Déroulède, l’inventeur du nationalisme. Paris, Perrin, 1998, 440 p.
  • JOLY (Bertrand). Vie de Maurice Vergoin, député boulangiste, suivie des souvenirs inédits de Maurice Vergoin, Notes sur le Mouvement républicain révisionniste et le boulangisme (16 mars 1888 – 6 octobre 1889), Paris, Honoré Champion, 2005, 271 p. L’unique témoignage, assez pathétique, d’un membre de l’état-major boulangiste.
  • NÉRÉ (Jacques). Le Boulangisme et la presse. Paris, 1964, 239 p.

21 janvier 2019

Mathilde Larrère

Maître de conférences en histoire contemporaine

Université Paris Est – Marne-la-Vallée

La charbonnerie et les sociétés secrètes du premier 19e siècle

Résumé :

Il fut un temps où les complots existaient vraiment. Des hommes – la majeure partie du temps –, jeunes – le plus souvent –, prêtaient serment et planifiaient des coups de force pour mettre à bas le tyran, la monarchie ou la société de classes. Beaucoup connaissaient la prison, certains la mort, tous l’échec. C’est le cas au début du 19e siècle. Dans l’Europe des monarchies restaurées après la chute de Napoléon, les libertés sont sous le boisseau et les idées libérales, démocratiques interdites. Ceux qui aspirent à renverser les ordres traditionnels, qui luttent pour la liberté sont contraints à la clandestinité et s’organisent en sociétés secrètes. Au début des années 1820, la Charbonnerie, inspirée des carbonari italiens et composée en partie de militaires, multiplie les actions : des troupes se soulèvent, notamment à Colmar, Saumur, Belfort, mais, presque toujours, la maladresse des insurgés facilite leur arrestation. Les sociétés secrètes des années 30 diffèrent de celles des années 20 par leur composition de plus en plus populaire (ouvriers surtout), et parce qu’elles préparent l’insurrection plus que le complot. Si ces conspirateurs ont échoué à renverser les régimes, en revanche, ils sont parvenus à installer le complot dans l’imaginaire politique de l’époque. En 1841, un ouvrier pouvait déclarer crânement à la barre : « Profession : conspirateur ! ». Comprendre le XIXe siècle nécessite donc de prendre le complot au sérieux, et parler du complot nécessite de faire une halte au début du 19e. Ce que nous ferons donc dans cette conférence de janvier !

Téléchargez la conférence de Mathilde Larrère au format pdf en cliquant ICI

Bibliographie sur le sujet

  • Jean-Noel Tardy, L’âge des ombres, complots, conspirations et sociétés secrètes au 19e siècle, Les Belles Lettres, 2015

Bibliographie de Mathilde Larrère

  • Révolutions, quand les peuples font l’histoire, Belin, deux éditions, une illustrée, une non.
  • Les intrus en politique, édition du détour, 2017.

14 janvier 2019

Jean Guiffan

Professeur honoraire

en classes préparatoires

Lycée Clemenceau – Nantes

Le mythe d’un complot judéo-maçonnique dans l’Affaire Dreyfus

Résumé :

Un peu plus de trois ans avant l’arrestation du capitaine Dreyfus nait à Nantes, le 17 mars 1891, un nouveau quotidien, Le Nouvelliste de l’Ouest, qui se présente comme un « journal d’union sur le terrain catholique » en désignant clairement ses adversaires : « la coalition juive et franc-maçonne ». Parmi tous les complots dont on a affublé « l’Affaire », celui du « complot judéo-maçonnique » a sans doute été l’un des plus importants. Il naît au milieu du XIXe siècle dans les milieux catholiques en faisant la synthèse entre un vieil anti-judaïsme chrétien (« les Juifs, peuple déicide ») et la croyance en un complot maçonnique inventé par l’abbé Barruel à l’extrême fin du XVIIIe siècle. Largement utilisé par les antidreyfusards, en particulier dans la presse catholique, cette thèse d’un complot unissant juifs et francs-maçons, auxquels Charles Maurras rajoutera rapidement les protestants et les métèques (« les quatre États confédérés »), ne va pas totalement disparaître dans les esprits d’une partie de la société française : le gouvernement de Vichy s’y appuiera pour tenter de justifier sa politique vis-à-vis des Juifs et des Francs-maçons.

Téléchargez la présentation de la conférence de Jean Guiffan au format PowerPoint en cliquant ICI ou bien au format pdf en cliquant ICI

Bibliographie :

Sur l’Affaire Dreyfus

  • Bertrand Joly, Histoire politique de l’Affaire Dreyfus, Fayard, 2014
  • Philippe Oriol, L’Histoire de l’Affaire Dreyfus de 1894 à nos jours, Les Belles Lettres, 2014
  • Pierre Miquel, L’Affaire Dreyfus, PUF (Que Sais-je) , 2016

Sur le complot judéo-maçonnique

  • Alain Goldschläger, Jacques Charles Lemaire, Le complot judéo-maçonnique, Éd. Labor/ Espace de Libertés, 2005
  • Emmanuel Kreis, Les Puissances de l’ombre, CNRS éditions, 2008
  • Pierre-André Taguieff, L’invention du « complot judéo-maçonnique ». Avatars d’un mythe apocalyptique moderne, in- « Revue d’Histoire de la Shoah », 2013/1 (N° 198),

Ouvrages de l’intervenant concernant le sujet

  • Jean Guiffan, La Bretagne et l’Affaire Dreyfus, Terre de Brume, 1999
  • Jean Guiffan, « L’Affaire » en Bretagne, in- « L’Affaire Dreyfus, nouveaux regards, nouveaux problèmes », Presses Universitaires de Rennes, 2007
  • Jean Guiffan, Le dernier prêtre-proviseur (1890-1898) – « Le péché de Nantes », éd. du Petit Véhicule, 2007.

7 janvier 2019

Jean-Yves Mollier

Professeur émérite

d’Histoire contemporaine

Université Paris Saclay – Versailles

Saint-Quentin-en Yveline

La corruption parlementaire des années 1930 aux années 1980.

Résumé :

La corruption parlementaire est de toutes les époques et de tous les pays. Toutefois, en France, elle connaît un véritable bond dans les années 1930-1980. Le scandale de Panama, en 1892-1893 avait montré l’étendue du problème, la presse jouant un très grand rôle dans le drainage de l’épargne publique. Il en fut de même pour les emprunts russes à la fin du siècle et pour « La Gazette du franc », le journal de la « banquière » (Marthe Hanau) après la Première Guerre mondiale. Le scandale Stavisky faillit emporter la République et suscita un vif débat à propos de la moralisation de la presse en 1936-1937. Des projets de nationalisation des messageries et de statut de la presse naquirent dans la Résistance, sans pouvoir être appliqués à la Libération. C’est en suivant les méandres du vote de la loi Bichet du 2 avril 1947 (une loi rédigée en fait par les avocats du groupe Hachette) que l’on prend conscience de l’ampleur du phénomène des lobbies industriels et financiers en cette période et de leur capacité à investir les commissions parlementaires afin d’empêcher le vote d’une loi ou, au contraire, d’en obtenir une, plus favorable à leurs intérêts. En travaillant sur les archives de certaines entreprises et celles des groupes parlementaires du MRP, du PCF, de la SFIO, de l’UDSR et du Parti radical, Jean-Yves Mollier parvient à nouer les fils qui relient intérêts privés et débats nationaux, et à montrer comment la corruption de certains élus érode peu à peu le système parlementaire. Les personnalités d’Edouard Herriot, Jacques Chaban-Delmas, Gaston Defferre, Jean Lecanuet, François Mitterrand apparaissent ici sous une lumière inhabituelle, de même que celles d’autres élus, plus oubliés aujourd’hui, tels le colonel Félix (Jacques Chombart de Lauwe) à Nantes, Paul Verneyras ou Robert Verdier. En suivant ensuite le financement de certaines campagnes électorales, présidentielle de 1965 ou législatives de 1967, puis le cheminement de certaines mesures de nationalisation du Programme commun de gouvernement de la gauche (juin 1972) qui disparaissent des 110 propositions du candidat François Mitterrand en 1981, on mesure à quel point certains groupes financiers ont pu peser sur les décisions politiques des élus de la nation.

Bibliographie :

  • Arthur Raffalovitch, « L’abominable vénalité de la presse française » (1931)
  • Jean Garrigues, « Les scandales de la République : de Panama à l’affaire Elf » (Robert laffont, 2004).
  • Jean-Noël Jeanneney, « L’argent caché. Milieux d’affaires et pouvoirs politiques dans la France du XXe siècle » (Seuil, 1981)
  • Jean-Yves Mollier, « Le scandale de Panama » (Fayard, 1991) et « L’Âge d’or de la corruption parlementaire, 1930-1980 » (Perrin, 2018).

Bibliographie récente de Jean-Yves Mollier :

  • « L’Âge d’or de la corruption parlementaire » (Perrin, 2018),
  • « Une autre histoire de l’édition française » (La fabrique, 2015)
  • « La mise au pas des écrivains. l’impossible pari de l’abbé Bethléem au XXe siècle » (Fayard, 2014).

17 décembre 2018

Jean-Clément Martin

Professeur émérite d’Histoire

de la Révolution française

Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne

De l’intérêt des complots et du complotisme :

l’exemple du 9 Thermidor an II, la chute de Robespierre.

Résumé :

Conspiration de l’étranger, cabinet autrichien, complot contre-révolutionnaire… la période de la Révolution française a été scandée par de multiples ténébreuses affaires, dont certaines gardent encore tout leur mystère. La conférence traitera de cette dimension, connue et pourtant souvent négligée tant elle semble être peu digne d’intérêt face aux grands enjeux du moment. Pourtant cette investigation permet de comprendre nombre d’événements, surtout elle rend compte des mentalités collectives et donne ainsi une clé importante à la bonne compréhension de la marche politique de la Révolution. Il convient donc de revenir sur les machinations réelles ou supposées, en commençant bien entendu par le 9 thermidor de si grande mémoire.

Bibliographie :

  • Robespierre, la fabrication d’un monstre, Perrin
  • Nouvelle Histoire de la révolution française, Perrin
  • La terreur, Perrin
  • Echos de la Terreur, Vérités d’un mensonge d’Etat, Belin
  • La guerre de Vendée, Seuil
  • Nantes et la Révolution française, Château des Ducs de Bretagne
  • Camisards et Vendéens, avec P. Joutard, Nîmes Alcide

10 décembre 2018

Marc Belissa

Maître de conférence et directeur de recherche en Histoire moderne

Université de Paris-Nanterre

L’invention du complot maçonnique : l’affaire de l’abbé Barruel (1741-1820).

Résumé :

Dès 1789, ceux que l’on pourrait appeler des « historiens de l’immédiat » tentent de comprendre et d’analyser les causes de la Révolution qui vient de se produire et dont certains pensent qu’elle est déjà terminée. C’est donc la question du « pourquoi ? » plutôt que du « comment ? » qui s’invite dans la réflexion des contemporains. L’idée d’une Révolution nécessaire, inéluctable, « préparée par la nature des choses » comme l’écrit Rabaud Saint-Etienne en 1791, s’impose alors largement mais cette idée de l’inéluctabilité prend d’emblée plusieurs formes. La première pourrait être qualifiée schématiquement de « sociopolitique ». Rabaud Saint-Etienne ou Barnave par exemple voient dans le conflit entre tiers état, noblesse et monarchie dans les décennies précédant la Révolution la grande cause de la Révolution. La deuxième version de l’inéluctabilité — qui ne s’oppose d’ailleurs pas à la première — peut être qualifiée de « culturelle ». C’est la diffusion des arts (au sens large du terme) et des connaissances depuis l’invention de l’imprimerie, puis la diffusion des Lumières au XVIIIe siècle qui a préparé les esprits à la remise en cause des autorités intellectuelles, religieuses et politiques établies. La troisième version de la Révolution inéluctable est celle qui s’appuie essentiellement sur les causes providentielles ou divines, mais avec un « bras armé ». Si la Providence a voulu que la monarchie française et l’Église catholique s’effondrent, elle a utilisé pour ce faire des groupes existants et secrets qui œuvraient dans l’ombre pour le renversement du monde, de la société et de la morale. D’emblée il s’agit d’idées défendues par une partie des opposants irréductibles aux processus en cours. D’autres contemporains insistent non sur le dessein de la Providence mais plutôt sur les groupes secrets qui auraient contribué à l’éclatement de la Révolution, ce sont les premiers véritables « complotistes » de l’histoire.

Bibliographie :

Historiographie et débats

  • A. DE BAECQUE, Pour ou contre la Révolution. De Mirabeau à Mitterrand, Bayard, 2002.
  • A. GÉRARD, La Révolution française, mythes et interprétations, 1789-1970, Flammarion « Questions d’Histoire », 1970.
  • J.-N. DUCANGE, La Révolution française et l’histoire du monde. Deux siècles de débats historiques et politiques 1815-1991, Armand Colin, 2014.

Contre-Révolution

  • G. GENGEMBRE, La Contre-révolution ou l’histoire désespérante, Imago 1989.
  • J. GODECHOT, La Contre-Révolution, 1789-1804, 1961, rééd. 1987.
  • J.-C.MARTIN, (dir.), La guerre civile entre histoire et mémoire, Ouest-Editions, Nantes, 1995.
  • J.-C. MARTIN (dir.), La Contre-Révolution en Europe XVIIIe – XIXe siècles, Rennes, 2001.
  • J. TULARD Jean (dir.), La Contre-Révolution, Perrin, 1990.
  • D. M. G. SUTHERLAND, Révolution et Contre-Révolution en France, 1789 1815, Seuil, 1991 [1986].

Ouvrages de Marc Belissa sur le XVIIIe siècle les Lumières et la Révolution française

  • Fraternité Universelle et Intérêt National (1713-1795). Les cosmopolitiques du droit des gens, Paris, Kimé, 1998.
  • Repenser l’ordre européen 1795-1802, Paris, Kimé, 2006.
  • Robespierre. La Fabrication d’un mythe (avec Yannick Bosc) Paris, Ellipses, 2013.
  • Le Directoire. La République sans la démocratie (avec Yannick Bosc), Paris, La fabrique, 2018.

3 décembre 2018

Philippe Hamon

Professeur d’Histoire moderne

Université de Rennes-2

Des complots liés à la Saint-Barthélemy.

Résumé :

Les massacres de protestants perpétrés à Paris, puis en province, entre le 24 août et le début octobre 1572, sont devenus emblématiques, au point que le nom qu’on leur a donné – la Saint-Barthélemy – est utilisé en bien d’autres circonstances. L’onde de choc suscitée par ces tueries exceptionnelles, accomplies en pleine paix, est considérable en France et au delà. Très vite, dans le feu des événements, les acteurs et les témoins cherchent à leur donner sens. Pour beaucoup, le recours au complot s’avère alors précieux. Les protestants cherchent le ou les coupable(s) de la catastrophe qui s’est abattue sur eux parmi les grands seigneurs catholiques (les Guises), au sein même du pouvoir monarchique (le roi Charles IX, et plus encore sa mère Catherine de Médicis et ses conseillers italiens), voire à l’étranger, à Rome ou à la cour d’Espagne. Mais les autorités royales de leur côté font découler leur action de leur volonté de prévenir un complot huguenot ! Ce complot supposé sert aussi à certains pour justifier la violence massacrante du peuple catholique. Bien des diplomates du temps, et à leur suite, nombre d’historiens, ont cru à la préméditation des opérations. Peut-on aujourd’hui encore s’en satisfaire ? Ne faut-il pas redonner leur force – et peut-être une partie de leur opacité – aux logiques propres de l’événement ?

Bibliographie :

Ouvrages en lien avec le thème de la conférence

  • JOUANNA Arlette, La Saint-Barthélemy. Les mystères d’un crime d’Etat, 24 août 1572, Paris, Gallimard, 2007
  • JOUANNA Arlette, Le Pouvoir absolu : Naissance de l’imaginaire politique de la royauté, Gallimard, 2013
  • CROUZET Denis, La Nuit de la Saint-Barthélemy. Un rêve perdu de la Renaissance, Paris, Fayard, 1994
  • LE ROUX Nicolas, Les guerres de Religion (1559-1629), Paris, Belin, 2009.

Ouvrages de l’intervenant (sans lien direct avec le thème de la conférence)

  • HAMON Philippe, Les Renaissances (1453-1559), Paris, Belin, 2010
  • HAMON Philippe, L’Or des peintres. La représentation de l’argent dans l’image, Rennes, PUR, 2009

26 novembre 2018

Yann Lignereux

Professeur d’Histoire moderne

Université de Nantes.

D’un complot à un autre.

De quelle conspiration parle-t-on dans la France de Louis XIII et de Richelieu ?

Résumé :

Pour suivre l’analyse de l’historien Yves-Marie Bercé, la période moderne, en France, particulièrement, est l’âge d’or des conspirations, des complots et des révoltes nobiliaires. C’est une dizaine de complots et de conjurations que l’on peut ainsi compter pour le seul règne de Louis XIII : découvertes par les agents du roi et par les mouches de son principal ministre, le cardinal-duc Richelieu, ces menées clandestines font généralement l’objet d’une répression sanglante mise en scène de manière publique et spectaculaire afin de mieux conjurer par cette visibilité dramatique leur renouvellement toujours menaçant. Le complot et sa répression dessineraient, à leur manière, le cheminement d’une histoire politique que l’on a voulu comprendre comme celui, tragique mais heureusement victorieux, de l’affirmation, contre toutes les embûches de l’archaïsme, de l’égoïsme, de l’orgueil et de l’aveuglement aristocratiques, de l’Etat moderne doté donc des meilleures vertus. Les historiographies libérale, jacobine et républicaine se sont dès lors coalisées pour livrer aux gémonies ces complots ourdis par des féodaux perdus dans des réflexes d’un autre temps et dans leurs rêves criminels. Avec l’historien Jean-Marie Constant notamment, il est cependant possible de comprendre autrement cette effervescence complotiste. Ne faudrait-il pas, en effet, entendre, derrière la seule voix de l’Etat réprimant cruellement ces comploteurs, moins peut-être la défense de leurs privilèges que leur combat pour la liberté et moins la revendication de leurs franchises que leur lutte pour l’affranchissement de tous. On connaît la propension du pouvoir pour le soliloque et le monologue comme son goût pour transformer les voix contraires en cacophonie inepte ou imbécile. Faut-il, nous aussi, se laisser convaincre que ces aristocrates n’avaient rien à dire? Alors, oui vraiment, de quel complot parle-t-on dans la France de Louis XIII et de Richelieu ?

Téléchargez la présentation de la conférence de Yann Lignereux au format PowerPoint en cliquant ICI

Yann Lignereux travaille sur les pratiques et les imaginaires politiques de l’époque moderne, particulièrement dans la France des XVIe et XVIIe siècles.

Après la publication en 2016 d’un livre sur l’histoire visuelle des souverains, de Charles VIII à Louis XIV (Les rois imaginaires, Rennes, PUR), ses recherches portent sur l’histoire de la monarchie française interrogée au prisme de l’histoire impériale pour proposer une relecture critique de la construction de l’Etat monarchique moderne.

19 novembre 2018

John Tolan

Professeur d’Histoire médiévale

co-directeur de L’IPRA

Université de Nantes

La peur du complot juif au Moyen-âge : l’accusation de meurtre rituel

Résumé :

Près de Norwich, en 1144, le corps d’un jeune garçon, Guillaume, est trouvé mort dans la forêt. On ignore la cause de sa mort, mais bientôt la rumeur en fournit l’explication : ce seraient les juifs qui l’auraient pris pour le tuer rituellement le vendredi saint ; on affirme qu’ils font ça tous les ans, quelque part en Europe, et que c’était le tour des juifs de Norwich. L’histoire se développe notamment grâce à Thomas de Monmouth (fl. 1149-1172). De telles accusations se répétèrent fréquemment dans les siècles à venir. A Blois en 1171, on accuse les juifs d’avoir tué un enfant ; en représailles, une trentaine de juifs sont brulés vifs dans leur synagogue. De telles accusations seront brandies pour justifier l’expulsion de juifs ou parfois leur massacre dans les siècles qui suivent en Angleterre, France, Italie, Europe centrale. En Pologne dans les années 1930-46, elles seront mobilisées pour justifier l’expulsion et l’extermination de juifs, même ceux qui ont survécu au Shoah et tentent de retourner chez eux. Nous nous pencherons sur la naissance et le développement de cette triste légende complotiste et d’en comprendre les motivations et les conséquences.

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Bibliographie indicative :

  • Emily Rose, The Murder of William of Norwich The Origins of the Blood Libel in Medieval Europe (Oxford University Press, 2015).
  • Joanna Tokarska-Bakir, Légendes du sang : pour une anthropologie de l’antisémitisme chrétien, (Paris: Albin Michel, 2015).

Livres de J. Tolan :

  • Mahomet l’Européen: une histoire des représentations du Prophète en Occident (Paris: Albin Michel, 2018).
  • L’Europe latine et le monde arabe au Moyen Age : Cultures en conflit et en convergence. Rennes: Presses Universitaires de Rennes, 2009.
  • Sons of Ishmael: Muslims through European Eyes in the Middle Ages. Gainesville: University Press of Florida, 2008.
  • Le Saint chez le Sultan : la rencontre de François d’Assise et de l’islam. Huit siècles d’interprétations (Paris : Seuil, 2007).
  • Les Sarrasins: l’Islam dans l’imaginaire européen au Moyen Âge. Paris: Aubier (collection historique), 2003. Edition poche, Paris: Flammarion poche, 2006.

12 novembre 2018

Nicolas Drocourt

Maître de conférences en

Histoire médiévale

Université de Nantes.

Complots et coups d’Etat à Byzance – IXème-XIIème siècles

Résumé :

Dans l’inconscient collectif, le millénaire de l’Empire byzantin est souvent associé aux complots et aux coups d’Etat. Au XIXe s. déjà, Hegel considérait l’histoire de Byzance comme « une suite millénaire de crimes, de faiblesses, d’infamies ». L’Etat byzantin aurait ainsi été associé de près à des formes de violence, des complots récurrents et autant de coups d’Etat inhérents à la nature même du régime impérial. Byzance est donc, a priori, un sujet tout trouvé pour s’inscrire dans une série de conférences sur les complots et le complotisme dans l’histoire. Ce thème mérite cependant d’être appréhendé à nouveaux frais et en tenant compte, notamment, des développements récents de l’historiographie. Dans cette optique, le conférencier reviendra sur la nature du régime impérial, en se concentrant plus particulièrement sur les IXe-XIIe s. En prenant appui sur quelques conspirations restées célèbres, il s’attachera à en démontrer les logiques et les mécanismes. Leurs limites seront aussi mises en évidence. Cela permettra de nuancer en partie cette représentation « complotiste » encore associée de près à l’Etat impérial, image qui se développe dès le Moyen Âge en Europe occidentale.

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Bibliographie indicative :

  • J.-Cl. Cheynet, Pouvoir et contestation à Byzance, 963-1210, Paris, 1990.
  • J-Cl. Cheynet, Le monde byzantin, t. II. L’Empire byzantin (641-1204), Paris, 2006.
  • G. Dagron, Empereur et prêtre. Recherches sur le « césaropapisme » byzantin, Paris, 1996.
  • A. Ducellier (dir.), Byzance et le monde orthodoxe, Paris, 2006.
  • A. Ducellier, Les Byzantins : Histoire et Culture, Paris, Points Seuil, 2002.

Publications personnelles de Nicolas Drocourt :

  • Diplomatie sur le Bosphore. Les ambassadeurs étrangers dans l’Empire byzantin des années 640 à 1204, Louvain, Peeters, 2015
  • Ambassadeurs et ambassades au cœur des relations diplomatiques. Rome – Occident médiéval – Byzance (VIIIe s. avant J.-C – XIIe s. après J.-C.), sous la direction d’ A. Becker et N. Drocourt, Metz, Presses universitaires de Lorraine, 2012.
  • La figure de l’ambassadeur entre mondes éloignés. Ambassadeurs, envoyés officiels et représentations diplomatiques entre Orient islamique, Occident latin et Orient chrétien (XIe au XVIe siècle), éd. N. Drocourt, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015.
  • Themis en diplomatie. Le droit et les arguments juridiques dans les Relations internationales de l’Antiquité tardive à la fin du XVIIIe siècle, éd. N. Drocourt et E. Schnakenbourg, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2016.

5 novembre 2018

Claude Gauvard

Professeur émérite

d’Histoire médiévale

Université Paris – I Panthéon – Sorbonne

Complots et naissance de l’Etat en France au Moyen Âge

Résumé :

Au Moyen Âge, de nombreux complots émaillent la vie politique du royaume de France. Ils prennent la forme de conjurations, de vengeances et de trahisons. Un certain nombre de conditions sont favorables pour unir les acteurs : force des liens de parenté, apparition des contrats de retenue, foi du serment. Les armes sont la magie et le poison autant que l’épée plantée dans le dos de l’adversaire. Le complot s’oppose donc nettement au « beau fait » commis pour l’honneur. Mis à part quelques cas de complots fomentés par les élites bourgeoises, par exemple pour obtenir les chartes de franchises au XIIe siècle, ou de quelques truands unis pour « gagner », les complots sont le fait de grands nobles soucieux d’accroître leur faveur auprès du prince ou du roi. C’est la raison pour laquelle l’historiographie traditionnelle a longtemps vu la répétition des complots comme un élément de faiblesse des souverains, en particulier des Valois. Si la noblesse française s’est effectivement montrée conspiratrice, elle n’a pas su ou pu transformer le complot en coup d’Etat comme cela a été le cas en Angleterre ou dans les pays Ibériques. Au contraire, les rouages de l’Etat sont sortis affermis des affaires qui ont parcouru la guerre de Cent Ans et les guerres civiles. Quant à la personne du roi, elle a été seulement menacée, et le royaume de France a pu se construire sur une conspiration de la peur, trouvant dans les officiers royaux, les juifs, les lépreux ou les grands criminels, des boucs émissaires rêvés. Contre ces comploteurs réels ou imaginaires, le roi a exercé sa colère ou sa grâce en de grandes manifestations ritualisées et a pu ainsi montrer les signes apparents de sa majesté.

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Bibliographie de Claude Gauvard:

  • Claude Gauvard, « De grace especial ». Crime, Etat et Société en France à l fin du Moyen Âge, Paris, Publications de la Sorbonne, nlle éd. poche, 2010, coll. « Les classiques de la Sorbonne ».
  • Claude Gauvard, Violence et ordre public au Moyen Âge, Paris, Picard, 2005
  • Claude Gauvard, Le temps des Capétiens, Paris, Presses universitaires de France, 2013, Coll. Une Histoire personnelle de la France, aussi inclus dans Une Histoire de France, dir. C. Gauvard, Paris, PUF, 2017.
  • Claude Gauvard, Le temps des Valois (1328-1515), Paris, Presses universitaires de France, 2013, Coll. Une Histoire personnelle de la France, aussi inclus dans Une Histoire de France, dir. C. Gauvard, Paris, PUF, 2017.
  • Claude Gauvard, Condamner à mort au Moyen Âge. Pratiques de la peine capitale dans le royaume de France, Paris, Presses universitaires de France, 2018.

15 octobre 2018

François Cadiou

Professeur d’Histoire romaine –

Université Bordeaux – Montaigne

La hantise du complot dans la Rome du temps de César :

l’affaire Vettius (59 av. J.-C.)

Résumé :

Dans le courant de l’année 59 av. J.-C., sous le premier consulat de César, la révélation d’un complot visant à attenter à la vie de Pompée fit l’effet d’un coup de tonnerre dans l’opinion, dans un climat politique déjà très tendu. Qui pouvaient bien en être les instigateurs ? Devait-on croire à l’implication des personnages illustres qui se retrouvaient ainsi accusés ? Pourquoi le dénonciateur fut-il retrouvé mystérieusement assassiné dans sa prison peu de temps après ? Le complot lui-même a-t-il réellement existé ? Autant de questions qui, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, ont nourri chez les historiens les spéculations les plus diverses, souvent contradictoires. La conférence propose de faire le bilan de ces hypothèses, tout en replaçant cette étrange affaire dans le contexte et la culture politique de cette époque troublée de l’histoire de la Rome antique.

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Bibliographie plus générale sur le thème du complot dans l’Antiquité romaine

  • Cogitore, I., La légitimité dynastique d’Auguste à Néron à l’épreuve des conspirations, Paris, 2002.
  • Pagán, V. E., Conspiracy Narratives in Roman History, Austin, 2004.
  • Pagán, V. E., Conspiracy Theory in Latin Literature, Austin, 2012.

Bibliographie de François Cadiou

  • Cadiou, F.,Hourcade, D. et Morillo Cerdán, A.(éd.), Defensa y territorio en Hispania de los Escipiones a Augusto (actes du colloque tenu à la Casa de Velázquez les 19 et 20 mars 2001), León, 2003.
  • Cadiou, F., Hibera in terra miles. Les armées romaines et la conquête de l’Hispanie sous la République (218-45 av. J.-C.), Madrid, Casa de Velázquez, 2008.
  • Cadiou, F., Navarro Caballero, M. et Magallón Botaya, M. A. (éd.), La guerre et ses traces dans la péninsule Ibérique à l’époque de la conquête romaine : approches méthodologiques (Madrid, 23-24 novembre 2007), Salduie, 8, 2008.
  • Cadiou, F., Quesada Sanz, F. et Navarro Caballero, M.(éd.), De armas, hombres y dioses : el papel de las armas en la conquista romana de la peninsula ibérica. Actas de la Mesa Redonda de la Casa de Velázquez, Madrid, 22 et 23 enero 2009, Gladius 30, 2010 (co-édition avec
  • Cadiou, F., Coulomb, C., Lemonde, A. et Santamaria, Y., Comment se fait l’Histoire. Pratiques et enjeux, Paris, La Découverte, 2011, 2e éd. rev. et augm.
  • Cadiou, F. et Navarro Caballero, M. (éd.), La guerre et ses traces. Conflits et sociétés en Hispanie à l’époque de la conquête romaine (IIIe-Ier s. av. J.-C.) (colloque international, Bordeaux, 25-27 novembre 2010), Bordeaux, Ausonius, 2014.
  • Cadiou, F., L’armée imaginaire. Les soldats prolétaires dans les légions romaines au dernier siècle de la République, Paris, Les Belles Lettres, 2018.

8 octobre 2018

André Loez

Historien- Professeur

en classes préparatoires-Paris

Les complots dans l’histoire : mythes, réalités et problèmes.

Résumé :

Depuis quelques années, le complotisme, ou ce qu’on nomme parfois « les théories du complot », gagnent en présence dans l’imaginaire. Face à des événements choquants ou inattendus, comme les attentats du 11 septembre 2001, de plus en plus de gens croient (ou sont amenés à croire) qu’on leur cache la vérité et que ces faits ont été téléguidés, manipulés, par des conspirateurs cachés, aux intérêts dissimulés. Une telle vision, si la puissance actuelle des médias et des réseaux sociaux explique en partie son succès, n’est pas entièrement neuve. En dehors des complots bien réels que les historiens connaissent et étudient, depuis la conspiration de Cinadon dans la Sparte antique (début du IVe siècle avant notre ère), l’imaginaire même du complot a une histoire, dont les moments marquants sont la Révolution française et la fin du XIXe siècle. Alors, comme aujourd’hui, et sous d’autres modalités, la figure du complot pouvait émerger afin d’expliquer l’inexplicable aux yeux des contemporains. Un parcours à travers ces différents moments permettra d’éclairer les mythes, réalités et problèmes liés aux complots dans l’histoire en ouverture de cette année de cours publics portant sur ce thème.

Téléchargez la présentation de la conférence de André Loez au format PowerPoint en cliquant ICI

Bibliographie indicative :

  • André Loez anime le podcast « paroles d’histoire » (www.parolesdhistoire.fr)

  • André Loez, La Grande Guerre, Carnet du centenaire (avec Nicolas Offenstadt, Albin Michel, 2013)

  • André Loez, Les 100 mots de la Grande Guerre (PUF, « Que sais-je », 2013)

Cours passés année 2017-2018

12 avril

Patrick Boucheron

Professeur au Collège de France

« Conversations sensibles autour de l’histoire mondiale de la France »

Présentation des conversations sensibles :

Vous êtes réunis ce soir pour la deuxième édition des conversations sensibles, la première s’étant tenue au mois de juin dernier dans le cadre du festival Nous Autres. Le concept est né de l’initiative de Patrick Boucheron ici présent, professeur au Collège de France, mais aussi directeur de l’ouvrage collectif « Histoire Mondiale de la France » paru en janvier 2017.
Grâce au concours de 122 contributeurs, notre histoire de France est ainsi relue et réécrite à l’aune des changements historiographiques, qui, depuis trente ans, se veut de plus en plus globalisée. Ainsi, 146 dates, dont l’évidence du choix ne va pas toujours de soi, sont ainsi reliées à des phénomènes plus larges de l’histoire du monde, visant de ce fait à déconstruire notre roman national.
Autour de ces articles, qui suscitent parfois interrogations et débats, Patrick Boucheron, a eu l’idée de mettre sur pied un comité de lecture, composé de jeunes comme de moins jeunes, étudiants ou membres de l’association Nantes Histoire. Avec le but affiché de confronter les différentes sensibilités, le débat porté devant le public souhaite faire appel autant au raisonnement historique, qu’aux émotions subjectives. À sa naissance, l’idée était encore floue, et laissée libre dans son application par Patrick Boucheron. C’est donc sous l’égide de Philippe Josserand, Jacques Dupoiron, Krystel Gualdé, et Catherine Blondeau que le concept s’est ensuite épanoui.
Devant son succès durant le festival, l’engouement des membres de Nantes Histoire a permis de le reconduire devant vous ce soir. En conclusion de ce cours sur « Trente ans d’histoire partagée », nous vous présentons ainsi un exemple du renouvellement historiographique dont il a été question durant tout notre cycle.
Quatre articles, différents des sept présentés durant la dernière édition, ont donc été choisis par le nouveau comité. En amont de chaque conversation est donc proposé la lecture d’un extrait de l’article choisi, sur lequel débattront un membre de l’association Nantes Histoire et un étudiant de l’Université de Nantes. Cette année, Monsieur Boucheron nous fait l’honneur de sa présence, et se réserve le droit d’intervenir durant les débats, et nous fera une courte conférence pour clore cette soirée.

Présentation de la thématique :

Les quatre articles retenus par le comité touchent à la question de l’identité. Aujourd’hui, dans nos sociétés, elle fait plus que jamais objet de controverses, que chacun s’approprie selon ses sensibilités. Entre le débat sur les formes que prend la mondialisation, ceux touchant à l’immigration, mais aussi à la laïcité, et au milieu de contextes politiques parfois troublés par les attentats, ou féconds, à l’image des élections présidentielles de l’année passée, de nombreuses nouvelles questions émergent. Face également à une peur de perdre son identité, on se questionne sur sa création même, sur les façons dont elle peut être remise en cause, mais aussi sur les différents niveaux par lesquels elle se décline ; les racines, la langue, le genre. L’histoire tient alors une grande place dans les débats, comme référence, pilier, ou modèle. Autour de quatre dates donc, -23000, 719, 1539 et 1962, nos lecteurs vont s’interroger sur ces notions d’identité genrée, de frontières, d’identités linguistiques et citoyennes.

Conclusion :

Ce soir ont donc été richement mis en évidence le genre, mais aussi les politiques migratoires et la notion de frontière, les différents usages de la langue, et la réutilisation de l’histoire par les politiques, mais beaucoup d’autres textes auraient pu résonner avec ces notions identitaires. Nous vous invitons donc à consulter par exemple les dates de 1923, et 1927 sur les migrations, ou de 1949 sur le féminisme, qui étaient d’autres textes très appréciés par le comité de lecture.

Les remarques globales de Patrick Boucheron étaient sur le fait qu’il comprenait de mieux en mieux ce que « Conversations sensibles » signifiaient et que, pour lui, il était important qu’on puisse discuter ainsi de l’histoire.

Nous devrions avoir le plaisir de le revoir l’an prochain au Grand T lors du festival « Nous Autres » mi-juin 2019.

Nantes-Histoire remercie les étudiants de l’Université de Nantes, les adhérentes de Nantes-Histoire qui ont participés aux lectures et aux conversations ainsi que les cent cinquante personnes présentes à la soirée.

9 avril

Michel Kervarec

Membre fondateur de Nantes-Histoire

« L’histoire industrielle et ouvrière nantaise sous la IIIe république et Vichy »

Résumé :

Le monde des salariés s’est structuré de façon autonome pendant la 3e République, avec la fondation du Parti Ouvrier français en 1880, puis celle du syndicat CGT en 1895. Au tournant du siècle naquirent les Bourses du Travail.

Le secteur de la métallurgie, symbolisé à Nantes par la présence de trois chantiers navals au début du 20e siècle allait donner le ton des luttes sociales au plan local pour des décennies. Leur impact devait marquer profondément la population et peser sur les mentalités.

En 1936, avec le Front Populaire, elle envoya trois députés socialistes sièger à l’Assemblée Nationale.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, ce sont les ouvriers qui fourniront très majoritairement des combattants pour la Résistance armée contre l’occupant.

C’est de tout cela, comme des luttes internes au mouvement ouvrier, dont nous allons parler.

Téléchargez la présentation de la conférence de Michel Kervarec au format PowerPoint en cliquant ICI

Téléchargez le texte de la conférence de Michel Kervarec au format PDF en cliquant ICI

Bibliographie référence :

  • Tillon Charles, On chantait rouge, Editions Robert Laffont, 1977.

  • Leroux Emilienne, Histoire d’une ville et de ses habitants, Nantes. Tome 1 : Des origines à 1914, Tome 2 : De 1914 à 1939, Reédition L’Harmattan, 2014.

  • Geslin Claude, Le syndicalisme ouvrier en Bretagne jusqu’à la Première Guerre mondiale, 3 volumes, Editions Espace Ecrits, 1990.

  • Croix Alain, Guidet Thierry, Guillaume Gwenaël, Guyvarc’h Didier, Histoire populaire de Nantes, PUR.

26 mars

Mathilde Larrère

Maître de conférences en histoire contemporaine

UPEM

« Les historiens des chaussettes à clous »

Résumé :

Quand je commençais au milieu des années 90 une thèse sur la garde nationale, le champ de l’histoire du maintien de l’ordre était abandonné à une historiographie corporatiste prolifique, mais qui privilégiait le récit institutionnel quand elle ne versait pas dans l’hagiographie et l’amour de l’uniforme. Bientôt pourtant, d’autres historiens (des hommes surtout) se penchèrent eux aussi sur les archives, entamèrent des dialogues féconds avec les sociologues. En témoignent un flot montant de publications au début du 21e siècle, une moisson de thèses et quelques colloques qui enrichissent notre connaissance des institutions de maintien de l’ordre du 19e siècle et des hommes qui les composent. Sortent alors de l’ombre les gardes champêtres, la garde de Paris, les gendarmes départementaux, les agents de police et les gardes nationaux.
Il s’agissait, explique Alain Faure, de « faire ce qu’on pourrait appeler une histoire ouvrière à l’envers : sauter par-dessus la barricade pour observer au plus près les forces de l’ordre, surprendre leurs conciliabules, voir se décider les meurtres « de classe », etc. ».
S’ouvrent ainsi bon nombre de nouvelles pistes qui s’articulent autour d’une histoire sociale des institutions, attentive aux hommes et à leurs pratiques, à leurs itinéraires et à la construction de leurs identités professionnelles, soucieuse de mieux rendre compte des compromis sur lesquels se fondent l’ordre public, le « vivre ensemble » , à travers une appréhension nuancée et critique des rapports entre la population et les diverses forces de police.

Pour m’amuser, je nous appelais : les historiens des chaussettes à clous.

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Bibliographie :

  • Mathilde Larrère et Aude Lorriaux, Des intrus en politique, femmes et minorités, discriminations et résistance, Editions du Détour, 2018.

  • L’urne et le fusil, Citoyens soldats dans la monarchie censitaire, PUF, 2016.

  • Participation et coordination d’un ouvrage collectif
    Révolution ! Quand les peuples font l’histoire, Belin, 2013.

19 mars

Philippe Joutard

Professeur émérite d’histoire moderne

Université Provence-Aix-Marseille I

Recteur d’Académie honoraire

« Les apports de l’histoire orale, la question du témoignage »

Résumé :

L’utilisation de la mémoire orale pour connaître le passé, est à la fois une pratique très ancienne et contemporaine (depuis le milieu du siècle dernier) ; elle permet de donner la parole aux « les silencieux et oubliés de l’histoire », autrement dit, la grande majorité de la société. Elle met en valeur une sensibilité, des émotions, des imaginaires que le document écrit traduit rarement et qui pourtant font aussi et parfois plus l’histoire. Ses faiblesses même, oubli, occultation, déformation, sont significatives. Peut-on, aujourd’hui, en faire l’économie pour mieux comprendre la complexité du passé ? Comment pratiquer l’histoire orale, dégager ses apports originaux, dépasser ses limites, en évitant les écueils les plus fréquents ? Les traditions orales peuvent-elles constituer des sources historiques et sous quelle forme ? Autant de questions auxquelles doit répondre une recherche historique.

Biographie :

Professeur émérite à l’université de Provence et ancien recteur, Philippe Joutard est spécialiste du protestantisme français, notamment cévenol.

Pionnier de l’histoire orale en France, il a mené des enquêtes sur la tradition orale camisarde, ( La Légende des Camisards, une sensibilité au passé , Gallimard 1977), l’accueil des juifs en Cévenne ( Cévennes, terre de refuge, 1940-1944, (ed. avec Jacques Poujol et Patrick Caanel), Montpellier, Presses du Languedoc / Club cévenol, 5e éd., 201).

La grande pauvreté à Marseille (Savoir la vie, la pauvreté à voix haute (dir.), Quartmonde, 1987) ou les francophiles américains (De la francophilie en Amérique, ces Américains qui aiment la France (avec Geneviève Joutard), Actes Sud, 2006).

Il a aussi travaillé sur différentes formes de mémoires historiques et sur l’histoire de l’imaginaire de la haute montagne et de la Méditerranée. Il anime actuellement une recherche sur les mémoires orales du canal de Suez.

Il vient de publier La Révocation de l’Edit de Nantes ou les faiblesses d’un Etat, ( Gallimard, coll. Folio Hisfoire).

Quelques références :

  • Oscar Lewis : The Children of Sánchez: Autobiography of a Mexican family , 1961 (Les Enfants de Sanchez. Autobiographie d’une famille mexicaine, Gallimard, 1978)

  • Philippe Joutard, Ces voix qui nous viennent du passé, Hachette, 1983.

  • Florence Descamps, L’Historien, l’Archiviste et le Magnétophone.

    De la construction de la source orale à son exploitation, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, (2e éd. en 2005).

  • Agnès Callu, ( dir.), Le Mai 68 des historiens. Entre identité narrative et histoire orale, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2010.

  • Fabrice d’Almeida et Denis Maréchal (dir.), L’histoire orale en question, INA, 2014.

  • Philippe Joutard, Histoire et mémoires, conflits et alliance, La Découverte poche 2015.

12 mars

Jean-Clément Martin

Professeur émérite

Université Paris Ier

Ancien directeur de l’Institut d’histoire de la Révolution Française

« 30 ans d’histoire de la révolution française »

Résumé :

Trente ans après

En 1988-1989, Nantes-Histoire avait lancé une série de conférences autour de la Révolution française, bicentenaire oblige. Trente ans plus tard, un tel thème n’aurait aucune chance d’être retenu et suivi. Non que tout ait été dit alors et que la recherche n’ait rien changé, puisque tout au contraire la compréhension de la Révolution française dans sa factualité et surtout dans ses interprétations a été profondément modifiée avec l’introduction de nouvelles perspectives, la prise en compte de nouveaux champs d’étude sans oublier la force de débats et de polémiques, mais c’est le rapport à l’idée de révolution et la vision de la Révolution française comme modèle qui ont été affectés par les événements survenus dans le monde et par les remises en cause des liens sociaux.

C’est en tenant compte de ce double point de vue que la conférence cherchera à présenter d’une part l’état de la question, trente ans après, pour dégager les principaux apports et surtout pour discuter des questions les plus brûlantes, d’autre part pour estimer ce qui reste aujourd’hui de la croyance en la révolution et de l’emprise de la mémoire de la Révolution française.

Bibliographie :

  • 2012- La machine à fantasmes. Relire l’histoire de la Révolution française, Vendémiaire. Reédition augmentée – 2014.

  • 2012- Nouvelle histoire de la Révolution française, Perrin.

  • 2013- Un détail inutile ? Le dossier sur les peaux tannées. Vendée 1794, Vendémiaire.

  • 2014- La guerre de Vendée, 1793-1800, reédition refondue de La Vendée et la France, Point-Seuil.

  • 2015- Au coeur de la Révolution. Les leçons d’histoire d’un jeu vidéo, avec Laurent Turcot, Vendémiaire.

  • 2016- Robespierre. La fabrication d’un monstre, Perrin.

  • 2017- Nantes et la Révolution, Musée Château des Ducs.

12 février

Evénement

Nantes-Histoire

l’Université Permanente de Nantes

L’académie de jazz de l’Ouest

Présentent

Les 100 ans de Jazz à Nantes

Lundi 12 février 2018

18h15-20h

Amphithéâtre Kerneis 1 rue Bias

Conférence-concert

par Philippe Hervouet et Jean-philippe Vidal Côte ouest Jazz Quintet

gratuité aux membres de Nantes-Histoire sur présentation de votre carte d’adhérent

10 euros pour autre public

5 février

Annick Peters-Custot

Professeur d’histoire médiévale

Université de Nantes

Membre du CRHIA

« Faire l’histoire d’un Empire sans héritier : Les historiens face à l’Empire byzantin. »

Biographie :

Byzantiniste de formation, Annick Peters-Custot est spécialiste de l’histoire médiévale de l’Italie méridionale aux périodes byzantine, normande et souabe. Ses travaux ont plus particulièrement porté sur l’acculturation des populations grecques de l’Italie méridionale, sur l’histoire monastique de la région, sur l’imaginaire occidental du moine oriental et sur l’idéologie politique de la monarchie « normande » des Hauteville. Ses travaux actuels portent à la fois sur la circulation de la prétendue « règle de saint Basile » en Occident, et sur l’appropriation par les royaumes de l’idéologie impériale, sur le temps long (Moyen Âge-époque moderne) avec le programme Imperialiter, qu’elle coordonne (https://www.resefe.fr/node/148).

Résumé de la conférence :

Dans un entretien publié dans le journal Le Monde, en date du 31 janvier 2008, le grand historien byzantiniste Gilbert Dagron (décédé en 2015) confiait à son collègue le médiéviste Nicolas Offenstadt qu’il se félicitait de travailler sur l’histoire d’un « Empire sans héritiers », d’un monde, par conséquent, qui serait « tombé dans le domaine public » et auquel « personne ne peut [s’]identifier ». Un bref regard sur la présence, plutôt rare et négative, du monde byzantin dans l’imaginaire collectif, par lequel on commencera cette conférence, permettra de constater que l’Empire byzantin est, peut-être plus que tout autre champ historique, la victime d’un fossé entre un savoir en perpétuelle croissance, et son incapacité à percoler dans le grand public : il existe de fait un décalage impressionnant entre un développement historiographique actuel très riche et la permanence d’une image de déclin, de décadence, de luxe excessif et de perversion morale associée à cet Empire.
On mènera donc une enquête non sur les 30, mais sur les 500 dernières années, qui nous conduira ainsi aux sources historiques de cette image négative et évanescente. Cette exploration montrera comment l’histoire du monde byzantin a été largement un instrument politique, polémique et un jouet littéraire, en particulier en France. On appréciera ainsi comment l’engouement actuel pour l’impériologie, en mettant à nu ce que Gilbert Dagron appelait, pour la France actuelle, la force permanente d’un « langage d’Empire », pourra faire mieux connaître au grand public l’histoire d’un Empire à la longévité exceptionnelle et qui transmit, outre des manuscrits grecs et l’art des mosaïques et des icônes, un héritage incomparable, celui d’un langage commun de la souveraineté impériale.

Téléchargez la présentation de la conférence de Annick Peters-Custot au format PowerPoint en cliquant ICI

Bibliographie :

Livres :

  • Les Grecs de l’Italie méridionale post-byzantine. Une acculturation en douceur (IXe-XIVe siècles), Rome, 2009 (Collection de l’École française de Rome, 420).

  • Bruno en Calabre. Histoire d’une fondation monastique dans l’Italie normande : S. Maria de Turri et S. Stefano del Bosco, Rome, 2014 (Collection de l’École française de Rome, 489).

Ouvrages collectifs (sélection) :

  • -L’héritage byzantin en Italie (avec J.-M. Martin et V. Prigent) : I. La fabrique documentaire, Rome, 2011 (Collection de l’École française de Rome, 449) ; II. Les cadres juridiques et sociaux et les institutions publiques, Rome, 2012 (CEFR, 461) ; III. Décor monumental, objets, tradition textuelle, Rome, 2015 (CEFR, 510) ; L’héritage byzantin en Italie. IV. Habitat et structure agraire, Rome, 2017 (CEFR, 531).

  • Interactions, emprunts, confrontations chez les religieux (Antiquité tardive-fin du XIXe siècle). Actes du VIIIe Colloque international du CERCOR. Saint-Etienne, 24-26 octobre 2012, (avec S. Excoffon et D.-O. Hurel), Saint-Étienne, 2015.

  • -Le sacré dans tous ses états (avec M. De Souza et F.-X. Romanacce), Saint-Étienne, 2012.

Articles (sélection) :

  • « Convivencia between Christians: The Greek and Latin communities of Byzantine South Italy (IXth-XIth centuries) » dans Negotiating Co-Existence: Communities, Cultures and ‘Convivencia’ in Byzantine Society, éd. B. Crostini et S. La Porta, Trèves 2013 (Wissenschaftlicher Verlag Trier) p. 203-220.

  • (avec C. Leveleux-Texeira) : « Gouverner les hommes, gouverner les âmes. Quelques considérations en guise d’introduction », dans Gouverner les hommes, gouverner les âmes. Actes du 46e Congrès de la SHMESP, Montpellier, 28-31 mai 2015), Paris, 2016 (Publications de la Sorbonne. Histoire ancienne et médiévale,144), p. 11-35.

  • « Le monachisme byzantin de l’Italie méridionale. Réalité et perception, du IXe au XIe siècle », dans Monachesimo d’oriente, monachesimo d’Occidente. Settimane di Studi del Centro Italiano di Studi sull’Alto Medio Evo, Spoleto, 31 marzo-6 aprile 2016, Spolète, 2017, p. 359-396.

  • « L’Autre est le même : qu’est-ce qu’être « grec » dans les sources latines de l’Italie (VIIIe-XIe siècles) ? », dans À la rencontre de l’autre au Moyen Âge. In memoriam Jacques Le Goff. Actes des premières Assises franco-polonaises d’histoire médiévale, dir. Ph. Josserand et J. Pysiak, Rennes, 2017 p. 53-78.

  • « Bessarion et le monachisme italo-grec : l’Orient en Italie du Sud ? », Cahiers d’études italiennes [En ligne], 25 | 2017, mis en ligne le 10 octobre 2017. URL : https://cei.revues.org/3616.

  • « Gli Italo-Greci e la duplicità degli imperi e della romanitas », dans K. Wolf et K. Herbers (éd.), Southern Italy as contact area and border region during the Early Middle Ages. Religous-cultural Heterogeneity and competing Powers in local, Transregional and Universal Dimensions, Köln-Weimar-Wien, 2018, p. 229-240.

Références :

  • Byzance en Europe, Dir. Marie-Françe Auzépy, Paris, 2003.

  • Une bibliothèque byzantine. Nicolas-Claude Fabri de Pereisc et la fabrique du savoir, Anne-Marie Cheny, Paris,2015.

  • Byzance retrouvée. Erudits et voyageurs français (XVIe-XVIIIe siècle), cat. exp., Paris, 2001.

22 janvier

Philippe Josserand

Maître de conférences en histoire médiévale

Université de Nantes

« La fabrique des héros : le cas de Jacques de Molay, dernier grand-maître de l’ordre du Temple »

Résumé :

L’histoire n’est plus forcément aux héros, mais à la (dé-)construction de leur figure. Au cours des trente dernières années, bien des grands personnages de l’histoire de France furent enlevés de leur piédestal : en 2014-2015, le cours public de Nantes-Histoire sur la légende française l’a abondamment illustré. Plutôt que de rappeler ce phénomène, j’ai choisi de me concentrer sur une figure longtemps tenue pour héroïque, celle de Jacques de Molay, dernier grand-maître de l’ordre du Temple, brûlé vif à Paris en mars 1314, et de présenter la construction historique de son mythe. La recherche actuelle n’est plus dupe du légendaire attaché à la mort du dignitaire, mais – ce qui ne se faisait pas il y a trente ans – elle se consacre désormais à étudier celui-ci et à le lire comme un véritable objet d’histoire.

Parce que Jacques de Molay n’a pas été un héros, il s’agira de comprendre quand il l’est advenu, comment et à quelles fins. Pendant près de quatre siècles et demi, entre sa mort et le milieu du XVIIIe siècle, le dernier grand-maître de l’ordre du Temple a été en bonne part oublié. C’est sous l’Empire, au tout début du XIXe siècle, qu’il ressurgit avec, coup sur coup, la tragédie de François-Just-Marie Raynouard, Les Templiers, et le tableau de Fleury Richard acquis au Salon parisien de 1806 par l’impératrice Joséphine. En deux à trois générations, il s’est imposé dans les mémoires pour n’en plus sortir jusqu’à aujourd’hui. Ainsi est né un héros, tenu pour martyr, et c’est aux ressorts de cette fabrique historique, progressivement assumée par l’ensemnble du corps social, que l’intervention s’attachera, en particulier à travers les arts, qui, les premiers, l’ont servie. La construction du mythe, aussi, est histoire, et c’est un champ de recherche qui, durant les trois dernières décennies, s’est même vivement développé, découvrant au public des continents très neufs.

Bibliographie de l’auteur :

Ouvrages personnels :

  • Eglise et pouvoir dans la péninsule Ibérique. Les ordres militaires dans le royaume de Castille (1252-1369), Madrid, Bibliothèque de la Casa de Velázquez (31), 2004 (912 p.)

  • Les Templiers en Bretagne, Paris, Gisserot, 2011 (32 p.)

  • Les Templiers en France, Paris, Gisserot, 2013 (64 p.)

Direction d’ouvrages :

  • – en collaboration avec Carlos de Ayala Martinez et Pascal Buresi, Identitad y representacion de la frontera en la España medieval (siglos XI-XIV), Madrid (Collection de la Casa de Velàsquez , 75), 2001 (341 p.).

  • + en collaboration avec Daniel Baloup, Regards croisés sur la guerre sainte. Guerre, religion et idéologie dans l’espace méditerranéen latin (XIe-XIIIe siècle), Toulouse (Etudes Médiévales Ibériques, Méridiennes), 2006 (432 p.).

  • + en collaboration avec Nicole Bériou, Prier et combattre, Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, Paris, Fayard, 2009 (1032 p.).

  • – en collaboration avec Mathieu Olivier, La mémoire des origines dans les ordres religieux-militaires au Moyen Âge. Die Erinnerung an die eigenen Ursprüngen in den geistlichen Ritterorden im Mittelalter ( Actes des journées d’études de Göttingen, 25-26 juin 2009 / Beiträge der Göttinger Tagung, 25-26 Juni 2009), Münster (Vita Regularis. Ordnungen und Deutungen religiosen Lebens im Mittlelalter, 51), 2012, (284 p.).

  • + en collaboration avec Françoise Le Jeune, La marge. Journées de la Maison des Sciences de l’Homme Ange-Guépin ( Nantes, 21 et 22 mai 2012), Paris, L’Harmattan, 2013 (194 p.).

  • + en collaboration avec Luis F. Oliveira et Damien Carraz, Elites et ordres militaires au Moyen Âge. Rencontre autour d’Alain Demurger, Madrid (Collection de la Casa de Velàsquez, 145) 2015, (467 p.).

  • -en collaboration avec Karl Borchardt, Karoline Döring et Helen J. Nicholson, The Templars and their Sources, Oxon-New York, Routledge, 2017 (385 p.).

  • + en collaboration avec Jerzy Pysiak, A la rencontre de l’autre. In memorian Jacques Le Goff. Actes des premières Assises franco-polonaises d’histoire (= Enquêtes et documents, 58), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017 (244 p.).

  • +en collaboration avec Frédérique Laget et Brice Rabot, Entre horizons terrestres et marins. Sociétés, campagnes et littoraux de l’Ouest atlantique, Mélanges offerts à Jean-Luc Sarrazin, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017 (343 p.).

15 janvier

Danièle Lochak

Professeur émérite de droit public

Université Paris-Nanterre

Membre et ancienne présidente du Gisti

« Trente années de combats contre les politiques migratoires et pour la reconnaissance des droits des étrangers »

Résumé :

Plutôt qu’une histoire des politiques migratoires depuis trente ans- sachant qu’il est difficile de ne pas remonter jusqu’au milieu des années 1970 si l’on veut comprendre la séquence plus récente-, on proposera un récit : un récit qui vise à reconstituer à la fois l’évolution des politiques et leurs conséquences sur les droits étrangers, mais aussi les combats menés par ceux qui ont tenté de faire entendre une voix dissonante, de se distancier du consensus apparent autour de la nécessaire  » maîtrise des flux migratoires ».

Quelles mobilisations avec quels acteurs associatifs, quels types d’action, quelle utilisation de l’outil juridique et contentieux ?

Les associations ont combattu les lois Pasqua, la réforme du code de la nationalité, la promotion de l’identité nationale, la politique d’imigration choisie. Elles se sont mobilisées pour la carte de dix ans, pour le droit de vote des résidents étrangers.

Et aujourd’hui, alors que la politique européenne de fermeture des frontières est à l’origine de violations de plus en plus graves et manifestes des droits fondamentaux : le droit d’asile, le droit de ne pas être soumis à des traitements inhumains et dégradants, le droit à la liberté et à la sûreté, le droit à la vie, que peuvent proposer ceux qui sont attachés à l’université des droits de l’Homme et ne peuvent se résigner à ce qu’une partie de l’humanité soit assignée à résidence ?

Téléchargez la présentation de la conférence de Danièle Lochak au format PowerPoint en cliquant ICI.

Bibliographie :

  • Les droits de l’homme, La Découverte, coll. Repères, 3e éd. 2009.

  • Face aux migrants : Etat de droit ou état de siège ? Textuel, Conversations pour demain, 2007.

  • Immigrés sous contrôle. Les droits des étrangers : un état des lieux en collaboration avec Carine Fouteau, Le cavalier Bleu, coll.  » Libertés plurielles », 2008.

  • Le droit et les paradoxes de l’universalité, PUF,  » Les voies du droit », 2010.

Publications du Gisti :

(cinq volumes de la collection  » Penser l’imigration autrement » qui sont les Actes de journées d’étude), en vente sur le site du gitsi :

https://www.gisti.org/spip.php?rubrique480

  • Faillite de l’Etat de droit ? l’étranger comme symtôme, 2017.

  • Précarisation du séjour, régression des droits, 2016.

  • Mémoire des luttes de l’immigration en France, 2014.

  • Figures de l’Etranger : quelles représentations pour quelles politiques ? 2013.

  • Liberté de circulation : un droit, quelles politiques ? 2011.

8 janvier

Jean Guiffan

Professeur honoraire de khagne

Lycée Clemenceau Nantes

« La laïcité en France de 1789 à nos jours »

(et ses nouveaux enjeux depuis 1989)

Résumé :

Il y a un peu moins de trente ans, en octobre 1989, l’exclusion de trois collégiennes de Creil refusant d’enlever leur foulard en classe déclenche dans les médias, dans la vie politique et chez les intellectuels une polémique sur la place de l’islam dans une République laïque.

Jusqu’à cette date, les débats sur la laïcité dans notre pays ne concernaient guère que les relations entre l’Etat et l’Eglise catholique : après un long affrontement, ponctué par la loi de Séparation de 1905, s’était finalement instaurée une sorte de coexistence pacifique, y compris sur un point sensible, celui de l’enseignement.

Avec le développement de l’islam en France, le problème s’est déplacé : il ne s’agit plus de rapports entre Eglise et Etat, mais entre religion et société, ce qui conduit à redéfinir ou à préciser le concept de laïcité.

Téléchargez la présentation de la conférence de Jean Guiffan au format PDF en cliquant ICI.

Bibliographie :

Ne sont indiqués ici que les ouvrages les plus récents dont certains ont fait l’objet de nombreuses polémiques

  • Baubérot Jean, Petit manuel pour une laïcité apaisée, La Découverte, 2016

  • Bianco Jean-Louis, La France est-elle laïque ? , éd. de l’Atelier, 2016

  • (s.d.) Cerf Martine et Horwitz Marc, Dictionnaire de la laïcité, Colin, 2016 (2e éd.)

  • Delfau Gérard, La laïcité, défi du XXIe siècle, L’Harmattan, 2016

  • Hennette-Vauchez Stéphanie et Valentin Vincent, L’affaire Baby-Loup ou la nouvelle laïcité, L.G.D.J., 2014

  • Pena-Ruiz Henri, Dictionnaire amoureux de la laïcité, Plon, 2014

  • Portier Philippe, L’Etat et les religions en France. Une sociologie historique de la laïcité, Presses Universitaires de Rennes, 2016

  • Fourest Caroline, Le génie de la laïcité, édition Grasset, 2016

18 décembre

Bernard Michon

Maître de conférences en histoire moderne

CRHIA (EA 1163)

Université de Nantes

« Des années 1980 à aujourd’hui, retour sur les évolutions de la recherche sur la traite des noirs et l’exclavage colonial. »

Résumé :

La conférence propose de rendre compte du profond renouvellement historique que ces thématiques ont connu depuis une trentaine d’années, en partant d’une approche quantitative vers une recherche où les témoignages des acteurs occupent une place centrale ; les esclaves sont désormais au coeur des études conduites par des spécialistes.

Trois échelles d’analyse seront proposées pour mieux appréhender les évolutions survenues : les situations internationale, nationale, et loco-régionale. En effet, proposer cette intervention à Nantes qui fut la capitale française de la traite légale puis illégale, amène à s’interroger sur le processus mémoriel conduit dans le port ligérien depuis le milieu des années 1980.

L’association Nantes-Histoire a participé à ce mouvement, en promouvant une histoire citoyenne.

Téléchargez la présentation de la conférence de Bernard Michon au format PowerPoint en cliquant ICI.

Bibliographie :

Ouvrage scientifique

  • Le port de Nantes au XVIIIe siècle. Construction d’une aire portuaire, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2011, 397 p.

Direction de numéros de revues

Coordination de la revue Cahiers des Anneaux de la Mémoire :

  • N° 10 : Les ports et la traite négrière, Nantes, Nantes, 2007, 255 p.

  • N° 11 : Les ports et la traite négrière, France, Nantes, 2007, 275 p.

  • N° 16 : La Loire et le commerce Atlantique, Nantes, 2015, 239 p.

Articles publiés (sélection)

  • Jean Bonneau ou la traite au service d’un capitalisme aventureux, Revue du Philantrope, n°6, Eric Saunier (dir.), Financer et armer pour la traite au Havre et à Nantes au XVIIe siècle, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2015, p.115-142.

  • La perception des gens de couleur par les Nantais à la fin du XVIIIe siècle, Cahiers des Anneaux de la Mémoire, n°17, Eric Noël (dir.), couleur et liberté dans l’espace colonial français (début XVIIIe-XIXe siècle), Actes du colloque de la Martinique (campus Schoelcher) (17-18 mai 2016), 2017, p.191-208.

  • Capitaines de navire et traite des Noirs. Approche des négociations africaines à partir du cas nantais, in Gilbert Buti, Luca Lo Basso et Olivier Ravaux (dir.), Entrepreneurs des mers. Capitaines et mariniers du XVIe au XIXe siècle, Actes du colloque d’Aix-Marseille (novembre 2013), Paris, Riveneuve éditions, 2017, p. 213-232.

11 décembre

Tal Bruttmann

Chercheur rattaché à l’EHESS-Paris

« Ecrire l’histoire de la Shoah aujourd’hui : La photo comme source historique »

Biographie :

Chercheur rattaché à l’EHESS, les travaux de Tal Bruttmann portent sur les politiques antisémites en France pendant la guerre et sur la « solution finale » en Europe.

Bibliographie :

Auteur notemment de :

  • La logique des bourreaux (hachette littératures, 2003).

  • Au bureau des affaires juives, L’administration française et l’application de la législation antisémite, 1940-1944 (La Découverte, 2006).

  • Aryanisation économique et spoliation en Isère. Presses Universitaires de Grenoble, 2010.

Il vient de publier aux éditions de La Découverte un essai sur l’histoire d’Auschwitz (2015) et à coécrit avec Christophe Tarricone en 2016 Les 100 mots de la Schoah (PUF, Que sais-je) et prépare actuellemnt une étude consacrée aux photographies prises à Auschwitz durant la guerre.

4 décembre

Jean-Frédéric Schaub

Directeur d’études à l’EHESS-Paris

« Une histoire non eurocentrique de l’Europe est-elle possible? »

Bibliographie :

  • L’Europe a-t-elle une histoire, Albin Michel, 2008.

  • Pour une histoire politique de la race, Paris, Editions du Seuil, coll. La Librairie du XXIe siècle, 2015.

27 novembre

Christophe Bonneuil

Historien des sciences

chargé de recherches au CNRS

Membre du centre Alexandre Koyre

« Trente ans d’histoire environnementale.

Entre rematérialisation des dynamiques sociales et socialisation de l’environnement »

Références :

  • Barles S.  » The Main Characteristics of Urban Socio-Ecological Trajectories : Paris ( France) from the 18th to the 20th Century », Ecologial Economics 118, 2015, 177-185.

  • Bonneuil C. et Fressoz J-B, 2016, L’évènement Anthropocène. La terre l’histoire et nous, Paris, Seuil,Point Histoire.

  • Jarrige F. et T.Leroux, La contamination du monde. Une histoire des pollutions à l’âge industriel, Paris, Seuil, « Univers historique », 2017.

  • Quenet G. Qu’est-ce que l’histoire environnementale ? Paris, Champ Vallon, 2014.

20 novembre

Françoise Thébaud

Professeur émérite d’histoire contemporaine

Université d’Avignon

« Trente ans d’histoire des femmes et du genre.

Nouveaux problèmes, nouvelles approches, nouveaux objets »

Résumé :

Qu’est-ce que et où en est l’histoire des femmes et du genre ? 30 ans d’une histoire productive.

Institut du genre au sein du CNRS, revue Clio, Femmes, Genres, Histoire, association Mnémosyne – Pour le développement de l’histoire des femmes et du genre : ces formes d’institutionnalisation récentes comme l’ampleur des productions scientifiques montrent une légitimité actuelle de ce champ de recherche qui répond à des questions vives de nos sociétés démocratiques. Il n’en a pas toujours été ainsi.

En s’appuyant sur la première synthèse qu’a constituée L’Histoire des femmes en Occident (5 volumes, 1991-1992), l’exposé rappellera d’abord les origines et les premiers développements de l’histoire des femmes, savoir critique d’une historiographie dominante aveugle aux femmes et au genre. Puis, il présentera l’intérêt d’une approche de genre, dont la signification a été obsurcie par une polémique récente, ainsi que les nouveaux objets de recherche mis en avant depuis deux à trois décennies.

Un dernier point envisagera le processus d’institutionnalisation qui a marqué ces derniers années et abordera la question citoyenne de la transmission.

Téléchargez la présentation de la conférence de Françoise Thébaud au format PowerPoint en cliquant ICI.

Biographie :

Françoise Thébaud est professeure émérite à l’Université d’Avignon, codirectrice de la revue Clio, Femmes, Genre, Histoire, Membre du LabEx  » Ecrire une histoire nouvelle de l’Europe et chercheure associée à l’Institut des études du Genre de l’Université de Genève.

Bibliographie :

Parmi ses nombreuses publications de histoire des femmes et du genre :

  • Histoire des femmes – Le XXe siècle, Paris, Perrin Tempus, 2002.

  • Le siècle des féminismes -avec Catherine Jacques, Eliane Gubin, Florence Rochefort, Brigitte Studer, Michelle Zancarini-Fournel (dir), Paris, Editions de l’Atelier, 2004.

  • Ecrire l’histoire des femmes et du genre, Lyon, ENS Editions, 2007.

  • La fabrique des filles. L’éducation des filles de Jules Ferry à la pilule, Paris, Textuel, 2010 (complètée en 2014).

  • La place des femmes dans l’histoire. Une histoire mixte, Paris, Belin, 2010.

  • Les femmes au temps de la guerre de 14, Paris, Petite bibliothèque Payot, 2013.

Nouveauté Octobre 2017

Une traversée du siècle

Marguerite Thibert

Femme engagée et fonctionnaire internationale

Socialiste, pacifiste, féminine et très active sur le plan professionnel, Marguerite Thibert ( 1886-1982) a traversé une bonne part du XXe siècle. Docteur ès lettres en 1926, elle devient fonctionnaire au Bureau international du travail, en charge du travail des femmes et des enfants, puis experte envoyée en mission dans les pays émergents, avant d’être en France une figure centrale du Comité du travail féminin.

Françoise Thébaud adopte, pour raconter la vie de cette femme exceptionnelle, une démarche originale : elle propose une biographie impersonnelle et collective, qui aborde des pistes multiples. Avec Marguerite Thibert, nous comprenons l’histoire des communanutés scientifiques de l’après-Grande Guerre et de la première génération de femmes diplômées, celle des organisations internationales, de leurs politiques de genre et de leurs programmes d’assistance technique, après 1945, celle des féministes dans leurs dimensions nationales et internationales, celle des configurations successives des socialismes et des pacifismes, celle des mutations sociales et politiques de la France d’après 1945, celle enfin du monde global, dont la protagoniste se sentait solidaire. Un parcours et un ouvrage fascinants à tous égards.

Belin, 2017

13 novembre

Michel Pigenet

Professeur émérite

Université ParisI panthéon-Sorbonne

centre d’histoire sociale du XXe siècle

« Une histoire sans le travail est-elle possible »

Résumé :

En 1992, Alain Corbin proposait de surmonter l’éclatement actuel des objets et démarches de la discipline historique par l’émergence d’une « histoire sans nom » nourrie des apports de ses diverses spécialisations.

A l’évidence, il reste encore beaucoup à faire en ce sens alors que de nouveaux fronts de la recherche continuent de s’ouvrir. L’histoire du travail y a pris sa part, dans le même temps où elle s’émancipait d’interrogations et d’approches qui la maintenaient en position subalterne. Les renouvellements qui ont permis son affirmation l’autorisent désormais à dresser des passerelles avec les autres champs de l’histoire et les inviter à reconsidérer leurs thèmes et problématiques au prisme du travail.

Dans cette perspective, la conférence reviendra sur les grandes étapes de l’historiographie du travail, dégagera ses principales tendances actuelles et s’attardera sur le cas des interactions entre travail et politique.

Biographie :

  • Historiens et géographes, numéro spécial consacré à « L’Histoire du travail au carrefour », N°438, mai-juin 2017.

  • Travail, travailleurs et ouvriers d’Europe au XXe siècle, ouvrage codirigé avec Nicolas Hatzfeld et Xavier Vigna, Dijon, UED, 2016, 359 p.

  • Histoire de la CGT. Bien-être, liberté, solidarité, ouvrage codirigé avec René Mouriaux, Jérôme Beauvisage, André Narritsens, Danielle Tartakowsky, Jean Magniadas, Joëlle Hedde, Stéphane Sirot, Elyane Bressol, Ivry, Ed. de l’Atelier, 2015, 190 p.

  • Pratiques syndicales du droit, France XXe et XXIe siècle, ouvrage codirigé avec André Narritsens, Rennes, PUR, 2014, 455 p.

  • Histoire des mouvements sociaux en France de 1814 à nos jours, ouvrage codirigé avec Danielle Tartakowsky, Paris, La Découverte, 2012, 800 p., réédition 2014 (poche).

6 novembre

André Loez

Historien- Professeur

en classes préparatoires-Paris

« Refus, intime, empires : Nouveaux regards sur la Grande Guerre »

Résumé :

La Grande Guerre fait l’objet d’un très vif intérêt dont atteste l’intensité des commémorations du centenaire, depuis 2014.

De même, son étude a connu d’importants renouvelements, loin de l’histoire-bataille traditionnelle, grâce à un foisonnement de travaux d’histoire.

Trois domaines reflètent ces nouvelles approches :

  • L’histoire des refus et des désobéissances, longtemps minimisées et qui éclaire de façon singulière les expériences combattantes ;

  • L’histoire de l’intime, aux sources éparses et fragmentaires, mais qui apporte beaucoup sur les rapports de couple et de genre en temps de guerre ;

  • Enfin, à plus vaste échelle, l’histoire des empires, dont la Première Guerre mondiale constitue un moment crucial de reconfigurations.

Bibliographie indicative :

  • Robert Gerwarth et Erez Manela, Empires at War 1911-1923, Oxford, Oxford University Press, 2014.

  • André Loez, La Grande Guerre, Paris, La découverte, 2014

  • André Loez,  » Between acceptance and refusal : Soldier’s attitudes towards war », in 1914-1918-online. International Encyclopedia of the First World War, article en ligne :

https://encyclopedia.1914-1918-online.net/article: between acceptance and refusal – soldiers attitudes towards war

  • Nicolas Offenstadt, 14-18 aujourd’hui. La grande Guerre dans la France contemporaine, Paris, Seuil, 2004.

  • Antoine Prost et Jay Winter, Penser la Grande Guerre. Un essai d’historiographie, Paris, Seuil, 2004

  • Clémentine Vidal-Naquet, Couples dans la Grande Guerre. Le tragique et l’ordinaire du lien conjugal, Paris, Les Belles Lettres, 2014.

16 octobre

Benoit Breville

Le monde diplomatique

« Publier un Manuel d’histoire critique : enjeux et retours d’expérience. »

Biographie :

  • Les mondes insurgés. Le Monde diplomatique.

  • Manière de voir N° 143 Afrique.

  • Manière de voir N° 154 Ecrans.

  • Manière de voir N° 155 Cuba.

  • Manuel d’économie critique.

  • Manuel d’histoire critique.

Pour tous ses articles voir son site.

9 octobre

Yann Lignereux

Professeur d’histoire moderne

Université de Nantes

Directeur UFR histoire,

Histoire de l’art et Archéologie

« Nous, je et les miettes. 30 ans d’écriture de l’histoire en France : une drôle de littérature. »

Biographie :

Ses travaux initiaux ont porté d’abord sur les recompositions à l’oeuvre dans le champ des pratiques et des idéologies municipales lyonnaises après le retour de la capitale rhodanienne à l’autorité royale d’Henri IV vis à vis de laquelle elle lui avait été infidèle entre 1589 et 1594. Il s’agissait de saisir jusqu’à l’avènement du pouvoir personnel de Louis XIV une séquence historique marquée par l’expérimentation d’un absolutisme municipal pensé comme une solution d’immunisation de la ville et de ses privilèges contre les coups portés par la monarchie administrative du cardinal Richelieu et de ses agents en province.

La constitution du dossier d’habilitation à diriger des recherches a été propice à poursuivre l’étude des représentations politiques modernes à travers l’analyse de l’imagerie royale afin de saisir les variations des imaginaires souverains et les figures de l’autorité absolue entre la fin de XVe sicle et le début du XVIIIe siècle.

Ses recherches actuelles portent sur la relecture de l’histoire de l’Etat moderne français afin d’en dégager la nature impériale qui ne se réduit pas à la construction durant cette période du premier empire colonial..

Associée à cette recherche, une étude de la construction de l’autorité française dans le Canada du XVIIe siècle est également menée.

Bibliographie :

Ouvrages individuels :

  • Les rois imaginaires. Une histoire visuelle de la monarchie de Charles VIII à Louis XIV, Rennes, PUR, 2016, 370 p.

  • Lyon et le Roi. De la « bonne ville » à l’absolutisme municipal, 1594-1654, Seyssel, Champ Vallon, 2003, 864 p.

Ouvrages collectifs :

  • Jean-Pierre Poussou (dir), La Renaissance. Enjeux historiographiques, méthodologie, bibliographie commentée, Paris, Armand Colin, 2002, 126 p.

  • Avec Anne Montenach, Les sociétés européennes au XVIIe siècle. France, Angleterre, Espagne. Historiographie. Bibliographie. Enjeux, Paris, Belin, 2006, 331 p.

  • Avec Suzanne Lachenicht et Lauric Henneton (éd.), « Spiritual Geopolitics in the Early Modern World« , Itinerario, vol. 40, special issue 02, 2016.

2 octobre

Nicolas Offenstadt

Maitre de conférences habilité à diriger des recherches à l’Université de Paris I

Panthéon-Sorbonne

« Trente ans d’écriture de l’histoire : débats, défis et doutes. »

Bibliographie :

Monographie

  • Les fusillés de la Grande Guerre et la mémoire collective (1914-1999), Paris, Odile Jacob, 1999,285 p. livre de poche (Odile Jacob), 2002, 352 p. Nouvelle édition augmentée, 2009.

  • 14-18 aujourd’hui. La Grande Guerre dans la France contemporaine, Paris, Odile Jacob, 2010, 200 p.

  • Faire la paix au Moyen-Age, Paris, Odile Jacob, 2007, 502 p.

  • En place publique. Jean de Gascogne, crieur au XVe siècle, Paris, Stock, 2013, 268 p.

Ouvrages de synthèse

  • Avec André Loez, la Grande Guerre, carnet du centenaire, Paris, Albin Michel, 2013, 256 p.

  • La Grande Guerre en 30 questions, La Crèche, Geste, Editions, 2007, 64 p.

  • Avec Grégory Dufaud et Hervé Mazurel, Les mots de l’historien, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail (Collection Les mots de…), 2005,128 p.

Débats

  • L’histoire un combat au présent, Paris, Textuel, 2014