Cours passés Année 2016-2017

lundi 13 Mars 2017

Agnès Marcetteau m

Directrice de la Bibliothèque municipale de Nantes

La mort du livre ?

Biographie

Archiviste-paléographe, diplômée de l’école des Chartes, Agnès Marcetteau est la directrice de la Bibliothèque municipale de Nantes et du Musée Jules Verne.

Résumé

Annoncée ou redoutée, la « mort du livre » est depuis plusieurs décennies une question d’actualité aux multiples enjeux : vivons-nous une simple métamorphose des supports et médias ; les menaces et concurrences dont le livre est l’objet interrogent-elles plus fondamentalement la production et la circulation de la pensée et des idées ? Quelles sont les conséquences des mutations en cours pour les individus comme pour la société toute entière ?

Autant d’interrogations et de défis qu’il convient d’envisager avec lucidité, en comprenant ce que furent, ce que sont et peut-être ce que seront, le livre et la lecture ; ce qu’ils peuvent nous apporter ; comment ils peuvent continuer à nous éclairer, nous constituer, nous former, nous faire vivre ensemble. Et ce sans sacrifice à quelque culte inconditionnel ou catatrophisme inconsidéré.

Bibliographie

-Ray Bradbury. Fahrenheit 451, Gallimard, 2000 (Folio SF).

-Charles Dantzig. Pourquoi lire ? Grasset, 2010.

-Ivan Illich. Du lisible au visible. Sur L’Art de lire de Hugues de Saint-Victor. Editions du Cerf, 1991.

-Alberto Manguel. Une histoire de la lecture. Actes Sud, 1998.

-Vincent Plauchu. Invitation à la lecture. L’Harmattan, 2015-2017.

-Marcel Proust. Sur la lecture. Actes Sud, 1993.

-George Steiner. Passions impunies. Gallimard, 1997.

-George Steiner. Le silence des livres. Arléa, 2007.

-Edith Wharton. Le vice de la lecture. Editions du Sonneur, 2009.

lundi 6 Mars 2017

Jean-Yves Mollier g

Professeur Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

La lecture, une liberté sans cesse menacée

Biographie

Jean-Yves Mollier, docteur ès-lettres et sciences humaines (doctorat d’état en histoire) de l’université de Paris I (1986) et docteur en littérature française de l’université Paris 3 (1978), est professeur d’histoire contemporaine à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines depuis 1992. Cofondateur et ancien directeur du centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines (1998-2005), il a également dirigé l’Ecole doctorale des sciences humaines et sociales de son université (2005-2014).

Résumé

Devenue quasiment universelle au XXIe siècle, la lecture est cependant demeurée longtemps l’apanage des couches les plus aisées de la population. Au moment où se produit en Europe la révolution de l’instruction universelle, entre le dernier tiers du VIIIe siècle et le début du XXe, un certain nombre de forces s’opposent à son extension. Sous leur forme la plus caricaturale, les autodafés de livres caractérisent les facismes et les dictatures les plus oppressives du XXe siècle.

Au XXIe siècle, alors que progresse la lecture sur écran, les censures de type économique ou politique menacent la libre circulation de l’information et les lanceurs d’alertes risquent la prison. C’est donc à tenter de comprendre pourquoi le principe de la lecture pour tous et celui du libre choix de ses lectures par l’individu ont effrayé et angoissent encore les divers pouvoirs que l’on s’efforcera dans cette conférence qui démarrera avec la mise à l’index de l’Encyclopédie en 1759 et ira jusqu’à la chasse forcenée des Julian Assange et autres Edgard Snowden aujourd’hui.

Bibliographie

Auteur de nombreux ouvrages, il a récemment publié

-Edition, Presse et pouvoir en France au XXe siècle, Fayard, 2008.

-La mise au pas des écrivains. L’impossible pari de l’abbé Bethléem au XXe siècle, Fayard, 2014.

-Une autre histoire de l’édition française, La fabrique éditions, 2015.

-Hachette, Le géant aux ailes brisées, L’Atelier, 2015.

lundi 27 fevrier 2017

Carole Christen christen

Maître de conférences Université de Lille 3

Les bibliothèques populaires au XIX éme siécle

Biographie

Carole Christen est maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Lille 3 et membre de l’institut universitaire de France.

Ses deux directions principales de recherches sont l’histoire sociale et économique de la France et l’histoire de l’éducation populaire au XIXéme siécle.

Résumé

Héritée de la Révolution française, la question de l’éducation, de l’instruction et de l’enseignement du « peuple » est au coeur des préoccupations des philantropes dans la première moitié du XIXéme siècle et occupe également une place centrale chez les réformateurs sociaux.

A côté de la formation des écoles primaires pour les enfants et des cours du soir pour les adultes, les bibliothèques populaires font partie des institutions envisagées pour combattre la « question sociale » désignée alors sous le terme de « paupérisme ».

Sous la Restauration et la monarchie de Juillet, les premiers projets de bibliothèques populaires sont liés au contexte socio-économique et politique de l’émergence d’un libéralisme social et au début du catholicisme social.

C’est sous le second Empire que le gouvernement donne une impulsion au mouvement de création des bibliothèques populaires qui se poursuit dans les premières décennies de la Troisième République. Après cet « âge d’or » (1860-1895), les demandes de lectures publiques d’un « peuple » scolarisé et plus lettré changent, les bibliothèques populaires sont moins adaptées à ce nouveau lectorat.

Bibliographie

-Jean-Luc Chappey et Carole Christen (dir.), Joseph-Marie de Gérando (1772-1842) : connaître et réformer la socièté, PUR, 2014.

-Carole Christen et François Vatin (dir.), Charles Dupin (1784-1873) : Ingénieur, savant, économiste, pédagogue et parlementaire du Premier au Second Empire, PUR, 2009.

-Carole Christen, Histoire sociale et culturelle des Caisses d’épargne en France (1818-1881), Economica, 2004.

-Carole Christen et Laurent Besse (Dir.), Histoire de l’éducation populaire, 1815-1945. Perspectives françaises et internationales, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2017 (à paraître en février).

-Carole Christen,  » Les bibliothèques populaires : un remède à la question sociale dans la première moitié du XIXe siècle ? « , dans Agnès Sandras (Dir.), Des bibliothèques populaires à la lecture publique, Villeurbanne, Presse de l’Enssib, 2014, p. 53-76.

-Carole Christen, « L’éducation populaire sous la Restauration et la monarchie de Juillet », La Révolution française (en ligne), 2013, n°4, p. 1 et 3. Mis en ligne le 15 juin 2013, consulté le 17 juillet 2015. URL : https://Irf.revues.org:905.

-Ian Frazer, « Socialisme et lecture. La fondation des bibliothèques populaires (1861-1877) », Les Sauvages dans la cité. Auto-émancipation du peuple et instruction des prolétaires au XIXe siècle, Seyssel, éditions du Champ Vallon, 1985, p. 67-74.

-Lectures et lecteurs au XIXe siècle : La Bibliothèque des Amis de l’Instruction, actes du colloque tenu le 10 novembre 1984, réunis et présentés par Marie-Josèphe Beaud, Jean Grigorieff et Georges Guillaume Kérourédan, Paris, 1985, Bibliothèque des Amis de l’Instruction du 3e arrondissement ( version, relue et corrigée par Elise Fraysse et Agnès Sandras). Mis en ligne sur https://www.bai.asso.fr/

-Noë Richter, La lecture et ses institutions, 1700-1918, Le Mans, Bibliothèque de l’université du Maine et éditions Plein Chant, 1987.

-Noë Richter, Les bibliothèques populaires, Paris, Cercle de la librairie, 1978.

-Agnès Sandras (dir.) Des bibliothèques populaires à la lecture publique, Villeurbanne, Presses de l’Enssib, 2014.

lundi 6 février 2017

Nicolas Patin

Maître de conférences Université de Bordeaux

patin

Mein Kampf

Bible du national-socialisme ? (1925-1945)

Biographie

Nicolas Patin est maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Bordeaux-Montaigne.
Ses principaux thèmes de recherches sont l’histoire de l’Allemagne entre 1914 et 1945, l’histoire des
élites politiques, l’histoire du nazisme et de la « Solution finale ».

Résumé

Est-il possible de parler de manière sereine de Mein Kampf, le livre d’Adolf Hitler ?

Le livre, distribué ou vendu à 12,5 millions d’exemplaires en Allemagne entre 1925 et 1945, traduit en 18 langues dès l’époque, soulève des polémiques. Les réticences, pourtant, se fondent souvent sur une méconnaissance du texte. Il est souvent possible,dans le sillage de la nouvelle édition allemande du texte en janvier 2016, d’historiciser le texte, de l’analyser, pour lui ôter l’aura de sacralisation que lui ont donné les nazis, et d’enfin le critiquer comme une source historique à part entière.

Biographie

– Nicolas Patin, Krüger, un bourreau ordinaire. Paris, Fayard, 2017.

– Nicolas Patin, La Catastrophe allemande. 1914-1945, Paris, Fayard, 2014.

Le seul livre disponible en français sur la question :

-Vitkine Antoine, Mein Kampf, histoire d’un livre, Flammarion, Paris, 2013, 332 pages.

La biographie de référence sur Hitler est celle de :

-Ian Kershaw (2 volumes).

D’autres livres plus généraux sur le parcours d’Hitler :

-Hammann Brigitte, La Vienne d’Hitler. Les années d’apprentissage d’un dictateur, Editions des Syrtes, Paris, 2001

( Hitlers Wien. Lehrjahre eines diktators, Piper verlag, 1996), 512 pages.

-Musiedlak Didier, L’espace totalitaire d’Adolf Hitler, in : Vingtième Siècle. revue d’histoire, n° 47, juillet-septembre 1995, pp. 24-41.

-Jäckel Eberhardt, Hitler idéologue, Calmann-Lévy, Paris, 1973 (1969).

-Ryback Timothy, Dans la bibliothèque privée de Hitler, Le Cherche Midi, Paris, 2009.

-Weber Thomas, La Première Guerre d’Hitler, Perrin, Paris, 2014 (2010), 666 pages.

lundi 30 janvier 2017

Jérôme Wilgaux

Jérôme WilgauxMaître de conférences Université de Nantes

La Bibliothèque d’Alexandrie :

Brève histoire de la transmission et de la destruction des ouvrages antiques

Biographie

Agrégé d’histoire, maître de conférences en histoire ancienne à l’Université de Nantes, Jérôme Wilgaux consacre ses recherches à l’étude de la société et de la culture grecques antiques. Ces dernières années, ses écrits ont plus particulièrement porté sur les structures de parenté, ainsi que sur les manières dont le corps a été pensé et interprété en Grèce ancienne.

Résumé

Si les premières bibliothèques grecques datent de l’époque classique, la plus célèbre d’entre elles fut celle développée à Alexandrie par les souverains gréco-macédoniens à l’époque hellénistique. Ses destructions successives à partir du Ier siècle symbolisent aujourd’hui la destruction massive que connurent les ouvrages antiques dans les premiers siècles de notre ère, pour des raisons fort diverses. Nous nous proposons donc de retracer cette histoire des livres antiques, de leur diffusion puis de leur destruction, en insistant tout particulièrement sur le destin des ouvrages grecs.

Bibliographie

– F.Barbier, Histoire du livre en Occident, Armand Colin, 2009.
– F.Barbier, Histoire des bibliothèques d’Alexandrie aux bibliothèques virtuelles, Armand Colin, 2016.
– L.Canfora, La véritable histoire de la bibliothèque d’Alexandrie, Desjonquères, 1988.
– A.Manquel, Une histoire de la lecture, Actes Sud, 1998.
– A.Manquel, La Bibliothèque, la nuit. Acte Sud, Leméac, 2006
– R.MacLeod, The library of Alexandria. Centre of Learning in the Ancien World, 2010.
– Anthony Graffon, La page, de l’Antiquité à l’ère du numérique. Histoire, Usages,esthétiques, Paris, 2012.
– Alexandrie IIIème siècle avant J-C : Tous les savoirs du monde ou le rêve d’universalité des Ptolémées, Autrement, 1999.

lundi 23 janvier 2017

mMathilde LarrrereMathilde Larrère

Maitre de conférences à l’Université de Paris-Est Marne-la-Vallée

Les premières enquêtes sociales

Biographie

Mathilde Larrère a pour thèmes de recherches l’histoire politique et sociale du XIXe siècle français déclinée autour de quatre axes principaux :
  • histoire de la citoyenneté
  • histoire des rapports des citoyens à l’Etat
  • histoire du maintien de l’ordre
  • histoire de la révolution de 1830

Résumé

Evidemment, après la Bible, le Coran, le Capital et le Petit Livre Rouge, évoquer le Tableau de l’état physique et moral des ouvriers du docteur Louis-René Villermé, ou De la prostitution dans la ville de Paris considérée sous le rapport de l’hygiène publique, de la morale et de l’administration du docteur Parent Duchâtelet qui a aussi fait une grande enquête sur les égouts peut donner l’impression de jouer un peu en 2ème division…
Et pourtant à leur façon aussi ils ont fait l’histoire …
Même si c’est évidemment plus complexe, le Tableau de Villermé est à l’origine de deux lois, et non des moindres, la loi de 1841 sur la limitation du travail des enfants, la loi de 1850 sur les logements insalubres. Le livre de Parent Duchâtelet a constitué le modèle contraignant de toute la littérature et la législation prostitutionnelle durant plus d’un demi-siècle. Ses enquêtes sur les égouts ont fait avancé à grand pas la problématique sanitaire.
Nous évoquerons donc les enquêtes sociales de la Monarchie de Juillet, la prise de conscience qu’elles ont permise, mais également le regard qu’elles ont imposés sur un monde en profonde transformation.

Biographie

– N° spécial de la revue romantique de 2010, » enquête » et « culture de l’enquête »
– Louis Chevalier, Classes laborieuses et classes dangereuses à Paris dans la première moitié du XIXe siècle, Plon, 1958.
– Docteur Louis-René Villermé, Tableau de l’état physique et moral des ouvriers.
– Docteur Parent Duchâtelet, De la prostitution dans la ville de Paris considérée sous le rapport de l’hygiène publique, de la morale et de l’administration.

lundi 16 janvier 2017

Stenger Gerhardt Gerhardt Stenger

Maître de conférences, Université de Nantes

L’aventure de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert

Biographie

Gerhardt Stenger est maître de conférences de littérature française à l’université de Nantes. Ses recherches portent essentiellement sur la littérature et l’histoire des idées des 17e et 18e siècles, en particulier Diderot et Voltaire.

Résumé

L’Encyclopédie « de Diderot et d’Alembert » est le plus grand monument intellectuel du siècle des Lumières. Son histoire mouvementée se situe, dès sa naissance, dans le cadre d’un affrontement dont l’enjeu est le pouvoir intellectuel sur la société et le sujet d’une conception du monde.
Attaquée de toutes parts, interdite pendant sept ans puis publiée avec le consentement tacite du gouvernement, elle a changée, selon le voeu de Diderot, le principal artisan de l’entreprise, notre « façon commune de penser ».

Bibliographie

– Diderot et Rousseau. Littérature, science et philosophie. Actes du colloque de l’Université Permanente de Nantes ( 23-25 mai 2013) recueillis par Gerhardt Stenger, Nantes , Opéra Editions, 2014.
– Gerhardt Stenger, Diderot. Le combattant de la liberté, Paris, Perrin, 2013.
– Voltaire, Dictionnaire philosophique, éd. G. Stenger, Flammarion, 2010.

lundi 9 janvier 2017

Marine Rouch

Doctorante Université de Toulouse 2

De « l’écoeurante apologie de l’inversion sexuelle et de l’avortement » à la bible des femmes et du féminisme :

Parcours du Deuxième sexe.

Biographie

Marine Rouch est doctorante à l’université de Toulouse Jean Jaurès en Histoire contemporaine des femmes et du genre – Histoire littéraire. Son projet de thèse s’intitule « Si j’en suis arrivée là, c’est grâce à vous « . Ecritures des hommes et des femmes « ordinaires « : le lectorat de Simone de Beauvoir (1943-1986)

Résumé

 » Le Deuxième Sexe, qui parait en 1949 dans la prestigieuse collection blanche de Gallimard, produit immédiatement l’effet d’une bombe », écrit l’historienne Sylvie Chaperon. La célèbre phrase de Mauriac, dans une lettre non destinée à la publication, à Roger Stéphane, collaborateur des Temps Modernes, illustre bien le phénomène : « j’apprends beaucoup de choses sur le vagin et le clitoris de votre patronne, dans le dernier numéro des Temps Modernes ». En effet, plusieurs chapitres de l’essai ont été prépubliés dans la revue : « L’initiation sexuelle de la femme », « La lesbienne » et « La mère » scandalisent les cercles intellectuels. Mauriac va même jusqu’à lancer une enquête dans Le Figaro Littéraire auprès de la jeunesse qu’il invite à répondre à cette question : « Le sujet traité par Mme Simone de Beauvoir : « L’initiation sexuelle de la femme » est-il à sa place au sommaire d’une grave revue philosophique et littéraire ? « .
Rejeté violemment au moment de sa parution, Le Deuxième Sexe est pourtant aujourd’hui un de ces livres que l’on considère comme des références universelles. C’est à partir des années 1970 et plus précisément des mouvements en faveur de l’émancipation et des droits des femmes, qu’il a été érigé en livre-manifeste, en véritable étendard des femmes et du féminisme de la seconde vague. Entre-temps, il était devenu l’essence même de Simone de Beauvoir auprès du grand public, de ses lectrices en particulier.
Aujourd’hui encore, le féminisme de Simone de Beauvoir qui trouve ses fondements dans l’essai, polarise le paysage féministe français. Pour Ingrid Galster, on se définit « dans son sens ou contre elle ». Mais le Deuxième Sexe est aussi un de ces livres que l’on cite beaucoup, que l’on vénère ou que l’on haï aveuglément, mais dont on connaît mal le contenu. Comme la bible, dit une chercheuse américaine en 1992, Le Deuxième Sexe est peu lu.
Comment expliquer alors un tel parcours ? Fidèle à la thématique de l’année, « Quand le livre fait l’histoire », nous proposons de revenir sur l’itinéraire de réception(s), d’influence(s) et d’appropriation(s) du livre à la lumière de plusieurs contextes spécifiques depuis sa parution dans lesquels il a tour à tour joué les rôles d’éveilleur de conscience, de révélateur d’oppressions, de revendicateur de droits nouveaux pour les femmes, notemment en matière de sexualité, mais aussi, plus récemment, de repoussoir d’un certain type de féminisme dit beauvoirien. Ainsi, nous verrons que Le Deuxième Sexe a mené à un véritable renouvellemnt des représentations en ce qui concerne l’éternelle « querelle des femmes ».

Bibliographie

– Le Deuxième Sexe, tome 1 : Les faits et les mythes, Paris, Gallimard, Folio.
– Le Deuxième sexe, tome 2 : L’expérience vécue, Paris, gallimard, Folio.
– La femme indépendante, Paris, Gallimard, Folio 2€ Extraits choisis du Deuxième Sexe.
– Les mémoires :
* Mémoire d’une jeune fille rangé
* La Force de de l’âge
* La Force des choses
* Tout compte fait
– La femme rompue

Autour de l’oeuvre de Simone de Beauvoir

– Jacques Deguy, Sylvie Le Bon de Beauvoir, Simone de Beauvoir : écrire la liberté, Paris, Gallimard, 2008.
– Danièle Sallanave, Castor de guerre, Paris, Gallimard, 2008.
– Christine Delphy, Sylvie Chaperon, Cinquantenaire de deuxième sexe. Colloque international Simone de Beuavoir, Paris, Syllepse,
2002.
– Eliane Lecarne-Tabone,  » Le Deuxième sexe » de Simone de Beauvoir, Paris, Gallimard, 2008.
EN LIGNE Ingrid Galster, « Relire Beauvoir » « Le deuxième Sexe  » soixante ans après », Sens public, revue.
https://sens-public.org/spip.php? article 1047.

Questions de réception

– Sylvie Chaperon, « Haro sur le deuxième sexe » dans Christine Bard (dir), un siècle d’antiféminisme, Paris, Fayard, 1999, p.269-283
– Ingrid Galster, Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne. Recueil des articles de critique parus entre 1949 et 1951 en réaction au Deuxième Sexe.
– Marine Rouch,  » Merci pour le message d’espoir ». Ces femmes qui écrivaient à Simone de Beauvoir », ( publié sous le titre « Dans des millions de coeurs »), Le Magazine Littéraire, avril 2016, p.79.
– Le Magazine Littéraire, N° 566, 2016/4 (Dossier : « Où en sont les féministes », sur les héritages de Simone de Beauvoir)

Carnet de recherches

sur l’influence de Simone de Beauvoir sur son lectorat « ordinaire » et recherche d’ancien.ne.s correspondant.e.s de l’auteure : www.lirecrire.hypotheses.org

lundi 12 décembre 2016

ag squipel

Agnès Spiquel

Professeur Université de Valenciennes

Les Fleurs du Mal , un recueil-évènement ?

Biographie

Après avoir enseigné au lycée (Créteil) puis à l’université (Amiens et Valenciennes), Agnès Spiquel mène une retraite active, essentiellement consacrée à l’oeuvre d’Albert Camus. Mais, avant cela, ses recherches avaient porté pendant de longues années sur Victor Hugo et sur le romantisme. Elle participe régulièrement au cycle littéraire de conférences de l’université permanente de Nantes.

Résumé

Lors de la parution de la première édition des Fleurs du Mal (1857), Baudelaire (1821-1867) a déjà publié des articles et des essais de critique artistique et littéraire ainsi que quelques poèmes isolés ; mais c’est le procès immédiatement intenté au recueil qui va lui assurer une notoriété de scandale. Par ailleurs, l’obligation que lui fait le verdict de retirer six poèmes du receuil le mène à remanier profondément celui-ci et à lui ajouter une section capitale. A sa seconde édition (1861), les Fleurs du Mal sont devenues ce recueil majeur que nous connaissons_ mais, bien que salué par quelques grands noms de la littérature, il ne trouvera que très lentement ses lecteurs : Baudelaire mourra avant de se voir reconnu à sa juste valeur.
Restropectivement, le recueil fait événement à deux niveaux : d’une part, les attendus du procès et le verdict sont très révélateurs de l’idéologie dominante dans la France du Second Empire ; d’autre part, et surtout, cette genèse tourmentée a donné naissance à un chef d’oeuvre qui à la fois résume le romantisme sur son versant ténébreux et ouvre la modernité poétique.

Bibliographie

Deux bonnes éditions
– Les Fleurs du Mal, éd. Claude Pichois, poésie Gallimard, 2005
-Le Spleen de Paris, éd. Robert Kopp, poésie Gallimard,2006
Deux éditions scolaires
– Les Fleurs du Mal, Gallimard, Folio Plus, 2004
-Le Spleen de Paris, Gallimard, Folio plus, 2013
Une biographie de référence
-Claude Pichois et Jean Ziegler, Dictionnaire Charles Beaudelaire, Fayard, 2005
Un outil complet
– Claude Pichois et Jean-Paul Avice, Dictionnaire Charles beaudelaire, Du Lérot, 2002

lundi 5 décembre 2016

Alain Demurger

Alain Demurger

Maitre de conférences honoraire

Université de Paris I- Panthéon Sorbonne

« Les Templiers »

de François Just Marie Raynouard

Biographie

Alain Demurger est maître de conférences honoraire à l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne. Historien médièviste, il est spécialiste de l’histoire des croisades et des ordres religieux militaires au Moyen-Âge

Résumé

Raynouard (1731-1836 ) n’est certainement pas l’auteur français le plus connu et il n’a pas produit une oeuvre qui a changé le monde. Essayiste et historien d’occasion, auteur dramatique et érudit éditeur de la poésie des troubadours, il fut académicien et, par séquence, homme politique.
Il a traversé en esprit libre la Révolution, l’Empire, la Restauration et trouvé la gloire à Paris en 1805 pour une pièce de théatre,  » Les Templiers « , représentée avec succès considérable à la Comédie Française. Ce qui fera l’objet du premier volet de ma conférence .
Il a fait précéder son texte d’un copieux avant-propos historique, qu’il développera quelques années plus tard dans ses « Monuments historiques relatifs à la condamnation des chevaliers du Temple et l’abolition de leur Ordre « . Confronter les libertés que se permet l’auteur dramatique à la rigueur (relative) de ses écrits sera mon second volet.

Bibliographie

  • La persécution des Templiers, Paris 2015, Payot
  • Jacques de Molay, Paris, 2014 (version poche), Payot
  • Les Templiers, Une chevalerie chétienne au Moyen-Âge, Paris, 2014 (dans sa dernière édition Point-Histoire)
  • Le livre de Raynouard, Les Templiers, tragédie en 5 actes, édition de 1805 réimprimée en 1997 par Lacour-Editeur, collection Rediviva, à Nimes
  • Monuments historiques relatifs à la condamnation des chevaliers du temple, Editions de la tarente, Aubagne, 2012

lundi 28 novembre 2016

Stéphane Tirard

SStéphane Tirard

Professeur Centre François Viète – Université de Nantes

Depuis L’Origine des espèces de Darwin (1859), le monde vivant a une histoire

Biographie

Stéphane Tirard est professeur au centre François Viète d’épistémiologie, histoire des sciences et techniques de l’Université de Nantes.
Ses thèmes de recherche actuels sont:
-L’épistémiologie et l’histoire de la biologie :
  • des théories de l’évolution
  • des origines de la vie et des limites du vivant
  • de la biologie végétale
-L’épistémiologie et histoire de la médecine :
  • les Big data et la médecine personnalisée

Résumé

Depuis 1859 (parution du livre fondateur de Darwin L’Origine des espèces), les idées darwiniennes ont fait leur chemin ; depuis 1953 (découverte de la double hélice d’ADN) la génétique et la biologie moléculaire ont donné un support matériel aux phénomènes évolutifs et la théorie n’a cessé de se consolider et s’enrichir.
Cependant bien des régressions, des remises en cause, des résistances subsistent ou réapparaissent. Faire face aux offensives des mouvements néo-créationnistes ou du dessein intelligent exige un travail d’épistémologie afin d’analyser les raisonnements biaisés qui sont opposés et mettre en place une formation à l’esprit critique où le souci de respect des cultures et des opinions ne conduirait pas à l’esquive ou au renoncement à la rigueur.

Bibliographie

  • TirardS., Histoire de la vie latente : des animaux ressuscitants du XVIIIème à la cryoconservation des embryons au XXème siècle, itinéraires d’une forme de vie, Paris, Adapt-Vuibert, 2010
  • Sous la direction de Maryline Coquidé et Stéphane Tirard, L’évolution du vivant : un enseignement à risque ? Vuibert-Adapt, 2009
  • Corsi P., Gayon J., Gohau G. et Tirard S. Lamark : Philosophie de la nature, Paris, Presses Universitaires de France, 2006
  • Darwin, L’origine des espèces, GF, 2008
  • S.J. Gould, La vie est belle : les surprises de l’évolution, Paris, Le Seuil, Points Sciences, 2004
  • S.J. Gould, La structure de la théorie de l’évolution, Paris, Le Seuil, 2006
  • S.J. Gould, Et Dieu dit:  » Que Darwin soit ! « , Paris, Le Seuil, 2000
  • Gingras Yves, L’impossible dialogue Sciences et religions, Paris, PUF, 2016

lundi 21 novembre 2016

Colette Le LayColette Lelay

Chercheur associé

Centre François Viète – Université de Nantes

Les révolutions coperniennes

Biographie

Colette Le Lay est chercheur associé au centre François Viète d’épistémiologie, histoire des sciences et des techniques de l’Université de Nantes. Sa thèse soutenue en 2002 portait sur les livres de vulgarisation de l’astronomie (1686-1880)

Résumé

Nicolas Copernic attend de nombreuses années avant de se laisser convaincre de publier ses Révolutions des orbes célestes en 1543. Il sait qu’il bouleverse un ordre établi performant et y subsitue un nouveau « système » qui ne peut manquer d’inquièter le monde savant et les églises. Les conséquences de toutes natures se font sentir jusqu’à nos jours puisque la pseudo-réhabilitation de Galilée par Jean-Paul II ne date que de 1992. Nous tenterons de faire la part entre la légende noire ou dorée, toujours véhiculée par des écrivains à succès, et l’histoire de ce livre qui a révolutionné notre manière de concevoir l’univers.

Bibliographie

  • Thomas Kuhn, La révolution copernicienne, Livre de poche, 1992
  • Jacques Gapaillard, Et pourtant elle tourne ! Seuil, 1993
  • Yves Gingras, L’impossible dialogue sciences et religions, PUF, 2016

jeudi 10 novembre 2016

boucheron Patrick Boucheron

Professeur au Collège de France

Biographie

Professeur au Collège de France, Patrick Boucheron a livré sa leçon inaugurale « Ce que peut l’histoire » en décembre 2015.
Son cours au Collège de France est intitulé « Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe- XVIe siècle »

lundi 14 novembre 2016

Jean-Numa DucangeJean-Numa Ducange

Maître de conférences Université de Rouen

Du Manifeste du parti communiste au Capital :

La destinée mondiale des livres de Karl Marx

Biographie

Jean-Numa Ducange est maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Rouen.
Sa thèse soutenue en 2009 s’intitulait « Elaborer, écrire et diffuser l’histoire de la « Grande Révolution française » dans les social-démocraties allemande et autrichienne (1889-1934) ».
Ses recherches s’organisent autour de trois thèmes :
1. Histoire croisée des gauches en France et dans les pays germanophones.
2. Historiographie de la Révolution française.
3. Histoire des marxismes.

Résumé

Les ouvrages de Karl Marx ont été parmi les plus diffusés dans l’histoire du livre à l’époque contemporaine. La chronologie des traductions et éditions offre un panorama permettant de comprendre l’épopée unique d’un texte politique assez simple « Le Manifeste du parti communiste », comme d’un livre complexe « Le capital ». Cette histoire fut aussi celle d’abrégés, de « phrases chocs », de déformation, voire de manipulations des textes. Notre conférence présentera quelques exemples internationaux de cette incroyable destinée.

Bibliographie

  • La Révolution française et l’histoire du monde. Deux siècles de débats historiques et politiques, Paris, Armand Colin, Coll. U, 2014.
  • La Révolution française et la social-démocratie. Transmissions et usages politiques de l’histoire en Allemagne et Autriche (1889-1934), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2012.
  • Marx, l’histoire , les révolutions, Paris, La ville brûle, 2010 (avec Mohamed Fayçal Touati).
  • Marx politique, Paris, La Dispute, 2015 (avec Isabelle Garo).
  • Le Parti communiste français et le livre, Dijon, Editions universitaires de Dijon, 2014 (avec Julien Hage et Jean-Yves Mollier).
  • Passeurs de révolutions, Paris, Société des études robespierristes, 2013 (avec Michel Biard)

lundi 7 novembre 2016

Jean-François KLeinJean-François Klein

Professeur Université du Havre

Le Petit Livre Rouge du Grand Timonier :

une circulation révolutionnaire globale ?

Biographie

Après avoir enseigné plus de quinze ans l’Histoire de l’Asie du Sud-Est contemporaine à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales ( les langues O’ ) puis l’histoire de l’Asie contemporaine à l’université de Nantes, Jean-François Klein est aujourd’hui professeur à l’Université du Havre. Il est spécialiste de l’Histoire des empires coloniaux en Asie orientale, en Asie du Sud-Est et dans l’océan Indien. Ses travaux ont portés essentiellement sur les réseaux économiques et politiques du patronat impérial en mer de Chine et dans l’océan Indien et, depuis quelques années, sur l’histoire des officiers en situation coloniale et sur les concepts de circulation impériale des techniques dites « de pacification ». Ses terrains d’expertises sont plus particulièrement l’ancienne Indochine, la Chine et Madagascar.

Bibliographie

-Voir cours public 2015-2016

lundi 10 octobre 2016

François ClémentFrançois Clément

Maitre de conférences Université de Nantes

Le Coran

Biographie

François Clément est maître de conférences en langue et civilisation arabes à l’université de Nantes. Sa spécialité est l’histoire du monde arabo-musulman à l’époque classique plus particulièrement celle de l’Occident musulman (al-Andalus et Magghreb extême) du Xe au XIIIe siècle.

Résumé

Le Coran dans la tradition abrahamique. Histoire du texte. Structure, style, thématiques ,disparités.

Bibliographie sur le thème

  • Le Coran,trad.de Régis Blachère, Paris, Maisonneuve et Larose, 1966 et rééd.
  • Le Coran, trad de Denise Masson, Paris, Gallimard, NRF La Pléiade, 1967 et rééd.
  • Le Coran,essai de traduction de l’arabe, annoté et suivi d’une étude exégétique, par Jacques Berque, Paris, Sindbad, 1 990 (rééd. Albin Michel, Paris, 2002).
  • Régis Blachère, Introduction au Coran, Paris, Maisonneuve et Larose, 1977 et rééd.
  • Alfred-Louis de Prémare, Aux origines du Coran. Questions d’hier, approches d’aujourd’hui, Paris, Téraèdre, coll. L’Islam en débats, 2005.
  • Dictionnaire du Coran, sous la direction de Mohammed Ali Amir Moezzi, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2007.

Ouvrages du conférencier

  • Histoire et Nature. Pour une histoire écologique des sociétés méditerranéennes (Antiquité et Moyen-Age), sous la direction de François Clément, Rennes, PUR (coll. Histoire), 2011.
  • Minorités et régulation sociale en Méditerranée médiévale, sous la direction de Stéphane Boisselier, François Clément et John Tolan, Rennes, Presses Universitaires de Rennes (coll.Histoire), 2010.
  • Les vins d’Orient, 4000 ans d’ivresse, ouvrage coordonné par François Clément, Nantes, Les Editions du temps, 2008.
  • Culture arabe et culture européenne. L’inconnu au turban dans l’album de famille, textes réunis par Malika Pondevie Roumane, François Clément et John Tolan, Paris, L’Harmattan (coll. Histoire et Perspectives méditerannéennes), 2006.
  • Espaces d’échanges en Méditerranée. Antiquité et Moyen-Age, sous la direction de François Clément, John Tolan et Jérôme Wilgaux, Rennes (coll.Histoire), 2006.
  • L’espace lyrique méditerranéen au Moyen-Age. Nouvelles approches sous la direction de Dominique Billy, François Clément et Annie Combes, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2006.

lundi 3 octobre 2016

Vincent LemireVincent Lemire

Maitre de conférences

Université Paris-Est Marne-la-Vallée

Jérusalem et les religions du Livre : La Bible, entre histoire et archéologie

Biographie

Maitre de conférences à l’université de Paris-Est Marne -la-Vallée, Vincent Lemire est aussi chercheur associé au Centre de recherches français à Jérusalem. Aussi partage-t-il son temps entre Paris et Jérusalem. Sa thèse très originale, soutenue en 2006, constituait un essai d’hydrohistoire de la ville de Jérusalem.

Bibliographie

Sa thèse a été publiée par les Presses de la Sorbonne en 2011 sous le titre La soif de Jérusalem. Signalons également son ouvrage Jérusalem 1900 paru en 2013 chez Armand Colin. Jérusalem Histoire du monde qui paraitra chez Flammarion le 12 octobre.

Cours public 2015-2016

On se souvient, aux années 1970, des boat people de la mer de Chine méridionale ou de la mer des Antilles. Aujourd’hui, la Méditerranée comme la mer des Andaman sont les théâtres d’une actualité terrible comparable qui donne aux migrations humaines les couleurs du drame. De plus en plus, les migrants inquiètent les sociétés occidentales, qui cherchent à s’en prémunir.

Pourtant, l’homme, depuis l’aube de son existence, a migré : il s’est toujours déplacé, soucieux de s’adapter au milieu, à des échelles différentes et selon des masses variables.Les migrations interrogent et Nantes-Histoire, dans son cours public 2015-2016, a choisi de les aborder pour mieux les éclairer.

Dans une logique diachronique, allant de l’Antiquité – et même de temps plus anciens – jusqu’au début du XXIe siècle, notre série de conférences veut appréhender les mouvements humains dans des espaces diversifiés, à des échelles et dans des temporalités elles aussi plurielles en s’attachant à en illustrer les causes, économiques, politiques ou religieuses, et en plaçant l’accent sur l’expérience de ceux qui partent dans la quête d’un nouveau chez soi dont J.M.G. Le Clézio a montré tout ce qu’elle suppose d’héroïsme.

7 mars 2016Catherine Wihtol de Wenden

Migrations et mondialisation :

enjeux actuels

Catherine Wihtol de Wenden

Directrice de recherche au CNRS (CERI, Sciences-Po ) et enseignante à SciencesPo, politologue et juriste, spécialiste des migrations internationales.

Bibliographie récente :

la question migratoire au XXIème siècle.

Paris,

Presses de Sciences Po, 2013

Le droit d’émigrer,

CNRS Editions,

2013

Faut-il ouvrir les frontières ? Presses de Sciences Po,

2014

Migrations en méditerranée,

CNRS Editions,

2015

29 février 2016

Les juifs soviétiques pendant la guerre froide :Pauline Peretz

discriminations, aliyah ou exil ?

Pauline Peretz

Maître de conférences en histoire contemporaine

Université de Nantes

Membre du Centre d’Études Nord-Américaines de l’EHESS.

Rédactrice en chef à la Vie des idées.

Lecture conseillée

Pauline Peretz

« Le combat pour les Juifs soviétiques.

Washington-Moscou-Jérusalem, 1953-1989″

préface d’André Kaspi

Armand Colin,

Collection l’histoire à l’oeuvre

2006.

Traduit par Ethan Rundell
Editions Transaction Publishers
2015

Bibliographie sommaire

New York : Histoires, promenades Anthologie et dictionnaire

(dir)

Robert Laffont

collection « bouquins »

2009

Le dossier secret de l’affaire Dreyfus

avec Pierre Gervais et

Pierre Stutin

Alma

2012

Au Prêt sur gage

Seuil

2014

L’Amérique post-raciale

PUF

La vie des idées

2013

22 février 2016Nedjib Sidi Moussa

L’immigration nord-africaine en France

Nedjib Sidi Moussa

Après avoir été allocataire de recherche (2007-2010) et ATER (2012-2014) à l’Université Paris 1 (Panthéon-Sorbonne), Nedjib SIDI MOUSSA est actuellement chargé d’enseignement à l’INALCO (histoire du monde arabe contemporain). Titulaire d’un master et d’un doctorat en science politique (soutenu en décembre 2013 à l’Université Paris 1) consacré aux partisans de Messali Hadj, pionnier du mouvement indépendantiste algérien, ses publications portent essentiellement sur les mobilisations politiques et les questions mémorielles entre la France et l’Algérie, pendant le moment colonial et au-delà.

La conférence propose d’étudier, à travers le cas algérien, plusieurs décennies d’engagements politiques sur le territoire français. En nous appuyant sur des recherches en cours, nous traiterons plus particulièrement de l’alliance paradoxale et parfois conflictuelle entre les émigrés nationalistes et les organisations du mouvement ouvrier français autour du Front populaire. Nous aborderons également les enjeux de l’émancipation féminine chez les indépendantistes algériens au plus fort de la révolution (ou guerre de libération nationale). Nous discuterons enfin des controverses mémorielles au sein d’un groupe marginalisé qui revendique, depuis son exil français, l’instauration d’un régime démocratique en Algérie.

« Algérie : entre mesures

et mesure. À l’écoute

du changement sur

une radio étatique »,

in M. Oualdi, D. Pagès-El Karoui

et C. Verdeil (dir.),

Les ondes de choc des révolutions

arabes,

Beyrouth-Damas,

Presses de l’Ifpo,

2014,

pp. 163-180

[en ligne] : https://books.openedition.org

/ifpo/6972

« L’autre révolution.

Pour une historiographie

de la question messaliste »,

L’Année du Maghreb,

X,

2014,

pp. 99-114

[en ligne] : https://anneemaghreb.

revues.org/2048

« Émeutes de la jeunesse et « nouvelles » oppositions à référentiel historique », encadré publié dans l’ouvrage coordonné par Amin Allal et Thomas Pierret, Au cœur des révoltes arabes. Devenir révolutionnaires,

Paris,

Armand Colin,

2013,

pp. 159-160

« L’Histoire et la politique hors-la-loi? Réflexions autour d’un film sur des indépendantistes algériens », article publié dans la revue French Politics, Culture & Society,

Vol. 30, n°3, Winter 2012,

pp.119-129

« Extraversion spécifique et internationalisation bridée : les partis algériens face au projet de l’Union pour la Méditerranée », Dynamiques internationales, n°7,

octobre 2012

« Du PPA au PPA. Construction d’une mémoire immigrée en situation (post)coloniale », Migrance, n°39,

premier semestre 2012

« Le Mouvement national algérien en France »,

in Linda Amiri et Benjamin Stora (dir.),

Algériens en France, 1954-1962 : la guerre, l’exil, la vie,

Paris,

Autrement,

2012,

pp. 108-111

Compte-rendu de l’ouvrage de H. Bozarslan, G. Bataillon et C. Jaffrelot, Passions révolutionnaires, Amérique latine, Moyen-Orient, Inde, Paris,

éditions de l’EHESS, 2011 :

publié dans la Revue française de science politique, Vol. 62, n°2, avril 2012, p. 315

« Face à la guerre d’Algérie : transactions anticoloniales et reconfigurations dans la gauche française »,

Diacronie, Studi di Storia Contemporanea,

n°9 (gennaio 2012).

« Pour une sociologie des trajectoires révolutionnaires. Le cas des membres du CNR (Algérie, 1954) »,

in S. Chantegros, S. Orange, A. Pégourdie, C. Rougier (dir.),

La Fabrique biographique, Limoges,

PULIM,

2012,

pp. 163-176

« Quand Léon rencontre Rosa à… Nairobi ! » et « Anticolonialisme et altermondialisme : Marx ou Fanon »,

in M.-E. Pommerolle et J. Siméant (dir.),

Un Autre monde à Nairobi,

Paris,

Karthala,

2008

« La ‘reconversion’ du MNA (mars-juillet 1962) : entre le succès d’une prophétie et l’échec d’un prophète», in Amar Mohand-Amer et Belkacem Benzenine (dir.),

Les indépendances au Maghreb, CRASC/IRMC, Oran, 2012, pp. 167-181. L’ouvrage a été édité en 2012 à Paris chez Karthala sous le titre

Le Maghreb et l’indépendance de l’Algérie

1er février 2016

Déplacés et réfugiés dans l’Europe de l’après-Première Guerre mondialeStanislas Jeannesson

Stanislas Jeannesson

Stanislas Jeannesson est depuis 2012 professeur d’histoire contemporaine à l’université de Nantes et membre du CRHIA (Centre de recherches en histoire internationale et atlantique), après avoir été pendant quinze ans maître de conférences à l’université Paris-Sorbonne. Ses recherches portent sur la politique étrangère de la France au premier XXe siècle et sur les fonctions, pratiques et acteurs des diplomaties contemporaines. Il a récemment publié Jacques Seydoux, diplomate (1870-1929) (Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2013) et dirigé, avec Laurence Badel, le numéro « Diplomaties » de la revue Monde(s) (mai 2014). Il est également membre de la commission des archives diplomatiques et co-rédacteur en chef de Monde(s). Histoire, espaces, relations.

Au lendemain de la Grande Guerre, les bouleversements politiques liés aux traités de paix, au tracé de frontières nouvelles et à la création de nouveaux États-nations, ainsi qu’aux conflits qui continuent d’affecter la Russie, la Pologne et la Turquie, conduisent à jeter sur les routes d’Europe plusieurs millions de réfugiés qui fuient un pays désormais hostile et de personnes déplacés dans le cadre d’expulsions ou d’échanges massifs de populations. Nous nous attacherons à mesurer l’ampleur d’un phénomène alors inédit, avant d’en décrire les manifestations : le départ précipité, les conditions souvent dramatiques du déplacement, l’accueil généralement hostile dans le pays d’arrivée, la clandestinité pour des centaines de milliers d’exilés sans-papiers et désormais apatrides. La dernière partie sera consacrée à la prise en compte de cette situation, d’un point de vue juridique et humanitaire, dans le cadre notamment de la SDN et d’un système international en pleine reconfiguration.

Bibliographie

« Le siècle des réfugiés », L’Histoire,

n°365,

juin 2011.

« Les réfugiés »,

Pouvoirs,

n°144,

2013/1.

Olivier Forcade et Philippe Nivet (dir.),

Les réfugiés en Europe, du XVIe au XXe siècle,

Nouveau monde éditions,

2008.

Catherine Goussef,

L’Exil russe. La fabrique du réfugié apatride,

CNRS éditions,

2008.

Dzovinar Kévonian,

Réfugiés et diplomatie humanitaire. Les acteurs européens et la scène proche-orientale pendant l’entre-deux-guerres,

Publications de la Sorbonne,

2004.

Gérard Noiriel,

Réfugiés et sans-papiers. La République face au droit d’asile, XIX-XXe siècle,

Hachette,

1999

Principales publications (ouvrages et direction d’ouvrages collectifs) :

« Diplomaties »

(dir. avec Laurence Badel),

Monde(s).

Histoire, espaces, relations,

n°5,

mai 2014.

Jacques Seydoux (1870-1929), diplomate,

Paris,

Presses universitaires de Paris-Sorbonne,

2013.

Penser le système international (XIXe-XXIe siècle)

(dir. avec Éric Bussière, Isabelle Davion et Olivier Forcade),

Paris,

Presses universitaires de Paris-Sorbonne,

2013.

Les écrivains-diplomates. L’invention d’une tradition (XIXe-XXIe siècles),

(dir. avec Laurence Badel, Gilles Ferragu et Renaud Meltz),

Paris,

Armand Colin,

2012.

La Guerre froide,

Paris,

La Découverte,

coll. « Repères »,

2008 (rééd. 2014).

Poincaré, la France et la Ruhr (1922-1924),

Strasbourg,

Presses universitaires de Strasbourg, 1998.

25 janvier 2016Rémy Pech

L’exil des républicains espagnols en France

Rémy Pech

Professeur émérite d’histoire contemporaine de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.

Rémy Pech, né dans un village viticole languedocien transformé par l’immigration espagnole, ancien élève de l’ENS de Saint-Cloud, a réalisé la plus grande partie de sa carrière à l’Université de Toulouse-Le Mirail qu’il présida de 2001 à 2006 et où il fut titulaire de la chaire européenne Jean Monnet de 1991 à 2010. Il eut le plaisir d’enseigner aux côtés d’éminents spécialistes de l’Espagne du XXème siècle, tels Bartolomé Bennassar et Jean-Pierre Amalric. Il a alimenté sa documentation et sa réflexion auprès de nombreux de militants et d’acteurs politiques qu’il a pu fréquenter à Toulouse, capitale de l’exil républicain.

L’ année écoulée a mis à l’ordre du jour de l’Europe l’afflux des réfugiés et des migrants d’un Proche Orient dévasté par ses guerres civiles. Il n’est sans doute pas inutile de se remémorer l’afflux brutal, durant l’hiver 1939, des centaines de milliers de réfugiés de l’Espagne républicaine vaincue par le soulèvement franquiste. Soldats perdus de la Retirada, mais aussi familles paniquées par les derniers épisodes d’une guerre atroce, ont été parqués dans des camps que nous n’osons plus qualifier de concentration – expression pourtant officielle à cette époque.

Ainsi commençait, pour la plupart d’entre eux, un exil de plus de trente ans, souvent transformé en une douloureuse transplantation. Certains ont dû, sous la contrainte des autorités françaises, refluer vers l’Espagne pour y retrouver le mépris et la persécution. Une partie d’entre eux, volontaires pour la 2ème guerre mondiale, résistants ou déportés, ont payé de leur sang leurs engagements. Enfin, beaucoup ont su, au prix d’un lourd labeur, se forger au fil des ans une deuxième identité et ont puissamment contribué au développement économique et culturel de notre pays. Recherches et colloques récents s’ajoutant aux nombreux témoignages publiés permettent de faire le point sur ce qui reste un épisode-clé de l’histoire du siècle dernier, et au-delà, de la conscience européenne.

Repères bibliographiques

Hermet, Guy,

La guerre d’Espagne, Paris,

Points-Seuil,

1989.

Rafaneau-Boj, Marie-Claude,

Odyssée pour la liberté. Les camps de prisonniers espagnols 1939-1945, Paris,

Denoël,

1993.

Dreyfus-Armand, Geneviève,

L’exil des républicains espagnols en France, Paris,

Albin Michel,

1999.

Dreyfus-Armand, Geneviève, dir.

Résonances françaises de la guerre d’Espagne,

colloque de Nérac, 2009,

Nérac,

Editions d’Albret,

2011.

Dreyfus-Armand, Geneviève et Martinez-Maler, Odette,

L’Espagne, passion française,1936-1975. Guerres, exils, solidarités, Paris,

Les Arènes,

2015.

Amalric, Jean-Pierre,

La présence espagnole à Toulouse au XXè siècle,

in Toulouse, une métropole méridionale, Toulouse,

Méridiennes,

2009,

Bennassar, Bartolomé,

La guerre d’Espagne et ses lendemains,

Paris,

Perrin,

2004.

Godicheau, François,

Les mots de la guerre d’Espagne,

Toulouse,

Presses universitaires du Mirail,

2003.

Ortiz, Jean, dir.,

Rouges, maquis de France et d’Espagne. Les guerilleros,

Biarritz,

Atlantica,

2006.

Guerra, Alfonso, dir.,

Exilio,

Catalogue de l’exposition de Madrid,

2002.

Caucanas, Sylvie, dir., Réfugiés espagnols dans l’Aude (1939-1940).

Colloque de Carcassonne 2004.

Carcassonne,

Archives départementales,

2005.

Vargas, Bruno, dir.,

La seconde république espagnole en exil en France,1939-1977,

Albi,

Presses universitaires de Champollion,

2008.

Quelques publications de Rémy Pech

Toulouse au temps des Trente Glorieuses

Nouvelles Éditions Loubatières

2015

Jaurès paysan

Privat

2009

Jaurès et les radicaux : Une dispute sans rupture

avec Jean-Michel Ducomte

Privat

2011

Jaurès, l’intégrale des articles de 1887 à 1914 publiés dans La Dépêche

avec Rémy Cazals, Jean Faury, Alain Boscus, Jean Sagnes et Georges Malhos

Privat-La Dépêche

2009

Entreprise viticole et capitalisme en Languedoc Roussillon, du phylloxera aux crises de mévente

Université de Toulouse

2012,

1907, les mutins de la République

la révolte du midi viticole

avec Jules Maurin

Privat

Nouvelle édition 2013

18 janvier 2016Jean-François Klein

La diaspora chinoise du XIXème au XXIème siècle

Jean-François Klein

Maître de conférences Habilité d’Histoire de l’Asie contemporaine à l’Université de Nantes. Chercheur au CRHIA (Nantes) et au Centre Roland Mousnier (Paris-Sorbonne).

Jean-François Klein, après avoir enseigné plus de quinze ans l’Histoire de l’Asie du Sud-Est contemporaine à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (les Langues O’) enseigne l’Histoire de l’Asie contemporaine à l’Université de Nantes depuis 2013. Il est spécialiste de l’Histoire des empires coloniaux en Asie orientale, en Asie du Sud-Est et dans l’océan Indien. Ses travaux ont portés essentiellement sur les réseaux économiques et politiques du patronat impérial en mer de Chine et dans l’océan Indien et, depuis quelques années, sur l’histoire des officiers en situation coloniale et sur les concepts de circulation impériale des techniques dites « de pacification ». Ses terrains d’expertises sont plus particulièrement l’ancienne Indochine, la Chine et Madagascar.

Lors de cette conférence, nous tenterons de montrer comment la Chine, à travers ses amples mouvements de migration, au point de former la plus importante diaspora communautaire mondiale, est passée d’un pays auto-centré, l’Empire du Milieu (du monde) à un pays qui se projette au cœur du monde contemporain. Un bref retour en arrière nous aidera à tenter de comprendre les mécanismes qui ont abouti à ce que la myriade des Chinatowns qui parsèment la carte du globe forment une Chine d’en dehors aujourd’hui devenu la première puissance mondiale. Par ailleurs, nous verrons si les mouvements migratoires d’hier ressemblent à ceux d’aujourd’hui.

Bibliographie sur la diaspora chinoise :

COLIN Sébastien,

La Chine puissance mondiale,

Paris,

La Documentation française, n°8108, novembre-décembre 2015,

LYNN Pan (dir.), Encyclopédie de la diaspora chinoise, Paris,

Ed° du Pacifique,

1998,

PIQUART Pierre, L’Empire chinois. Mieux comprendre le futur numéro 1 mondial. Histoire et actualité de la diaspora chinoise,

Paris,

Ed° Favre,

2006,

PINA- GUERASSIMOFF Carine,

L’État chinois et les communautés chinoises d’outre-mer,

Paris,

L’Harmattan,

1997,

PINA- GUERASSIMOFF Carine,

La Chine et sa nouvelle diaspora. La mobilité au service de la puissance, Paris,

Ellipses,

2012,

SANJUAN Thierry,

Le défi chinois,

Paris,

La Documentation française, n° 8064, juillet-août 2008,

TROLLIET Pierre,

La diaspora chinoise,

Paris,

PUF, coll° « Que-sais-je ? », 1994,

Bibliographie personnelle et en collaboration :

Jean-François Klein,

Un Lyonnais en Extrême-Orient. Ulysse Pila Vice-roi de l’Indo-Chine (1837-1909),

Lyon,

Lugd,

1994,

Jean-François Klein,

Les maîtres du comptoir : Desgrand Père & Fils. Réseaux du négoce et révolutions commerciales (1720-1878),

Paris,

Presses Universitaires Paris-Sorbonne,

2013,

Avec Alexis Thuaux et Sophie Trelcat,

La Résidence de France à Bangkok (XIXe-XXe siècle),

Paris,

Editions Internationales du Patrimoine,

2015,

Avec Marcel Dorigny, Jean-Pierre Peyroulou, Pierre Singaravélou et Marie-Albane de Suremain,

Grand Atlas des empires coloniaux – XVIe-XXe siècles,

Paris,

Autrement,

2015,

Avec Brunot Marnot (dir.),

Les Européens dans les ports coloniaux (XVIe-XXe siècles), Rennes,

PUR,

coll. « Enquêtes et documents »,

2014,

Avec Christophe Bertrand, Caroline Herbelin et Jean-François Klein (éd.),

Indochine. Des territoires et des hommes (1856-1956),

Musée de l’Armée-Invalides,

Gallimard,

2013,

Corine Maitte

11 janvier 2016

Migrations de travail à l’époque moderne

Corine Maitte

Professeur d’histoire moderne à l’université de Paris-Est Marne-la-Vallée, laboratoire ACP.

Corine Maitte s’intéresse depuis son doctorat à l’histoire économique et sociale de l’Italie. Ses premiers travaux ont été consacrés aux modèles d’industrialisation notamment à travers l’étude du district industriel textile de Prato, en Toscane entre XVIIIe et XIXe siècle. Elle s’est ensuite intéressée aux migrations des artisans qualifiés, notamment celles des artisans verriers de Venise et d’Altare, un petit village de Ligurie pour montrer comment fonctionnaient ces migrations anciennes souvent interprétées comme des migrations de crise ou de misère. Plus récemment, elle a orienté une partie importante de ses recherches autour du temps de travail à l’époque pré-industrielle.

Cette conférence tend à revisiter les migrations de travail à l’époque moderne, ne serait-ce que pour mieux comprendre et mettre en perspective les phénomènes actuels. On a souvent considéré par le passé que la société d’ancien régime était marquée par la stabilité et que les migrations étaient surtout liés à des situations de crise ou/et de misère. Depuis quelques décennies au contraire, c’est une toute autre image des sociétés anciennes qu’ont contribué à forger les recherches renouvelées des historiens : si les crises sont bien sûr des motifs importants de mouvements de population, elles ne sont pas les seules à faire bouger les hommes et les femmes dans ce qui apparaît être déjà des « sociétés en mouvement ». Dans ces mouvements, les mobilités ou les circulations liées au travail sont très importantes. Je prendrai donc différents exemples pour montrer des types de migrations de travail bien différentes les unes des autres, à la fois dans les métiers exercés, les temporalités, les retombées.

Bibliographie sommaire

Bade Klaus J., L’Europe en mouvement. La migration de la fin du XVIIIe siècle à nos jours,

Paris, Seuil,

« Faire l’Europe », 2002

Eiras Roel Antonio et Castelao Ofelia ,

Les migrations internes et à moyenne distance en Europe, 1500-1900,

Santiago,

Xunta de Galicia, 1994

Fontaine Laurence, Histoire du colportage en Europe, XV-XIXe siècle,

Paris,

Albin Michel,

1993

Collectif

Les mouvements migratoires dans l’occident moderne

Paris,

Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 1994

Dion Emmanuel, Jahan Sébastien,

Le peuple de la forêt. Nomadisme ouvrier et identité dans la France du Centre Ouest,

Rennes,

PUR, 2002

Bibliographie personnelle

Les chemins de verre. Les migrations des verriers d’Altare et de Venise, XVI-XIXe siècles,

Rennes,

PUR,

2009.

La trame incertaine, le monde textile de Prato aux XVIIIe et XIXe siècles,

Villeneuve d’Ascq,

Presses Universitaires du Septentrion,

2001.

Les temps du travail : normes, pratiques, évolutions, XIVe-XIXe siècle,

dir. avec Didier Terrier, Rennes,

PUR,

2014.

L’entrepreneur et l’historien : deux regards sur l’industrialisation dans le textile (XVIIIe-XIXe siècle). André Poupart de Neuflize (1784-1836),

Gérard Gayot (1941-2009),

textes présentés et édités avec Matthieu de Oliveira et Didier Terrier,

Villeneuve d’Ascq,

Presses Universitaires du Septentrion, 2013.

La gloire de l’industrie. Faire de l’histoire avec Gérard Gayot

dir. avec Philippe Minard et Matthieu de Oliveira

Rennes,

PUR,

2012.

Entreprises en mouvements. Migrants, pratiques entrepreneuriales et diversités culturelles dans le monde (XVe-XXe siècle),

dir. avec Manuela Martini, Issiaka Mandé, Didier Terrier,

Presses Universitaires de Valenciennes,

2009.

4 janvier 2016Mathilde Larrère

Émigration des Européens aux États-Unis,

de la Révolution au XIXème siècle

Mathilde Larrère

Maître de conférences d’histoire contemporaine

Université de Paris-Est-Marne-la-Vallée

Le livre « utile » pour le cours :

L’europe en mouvement

Klaus Bade

Seuil

Collection l’autre Europe

2002

Quelques publications :

L’urne et le fusil

La garde nationale de 1830 à 1848

PUF

à paraître janvier 2016

Sous la direction de Philippe Bourdin

La Révolution 1789-1871

Écriture d’une Histoire immédiate

Presses Universitaires Blaise Pascal

2009

Mathilde Larrère (coord.)

Félix Chartreux

Maud Chirio

Vincent Lemire

Eugénia Palierski

Révolutions – Quand les peuples font l’histoire

Belin

2013

Virginie Chaillou-Atrous14 décembre 2015

L’engagisme à la Réunion et dans l’océan indien au XIXème siècle

Virginie Chaillou-Atrous

Docteur en histoire contemporaine

Université de Nantes

Chercheur membre du CIRESC et spécialiste des migrations coloniales et particulièrement de l’engagisme indien et africain dans l’Océan Indien occidental. Ses champs de recherches sont principalement :

Les migrations coloniales dans l’Océan indien occidental.

Traite déguisée, migrations forcées, engagisme africain et indien au XIXème.

Impérialisme français dans l’Océan indien / relations franco-britanniques au XIXème.

Sociétés coloniales post-abolitionnistes/ économie sucrière.

Les femmes dans les migrations coloniales européennes.

Bibliographie :

De l’Inde à La Réunion, Histoire d’une transition, L’épreuve du Lazaret,

1860-1882,

Océans Editions, Saint-André, 2002.

Esclaves sous contrat, Editions Vendémiaire, Paris, à paraître

7 décembre 2015

70 millions d’Irlandais dans le monde ?Jean Guiffan

Jean Guiffan

Professeur honoraire d’histoire (Khâgne) Lycée Clemenceau

Essentiellement religieuse jusqu’à la fin du XVIIème siècle, l’émigration irlandaise devient économique à partir du XVIIIème et s’amplifie au XIXème, notamment après la Grande Famine de 1845-1850. De nombreux Irlandais ont ainsi pris le chemin de l’exil, notamment vers l’Amérique, et si l’Irlande ne compte aujourd’hui qu’un peu plus de 6 millions d’habitants, 70 millions de personnes dans le monde se proclament « Irlandais ».

Bibiliographie ciblée

Les cahiers de l’histoire

Un peuple en lutte pour son indépendance

Sedip, 2012

L’Irlande

avec Erick Falc’her-Poyroux

Le Cavalier Bleu, 2009

La question d’Irlande

Éditions Complexe,

2006

L’Irlande contemporaine de A à Z

Éditions Armeline, 2000

Bibliographie sommaire

histoire du XXème siècle tome 3

avec Serge Berstein, Pierre Milza, Gisèle Berstein, Yves Gauthier,

Hatier, 2010

histoire du XXème siècle tome 4

avec Serge Berstein, Pierre Milza, Gisèle Berstein, Yves Gauthier,

Hatier, 2010

Nantes, Le Lycée Clemenceau :

200 ans d’histoire

avec Joël Barreau,

Éditions Coiffard, 2008

30 novembre 2015Didier Guyvarc'h

Les traites négrières, une migration comme les autres ?

par Didier Guyvarc’h

Historien, il a enseigné l’histoire contemporaine à Nantes, puis à Rennes. Membre fondateur de Nantes-Histoire, il en a été président pendant de nombreuses années.

Il a consacré sa thèse à la construction de la mémoire de Nantes au 20e siècle.

Ses travaux portent principalement sur l’histoire de la mémoire et des représentations.

Les traites négrières, une migration comme les autres ?

Le mot « traite » s’est imposé, dans la langue française, depuis le 17e siècle pour désigner la déportation des esclaves africains. Ce mouvement migratoire appartient à l’histoire mondiale puisqu’il touche, du 7e siècle au 19e siècle, quatre continents : l’Afrique pour l’émigration, l’Asie, l’Europe et l’Amérique pour l’immigration. Les traites ne peuvent être réduites à ce seul déplacement forcé de la population noire ; elles ne sont qu’un élément d’un système esclavagiste durable. C’est l’émergence de leur mémoire à la fin du 20e siècle qui met en évidence les enjeux fondamentaux d’un commerce considéré comme les autres par ceux qui le pratiquaient.

Bibliographie cours public

David Eltis and David Richardson,

Atlas of the Transatlantic Slave Trade,

Yale University Press,

2015.

Marcel Dorigny et Bernard Gainot,

Atlas des esclavages. Traites, sociétés coloniales, abolitions de l’Antiquité à nos jours, Éditions Autrement, 2006.

Olivier Pétré-Grenouilleau, Traites négrières. Essai d’histoire globale,

Gallimard,

2004.

Bertrand Guillet,

La Marie-Séraphique, navire négrier,

édition MéMo,

2010.

Catherine Coquery-Vidrovitch et Éric Mesnard, Être esclave : Afrique-Amériques, XVe-XIXe siècle, La Découverte,

2013.

Bibliographie personnelle

Place Publique #29

septembre/octobre 2011

Nantes, la traite en mémoire

23 novembre 2015

Sortir du royaume : récits de fuite des protestants des provincesDidier Poton atlantiques françaises au 17e siècle

Didier Poton

Professeur des Universités
Université de La Rochelle
Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique
(Universités de La rochelle et de Nantes)
Président du Musée Rochelais d’Histoire Protestante

La révocation de l’édit de Nantes impose aux quelques 750 000 fidèles des églises réformées de France de se soumettre à la législation d’obligation religieuse catholique. Environ 25 % d’entre eux refusent le statut de « nouveau converti » (ou « nouveau catholique ») lié à l’acte d’abjuration en quittant le royaume pour se réfugier dans un des Etats composant l’Europe protestante essentiellement l’Angleterre et les Provinces-Unies pour les protestants des provinces atlantiques. L’édit de Fontainebleau interdisant de « sortir du royaume », c’est clandestinement que ces hommes, femmes et enfants doivent organiser leur voyage et réaliser sans encombres leur départ.

Compte tenu du nombre de réfugiés, du niveau d’instruction de beaucoup d’entre eux, l’historien est surpris de la faiblesse du corpus des « récits de refuge » dont il dispose (une cinquantaine selon l’historienne anglaise Carolyn Lougee Chappel). Pour les provinces atlantiques, l’étude ne peut porter, en l’état actuel de la documentation disponible, que sur cinq récits qui ont pour particularité, pas surprenante compte tenu de la proximité du littoral pour la plupart des communautés réformées des provinces atlantiques, de relater des fuites par mer au cours desquelles aux dangers liés à la fuite s’ajoutent les périls des voyages maritimes.

Bibliographie

Les protestants français du XVIe au XXe siècle,

Paris, Nathan,1996

(avec P. Cabanel, épuisé)

La vie religieuse en France, XVIe-XVIIIe siècle,

Paris, Ophrys, [Synthèse-Histoire], 1994 et 1996

(avec G. Deregnaucourt)

Philippe Duplessis-Mornay (1549-1623), Le « pape des huguenots »,

Paris, Perrin, 2006

Les protestants de l’Ouest,

La Crêche, Geste éditions, 2007, (avec J-Y Carluer)

Histoire des souffrances du sieur Elie Neau sur les galères et dans les cachots de Marseille,

Paris, Les Indes Savantes, [Rivages des Santons], 2014 (avec B. Van Ruymbeke)

Ouvrages collectifs (codirections et contributions)

Les Pays-Bas et l’Atlantique,

Rennes, Les PUR, 2009, (codir. avec P. Emmer et F. Souty)

Les Huguenots et l’Atlantique (codir. avec M. Augeron et B. Van Ruymbeke),
Vol. 1 : Dieu, La Cause et les Affaires, Paris, 2007, PUPS-Les Indes Savantes, 2007
Les Huguenots et l’Atlantique (codir. avec M. Augeron et B. Van Ruymbeke), Vol. 2 : Fidélités, Racines, Mémoires, Paris, 2012, PUPS-Les Indes Savantes, 2007
Huguenots et protestants francophones au Québec. Fragments d’Histoire, Montréal, Novalis, 2014 (codir. avec M.-C. Rocher, M. Pelchat, Ph. Chareyre)

16 novembre 2015

Les Latins en Méditerranée orientale au Moyen-Âge (XIème– XVème siècle)

Michel Balard

Professeur émérite d’histoire médiévale

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

9 novembre 2015

L’expansion arabo-musulmane en Méditerranée occidentaleChristine Mazzoli-Guintard

Christine Mazzoli-Guintard

Maître de conférences Habilité à Diriger des Recherches, Université de Nantes.

Dans l’histoire des migrations humaines, le mouvement qui aboutit à la présence de deux ensembles politiques majeurs en Méditerranée occidentale à partir de la fin des années 920, le califat fatimide de Kairouan et le califat omeyyade de Cordoue, continue à susciter questions, débats et recherches. Les études récentes permettent de retracer les grandes phases des conquêtes musulmanes, arabes et berbères, au Maghreb et en Péninsule ibérique, entre le milieu du VIIe siècle et le milieu du VIIIe siècle, conquêtes qui entraînent la mise en place d’un nouvel ordre géopolitique en Méditerranée occidentale : d’abord provinces du califat de Damas, ces régions prennent leur indépendance vis-à-vis de l’Orient après 750. Les conquêtes musulmanes en Méditerranée occidentale se traduisent également par la progressive mise en place d’une société nouvelle, arabisée et islamisée : les travaux en cours interrogent les marqueurs de l’orientalisation de la société, depuis les indices de la mise en place d’un Etat islamique, jusqu’aux signes de l’apparition de pratiques cultuelles islamiques, en passant par les transformations de l’habitat et du peuplement.

Bibliographie concernant le cours :

C. Aillet,

Les mozarabes, Christianisme, islamisation et arabisation en péninsule ibérique (IXe-XIIe siècle), Madrid, 2010.

T. Bianquis,

P. Guichard

et M. Tillier dir.,

Les débuts du monde musulman, VIIe-Xe siècle, De Muhammad aux dynasties autonomes,

Paris, 2012.

P. Sénac,

Le monde musulman des origines au XIe siècle,

Paris, 2011.

P. Sénac et

P. Cressier,

Histoire du Maghreb médiéval VIIe XIe siècle,

Paris, 2012.

D. Valérian éd., Islamisation et arabisation de l’Occident musulman médiéval (VIIe-XIe siècle),

Paris, 2011.

Bibliographie succinte :

C. Mazzoli-Guintard,

Madrid, petite ville de l’Islam médiéval (IXe-XXIe siècles),

Rennes : PUR, 2009.

C. Mazzoli-Guintard,

avec la coll. d’A. Ariza Armada,

Gouverner en terre d’Islam (Xe siècle-XVe siècle),

Rennes, 2014.

Bruno Dumézil

2 novembre 2015

Les invasions barbares

Bruno Dumézil

Maître de conférences en histoire médiévale HDR à l’université de Paris Ouest Nanterre La Défense.

La notion d’«invasions barbares » est aujourd’hui devenue courante ; elle est utilisée tant pour décrire les drames de la géopolitique que l’arrivée des petits-enfants aux premiers beaux jours. Si cette expression apparait dans l’Antiquité et se trouve réactivée à la Renaissance, elle se fixe surtout au XIXe siècle. Dans un contexte de montée des nationalismes, le déplacement guerrier de populations germaniques constituait un thème porteur. Apparut alors la carte des « Grandes Invasions », promise à un bel avenir sur les murs des salles de classes et dans les manuels d’École primaire. Pourtant, historiens et archéologues hésitent aujourd’hui à utiliser le terme de « invasions ». Selon le point de vue que l’on adopte, cette migration est plus ou moins massive, plus ou moins violente. Le phénomène est-il d’ailleurs lié aux « barbares » ? Certains chercheurs se demandent si, parfois, le monde romain n’a pas pu se transformer sans apport extérieur, et si les « invasions barbares » ne sont pas à ranger au rang des mythes.

Bibliographie cours public

J.-J.AILLAGON,

Rome et les Barbares. La naissance d’un nouveau monde,

Venise,

2008.

P. AMORY,

People and Identity in Ostrogothic Italy,

Cambridge,

1997.

S. BRATHER,

Ethnische Interpretationen in der Frühgeschichtlichen Archäologie. Geschichte, Grundlagen und Alternativen,

Berlin/New York,

2004

M. COUMERT,

Origines des peuples. Les récits du Haut Moyen Age occidental (550-850), Paris,

2007.

H. INGLEBERT ,

Atlas de Rome et des barbares, IIIe-VIe siècle. La fin de l’Empire en Occident, Paris,

2009.

B. WARD-PERKINS,

La chute de Rome, fin d’une civilisation,

Paris,

2014.

Bibliographie personnelle

Les racines chrétiennes de l’Europe, Conversion et liberté dans les royaumes barbares V-VIIIe siècle,

Paris,

Fayard, 2005.

La société médiévale en Occident,

Ellipses,

Paris, 2006 ; 2e éd., 2014.

La reine Brunehaut,

Paris,

Fayard, 2008

Les royaumes barbares d’Occident,

PUF, « Que sais-je ? », Paris, 2010,

en coll. avec Magali Coumert,

2nd éd. révisée, 2013.

Les barbares expliqués à mon fils,

Paris, Le Seuil, 2010.

Servir l’État barbare en Gaule franque,

Paris, Tallandier, 2013.

Des Gaulois aux Carolingiens,

Paris, PUF

(Une histoire personnelle de la France), 2013.

Jean-Louis Tissier

12 octobre 2015

Planète Homo sapiens :

les premières migrations

Par Jean-Louis Tissier

Professeur de géographie humaine (émérite) Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

La Terre, espace d’une espèce, Homo sapiens.

Comment le dernier venu des Hominidés, Homo sapiens , a-t-il fait de la Terre sa planète ? Les recherches menées depuis plus d’un siècle et demi, précisées dans le temps et dans l’espace depuis deux décennies permettent de suivre cette diffusion-migration amorcée il y a plus de 100 000 ans en Afrique orientale, achevée pour une part il y a moins de 10 000 au sud de l’Amérique et pour l’autre part moins de 1000 ans au cœur du Pacifique.

Ce jeu de piste, continental et maritime, passe par des sites obligés (isthmes et détroits), exploite des configurations disparues, notamment les estrans libérés des eaux par les grandes glaciations. Ce récit a aussi une portée géographique : comment et pourquoi ces hommes , encore peu nombreux ont-ils entrepris de peupler la terre entière, malgré des obstacles naturels, des contraintes climatiques, et avec des moyens techniques élémentaires. ? Des figures de la géographie humaine comme Elisée Reclus et Paul Vidal de la Blache ont été à l’affût des nouvelles venues de leurs collègues anthropologues et préhistoriens.

La cartographie propose une image simple et cohérente de l’ensemble des sites qu’ils ont fréquentés, mais eux-mêmes ne disposaient pas de ces représentations. Ces groupes poursuivaient leur gibier, ils ignoraient que, de proche en proche, ils passaient d’un ancien à un nouveau monde, méconnaissant l’Asie ils ne pouvaient découvrir, à pied , l’Amérique . Il faut donc vis à vis de ces planisphères-bilans que présentent certains atlas garder une distance critique, relativiser ces lignes d’itinéraires , tenir en respect ces flèches qui simulent un sens obligatoire de diffusion. Chaque année on nous informe et on nous précise des éléments de ce scénario, des points nouveaux peuvent être placés, souvent lieux complémentaires, parfois hauts-lieux repères d’une étape plus décisive. Cette longue histoire est toujours « à suivre…. ».

Dans l’attrait de ces résultats, pour l’honnête Homo sapiens du 21 éme siècle il y a , certes , une curiosité fondamentale pour « l’aventure » de notre espèce. Mais il y a aussi des enjeux quasiment géopolitiques. Si l’Europe a fondé et longtemps enrichi cette saga d’Homo sapiens dans ses territoires et leurs annexes coloniales, des grands états comme la Chine et le Brésil revendiquent d’avoir été précocement élus par Homo sapiens, voire d’avoir été le berceau de l’un de ses hypothétiques rameaux. C’est une conséquence de la globalisation contemporaine et de la montée concomitante de grands acteurs de celle-ci. Ils recherchent une origine très ancienne, en forçant parfois l’interprétation de certaines trouvailles. Un grand récit national a besoin d’ancêtres, qui ,eux, ont vécu bien avant la nation célébrée.

Bibliographie du cours (très sélective)

François Bon,

Préhistoire :La fabrique de l’homme,

Le Seuil,2014

Stringer Christophe, Survivants Pourquoi nous sommes les seuls humains sur Terre,

Gallimard, 2014

Marcel Otte,

Cro Magnon : Aux origines de notre humanité,

Tempus, 2010

Jean-Jacques Hublin Quand d’autres hommes peuplaient la terre,
Flammarion Champs Sciences, 2011.
Jared Diamond,

Le Troisième Chimpanzé, Gallimard 2000.

Telmo Pievani,

Homo sapiens, La marche de l’humanité

WhiteStar 2014.

Pascal Picq,

Les origines de l’Homme, Points, Le Seuil, 2005.

Bibliographie succincte

Afrique & histoire,

N° 3, avril 2005

Yann Potin, Jean-Louis Tissier, Paul Arnould et Yvon Thébert

Editions Verdier

2005

L’art pour guide « Bourgogne »

Collectif et Jean-Louis Tissier

Gallimard

2005

Couvrir le monde : Un grand XXe siècle de géographie française

Marie-Claire Robic, Cyril Gosme, Didier Mendibil, Olivier Orain et Jean-Louis Tissier

Association pour la diffusion de la pensée française (ADPF) 2006

Deux siècles de géographie française : Une anthologie

Jean-Louis Tissier, Marie-Claire Robic, Philippe Pinchemel et Collectif

Comité des travaux historiques et scientifiques – CTHS

2011

Jérôme Wilgaux

5 octobre 2015

Les Grecs à la conquête de la Méditerranée

Par Jérôme Wilgaux

Vous trouverez ICI un lien pour consulter en ligne une vidéo réalisée par l’Universite de Nantes dans le cadre d’une conférence autour de ses publications.

Agrégé d’histoire, maître de conférences en histoire ancienne à l’Université de Nantes, Jérôme Wilgaux consacre ses recherches à l’étude de la société et de la culture grecques antiques. Ces dernières années, ses écrits ont plus particulièrement porté sur les structures de parenté, ainsi que sur les manières dont le corps a été pensé et interprété en Grèce ancienne. Il a édité ou co-édité plusieurs ouvrages, notamment :

Qu’est-ce que la parenté ? Autour de l’œuvre de David Schneider,

numéro 1 de la revue Incidence,

2005

Penser et représenter le corps dans l’Antiquité

avec Francis Prost, 2006

Langages et métaphores du corps dans le monde antique

avec Véronique Dasen,

2008

L’argument de la
filiation, aux fondements des sociétés européennes et méditerranéennes
en collaboration avec P. Bonte et E. Porqueres

2011

Les incertitudes de l’inceste. Autour de l’anthropologie symbolique de
Françoise Héritier Incidence, n°9, en collaboration avec E.
Porqueres

2013

Durant deux millénaires, de la fin du 3e millénaire avant J.-C. jusqu’à la période hellénistique, ouverte par la conquête de l’Empire perse réalisée par Alexandre le Grand (334-323 avant J.-C.), les populations grecques n’ont cessé d’occuper de nouveaux territoires et d’étendre leur influence dans l’espace méditerranéen et proche-oriental. Ce processus d’expansion s’est concrétisé notamment par la fondation et le développement de plusieurs centaines de cités, de l’Occident méditerranéen (Emporion, Massalia…) jusqu’aux confins afghans (Ai Khanoum…), en passant par la mer Noire ou la Cyrénaïque.

Après avoir retracé rapidement l’histoire de cette expansion, nous montrerons comment ce phénomène résiste aux interprétations contemporaines en termes de « colonisation » ou de « diaspora », et nous présenterons les approches actuellement suivies par les hellénistes, et plus particulièrement l’analyse des causes structurelles susceptibles d’expliquer cette expansion, ses conséquences sur l’ensemble du monde grec et méditerranéen, mais aussi ses limites, les conquêtes ou l’hellénisation n’ayant pas été toujours aussi réussies qu’il n’y paraît au premier abord.

Bibliographie du cours :

André J.-M. et

Baslez M.-Fr.

Voyager dans l’Antiquité,

Paris, 1993.

Baslez M.-F.

L’étranger dans la Grèce antique,

Paris, 1984.

Bresson A.

L’économie de la Grèce des cités,

I. Les structures de
production,

Armand Colin, 2007-2008.

Bresson A.

L’économie de la Grèce des cités,

II. Les espaces de l’échange, Armand Colin,2007-2008.

Cusset Chr., G. Salamon éds.

À la rencontre de l’étranger. L’image de
l’Autre chez les Anciens, Les Belles Lettres, 2008.

d’Ercole M.C.

Histoires méditerranéennes, Errance, 2012.

Malkin I.

La Méditerranée spartiate. Mythe et territoire,

Les Belles Lettres, 1999.

Schwentzel C.-G. (dir.)

Les diasporas grecques,

Atlande, 2012.

Cours public 2014/2015

La légende française

Nous avons tous en tête quelques-unes de ces phrases célèbres qui rythment notre histoire et aident à constituer un ensemble de points de repère historiques commun à beaucoup de citoyens et citoyennes.

Le problème est que certaines au moins de ces phrases sont inventées, parfois bien longtemps après les faits, parfois aussi dans des buts bien précis, conforter l’hostilité à l’Anglais ici, au Prussien là, montrer l’ héroïsme national, construire l’image d’une nation quasiment voulue par Dieu… Au point que certains historiens parlent de notre « roman national ».

Cette « légende française », ce « roman national » ne sont pas neutres en effet. Ils ont pu servir et peuvent encore servir à exclure : par exemple, ceux qui ne sont pas « Gaulois », en dissimulant ainsi ce qui constitue le caractère unique de la France en Europe, celui d’avoir toujours été un pays d’immigration. Servir, à l’inverse, à promouvoir, de manière peut-être fallacieuse, le mythe d’une nation « black blanc beur ». Servir, de manière peut-être plus décalée, à promouvoir l’idée d’une nation de petits débrouillards et malins, à l’exemple du succès du personnage d’Astérix et de sa formule, « ils sont fous, ces Romains »…

Le cours public 2014-2015 permet de réfléchir au sens de cette mémoire collective, d’y faire la part du réel et du mythique, de montrer comment la mémoire, avec ses déformations, prend parfois le relais de l’histoire.

Pour y parvenir, Nantes-Histoire a fait appel aux meilleurs spécialistes français qui, tous, ont accepté de partager avec nous leur savoir, leur expérience et leur temps, et cela, il est bon de le souligner, de manière totalement désintéressée.

Pascal Ory

2 mars 2015

« On est les champions »

La France black, blanc, beur : un mythe ?

par Pascal Ory

Professeur d’histoire contemporaine à la Sorbonne (Paris 1).

Pascal Ory travaille au carrefour de l’histoire culturelle (il est l’auteur du « Que sais-je ? » sur cette discipline) et de l’histoire politique (sa thèse a porté sur la politique culturelle du Front populaire)

PUF

collection « Que sais-je »

troisème édition 2011

Plon

Ses enquêtes portent depuis le début sur trois champs : l’identité nationale, les mythologies du contemporain et l’histoire culturelle du corps.

L’actualité de ce début d’année a mis en lumière les aléas du « vivre ensemble » français et a permis (à quelque chose malheur est toujours bon…) de revenir sur le « modèle français d’intégration ». Car ce pays a la particularité d’être un grand pays d’immigration, à l’instar des Etats-Unis ou de l’Australie et au contraire de tant d’autres, mais avec un récit national de continuité et d’unité multiséculaire, fondé sur une expérience étatique tout aussi longue. On interrogera les réussites, les limites et les échecs de cette intégration depuis l’auto-proclamation de la Nation française (juin 1789) mais de manière concrète, à partir des articles du Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France, dont Pascal Ory a été le directeur.

Introduction bibliographique :

Gérard Noiriel,

Le Creuset français. Histoire de l’immigration (XIXe – XXe siècle) ;

Paris,

Seuil, troisième édition coll. « Points-histoire », 2006,

Patrick Weil,

Qu’est-ce qu’un Français ? : Histoire de la nationalité française depuis la Révolution ;

Paris,

Gallimard, deuxième édition

coll. « Folio Histoire », 2005,

Claire Zalc,

Melting Shops.

Une histoire des commerçants

étrangers en France ;

Paris,

Perrin,

2010,

Pascal Ory, dir.,

Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France ;

Paris,

Robert Laffont,

collection »Bouquins »,

2013,

Quelques ouvrages de Pascal Ory :

Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France L’histoire culturelle
L’identité passe à table

PUF

2013

avec Jean-François Sirinelli

Les intellectuels en France, de l’affaire Dreyfus à nos jours

Perrin,

coll. « Tempus »

2004

Les Collaborateurs

Paris,

coll. « Points Histoire »

1980

Robert Laffont

2013

PUF

« que sais-je »

2011

23 février 2015Chantal Morelle

« Je vous ai compris »

De Gaulle, la France et la décolonisation

par Chantal Morelle,

professeur agrégée d’histoire, enseigne en classes préparatoires aux grandes écoles littéraires.

Elle a été pendant 7 ans directrice du service des études et recherches de la Fondation Charles de Gaulle et en est actuellement membre du conseil scientifique.

Auteur d’une thèse sur Louis Joxe, ses travaux portent essentiellement sur l’histoire du gaullisme et des gaullistes, ainsi que sur les relations internationales pendant la période gaullienne (depuis la Deuxième Guerre mondiale). Elle a publié plusieurs livres et a participé à des ouvrages collectifs sur ces sujets. De Gaulle la passion de la FranceSon prochain ouvrage, de Gaulle, la passion de la France, doit paraître chez Armand Colin en mai 2015.

« Je vous ai compris »

Ce propos du général de Gaulle, tout nouveau – et dernier – président du Conseil de la IVe République, a été diversement interprété : maintien de l’Algérie française pour les uns, indépendance pour les autres. Entre le 4 juin 1958 lorsque le général de Gaulle se rend à Alger, et le 18 mars 1962, date de la signature des accords d’Évian, la politique de la France vise à mettre fin à la guerre d’Algérie, « à refermer la boite à chagrin » disait le Général.

Étudier les circonstances dans lesquelles de Gaulle a prononcé cette phrase, rend nécessaire de présenter les idées qu’il avait de la politique à mener en Algérie, mais aussi les ambiguïtés du propos, au point que les interprétations ont été diverses et contradictoires (Algérie française ou indépendance).

Ensuite, il faudra voir la façon dont de Gaulle a conduit sa politique depuis le triple choix (intégration, indépendance ou association avec la France) annoncé le 16 septembre 1959, avec ses modifications exprimées ou non. L’évolution vers l’abandon du « boulet » algérien, et du coup la « trahison » du « je vous ai compris » aboutissent au putsch des généraux en avril 1961.

Entre la poursuite de la guerre et la négociation, quelle est l’évolution de la politique algérienne de la France ? Il faudra montrer si le chef de l’État a été maître de la politique à mener ou / et s’il a été tributaire des circonstances, s’il disposait d’une marge de manœuvre importante pour mener la négociation ouverte en mai 1961 entre la délégation du gouvernement que de Gaulle a composée et celle du FLN. Il faudra faire un bilan rapide de cette politique entre 1958 et 1962.

Bibliographie concernant le cours :

Chantal Morelle, Comment de Gaulle et le FLN ont mis fin à la guerre d’Algérie, 1962, les accords d’Évian, André Versaille éditeur, 2012 Chantal Morelle,

Louis Joxe, diplomate dans l’âme,

André Versaille éditeur, 2008

Chantal Morelle

« Les Pouvoirs publics français et le rapatriement

des harkis », Vingtième siècle, Revue d’histoire,

n° 83, juillet-septembre 2004,

Guy Pervillé,

Les Accords d’Évian (1962), succès ou échec de la réconciliation franco-algérienne (1954-2012), Armand Colin, 2012

Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle,

tome 1,

Fayard-de Fallois, 1994

Jean-Pierre Rioux,

La France coloniale sans fard ni déni, André Versaille éditeur, 2011

Maurice Vaïsse, Comment de Gaulle fit échouer le putsch d’Alger,

André Versaille éditeur, 2011

sd Maurice Vaïsse,

Vers la paix en Algérie. Les négociations d’Évian dans les archives diplomatiques françaises, , Bruylant, 2003

sd Maurice Vaïsse,

De Gaulle et l’Algérie, 1943-1969,

A. Colin/ministère de la Défense, 2012

sd Jeannine Verdès-Leroux,

L’Algérie et la France,

Laffont, Bouquins, 2009

Chantal Morelle,

le Gaullisme pour les nuls

First,

2010

2 février 2015

« Je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur« 

Le Pétainisme : mythe et réalités.

Par Marc-Olivier BaruchMarc-Olivier Baruch

Né en 1957, ancien élève de l’École polytechnique et de l’ENA, Marc Olivier Baruch a d’abord travaillé, pendant quinze ans au sein de l’État : ministère de l’Éducation nationale (direction des bibliothèques), au ministère de la Culture (direction du livre et de la lecture, direction du patrimoine, direction de l’administration générale), cabinet du secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre (1988-1990).

Il a réorienté sa carrière à partir du milieu des années 1990 en devenant historien. Auteur d’une thèse, puis d’un livre sur l’administration sous le régime de Vichy – entendu à ce titre comme témoin lors du procès Papon en 1997 – il a la même année rejoint le CNRS (Institut d’histoire du temps présent), avant d’être élu, en 2003, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (chaire d’histoire politique de l’administration).

Ses travaux portent sur l’histoire de l’administration et de l’État dans la France du vingtième siècle, spécialement durant la Seconde Guerre mondiale. À la demande du vice-président du Conseil d’Etat, Jean-Marc Sauvé, il a été en 2013 maître d’œuvre du colloque international Faire des choix ? Les fonctionnaires dans l’Europe des dictatures, 1933-1948. Il est par ailleurs membre du comité d’histoire de l’ENA, du comité d’histoire du corps préfectoral, et président du conseil d’administration de l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques.

À la différence des autres phrases plus ou moins mythiques objets du cours public jusqu’à présent, il est certain que celle dont il est aujourd’hui question – pour être précis, citons la exactement : « Je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur » – a été prononcée, radiodiffusée (voir ci-dessous une photo du maréchal Pétain lisant un discours à la radio), entendue. Cela se passait le 17 juin 1940.

On rappellera d’abord où en était la France ce jour (état de la guerre, forces en présence, choix stratégiques et politiques) en resituant les événements dans le temps très bref de la fin du printemps et du début de l’été 1940 : deux mois jour pour jour s’écoulent entre la mise en mouvement des divisons blindées allemandes, le 10 mai, et le vote signant, le 10 juillet, la fin de la République et l’instauration de la dictature du maréchal Pétain.

Il s’agira ensuite d’analyser dans un même mouvement la phrase dit, à proprement parler fondatrice d’une conception personnelle du pouvoir et d’une conception du pouvoir personnel, et la manière dont elle est dite, qui inaugure une partie essentielle de la guerre, la guerre des ondes. Comme on le sait, la voix d’un général quasi inconnu s’opposera dès le lendemain à celle de l’illustre vainqueur de Verdun.

Enfin, on cherchera à percevoir la réalité des choses derrière les mots, ou, pour le dire autrement, à analyser le contenu de ce don : entre la France et Pétain, entre les Français et le régime, que s’est-il passé, que s’est-il échangé, qui a donné quoi, qui a gagné quoi ?

bibliographie (sommaire) concernant le cours.

Henri du Moulin de Labarthète,

Le temps des illusions, Souvenirs, juillet 40-avril 42,

Genève,

éditions du cheval ailé,

1946.

Julian Jackson,

La France sous l’Occupation (1940-1944),

nouvelle édition, Flammarion,

2013.

Aurélie Luneau, Radio Londres : les voix de la liberté, 1940-1944,

Perrin,

2005.

Ernest R. May, Strange victory : Hitler’s conquest of France,

Tauris,

2000.

Henri Michel,

Vichy année 1940,

Robert Laffont, 1966.

Gérard Miller,

Les pousse-au-jouir du maréchal Pétain,

Seuil,

collection Points, nouvelle édition, 2004.

Philippe Pétain, Discours aux Français, 17 juin 1940-20 août 1944, textes établis, présentés et commentés par Jean-Claude Barbas,

Albin Michel,

1989.

Pierre Servent, Le mythe Pétain : Verdun ou les tranchées de la mémoire,

nouvelle édition,

éd. du CNRS, collection Biblis,

2014.

Edward Spears, Témoignage sur une catastrophe,

2 volumes,

Presses de la Cité,

1964.

Bibliographie

Ouvrages en nom propre :

Le Régime de Vichy,

Paris,

La Découverte,

coll. « Repères »,

ÉPUISÉ

Servir l’État français. L’administration en France de 1940 à 1944,

Paris,

Fayard,

1997.

Des lois indignes ? Les historiens, la politique et le droit,

Paris,

Tallandier,

2013.

Direction d’ouvrages et de travaux collectifs :

Une voix qui manque : écrits en mémoire de Jean Gattégno,

textes rassemblés par Marc Olivier Baruch, Fayard,

1999.

avec Vincent Duclert, Serviteurs de l’État : une histoire politique de l’administration française, 1875-1945,

La Découverte,

2000.

avec Vincent Guigueno,

Le choix des X : l’École polytechnique et les polytechniciens 1939-1945,

Fayard,

2000.

avec Vincent Duclert, Justice, politique et République, de l’affaire Dreyfus à la guerre d’Algérie,

Complexe,

2002.

Une poignée de misérables : l’épuration de la société française après la Seconde Guerre mondiale,

Fayard,

2003.

avec Serge Audier et Perrine Simon-Nahum, Raymond Aron philosophe dans l’histoire,

éditions de Fallois,

2008.

Faire des choix ? Les fonctionnaires dans l’Europe des dictatures (1933-1948),

La Documentation française,

2014.

26 janvier 2015

«L’Allemagne Paiera»

La gestion de l’après-guerre (1918-….)Stanislas Jeannesson

par Stanislas Jeannesson

Depuis 2012 professeur d’histoire contemporaine à l’université de Nantes et membre du CRHIA (Centre de recherches en histoire internationale et atlantique), après avoir été pendant quinze ans maître de conférences à l’université Paris-Sorbonne.

Ses recherches portent sur la politique étrangère de la France au premier XXe siècle et sur les fonctions, pratiques et acteurs des diplomaties contemporaines.

Il a récemment publié Jacques Seydoux, diplomate (1870-1929) (Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2013) et dirigé, avec Laurence Badel, le numéro « Diplomaties » de la revue Monde(s) (mai 2014). Il est également membre de la commission des archives diplomatiques et co-rédacteur en chef de Monde(s). Histoire, espaces, relations.

« L’Allemagne paiera ! » La phrase lancée dès 1918 par le ministre français des Finances, Louis-Lucien Klotz, à l’évocation du coût de la guerre et de la reconstruction, est restée célèbre par ce qu’elle traduit tout à la fois d’arrogance et d’inconséquence, au sortir d’un conflit qui a dévasté les économies de toutes les grandes puissances européennes. Sans doute, pour en comprendre la signification, ne doit-on pas s’arrêter à la formulation lapidaire et simpliste qui en a fait la (mauvaise) fortune.

Nous nous attacherons à la replacer dans un contexte riche et complexe, celui de la sortie de guerre et de ses contradictions, de l’euphorie de la victoire et du deuil omniprésent, d’une conférence de la Paix où Clemenceau, face à Wilson et Lloyd George, peine à imposer ses vues, d’une France obsédée par les réparations et la sécurité et qui a le sentiment, après avoir remporté la victoire, de ne pas sur ces deux points obtenir satisfaction. Mais au-delà de la France, c’est la reconstruction de l’ensemble du continent qui est en cause, tant sur le plan politique qu’économique.

Celle-ci se fera-t-elle au bénéfice des vainqueurs, sur le dos des vaincus, comme semble le demander Louis Lucien Klotz, et avec lui nombre de députés récemment élus du Bloc national, ou dans un cadre global, en réinsérant l’Allemagne dans le concert des puissances, comme le préconise l’économiste anglais John Maynard Keynes ?

C’est toute la question de l’organisation de l’Europe qui est ici posée, et avec elle, celle de son avenir et de sa place dans le système international au XXe siècle.

Bibliographie conseillée

Nicolas Beaupré, Les Grandes Guerres, 1914-1945

Belin,

coll. « Histoire de France »,

2012.

Jean-Jacques Becker,

Le traité de Versailles

PUF,

« Que sais-je ? », 2002.

Jean-Jacques Becker et

Serge Berstein, Victoire et frustrations 1914-1929,

Seuil,

« Points histoire », 1990.

Bruno Cabanes,

La victoire endeuillée. La sortie de guerre des soldats français, 1918-1920, Seuil,

2004

(rééd. « Points histoire », 2014).

Jean-Baptiste Duroselle, Clemenceau,

Fayard,

1988.

René Girault et Robert Frank, Turbulente Europe et nouveaux mondes, 1914-1941,

Payot,

2004.

Stanislas Jeannesson, Poincaré, la France et la Ruhr, 1922-1924,

Presses universitaires de Strasbourg,

1998.

John M. Keynes, Les conséquences économiques de la paix [1919]

et Jacques Bainville, Les conséquences politiques de la paix [1920],

Gallimard,

coll. « Tel »,

2002

(avec une préface d’Édouard Husson )

Vincent Laniol, « L’article 231 du traité de Versailles, les faits et les représentations. Retour sur un mythe »,

Relations internationales,

n° 158,

2014/3.

Raymond Poidevin et Jacques Bariéty, Les relations franco-allemandes, 1815-1975,

Armand Colin,

1979.

François Roth, Poincaré,

Fayard,

2000.

Principales publications (ouvrages et direction d’ouvrages collectifs) :

« Diplomaties » (dir. avec Laurence Badel),

Monde(s).

Histoire, espaces, relations,

n°5,

mai 2014.

Jacques Seydoux (1870-1929), diplomate,

Paris,

Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2013.

Penser le système international (XIXe-XXIe siècle)

(dir. avec Éric Bussière,

Isabelle Davion et Olivier Forcade),

Paris,

Presses universitaires

de Paris-Sorbonne, 2013.

Les écrivains-diplomates. L’invention d’une tradition (XIXe-XXIe siècles),

(dir. avec Laurence Badel, Gilles Ferragu et Renaud Meltz),

Paris,

Armand Colin,

2012.

La Guerre froide, Paris,

La Découverte, coll. « Repères »,

2008

(rééd. 2014).

Poincaré, la France et la Ruhr, 1922-1924,

Presses universitaires de Strasbourg,

1998.

19 janvier 2015Jean-Michel Le Boulanger

« Maro evit ar vro »

La construction de la Bretagne

par Jean-Michel Le Boulanger

Géographe, maître de conférences en patrimoine à l’Université de Bretagne-sud. Auteur de nombreux ouvrages et articles, essentiellement sur l’histoire et la géographie de la Bretagne. Par ailleurs, vice-président du Conseil régional de Bretagne, chargé de la Culture et des pratiques culturelles.

Je m’inspirerai dans cette conférence du fil conducteur de mon dernier ouvrage 2013, »être breton?« , préface de Jean-Yves Le Drian, 400 pages, Editions Palantines, Quimper (réédition 2014).

C’est à la question si complexe des sentiments d’appartenance, de leurs origines et de leurs développement, que je tente, dans ce dernier livre, d’apporter réponse à partir de l’exemple breton.

Dans une première partie, j’essaie d’aborder, au XIXe siècle, « l’invention de la France » et comment la France, d’État est devenue patrie.

Dans une deuxième partie, je développe la manière dont les Bretons ont appris à se dire, puis à s’affirmer Bretons. Et comment leur identité, bafouée, méprisée a été peu à peu revendiquée et est aujourd’hui tranquillement affichée.

Au XXIe siècle, siècle du mouvement et de la rencontre avec les autres cultures, des identités composites se tissent. Les Bretons sont de leur ville ou de leur village, ils sont Bretons, Français, Européens, citoyens du monde. C’est le temps des identités plurielles. Et c’est le sujet de la troisième partie du livre.

Cette diversité est une richesse. Et quand tant d’Eric Zemmour clivent, expulsent, expurgent, quand tant de nationalismes continuent, au XXIe siècle, à promouvoir un regard essentialiste de leurs territoires, affirmer les valeurs du divers devient un combat. Un combat pour un humanisme contemporain.

Bibliographie

2009,

Jean-René Couliou, Jean-Michel Le Boulanger, Cornouaille port de pêche,

152 pages,

Editions Palantines, Quimper.

2008,

Fanch Moal,

128 pages,

Editions Palantines, Quimper.

2006,

Serge Duigou,

Jean-Michel Le Boulanger,

Quimper, Histoire d’une ville,

238 pages,

Editions Palantines, Quimper.

2005,

Serge Duigou,

Jean-Michel Le Boulanger,

Cap Sizun, au pays de la Pointe-du-Raz et de l’île de Sein, 238 pages,

Editions Palantines, Quimper

(réédition 2010).

2002,

Serge Duigou,

Jean-Michel Le Boulanger,

Histoire du Pays Bigouden.

Préface de François Bourgeon,

postface de Jean-Pierre Abraham,

232 pages,

Editions Palantines, Quimper

(2002 : 2e édition ;

2010, 3e édition).

2001,

Michel Le Nobletz, 1577-1652, un missionnaire en Bretagne.

Préface de Frère Marc Simon,

200 pages,

Mémoire de la Ville, Douarnenez

(2002 : 2e édition).

2001,

Jean-Michel Le Boulanger,

Didier Rey,

En Avant de Guingamp, l’éternel défi.

Préface de Guy Stéphan,

128 pages,

Coop-Breizh, Spézet.

2000,

Douarnenez de 1800 à nos jours, essai de géographie historique sur l’identité d’une ville. Préface de Paul Claval,

postface de Michel Mazéas,

502 pages,

Presses Universitaires de Rennes,

Rennes.

2000,

Douarnenez, histoire d’une ville.

Préface de Jean-François Coatmeur, 198 pages,

Editions Palantines, Quimper

( 2002 : 2e édition).

1998,

Jean-René Couliou, Jean-Michel Le Boulanger,

Alain Vilbrod,

Ports de pêche en crise, l’exemple de Douarnenez,

144 pages, L’Harmattan,

Paris.

1997,

Flanchec, 1881- 1944, ou l’étrange parcours d’un insoumis,

320 pages,

Mémoire de la Ville, Douarnenez

(1997 : 2e édition ; 1998 : 3e édition).

12 janvier 2015Jean-Louis Biget

Église et hérésies au Moyen Âge

par Jean-Louis Biget

Agrégé d’histoire, docteur d’État ès Lettres et Sciences humaines, a enseigné l’histoire du Moyen Âge pendant trente ans (1966-1996) aux Écoles normales supérieures de Saint-Cloud et de Fontenay-aux Roses. Il a dirigé, pour la période médiévale, l’Histoire de France, récemment parue chez Belin (2009- 2011). Il est spécialiste de l’histoire urbaine et religieuse du Midi de la France au Moyen Âge.

L’expression « Tuez-les tous ! Dieu reconnaîtra les siens », largement vulgarisée, appartient à la mémoire collective des Français. Le légat du pape, Arnaud Amalric, abbé de Cïteaux, aurait prononcé ce jugement sans appel lors de la prise de Béziers par la croisade contre les Albigeois, en juillet 1209. Ses paroles sont rapportées pour la première fois par un cistercien rhénan, Césaire de Heisterbach, vers 1220. Ensuite, s’opère une longue construction mémorielle, à l’occasion des polémiques opposant catholiques et protestants, partisans des Lumières et défenseurs de l’Église, puis républicains anticléricaux et monarchistes ultramontains.

Il est possible d’échapper aux controverses en replaçant les faits dans leur contexte. La réforme ecclésiastique des XIe-XIIe siècles favorise l’affirmation institutionnelle de l’Église et sa centralisation, dont l’expression paroxystique réside dans la théocratie pontificale. La dissidence religieuse qui prend naissance en Occitanie récuse toutes les nouveautés instaurées par la réforme et le cléricalisme qui les accompagne. Bien qu’elle soit chrétienne, elle est absolument diabolisée par les représentants de l’orthodoxie romaine, des cisterciens au premier chef. Dans une époque où la religion est consubstantielle à la société, il en résulte la première croisade en pays chrétien. Saisis d’une fureur sacrée, les croisés éliminent logiquement ceux qu’ils considèrent comme les suppôts de Satan. Pour eux et leurs contemporains cette violence est totalement justifiée. Si les mots du légat ne sont pas authentiques dans leur formulation, ils correspondent parfaitement à l’esprit du temps.

Par rapport au XXIe siècle, le Moyen Âge est un autre monde.

Bibliographie conseillée

BERLIOZ (Jacques),

« Tuez-les tous ! Dieu reconnaîtra les siens». Le massacre de Béziers (22 juillet 1209) et la croisade contre les Albigeois, vus par Césaire de Heisterbach, Loubatières,

Toulouse,

1994.

Historiographie du catharisme,

Cahiers de Fanjeaux 14,

Privat,

Toulouse,

1979.

MARTEL (Philippe), Les cathares et l’Histoire. Le drame cathare devant ses historiens (1820-1992),

Privat,

Toulouse,

2002.

ROQUEBERT (Michel),

L’épopée cathare. 1. 1198-1212 : l’invasion,

Privat,

Toulouse,

1970.

Inventer l’hérésie ? Discours polémiques et pouvoirs avant l’inquisition,

M. ZERNER dir.,

Nice,

1998.

Le Pays cathare. Les religions médiévales et leur expression méridionale,

J. BERLIOZ dir.,

Seuil,

Paris,

2000.

Histoire de Béziers, J. SAGNES dir., Privat,

Toulouse,

1986.

En Languedoc au XIIIe siècle. Le temps du sac de Béziers,

M. BOURIN dir., Perpignan,

2010.

MOORE (Robert I.), The War on Heresy. Faith and Power in Medieval Europe, Blackwell,

Londres,

2012.

BIGET (Jean-Louis), Hérésie et inquisition dans le midi de la France,

coll. « Les Médiévistes français »,

Picard,

Paris,

2007.

Bibliographie personnelle

Cathares, Albigeois et Bons hommes, Gisserot, Paris, 2008. « Contestations et hérésies », dans Histoire du christianisme en France, A. TALLON, C. VINCENT dir., Coll. U, Armand Colin, Paris, 2014. Inquisition et société en pays d’oc, J.-L. BIGET éd., Collection des Cahiers de Fanjeaux 2, Privat, Toulouse, 2014. Voir et comprendre Sainte-Cécile d’Albi, Odyssée, Toulouse, 1998. 1509-2009. Sainte-Cécile d’Albi. 500e anniversaire des peintures des voûtes, Odyssée, 2009.

Bibliographie sonore

Les cathares,

De Vive Voix,

diffusion Les Belles Lettres,

Paris,

2001.
L’inquisition, ibid., 2006.
La grande Peste Noire, ibid., 2001.

5 janvier 2015

« La garde meurt et ne se rend pas »

De la guerre de libération à la guerre de conquête (1792-1815)Lionel Jospin

par Lionel Jospin

«Il y a longtemps que la place prise par Napoléon Bonaparte dans l’imaginaire national m’intrigue. Longtemps que je m’interroge sur la gloire qui s’attache à son nom. Longtemps que je suis frappé par la marque qu’il a laissée dans notre histoire. Mon essai est celui d’un homme politique, informé des ressorts du pouvoir et animé d’une certaine idée de ce que sont, à travers le temps, les intérêts de son pays. J’ai eu envie de faire partager à des lecteurs un cheminement qui part d’une période cruciale de l’histoire de France et me conduit jusqu’à nos jours, afin d’éclairer certains aspects du présent. Je ne m’inscris ni dans la « légende dorée » ni dans la « légende noire » de Napoléon. La gloire de l’Empereur est une évidence à laquelle je ne saurais porter atteinte. Je ne discute pas le génie du personnage, le talent du soldat, la puissance de travail de l’administrateur ni même le brio du propagandiste. J’examine si les quinze années fulgurantes du trajet du Premier Consul et de l’Empereur ont servi la France. Si elles ont été fructueuses pour l’Europe. A mesurer l’écart entre les ambitions proclamées, les moyens déployés, les sacrifices exigés et les résultats obtenus, la réponse est non. L’Empire de Napoléon Ier, puis le second Empire, se sont achevés sur des désastres. Le général Boulanger dans l’opposition et le maréchal Pétain au pouvoir, qui peuvent être apparentés au bonapartisme, n’évoquent pas de souvenirs glorieux. Pourtant, on continue à se référer au bonapartisme de manière souvent flatteuse. J’ai voulu voir pourquoi».

Quelques titres :

L’invention du possible

Flammarion

2001

Le monde comme je le vois

Gallimard

2005

Lionel raconte Jospin

Points

2010

Le mal Napoélonien

Seuil

2014

15 décembre 2014

« Montre ma tête au peuple, elle en vaut la peine »

Les représentants du peuple happés par la »Terreur » (1793-1794)Michel Biard

par Michel Biard

Agrégé d’Histoire, professeur à l’Université de Rouen, où il dirige le laboratoire GRHis, Michel Biard est un spécialiste de l’histoire politique et culturelle de la Révolution française, à laquelle il a consacré de nombreux ouvrages.

Partant d’une phrase fameuse attribuée à Danton peu avant son exécution, cette séance aura pour objet les membres de la Convention nationale (1792-1795) décédés de mort non naturelle.

Cette Assemblée a en effet été décimée au propre et au figuré, avec 86 de ses membres morts de diverses manières entre 1793 et 1795, condamnés à la peine capitale et exécutés, suicidés, assassinés, morts en captivité, etc. Des plus célèbres (Marat, Brissot, Danton, Condorcet, Robespierre, etc.) à des quasi-inconnus (Doublet, Asselin, Bertrand, etc.). La plupart de ces décès ont donné lieu à des récits plus ou moins légendaires et à des images qui, elles aussi, relèvent plus souvent du fantasme que de la réalité. Après avoir proposé des constats objectifs (combien de morts ? quand ? comment ? etc.), on s’intéressera donc avant tout aux légendes noires et dorées, via les récits et l’iconographie, afin de répondre au mieux au thème du cycle de conférences de Nantes-Histoire.

Bibliographie pour la séance

Michel Biard,

La Liberté ou la mort. Mourir en député, 1792-1795,

Paris,

Tallandier,

à paraître le 8 janvier 2015.

Ouvrages personnels

1793. Le siège de Lyon. Entre mythes et réalités,

Clermont-Ferrand,

Lemme Éditions,

2013, 120 + XVI p.

Procès-verbaux de la Société populaire de Honfleur (1791-1795),

Paris,

Éditions du CTHS,

2011, 824 p.

Parlez-vous sans-culotte Dictionnaire du Père Duchesne (1790-1794),

Paris,

Tallandier,

2009, 576 p. ;

ouvrage sélectionné pour une édition parallèle par Le Grand Livre du mois, également en 2009 ; puis réédité en format poche aux Éditions du Seuil (collection Points) en 2011, 672 p.

Les Lilliputiens de la centralisation. Des intendants aux préfets, les hésitations d’un « modèle français », Seyssel,

Champ Vallon,

2007, 416 p.

Missionnaires de la République. Les représentants du peuple en mission (1793-1795),

Paris,

Éditions du CTHS,

2002, 624 p.

Collot d’Herbois. Légendes noires et Révolution,

Lyon,

Presses Universitaires de Lyon,

1995, 228 p.

Ouvrages en collaboration

Citoyenneté, démocratie, république (1789-1899), Paris,

Belin,

2014,

(avec Philippe Bourdin et alii).

La France en révolution 1787-1799,

Paris,

Belin,

2014,

( avec Philippe Bourdin ).

Révolution, Consulat et Empire (1789-1815),

Paris,

Belin, collection Histoire de France, 2009,

(avec Philippe Bourdin et Silvia Marzagalli).

La Révolution française. Dynamiques, Influences, Débats (1787-1804),

Paris,

Armand Colin (collection U), 2004 (réédition 2008),

(avec Pascal Dupuy).

L’Almanach du Père Gérard (édition bilingue, français-breton), Saint-Brieuc,

Skol Vreizh,

2003,

(avec Gwennole Le Menn).

Direction d’ouvrages collectifs

Visages de la Terreur. L’exception politique de l’an II

(avec Hervé Leuwers),

Paris,

Armand Colin,

2014, 272 p.

1792, entrer en république

(avec Philippe Bourdin, Hervé Leuwers et Pierre Serna),

Paris,

Armand Colin,

2013,

336 p.

Passeurs de révolution (avec Jean-Numa Ducange),

Paris,

Société des études robespierristes,

2013, 136 p.

Extrême” ? Identités partisanes et stigmatisation des gauches en Europe (XVIII-XXe siècle)

(avec Bernard Gainot, Paul Pasteur et Pierre Serna), Rennes,

Presses Universitaires de Rennes,

2012, 372 p.

Robespierre. Portraits croisés (avec Philippe Bourdin),

Paris,

Armand Colin,

2012 (rééd. 2014),

288 p.

La Révolution française. Une histoire toujours vivante,

Paris,

Tallandier,

2009, 448 p. ; réédité en format poche par CNRS Editions, 2014, 450 p.

Les politiques de la Terreur, Actes du colloque de Rouen (2007),

Rennes,

Société des études robespierristes

Presses Universitaires de Rennes, 2008, 450 p.

8 décembre 2014

«C’est une révolte ? – Non sire, c’est une révolution !»Mathilde Larrère

1789, une Révolution ?

par Mathilde Larrère

Maitre de conférence à l’université Paris Est Marne la Vallée.

Spécialiste d’histoire de la citoyenneté dans la première moitié du 19e siècle.

14 juillet 1789. Les Parisiens ont pris la Bastille. A Versailles, Louis XVI se repose d’une journée peu satisfaisante. Dans son journal, il a écrit sous la date fatidique : « Rien ». Il parlait de la chasse de la journée. Le duc de La Rochefoucauld-Liancourt, grand maître de la garde-robe, demande à être reçu. Il rapporte au roi les événements parisiens. « C’est une révolte ? » lui demande le roi. « Non, sire, aurait répondu le duc, c’est une révolution ».

Qu’importe que l’échange ait eu vraiment lieu, ou pas. Sans doute pas car le mot « révolution » n’avait pas alors encore ce sens de rupture radicale que justement la Révolution française va lui donner. Plus intéressant est pour nous d’ailleurs l’histoire de ce mot, synonyme souvent de réforme à la veille de 1789. Plus intéressant encore ce qui s’est joué ce 14 juillet, ce qui a fait, sur le terrain, dans la fumée de la poudre, qu’une révolte est devenue une révolution. Et plus intéressant finalement la question de l’ampleur, et donc des limites de la « révolution » de 1789 au regard de celle de 1792, ou plus encore de 1793.

Bibliographie conseillée :

M. Biard, P. Dupuy,

La Révolution française. Dynamiques, influences, débats 1787-1804,

Armand Colin, 2004

M. Biard, P. Bourdin, S. Marzagalli,

1789 – 1815, Révolution, Consulat, Empire,

Belin, coll. Histoire de France, 2009

E.Hobsbawm,

L’ère des révolution, 1789- 1848, Pluriel, Poche, x éditions

M.Larrère (coord), F.Chartreux , M.Chirio , V.Lemire ,E. Paliéraki ,

Révolutions !,

Belin, 2013

Jean-Clément Martin,

La Révolution française (1789-1799) : une histoire socio-politique, Belin, 2004

T. Tackett,

Par la volonté du peuple. Comment les députés de 1789 sont devenus révolutionnaires,

Albin Michel, 1997.

1er décembre 2014

« L’État, c’est moi »

La difficile construction de l’absolutisme royalOlivier Chaline

par Olivier Chaline

professeur d’histoire moderne, Université Paris Sorbonne (Paris IV), auparavant à l’Université de Haute-Bretagne (Rennes II).

Domaines de recherche :

– France, de Louis XIV à la Révolution : parlements, Louis XIV ;

– Europe centrale à l’époque moderne : monarchie autrichienne, Bohême

– La guerre à l’époque moderne : sur terre et, de plus en plus, sur mer.

Louis XIV n’a jamais dit « L’État, c’est moi ».

Les sources disponibles concernant le lit de justice qu’il tint par surprise au Parlement de Paris le 13 avril 1655 ne font pas mention de cette célèbre formule que la tradition historiographique relie à cet épisode tendu. Il n’a rien dit de tel non plus par la suite. Pourtant, cette phrase apocryphe, dont on peine à discerner l’exacte origine, semble résumer à merveille le type de monarchie qui prévalut, mais plus tard, sous le règne personnel du roi.

Au choc d’une appellation pourtant non-contrôlée s’ajoute le poids historiographique d’une notion posthume, celle d’absolutisme, bien postérieure à la Révolution. Là aussi, il est prudent de s’interroger sur ce néologisme et sa pertinence. C’est dire la difficulté qu’il y a à cerner avec exactitude l’autorité que tâchèrent d’exercer sur leurs sujets les monarques français de l’époque moderne.

Le lit de justice de 1655 peut nous y introduire. Aujourd’hui, alors que la forme du régime ne fait plus question en France depuis longtemps, la notion d’absolutisme a été remise en cause par bien des chercheurs étrangers, sans que l’écho en parvienne vraiment dans notre pays.

C’est l’occasion de revenir sur une difficile construction, mais de quoi au juste ?

Quelques titres, parmi beaucoup d’autres, mais donnant des points de vue très différents sur la question :

Richard Bonney, L’Absolutisme,

Paris,

PUF, Que sais-je ?,

1989.

Yves-Marie Bercé, Nouvelle histoire de la France moderne, 3, La naissance dramatique de l’absolutisme,

Paris,

Seuil, Points Histoire, 1992.

Fanny Cosandey,

Robert Descimon,

L’Absolutisme en France : histoire et historiographie,

Paris,

Seuil, Points Histoire,

2002.

Olivier Chaline,

Le Règne de Louis XIV, Paris,

Flammarion,

2005, rééd. 2014.

Bibliographie O. Chaline :

Godart de Belbeuf. Le Parlement, le roi et les Normands,

Luneray,

Bertout, 1996.

La France au XVIIIe siècle, 1715-1787,

Paris,

Belin, 1996, rééd. 2011.

La reconquête catholique de l’Europe centrale XVIe-XVIIIe siècle,

Paris,

Le Cerf, 1998.

La bataille de la Montagne Blanche (8 novembre 1620),

Paris,

Noésis, 2000.

Le Règne de Louis XIV, Paris,

Flammarion,2005,

rééd. 2014.

L’Année des quatre dauphins,

Paris,

Flammarion, 2009,

rééd. 2011.

La Normandie, un destin entre terre et mer,

Paris,

Découvertes-Gallimard, 2010.

La Mer vénitienne,

Paris,

Actes Sud, 2010.

24 novembre 2014

« Labourage et paturage sont les deux mamelles de la France »

La place des paysans en France (17ème– 21ème siècles)Jean-Paul Diry

par Jean-Paul Diry

Professeur honoraire, Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand 2.

Professeur de géographie, ancien directeur du Centre d’Etudes et de Recherches Appliquées au Massif Central, à la moyenne montagne et aux espaces fragiles (CERAMAC), président de la Commission Géographie Rurale du Comité National de Géographie (2002-2007).

Depuis la Troisième République, les enfants des écoles ont appris que « labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France ». A partir du milieu du XVIIIe siècle, sous l’impulsion des physiocrates, la phrase écrite par Sully dans ses Mémoires a connu une étonnante fortune. Après 1870, elle a été reprise par les manuels scolaires et le mythe de Sully, « défenseur des paysans » s’est imposé. La paysannerie, qui représente alors une force électorale considérable, n’a pas seulement une fonction productive. Elle constitue aussi l’essentiel des régiments et, après les soubresauts de 1848 et de 1871, les classes dirigeantes considèrent qu’elle est un garant de l’ordre social. Il s’agit donc de « républicaniser » ce monde paysan en lui démontrant que le régime prend le plus grand soin des ses intérêts et inscrit sa politique agraire dans la lignée de celle prétendument suivie par Sully.

Tout change à partir des années 1950. L’agriculture connaît alors une véritable révolution. Les mutations techniques comme les politiques suivies aux échelles nationale et européenne en sont à l’origine. Les gains de productivité sont spectaculaires : on produit de plus en plus avec de moins en moins de bras. A la fin du XXe siècle, la France s’est hissée au second rang mondial pour les exportations agro-alimentaires. Revers de la médaille, la population agricole connaît une diminution drastique, l’environnement pâtit de l’excès des consommations intermédiaires et de l’accumulation des effluents d’élevage et cette agriculture mondialisée subit de plein fouet la concurrence des pays de l’hémisphère sud. Il est donc nécessaire de réfléchir à de nouveaux modèles. Les temps de Sully et de la République agrarienne semblent bien loin.

Bibliographie conseillée :

Amalvi C.,

1997

L’école rurale,

Tréma, 12-17.

Avezou L.,

2001

Sully à travers l’histoire, les avatars d’un mythe politique,

Mémoires et documents de l’Ecole des Chartes, 554 p.

Barral P.,

1968

Les agrariens français de Méline à Pisani,

A. Colin, 383 p.

Barbiche P.,

1976

Sully,

A. Michel, 237 p.

Barbiche B., Barbiche de Dainville S.,

1997

Sully,

Fayard, 698 p.

Canevet C.,

1992

Le modèle agricole breton,

PUR, 397 p.

Debatisse M.,

1963

La révolution silencieuse. Le combat des paysans, Calmann-Lévy, 275 p.

Gervais M., Servolin C., Weil J.,

1965

Une France sans paysans, Seuil, 127 p., 165 p.

Hervieu B.,Purseigle F.,

2013

Sociologie du monde agricole,

A. Colin, 318 p.

Moulin A.,

1988

Les paysans dans la société française de la Révolution à nos jours, Points Histoire, 316 p.

Maspetiol R.,

1946

L’ordre éternel des champs : essai sur l’histoire, l’économie et les valeurs de la paysannerie,

de Medicis, 587 p.

Pourrat H.,

1942

Sully et sa grande passion, Flammarion, 331 p.

Weber E.,

1983

La fin des terroirs, la modernisation de la France (1870-1944),

Fayard, 830 p.

17 novembre 2014 :

« Bouter les Anglais hors de France« 

Colette Beaune

– Jeanne d’Arc (15ème– 21ème siècles)

Par Colette Beaune

Colette Beaune est Professeur émérite d’histoire médiévale à l’université Paris-Ouest Nanterre.

Ses spécialités sont : l’histoire politique, l’histoire des femmes et l’histoire de l’art.

Elle est l’auteur de nombreux livres dont :

Le classique « Naissance de la nation France ».

La biographie de référence « Jeanne d’Arc » , Prix du Sénat du livre d’histoire.

Le polémique « Jeanne d’Arc, vérités et légendes » et plus récemment « Le Grand Ferré, premier héros paysan », Prix Provins Moyen Age 2013.

Colette Beaune continue à diriger des recherches, donne de nombreuses conférences pour le grand public et publie chaque mois une lettre électronique gratuite : « L’Histoire pour tous ».

A Blois, elle préside la Société des sciences et lettres de Loir-et-Cher. Pour l’ensemble de son œuvre, Colette Beaune a reçu le Grand Prix d’histoire 2012 de l’Académie française.

Jeanne d’Arc a réellement proclamé en avril 1429 avoir été envoyée par Dieu pour bouter les Anglais hors de toute France. Qu’entendait-elle par là ? On s’interrogera donc sur la guerre juste, la figure de l’ennemi dans un monde chrétien, la participation des femmes à la guerre, et surtout celle de Jeanne qui n’était pas une femme comme les autres. Quand elle mourut, il y avait encore des Anglais en France ce qui posa quelques problèmes aux avocats de Charles VII lors du procès en nullité de 1456.

Les siècles passèrent, certains fervents de Jeanne et d’autres indifférents comme le XVIIIème. Les affrontements franco-allemandes de 1870 et surtout de 1914-18 ramenèrent la guerrière lorraine au premier plan. Nous les bouterons hors affirmèrent alors les images d’Epinal.

Que reste-t-il aujourd’hui de tout cela ?

Bibliographie sommaire concernant la conférence :

Colette Beaune,

Jeanne d’Arc,

Paris,

Perrin,

2004, 456 p.

Colette Beaune,

Jeanne d’Arc, vérités et légendes,

Paris,

Perrin,

2008, 234 p.

Philippe Contamine et alii,

Jeanne d’Arc, histoire et dictionnaire,

Paris ,

Robert Laffont (collection Bouquins),

2012, 1212 p.

Bibliographie complémentaire de Colette Beaune :

Naissance de la nation France,

Gallimard, 1985, 431 p. (Réédition : Paris, 2008). Prix Gobert des Inscriptions et Belles Lettres (1985).

Edition en poche, Folio, 1993 .

Traduit en anglais (édition modifiée aux U.S.A.) : The birth of an ideology, California Press, 1991.

Le Miroir du pouvoir,

avec F. Avril,

Paris,

Bibliothèque nationale, 1989, 188 p.

Journal d’un Bourgeois de Paris,

Lettres gothiques, 539 p.

(Réédition : Paris,2009) éd. commentée et 26 p. d’introduction,

Paris, 1990,

Education et cultures du début du XIIe au milieu du XVe ,

Paris, SEDES, 1999, 366 p.

Jeanne d’Arc,

Paris, Perrin, 2004, 456 p. Edition en poche,

Tempus, 2009.

Prix du Sénat du livre d’histoire (2004) Traduction en portugais : Joana d’Arc, uma biografia, éditions Globo, 2006 (Brésil).

Traductions en japonais (Ed. Showado, Kyoto) et en tchèque (Karolinum, Prague, en cours).

Jeanne d’Arc, vérités et légendes,

Paris, Perrin, 2008, 234 p. Edition en poche, Tempus, 2012

Traduction au Brésil : Joana d’Arc, verdades et lendas,

éditions Cassarà (Rio de Janeiro)

Chronique dite de Jean de Venette,

Paris, Lettres gothiques, 2011, 500 p.

édition bilingue latin français, 35 p. d’introduction, et 100 p. de notes.

Le Grand Ferré, premier héros paysan

Paris, Perrin, 2013, 400 p. Prix Provins Moyen Age (2013)

10 novembre 2014 :

« Ils en étaient réduits à manger des racines et de l’herbe« 

Alain Croix

– Mythes et réalités de la famine en france –

Par Alain Croix

Universitaire à Poitiers, Paris puis Rennes, Alain Croix a enseigné et mené des recherches sur la période du 16ème au 18ème siècle, notamment en matière de démographie et d’histoire de la culture, puis a élargi ses centres d’intérêt à l’histoire contemporaine. Parallèlement, il se soucie depuis plusieurs décennies de la vulgarisation de la recherche historique, et il a été un des pionniers d’une ”histoire citoyenne” qui est notamment au coeur des activités de l’association Nantes-Histoire.

“Mythes et réalités de la famine en France” : le titre retenu par Nantes-Histoire exprime parfaitement le propos. Il s’agit, d’une part, de cerner la réalité de la famine en France, qui a bien existé mais n’a jamais revêtu les côtés extrêmes qu’on a pu connaître, y compris au 20e siècle, dans d’autres pays. Cette analyse permet, au passage, de corriger quelques idées reçues, en matière d’histoire du climat par exemple, et de mettre l’accent sur les véritables causes des famines.

En partant de ces réalités, il s’agit, d’autre part, de montrer comment la peur de la famine a pu occuper nos esprits pendant au moins un millénaire, de la prière “a fame, peste et bello libera nos, Domine” [de la faim, de la peste et de la guerre délivre-nous, Seigneur] jusqu’au slogan du Front populaire de 1936, Le pain, la paix, la liberté.

Le propos est centré sur la France, mais d’indispensables comparaisons seront menées avec des exemples étrangers en Europe, en Afrique et en Asie.

On pourrait facilement recenser des centaines, sinon des milliers d’ouvrages et articles sur le sujet !!! Produits, en particulier, pendant les années 1960-1980.

Pour approfondir le propos du conférencier, une courte sélection de quelques titres :

à l’échelle nantaise

à l’échelle de l’Ouest

à l’échelle de la France

Alain Croix,

1532 : l’Union ou la mort ?” dans Nantes dans l’histoire de la France,

Ouest-éditions,

Nantes, 1991 [ouvrage conçu par l’association Nantes-Histoire].

Alain Croix,

La Bretagne aux 16e et 17e siècles. La vie, la mort, la foi,

Maloine,

Paris, 1980 [porte également sur Nantes].

François Lebrun,

Les hommes et la mort en Anjou aux 17e et 18e siècles,

Mouton,

Paris, 1971.

Marcel Lachiver,

Les années de misère. La famine au temps du Grand Roi,

Fayard,

Paris, 1991.

3 novembre 2014 : « Courbe toi, fier Sicambre« 

Bruno Dumézil

– La christianisation de la Gaule –

Par Bruno Dumézil

Maître de conférences en histoire médiévale à l’université de Paris Ouest Nanterre La Défense.
Ancien élève de l’École Normale Supérieure ; Agrégation d’Histoire (1999) ; Doctorat d’Études Médiévales (Paris IV-Sorbonne, 2003) ; Habilitation à diriger les recherches (Paris Ouest, 2011) ; Membre de l’Institut Universitaire de France (2010).

Dans le nord de la Gaule tardo-antique, un roi des Francs nommé Clovis (481-511) abandonna le paganisme et se fit baptiser dans la religion catholique. Le moins que l’on puisse dire est l’événement ne passionna pas ses contemporains.

Il est vrai que Clovis n’était certainement pas le souverain le plus prestigieux de la scène occidentale ; en outre, les rois des petits peuples barbares avaient depuis longtemps l’habitude de changer de religion, jusqu’à fatiguer l’attention des chroniqueurs.

Pour que ce geste prennent de l’importance, il fallut attendre l’établissement d’une dynastie née de Clovis — les Mérovingiens — et surtout la transformation de son aire de domination en un véritable royaume territorial. Vers 590, l’historien Grégoire de Tours fut le premier à magnifier la conversion de Clovis et à la présenter comme événement fondateur pour l’histoire des Gaules. Dès lors, le baptême de Reims devint l’élément majeur de la monarchie franque, puis française, le moment même où se serait formée la relation privilégiée entre l’Église et sa fille aînée.

De Napoléon à Pétain, tous les dirigeants incertains se revendiquèrent de la figure du roi des origines. Curieuse postérité d’un événement dont on ne connaît pas la date, dont on peut douter du lieu et dont les circonstances demeurent passablement floues.

Bibliographie :

Les racines chrétiennes de l’Europe, Conversion et liberté dans les royaumes barbares V-VIIIe siècle,

Paris, Fayard, 2005,

La reine Brunehaut Fayard,

2008

Les royaumes barbares d’Occident,

PUF, « Que sais-je ?», Paris,

2010

Servir l’État barbare en Gaule franque,

Paris,

Tallandier,

2013

Lectures conseillées :

G. Bührer-Thierry et C. Mériaux,

La France avant la France,

Paris,

2010

M. Rouche (éd.), Clovis, histoire et mémoire, I Clovis et son temps, l’événement,

Paris,

1997

M. Rouche

Clovis,

Fayard,

Paris,

1996

D. Shanzer,

Dating the Baptism of Clovis : the Bishop of Vienne vs the Bishop of Tours, Early Medieval Europe, 7 (1998), p. 29-57.

I. Wood,

The Merovingian Kingdoms, Londres,

1994

13 octobre 2014 : « Ils sont fous ces Romains« Jean-Louis Brunaux

La réalité des contacts entre Gaulois et Romains

Par Jean-Louis Brunaux

Né le 28 octobre 1953, Jean-Louis Brunaux est chercheur au CNRS depuis 1984 (Laboratoire d’Archéologie de l’ENS). Archéologue et historien de l’Antiquité, il est spécialiste de la civilisation et de l’histoire gauloises. Il a consacré trente ans de sa carrière sur le terrain. Ses travaux les plus importants concernent la religion. Il a effectué en 1977 la découverte du premier sanctuaire gaulois à Gournay-sur-Aronde, enclos sacré qui par bien des aspects ressemble aux enceintes sacrées des Grecs et des Latins. Il a vérifié ensuite que ce type de lieu est largement répandu en Gaule et correspond à un culte public ou d’État, dans lequel étaient réalisés de grands sacrifices d’animaux domestiques et des offrandes de milliers d’armes. Le site le plus spectaculaire qu’il ait fouillé est le complexe de Ribemont-sur-Ancre dans lequel ont été consacrés les restes de plusieurs centaines de guerriers, tués au cours d’une grande bataille. Pour en faire l’étude Jean-Louis Brunaux a dû créer le Centre Archéologique Départemental qu’il a dirigé pendant vingt ans.

Ces découvertes ont éclairé sous un nouveau jour bien des aspects de la civilisation gauloise : la guerre, la spiritualité, mais aussi la conception du monde. Leur exploitation n’a été possible que par un recours approfondi aux sources historiques, tant grecques que latines, qui avaient été délaissées par les archéologues du milieu du XXe siècle. Ainsi a pu être rouvert l’épineux dossier des druides qui avaient été abandonné aux mythologues. Ces sortes de philosophes, ainsi que les considéraient les Grecs, ont joué le plus grand rôle dans la civilisation celtique et ont servi d’intermédiaires entre les grandes civilisations méditerranéennes et les cultures dites barbares. L’art gaulois, la philosophie politique des druides, l’identité des Celtes sont les sujets sur lesquels Jean-Louis Brunaux se penche aujourd’hui.

Outre les monographies et nombreuses publications archéologiques sur ses fouilles, il a rédigé des ouvrages de synthèse, parmi lesquels,

Les Religions gauloises,

Paris, Errance, 1996, réed. 2000

Guerre et Religion en Gaule,

Paris, Errance, 2004

Les Gaulois, « Guide Belles Lettres des civilisations »,

Paris, Belles Lettres 2005

Les Druides, des philosophes chez les Barbares,

Paris, Le Seuil, 2006, Points Histoire 2009

Nos Ancêtres les Gaulois,

Paris, Le Seuil, 2008, Points Histoire 2012

Les Gaulois expliqués à ma fille, Paris, Le Seuil, 2010

Voyage en Gaule, Paris, Le Seuil, 2011

Les Gaulois, les fiers ennemis de Rome, Rome, Gremese 2011

Alésia, Paris, Gallimard, 2012

(« Les journées qui ont fait la France »)

Prix du livre d’histoire du Sénat,

Prix François Millepierre de l’Académie française

Sources antiques :

César,

La Guerre des Gaules

César,

La Guerre civile

Cicéron, Correspondance Diodore de Sicile, Bibliothèque historique Dion Cassius, Histoire romaine Florus, Œuvres
Plutarque,

Vie de César

Poseidonios d’Apamée, Posidonius I.

The Fragments,

Cambridge University Press, 1972

Strabon, Géographie Suétone,

Vie des douze Césars

Tacite,

La Germanie

Tacite,

Les Annales

Bibliographie :

Bonaparte Napoléon,

Précis des guerres de Jules César [1836], Bécherel, Les Perséides, 2009

Brunaux Jean-Louis,

Les Gaulois,

Les Belles Lettres 2005

Brunaux Jean-Louis,

Nos ancêtres, les Gaulois,

Paris,

Le Seuil, 2008

Carcopino Jérôme,

Jules César [1935] Paris,

Bartillat,

2013

Carcopino Jérôme, Alésia et les ruses

de l’histoire,

Paris,

Flammarion, 1958

Goudineau Chritian,

César et la Gaule, Paris,

Errance,

1990

Jullian Camille, Histoire de la Gaule,

Paris,

Hachette, 1908 à 1920

Le Bohec Yann, César chef de guerre,

Paris-Monaco, Éditions du Rocher, 2001.

Momigliano Arnaldo, Sagesses barbares,

Paris,

François Maspéro, 1979

Rambaud Michel,

L’Art de la déformation historique dans les Commentaires de César,

Paris, Les Belles Lettres, 1966

6 octobre 2014 – Aux origines de la légende française –Nicolas Offenstadt

Nicolas Offenstadt

maître de conférences habilité à diriger des recherches (HDR)

à l’Université de Paris I-Panthéon-Sorbonne.

Il travaille à la fois sur la Grande Guerre et ses mémoires et sur les pratiques politiques à l’époque de la Guerre de Cent ans.

Il est en charge du cours d’historiographie à l’Université de Paris I et vient de publier L’Historiographie (PUF, Que-Sais-Je, 2011).

Parmi ses autres publications récentes, La Grande Guerre. Carnet du centenaire, Paris, Albin Michel (avec André Loez) et En place publique. Jean de Gascogne, crieur au XVe siècle (Stock), L’Histoire, un combat au présent (Textuel, 2014)

Cours public 2013/2014

Vivre avec l’histoire – le Patrimoine, entre charges, bonheur et héritage.

Lundi 18 h 15 / 20 h 00 Salle Bretagne, 23 rue Villebois Mareuil 44 Nantes

Douze conférences, quatre débats.

Le patrimoine, tout le monde en parle… sans se comprendre. Qu’est-ce donc, au fait ? La chanson patiemment collectée ? le château de Versailles ? la manière dont on rivait les tôles des navires ? le couvent des Cordeliers à Nantes ? Cet exemple le rappelle, le patrimoine est le sujet de controverses, de débats (son coût et plus rarement ce qu’il rapporte…), dont est souvent écarté l’essentiel : à quoi sert le patrimoine ? en quoi concerne-t-il les simples citoyens ?

Ce ne sont pas des questions théoriques. « À quoi sert le patrimoine ? ». Selon la réponse à cette question, les dépenses vont du « pleinement justifié » à l’ « évidemment excessif ». Encore faut-il répondre à la question : « Qu’est-ce que le patrimoine ? ».

Si le patrimoine correspond aux seules « vieilles pierres », il ne répond aux attentes que d’une partie des citoyens. Si le patrimoine est compris comme ce qui fait identité, des vieilles pierres à la manière de manger par exemple, il concerne tout le monde, et il se différencie en fonction des attaches culturelles, sociales, idéologiques, locales, etc. Et cela peut devenir très concret et très local, comme le rappellent régulièremrent des polémiques bien nantaises.

Et si, après avoir découvert, voici presque un demi-siècle, que nous avions tous une histoire, nous découvrions aujourd’hui que le patrimoine est notre affaire à tous ?

Lundi 24 février 2014

Patrimoine, culture et société

Débat avec Alain Croix, Didier Guyvarc’h, Jean-Pierre Lethuillier

animé par Gwenaël Guillaume

Ce débat, le dernier de cette saison, abordera les liens qui existent entre patrimoine, culture et société.

Les trois « débatteurs », animateurs et intervenants lors du cours, tenteront de montrer les enjeux contemporains attachés à la notion de patrimoine pour nos sociétés, et comment la patrimonialisation est devenue une notion centrale dans nos sociétés en mouvement, où de rapides changements remodèlent régulièrement les territoires.

Dès lors, ils seront amenés, au cours de leurs échanges, à évoquer la place que tient le patrimoine dans la construction de nos sociétés et de leur culture en ce début de XXIe siècle.

Lundi 17 février 2014

Argent et acteurs du patrimoine

Débat avec François Hubert, Stéphane Junique, Charles Qimbert,

animé par Jean-Pierre Lethuillier

Le patrimoine a-t-il un coût ? Et si oui, lequel ? Qui en assume la charge ? Chacun, parce qu’il est citoyen, peut légitimement se poser ces questions où il peut être doublement impliqué : parce qu’il s’intéresse à la conservation et à l’entretien d’un patrimoine, et parce que les charges financières retombent, la plupart du temps, sur lui.

Reste que les choix ne sont pas souvent faits directement par la population. D’autres acteurs, investis par l’Etat ou élus, associations ou mécènes fortunés, etc., prennent des décisions, font des choix dont les critères ne sont pas toujours apparents. En charge d’éléments du patrimoine différents, ils ne comprennent pas toujours la notion de la même manière et peuvent entrer en conflit entre eux.

Acteur du patrimoine, le public est-il toujours conscient de ce rôle ? Quels sont ses moyens de maîtriser les enjeux, de connaître et de comprendre les politiques mises en oeuvre, ou d’intervenir directement dans leur développement ?

Stéphane Junique

Stéphane Junique Adjoint au Maire de Nantes, chargé du patrimoine et de l’archéologie.

François Hubert

Conservateur en chef du patrimoine, François Hubert a fait des études de philosophie et d’anthropologie. Il a commencé sa carrière à l’écomusée de la Grande-Lande puis a participé à la création de l’écomusée du Pays de Rennes et du nouveau Musée de Bretagne à Rennes aux côtés de Jean-Yves Veillard auquel il a succédé à la fin des années 90. Il dirige aujourd’hui le Musée d’Aquitaine à Bordeaux.

Charles Quimbert

Charles Quimbert est actuellement directeur de l’association Bretagne Culture Diversité après avoir été responsable de l’association Dastum de 2006 à 2012. Il effectue de nombreuses enquêtes autour de la tradition chantée de transmission orale en haute Bretagne qu’il pratique par ailleurs comme chanteur et pédagogue. Il a exercé aussi comme psychologue et est docteur en linguistique.

Jean-Pierre Lethuillier

Le débat est animé par Jean-Pierre Lethuillier, administrateur de Nantes-Histoire, Maître de conférences en Histoire moderne.

Lundi 17 février 2014

Argent et acteurs du patrimoine

Débat avec François Hubert, Stéphane Junique, Charles Qimbert,

animé par Didier Guyvarc’h

La mémoire, présent du passé, et le patrimoine, héritage assumé, entretiennent des liens si forts qu’ils semblent parfois se confondre. Pour autant, toutes les mémoires peuvent-elles être patrimoniales ? Peut-on concevoir un patrimoine sans mémoire ?

Ces questions, et les enjeux qu’elles recouvrent, sont mises en débat à partir des trois thèmes de recherche des intéressés : la mémoire des lieux, la mémoire ouvrière, la mémoire de la traite des Noirs.

Georges Gayrard est géographe. Production et transformation de l’espace urbain nantais de la Révolution à la Seconde Guerre mondiale est le sujet de sa thèse. Il est l’auteur de nombreux articles du Dictionnaire de Nantes.

Xavier Nerrière est juriste de formation. Il est plus particulièrement chargé, au Centre d’Histoire du Travail de Nantes, de la conservation et de la mise en valeur de l’iconographie concernant lez monde ouvrier. Il a participé au Dictionnaire de Nantes.

Renaud Hourcade est docteur en science politique. Sa thèse porte sur Les politiques de la mémoire à Nantes, Bordeaux et Liverpool. Il a publié plusieurs articles sur l’identité et la mémoire.

Le débat est animé par Didier Guyvarc’h, historien.

Lundi 3 février 2014

Patrimoine et identité

Débat avec Jean-Pierre Branchereau, Thierry Guidet, Didier Guyvarc’h,

animé par Alain Croix

Les trois “débatteurs” ont pour point commun d’avoir réfléchi tous trois, de manière pratique, au rapport entre patrimoine et identité en préparant le Dictionnaire de Nantes : ils ont fait partie du Conseil scientifique de l’ouvrage.

Mais ils ont des approches sensiblement différentes en raison de leur discipline.

Jean-Pierre Branchereau, géographe, est notamment membre du Conseil de développement, et il a beaucoup publié, articles aussi bien que films pédagogiques.

Thierry Guidet, journaliste, dirige notamment la revue Place publique : il observe avec attention l’évolution de nos sociétés, et a publié par ailleurs plusieurs ouvrages historiques… ainsi que plusieurs romans et récits.

Didier Guyvarc’h, historien, vient notamment de publier un magnifique ouvrage, Les Bretons et la Grande Guerre, qui réfléchit entre autres sur le rôle de cette guerre dans l’identité bretonne, et il prolonge ainsi un travail de plusieurs décennies sur le rapport entre mémoire et histoire.

Le débat est animé par Alain Croix, historien.

Jean-Pierre Branchereau
Didier Guyvarc'h

Jean-Pierre Branchereau

Thierry Guidet

Didier Guyvarc’h

Alain Croix

Alain Croix

Mathilde Larrère

Lundi 27 janvier 2014

Le patrimoine de la République

par Mathilde Larrère

Docteure, maitre de conférence à l’Université Paris-Est Marne- la- Vallée

Liberté, Egalité, Fraternité, mais aussi Laïcité, Mariannes en bronze, en bois, en marbre, petites, grandes, combattantes, apaisées, coiffées d’un bonnet phrygien ou d’une couronne de rayons, écoles de village, mairies, diner de tête de veau les 21 janvier, garde républicaine défilant empanachée les 14 juillet au son de la Marseillaise et dans les plis de drapeaux tricolores…

Patrimoine de la République ou de la Nation? ou de la Révolution? Patrimoine revendiqué par la droite ou par la gauche?

Ou comment deux siècles de combats, de remise en cause, de triomphes puis de débâcles d’un régime, d’une idée, comment cinq constitutions et des modèles parfois concurrents de la République ont progressivement construit, parfois effacé, un patrimoine complexe et foisonnant de la République en France.

Actualité bibliographique :

Mathilde Larrère (coord),

Félix Chartreux,

Maud Chirio,

Vincent Lemire,

Eugenia Palieraki,

Révolutions,

quand les peuples font l’histoire,

Belin,

2013.

Lectures conseillées :

Paris,

Flammarion,

1979

Paris ,

Flammarion,

1989

Paris,

Flammarion,

2001

Maurice Agulhon (avec Pierre Bonte)

Marianne, les visages de la République,

Gallimard,

1998

Maurice Agulhon (avec Pierre Bonte)

Marianne dans la Cité,

Imprimerie Nationale,

2001

Vincent Duclert,

Christophe Prochasson,

Dictionnaire critique de la république, Flammarion,

2002

Pierre Nora (dir),

les Lieux de mémoire,

tome 1,

la république,

Gallimard,

1997

Alain Croix

Lundi 20 janvier 2014

La photo de papy et mamy

par Alain Croix

Mais que cache donc ce titre étrange et imprécis ? il est certain qu’on parlera de patrimoine, puisque c’est le thème de l’ensemble du cours ; de photographie aussi. La suite ? Lundi soir 20 janvier…

Il n’y a guère d’ouvrage de synthèse qui aborde le sujet sous l’angle de la conférence. En revanche, les monographies abondent… On peut voir (ou revoir), par exemple, La Bretagne des photographes, ouvrage d’Alain Croix, Didier Guyvarc’h et Marc Rapilliard, Presses universitaires de Rennes, 2011.

Lundi 13 janvier 2014

Les archives : quels enjeux ?

Par Alain Croix

Les archives sont, évidemment, un patrimoine, mais que beaucoup considèrent comme poussiéreux, “officiel”, voire un patrimoine mort, à l’exception éventuelle de quelques documents célèbres comme l’édit de Nantes. Le conférencier, partant de cette idée reçue, tentera de l’expliquer, puis de montrer qu’en réalité les archives sont un fondamental patrimoine… de l’avenir. Mais les archives sont aussi plus que cela : un lieu de plaisir, parfois exceptionnel, et aussi un lieu de société, comme le montre le succès depuis un demi-siècle de la généalogie. Et elles sont aussi un enjeu parfois insoupçonné mais essentiel, dans des domaines aussi divers que la protection des individus, les techniques (et pas seulement les techniques du numérique), la communication, et par dessus tout le lien indissociable avec l’histoire.

Lundi 6 janvier 2014Vincent Lemire

Jérusalem, le patrimoine de qui ?

Par Vincent Lemire

Maître de conférences à l’université Paris-Est/Marne-la-Vallée. En délégation du Centre National de la Recherche Scientifique au Centre de Recherche Français à Jérusalem.

Thèmes de recherche

Histoire de Jérusalem 19e-21e siècles, Histoire de l’environnement, patrimonialisation urbaine.

Sa thèse de doctorat en Histoire, soutenue en juin 2006 et publiée en février 2011, cherchait à démontrer la pertinence du prisme hydraulique pour rendre compte de la complexité des rapports de force qui se déploient dans une ville telle que Jérusalem. Pour retrouver la ville sous le sanctuaire et sous le champ de bataille, sans pour autant perdre de vue la singularité des enjeux symboliques et stratégiques qui s’y déploient, le prisme hydraulique s’est révélé efficace : parce que l’eau est à la fois un besoin domestique quotidien et le support de nombreux rites religieux, parce que les réseaux d’adduction hydraulique sont à la fois le vecteur de l’archéologie biblique et le point de départ des politiques de modernisation des réseaux techniques urbains, l’hydrohistoire d’une ville telle que Jérusalem permet de dépasser les cloisons artificielles entre histoire profane et histoire religieuse, entre histoire sociale et histoire politique, entre histoire de la ville comme système technique et histoire de la ville comme système symbolique.

Pour urbaniser l’histoire contemporaine de Jérusalem, l’objet hydraulique s’est ainsi révélé comme un observatoire pertinent. En se focalisant, un siècle durant, sur l’eau potable de Jérusalem, cette recherche a contribué à faire de l’objet hydraulique un véritable objet historique et à nourrir ainsi la réflexion autour des thèmes de l’histoire de l’environnement. Par la simplicité de sa définition en même temps que par la complexité de ses usages, l’objet hydraulique révèle, de façon souvent plus immédiate que les grandes envolées rhétoriques, les différentes stratégies d’appropriation des territoires déployées par les acteurs.

Au cœur de cette réflexion sur la notion d’hydrohistoire, c’est la question du contrôle qui est finalement apparue comme déterminante, ce qui conduit l’ensemble de ce travail vers une histoire politique de l’objet hydraulique ?

Au-delà de cette thématique privilégiée, ce travail de thèse l’a conduit à faire émerger de nouvelles sources pour l’histoire de Jérusalem : en travaillant sur les registres de délibération du conseil municipal ottoman (Majlis-i Belediye), longtemps demeurés inaccessibles, il est désormais possible d’envisager une véritable histoire politique locale de la ville, en partie dégagée d’une focalisation exclusive sur les seuls enjeux communautaires ou religieux, systématiquement mis en avant par les chercheurs engagés sur ce terrain d’étude (projet en cours).

Quelques Publications :

Mathilde Larrère (coord.)

Félix Chartreux

Maud Chirio

Vincent Lemire

Eugénia Palierski

Révolutions – Quand les peuples font l’histoire

Belin

2013

Lecture conseillée pour le cours : Maurice Halbwachs.

Cliquez ICI

Site conseillé pour les cartes de Jérusalem :

Cliquez ICI

Dans le numéro 393 de de novembre 2013

1,5 million d’euros pour Jérusalem – par Daniel Bermond

Vincent Lemire, maître de conférences à l’université Paris-Est-Marne-la-Vallée et auteur d’une belle thèse sur la Jérusalem ottomane, vient de lancer une opération archivistique sans précédent, financée à hauteur de 1,5 million d’euros par l’Union européenne et étalée sur cinq ans, notamment sur les quatre siècles de la période ottomane et sur les trente ans du mandat britannique. Opening Jerusalem Archives vise à « décloisonner l’historiographie de Jérusalem qui, pour l’heure, est compartimentée linguistiquement et émiettée entre plusieurs fonds ». […]

Lundi 16 décembre 2013

Le couvent des cordeliers à Nantes : grandeur et décadence ?André Péron

Par André Péron

André Péron a enseigné la philosophie en lycée et est l’auteur d’ouvrages sur Nantes, dont :

Nantes et la Révolution, la mémoire des lieux, Ressac, Quimper, 1988.

Sur les ponts de Nantes, Ressac, Quimper, 1995.

Le passage Pommeraye, Ressac, Quimper, 1984; Coiffard, Nantes, 1996.

Après avoir subi au cours de son histoire amputations et destructions, le site de l’ancien couvent nantais des Cordeliers est, en 2011, l’enjeu d’une polémique : un programme immobilier a mis à mal les vestiges de ses chapelles « espagnoles » dont beaucoup de Nantais découvrent alors l’existence.

Pourtant, connaissances disponibles, périmètre du secteur sauvegardé et dispositifs institutionnels semblaient devoir en garantir la valorisation dans un ensemble au fort potentiel patrimonial. Faire retour sur ce dossier, c’est s’interroger sur le processus de patrimonialisation des traces : la démarche institutionnelle de désignation n’ayant pas porté ses fruits, un groupe de « onze experts » en appelle, par voie de presse, à une appropriation collective, usant ainsi des moyens mis en œuvre par les défenseurs des patrimoines non protégés.

Dans un contexte global d’élargissement continu de la notion de patrimoine, apparaît aussi un enjeu idéologique, dans la tension entre « bien commun » sommé de faire consensus et diversité des mémoires susceptibles d’entrer en conflit.

Sources bibliographiques :

-BRAULT (F), JEULIN (P) : Le couvent des Cordeliers de Nantes , Bulletin de la Société archéologique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure, t.65, 1925, p. 165-192

– DURVILLE (G) : Etude sur le vieux Nantes , Bulletin de la Société archéologique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure, t.41, 1900, p. 222-403

-LADIRE (D) : Nantes, 3-7 rue des Cordeliers. Fouille préventive, étude du bâti : chapelles du couvent des Cordeliers. Rapport final d’opération. Nantes, Service régional de l’archéologie des Pays-de-Loire, 2011, 2 vol.

-MARTIN (H) : Les ordres mendiants en Bretagne, C. Klincksieck, Paris 1975.

-MEUNIER (H) : Nantes; Quartier des Cordeliers. Etude documentaire , Nantes, Direction du patrimoine et de l’archéologie, 2012, 2 vol.

-LA NICOLLIERE-TEIJEIRO (S) : Essai historique sur l’église des Cordeliers de Nantes , Bulletin de la Société archéologique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure, t.16, p. 137-171.

-VESCHAMBRE (V) : Traces et mémoires urbaines, PUR 2008.

Lundi 9 décembre 2013Didier Guyvarc'h

Les cinquante otages, un patrimoine ?

Par Didier Guyvarc’h

Historien, a enseigné l’histoire contemporaine à Nantes, puis à Rennes. Il a été président de Nantes-Histoire pendant de nombreuses années. Il a consacré sa thèse à la construction de la mémoire de Nantes au 20ème siècle.

Ses travaux portent principalement sur l’histoire de la mémoire et des représentations de la Bretagne aux 20ème et 21ème siècles.

Le 22 octobre 1941, en représailles à l’exécution du Feldkommandant Karl Hotz deux jours auparavant, les Allemands fusillent 48 otages à Nantes, Châteaubriant, au Mont Valérien. Cette répression violente marque un tournant dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale sur le front occidental. Très vite, la mort des otages occupe une place importante dans les mémoires gaulliste et communiste.

Fait d’histoire, lieu de mémoire, les cinquante otages peuvent-ils être considérés comme un patrimoine, c’est-à-dire un pan du passé largement partagé qui fait sens au présent ?

Quelques publications :

Lundi 2 décembre 2013

La mémoire pour patrimoine : L’exemple du refuge cévenolPhilippe Joutard

Par Philippe Joutard

Ancien recteur et professeur d’histoire moderne, a enseigné à l’Université de Provence et à l’EHESS (Paris). Ses travaux, pour l’essentiel, portent sur l’étude des mémoires historiques, ce qui l’a conduit à être un des premiers en France à utiliser l’histoire orale.

Il a recueilli, en particulier, les traditions orales cévenoles sur la résistance protestante du XVIIIe siècle, puis les souvenirs de l’accueil des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a élargi sa réflexion aux diverses formes de mémoire historique, entre autres le roman national français, et s’est interrogé sur les rapports entre histoire et mémoires.

Il existe des régions où bien avant l’explosion mémorielle que nous vivons depuis quarante ans, la mémoire structure la culture et influence profondément les mentalités au point d’apparaître comme une forme de patrimoine immatériel.

Philippe Joutard montrera comment les Cévennes en sont un bel exemple : aujourd’hui encore le souvenir de la résistance protestante violente (les Camisards) et non violente pendant le 18e siècle face à l’interdiction de la religion réformée par Louis XIV, confirmée par son successeur, est encore bien vivant ; il est devenu même un patrimoine commun à tous les Cévenols, bien au-delà du seul groupe réformé.

Cette mémoire a rejoué de 1940 à 1944, non seulement dans l’existence des maquis mais dans l’accueil des Allemands antinazis et des juifs. Ce patrimoine mémoriel est aussi une des origines du véritable renouveau des Cévennes, depuis trente ans. En conclusion, le conférencier élargira son propos en évoquant rapidement d’autres exemples pour mieux comprendre les processus à l’œuvre.

Bibliographie sur le sujet

Philippe Joutard, La Légende des Camisards, une sensibilité au passé, Gallimard, 1977.

Patrick Cabanel, Histoire des Cévennes, P.U.F., 1997.

Philippe Joutard, Jacques Poujol, Patrick Cabanel (dir.) Les Cévennes, terre de refuge, 1940-1944, Club cévenol/Nouvelles presses du Languedoc, 6e ed. 2012 (1987).

Patrick Cabanel, Les Lieux de mémoire des Cévennes, Alcide 2011.

Philippe Joutard, Histoire et mémoires, conflits et alliance La Découverte 2013.

Parmi les publications de Philippe Joutard, on peut citer

Les Camisards, Gallimard, 1976,

La Légende des Camisards, une sensibilité au passé, Gallimard, 1977,

L’Invention du Mont Blanc, Gallimard 1986,

Les Camisards et leur mémoire 1702-2002 : colloque du Pont-de-Montvert des 25 et 26 juillet 202, avec Patrick Cabanel et collectif, Nouvelles Presses du Languedoc, 2005.

De la Francophilie en Amérique, ces Américains qui aiment la France (en collaboration avec Geneviève Joutard) Actes-Sud, 2006,

Histoire et mémoires, conflits et alliance La Découverte 2013.

Lundi 25 novembre 2013

Existe-t-il un patrimoine oral ?

Par Vincent Morel

Vincent Morel

Parallèlement à des études d’histoire à l’Université de Rennes 2, Vincent Morel se prend de passion au début des années 1990 pour la collecte du patrimoine oral (chants, musique, contes, légendes, témoignages…). Il découvre alors Dastum et le riche réseau d’associations bretonnes qui oeuvrent à la collecte, mais aussi à la transmission de ce patrimoine oral.

Tout en s’engageant pleinement dans ce travail de collecte et dans ce réseau associatif, il oriente ses études d’histoire vers des sujets qui font appel à la fois aux archives et aux enquêtes orales (mémoire de maîtrise sur les complaintes de faits divers en 1995, et mémoire de DEA sur les légendes de fondation de lieux de culte en 1998, tous les deux sous la direction d’Alain Croix).

En 1998, il devient permanent de l’association La Bouèze (collecte, animation, transmission, éditions sur le patrimoine oral du nord de la Haute-Bretagne), puis en 2006, il devient conservateur du patrimoine oral à Dastum, en charge du réseau Haute-Bretagne.

« Existe-t-il un patrimoine oral ? »

Pourquoi cette question peut-elle se poser ? Sans aucun doute à cause de l’aspect immatériel de son contenu. Pourtant, on parle bien ici de productions culturelles humaines, collectives, largement partagées, et qui se transmettent sur des périodes parfois très longues. L’expression recouvre de nombreux domaines (chants, musique, contes, légendes, dictons, expressions…), qui portent des spécificités marquées : caractère immatériel, variabilité, multiplicité des formes…

Plus peut-être encore que pour d’autres patrimoines, on peut ici se poser la question de l’existence et de la construction d’un patrimoine. La chanson ou le conte, en effet, n’existe à proprement parler qu’au moment de son expression, de façon très éphémère, et reste dans l’oralité. Toute démarche d’inventaire nécessite donc un travail d’enquête, de collecte, qui vise d’abord à identifier les porteurs de patrimoine oral, ensuite à les amener à exprimer ce patrimoine devant eux, pour enfin le fixer sur un support durable (notes, enregistrement sonore, vidéo…). Le profil, la personnalité, les centres d’intérêts et les intentions de l’enquêteur déterminent largement le contenu de la collecte. L’histoire de la collecte en Bretagne est à cet égard d’une richesse peu commune, notamment dans le dernier tiers du 20ème siècle. Elle est notamment marquée par l’intense activité de nombreux passionnés, chanteurs et musiciens, mus par le désir de pratiquer eux-mêmes et de transmettre le patrimoine qu’ils collectent.

Ce mouvement important amène la création en 1972 de l’association Dastum et la constitution des « archives du patrimoine oral de Bretagne » qui joueront un grand rôle dans la vitalité du renouveau, dans la mutation des pratiques vivantes de ce patrimoine oral. Aujourd’hui, l’existence de ce patrimoine oral bénéficie d’une nouvelle reconnaissance de l’Etat par l’intermédiaire de la convention de l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. En signant cette convention en 2006, l’Etat français s’est engagé à mettre en œuvre une politique d’inventaire de ce « PCI ».

Médiathèque Datsum

Lundi 18 novembre 2013

L’île de Nantes, entre patrimoine industriel et création d’un patMarie-Hélène Jouzeaurimoine.

Par Marie-Hélène Jouzeau

Conservatrice en chef du patrimoine, Directrice du patrimoine et de l’archéologie de la Ville de Nantes depuis 2008. Marie-Hélène Jouzeau a été de 1990 à 2008 directrice du château des ducs de Bretagne lors de sa métamorphose en musée d’histoire de Nantes.

Héritière de l’archipel de la Loire nantaise, l’Ile de Nantes est aujourd’hui un territoire de 337 hectares qui connait une double dynamique de reconversion et de mutation urbaine. Longtemps territoire industriel, elle était livrée à l’abandon après la fermeture des usines et chantiers navals en 1987.

Face à la désindustrialisation de la ville, ce territoire est à l’articulation de l’accès au statut de patrimoine industriel et portuaire et de l’élaboration d’une politique de la ville qui s’appuie sur cet héritage pour conduire une véritable régénération de son tissu urbain.

Pour donner une seconde vie à des sites riches d’une histoire qui forge une des composantes majeures de l’identité nantaise, la ville s’est engagée dans la mise en oeuvre d’un vaste chantier dont les effets vont se poursuivre jusqu’à l’horizon 2030.

Entre reconnaissance progressive d’un patrimoine à part entière et création d’un patrimoine habité par de nouveaux usages, l’insertion du patrimoine industriel dans l’identité nantaise a donné lieu à une profonde transformation du paysage urbain, mais aussi des pratiques de loisirs et de culture, où préservation et réinvention sont étroitement imbriquées.

Lundi 21 octobre 2013Florent Quellier

Le jardin potager, un patrimoine mésestimé.

Par Florent Quellier

Titulaire de la chaire CNRS histoire de l’alimentation des mondes modernes, Florent Quellier est maître de conférences en histoire moderne à l’université François-Rabelais, Tours. Il consacre ses recherches à l’histoire des cultures alimentaires européennes des XVIe – XVIIIe siècles et à l’histoire des jardins potagers-fruitiers.

Il a dernièrement publié La Table des Français, une histoire culturelle, XVe – début XIXe siècle, 2007, rééditée en 2013, et, aux éditions Armand Colin, Gourmandise, histoire d’un péché capital, 2010, livre traduit en cinq langues et lauréat du prix Jean Trémolières 2010, et Histoire du jardin potager (2012). Florent Quellier est également directeur de la collection « Tables des Hommes », co-éditée par les Presses Universitaires de Rennes et les Presses Universitaires François Rabelais, et membre du comité de rédaction de la revue européenne Food & History et du conseil d’administration de l’Institut Européen d’Histoire et des Cultures de l’Alimentation (IEHCA).

Bibliographie conseillée :
Béatrice Cabedoce et Philippe Pierson, Cent ans d’histoire des jardins ouvriers, 1896-1996. La ligue française du coin de terre et du foyer, Paris, Creaphis, 1996.
Françoise Dubost, Les jardins ordinaires, Paris, L’Harmattan, 1997, rééd. 2010.
Florent Quellier, Histoire du jardin potager, Paris, Armand Colin, 2010.
Florence Weber, L’honneur des jardiniers. Les potagers dans la France du XXe siècle, Paris, Belin, 1998.

La table des Français. Une histoire culturelle (15e – début 19e siècle), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2007, réédition revue et augmentée 2013.

Gourmandise, Histoire d’un péché capital, Paris, Armand Colin, 2010, 224 p. (édition avec illustrations) Réédition en format poche : Gourmandise, Histoire d’un péché capital, Paris, Armand Colin, 2013.

Histoire du jardin potager, Paris, Armand Colin, 2012.

Lundi 14 octobre 2013

Les Bretons et leurs costumes

Par Jean-Pierre Lethuillier

Maître de conférences en Histoire moderne, université Rennes 2.

Aujourd’hui considérés comme des objets qui disent une identité, au-delà de leur caractère esthétique, faisant l’objet d’études et de publications, présentés dans les musées, les costumes portés au XIXe et dans la première moitié du XXe siècle, ont trouvé une place dans le patrimoine collectif des Bretons.

Cette relative unanimité est récente. Longtemps, au contraire, ils ont fait l’objet de discours divers, contradictoires : excitant la curiosité ou le mépris par leur étrangeté ; évoquant un passé mythique ; ou supports d’utilisations commerciales ou politiques, qui n’étaient pas toutes régionalistes. Pour ceux qui les ont portés, leur usage banal, quotidien ou limité aux jours de fête, empêchait d’en concevoir un quelconque intérêt patrimonial, même s’il n’était plus possible au tournant du XXe siècle d’en ignorer les utilisations extérieures, de la carte postale aux chansons de Théodore Botrel. Lorsqu’ils disparaissent devant la confection industrielle, et avant d’être célébrés comme ils le sont aujourd’hui, ces costumes ont parfois été objets de honte, cachés dans des armoires ou même jetés au feu.

C’est une histoire complexe que cette conférence tentera de rappeler, soulignant que l’entrée dans un patrimoine ne se décrète pas, qu’elle porte avec elle des valeurs complexes et le danger constant des tentatives de récupération. En ce sens, l’appartenance des costumes bretons à notre patrimoine n’est pas un legs de l’histoire mais une réalité culturelle construite chaque jour.

A dirigé :

Des Habits et nous. Vêtir nos identités, catalogue de l’exposition des Champs Libres, Rennes, 2007, Presses universitaires de Rennes, 2007.

Les Costume régionaux entre mémoire et histoire, Presses universitaires de Rennes, 2009.

Bibliographie sur le sujet :

René-Yves Creston, Le Costume breton, Tchou, 1974.

Denise Delouche, Les Peintres et le paysan breton, Ursa, Le Chasse-Marée, 1988.

Yann Guesdon, Costumes de Bretagne, Palantines, 2009, 2011.

Ils ont des chapeaux ronds. Vêtements et costumes en basse Bretagne, catalogue de l’exposition du Musée départemental breton, Quimper, 1989, Musée départemental breton, Centre de Recherche Bretonne et Celtique.

Micheriou koz n°6, 2004, « Les brodeurs et les brodeuses du pays Bigouden ».

Lundi 7 octobre 2013

Les enjeux du patrimoine aujourd’huiAlain Croix

par Alain Croix

Professeur émérite à l’université Rennes 2/ Haute-Bretagne / Skol Uhel ar Vro.

Historien, co-fondateur et ancien président de Nantes-Histoire, Alain Croix a notamment co-dirigé, avec Jean-Yves Veillard, le Dictionnaire du patrimoine breton (2000, réédition 2013) et le Dictionnaire du patrimoine rennais (2004). Il vient de co-diriger le Dictionnaire de Nantes, publié en octobre 2013.

Qu’est-ce que le patrimoine ? Une affaire de spécialistes ? Tout et n’importe quoi ? Une dépense ruineuse ? Un trésor culturel et un atout touristique ? Et à quoi le patrimoine sert-il ? S’agit-il là, en outre, de questions d’histoire citoyenne ? C’est à ces questions notamment que s’efforce de répondre ce cours introductif, en s’appuyant notamment – mais pas seulement – sur des exemples nantais.

Au terme du propos, il n’est pas exclu que ressorte une idée toute simple : le patrimoine, notion totalement inconnue voici un peu plus de deux siècles, est devenu aujourd’hui un enjeu pour tous les citoyens, à toutes les échelles, du quartier à la planète, l’objet d’arbitrages politiques, de conflits… Une question donc dont chacune, chacun doit s’emparer.

Quelques titres récents :

– Histoire culturelle de la France, tome 2, De la Renaissance à l’aube des Lumières (en collaboration avec Jean Quéniart), Editions du Seuil, collection Point-Histoire, 2005.

– Nantais venus d’ailleurs. Histoire des étrangers à Nantes des origines à nos jours (en collaboration avec un atelier de l’association Nantes-Histoire), Presses Universitaires de Rennes/Nantes-Histoire, 2007.

– Dictionnaire d’histoire de Bretagne (co-direction), Skol Vreizh, 2008.

– La Bretagne, entre histoire et identité, collection Découvertes Gallimard, 2e édition 2009.

– La Bretagne des photographes. Histoire de la construction d’une image (en collaboration avec Didier Guyvarc’h et Marc Rapilliard), Presses universitaires de Rennes, 2011.

– Dictionnaire du patrimoine breton (co-direction avec Jean-Yves Veillard), réédition Presses Universitaires de Rennes, 2013.

– Dictionnaire de Nantes (co-direction avec Dominique Amouroux, Thierry Guidet, Didier Guyvarc’h), Presses Universitaires de Rennes, 2013.

Dictionnaire de Nantes co-direction avec Dominique Amouroux, Thierry Guidet, Didier Guyvarc’h
Presses Universitaires de Rennes, 2013.

Cours public 2012/2013

Histoire des conquètes sociales et démocratiques

S’associer, voter, aller à l’école, pouvoir protéger sa santé, s’exprimer librement, travailler même, ou choisir sa manière de vivre en couple… : tout cela ne va pas de soi. Pour conquérir ces droits, il a fallu, et il faut parfois encore lutter, dans les formes les plus diverses, en France et bien entendu aussi dans le monde entier. Des droits jamais acquis pour toujours, comme le rappelle, par exemple, l’histoire de l’Allemagne entre les deux guerres.

Nantes-Histoire propose l’histoire de ces conquêtes démocratiques, l’histoire aussi de quelques moments forts à cet égard, Front populaire, Libération… L’histoire de quelques cas particulièrement sensibles, comme celui des Noirs aux Amériques. La mémoire aussi : que reste-t-il, ainsi, de la Révolution française ?

Cela, grâce à des historiens toujours éminents, toujours bénévoles, et donc toujours aussi désireux de partager leur savoir avec le public, et d’en débattre avec lui.

Débat de clôture du cycle, 18 février 2013,

Que reste-t-il de la Révolution ?

C’est un débat qui conclut le cours public de Nantes-Histoire cette année.

A plusieurs reprises, des conférenciers ont mis l’accent sur les références à la Révolution française lors de grands moments de conquêtes sociales ou démocratiques, lors du Front populaire notamment. Il s’agit cette fois de faire le point sur le présent, et cela à partir d’exemples concrets. Mesurer ce qui nous reste des inventions d’il y a deux siècles, aussi bien en termes matériels (par exemple, le vote, les partis politiques, certains droits sociaux…) qu’en termes de comportements (par exemple, la légitimité du refus, de la revendication) et en termes de valeurs. En termes de mémoire aussi, une question particulièrement présente dans l’Ouest.

Animé par Alain Croix, le débat réunit Michel Biard, universitaire spécialiste de la Révolution française, René Bourrigaud, juriste de formation qui a longuement travaillé sur les campagnes de l’Ouest, et Samuel Guicheteau, auteur d’une thèse remarquée sur les ouvriers nantais au moment de la Révolution.

Michel Biard René Bourrigaud Samuel Guicheteau

Michel Biard

René Bourrigaud

Samuel Guicheteau

Pas de bibliographie proposée pour ce débat, tant elle défie l’énumération, et aussi parce qu’il s’agit, non pas de traiter de la Révolution elle-même, mais de sa marque éventuelle sur notre vie d’aujourd’hui.

11 février 2013Stéphane Sirot

La conquête du droit de grève

Par Stéphane Sirot

Historien, spécialiste des mouvements sociaux et du syndicalisme. Professeur d’histoire politique et sociale du XXe siècle à l’Institut de Préparation à l’Administration Générale de l’Université de Cergy-Pontoise. Maître de conférences à l’IEP de Paris.

Comme la plupart des droits sociaux, celui de cesser le travail est une conquête.

De François Ier jusqu’au Ier empire, l’acte de suspension de la production s’est d’abord trouvé confronté à un arsenal juridique sans cesse plus coercitif. Puis le Second Empire finissant a dépénalisé la grève, avant que la Constitution de la IVe République ne l’érige en droit constitutionnel.

Ce processus historique d’institutionnalisation de la grève n’a pourtant rien d’irréversible. Au contraire, en ce début de XXIe siècle, le conflit ouvert paraît plus difficilement admis par nos sociétés et se trouve confronté à des initiatives qui cherchent à la contraindre.

Bibliographie sur la grève

ADAM (Gérard),

Histoire des grèves,

Paris, Bordas, 1981.

BEROUD (Sophie),

DENIS (Jean-Michel),

DESAGE (Guillaume),

GIRAUD (Baptiste),

PELISSE (Jérôme),

La lutte continue ? Les conflits du travail dans la France contemporaine,

Editions du Croquant, 2008.

CAIRE (Guy),

La grève ouvrière,

Paris, Editions ouvrières, 1978.

FRIDENSON (Patrick),

“ Le conflit social ”,

dans BURGUIERE (André), REVEL (Jacques) (dir.)

, Histoire de la France,

Paris, Le Seuil, L’État et les conflits, 1990, p. 355-453.

GROUX (Guy),

Le conflit en mouvement,

Paris, Hachette, 1996.

GROUX (Guy)

et PERNOT (Jean-Marie)

, La grève,

Paris, Presses de Sciences Po, 2008.

SINAY (Hélène),

« Grève« ,

Encyclopaedia Universalis, Paris,

Encyclopaedia Universalis, 1995, p. 940-947.

SIROT (Stéphane),

La grève en France. Une histoire sociale (XIXe-XXe siècle),

Paris, Odile Jacob, 2002.

SIROT (Stéphane) (dir.),

L’Europe en grève. Temps, espaces, règles et représentations d’une action ouvrière, dossier de Histoire et sociétés

Revue européenne d’histoire sociale, n° 10, avril-juin 2004.

Bibliographie Stéphane Sirot

Maurice Thorez,

Paris, Presses de Sciences Po, 2000.

La grève en France. Une histoire sociale (XIXe-XXe siècle),

Paris Odile Jacob, 2002.

Les syndicats sont-ils conservateurs ?,

Paris, Larousse, 2008.

Le syndicalisme, la politique et la grève. France et Europe (XIXe-XXIe siècles),

Nancy, Arbre bleu éditions, 2011.

28 janvier 2013Jean Vigreux

Le Front populaire

par Jean Vigreux

Professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne. Après avoir soutenu sa thèse d’histoire sous la direction de Serge Berstein à l’IEP de Paris, sur Waldeck Rochet, il a travaillé sur l’histoire du communisme rural et plus largement sur les gauches en Europe. D’autre part, il s’intéresse également à l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.

Cette séance consacrée au Front populaire en France (même si l’on évoquera les enjeux internationaux) proposera d’étudier ce moment particulier de l’histoire nationale.

Événement mythique, inscrit au Panthéon des gauches, le Front populaire (1934-1938) a laissé des traces profondes dans la société française (clivages forts au cours des années 1930, mais également avec des mémoires plurielles où pro et anti-Front populaire s’affrontent). Ces quatre années, tiraillées entre espoir et désenchantement, présentent une densité rare : à la séquence politique incarnée par la figure de Léon Blum et la lutte antifasciste s’ajoute un mouvement social d’une ampleur remarquable, mais aussi un foisonnement culturel sans précédent.

Le Front populaire s’inscrit aussi dans différents territoires tout en cumulant trois dynamiques (sociale, politique et culturelle), allant du village à l’usine, de la Province à la Nation, mais aussi de la France à Moscou en passant par l’Espagne et la Grande-Bretagne. Il sera également utile de présenter ce moment comme celui d’une nouvelle entrée du peuple en politique et de s’interroger sur ses héritages, sa portée…

Bibliographie du cours :

Morin Gilles et Richard Gilles (dir.), Les deux France du front populaire, Paris, L’Harmattan, 2008 [cet excellent ouvrage comporte une bibliographie à laquelle je renvoie le lecteur].

« 1936-2006 : Recherches sur le Front populaire », Recherche socialiste, n°35, 2006, p. 3-109.

Becker Jean-Jacques et Candar Gilles, Histoire des gauches en France, Paris, La Découverte, 2004 (2 volumes).

Berstein Serge, Léon Blum, Paris, Fayard, 2006.

Bodin Louis et Touchard Jean, Front populaire 1936, Paris, Colin, 1972.

Bouvier Jean (dir.), La France en mouvement : 1934-1938, Seyssel, Champ Vallon, 1986.

Brunet Jean-Paul, Histoire du Front populaire : 1934-1938, Paris, puf, « Que sais-je ? », 1991.

Denoyelle Françoise, Cuel François et Vibert-Guigue Jean-Louis, Le front populaire des photographes, Paris, Éditions Terre bleue, 2006.

Dupeux Georges, Le front populaire et les élections de 1936, Paris, A. Colin. 1959.

Girault Jacques, 1936. Au-devant du bonheur Les Français et le Front populaire, cide, 2006.

Hobsbawm Eric J., L’Âge des extrêmes. Le court Vingtième Siècle-1914-1991, Bruxelles, Complexe, 1999.

Hohl Thierry, À gauche ! La gauche socialiste, 1921-1947, Dijon, eud, 2004.

Horn Gerd-Rainer, European Socialists Respond to Fascism: Ideology, Activism and Contingency in the 1930, New York, Oxford University Press, 1996.

Jackson Julian, The Popular Front in France: Defending Democracy, 1934-38, Cambridge New-York, Cambridge University Press, 1988.

Kergoat Jacques, La France du Front populaire, Paris, La Découverte, 1986.

Kolboom Ingo, La revanche des patrons : le patronat face au Front populaire, Paris, Flammarion, 1986.

Lazar Marc, Le Communisme, une passion française, Paris, Perrin, 2002.

Lefranc Georges, Le Front populaire, Paris, puf, « Que sais-je ? », 1965

Léon Blum chef de gouvernement : 1936-1937, Paris, Colin, 1967 (Actes du colloque fnsp).

Monier Frédéric, Le Front populaire, Paris, La Découverte, 2002.

Noiriel Gérard, Les ouvriers dans la société française, xix-xx siècle, Paris, Le Seuil, 1986.

Ory Pascal, La belle illusion : culture et politique sous le signe du Front populaire, 1935-1938, Paris, Plon, 1994.

Prost Antoine, Autour du Front populaire : aspects du mouvement social au xx siècle, Paris, Le Seuil, 2006.

Rousselier Nicolas, Le parlement de l’éloquence : la souveraineté de la délibération au lendemain de la Grande Guerre, Paris, Presses de Sciences Po, 1997

Skoutelsky Rémi, L’espoir guidait leur pas. Les volontaires français dans les brigades Internationales, Paris, Grasset, 1998.

Tartakowsky Danielle, Le Front populaire : la vie est à nous, Paris, Gallimard, 1996.

Vergnon Gilles, L’antifascisme en France de Mussolini à Le Pen, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009.

Vigna Xavier, Vigreux Jean, et Wolikow Serge (dir.), Le pain, la paix, la liberté : Expériences et territoires du Front Populaire, Paris, La Dispute-Éditions sociales, 2006.

Vigna Xavier, Histoire des ouvriers en France au XX siècle, Paris, Perrin, 2012.

Wolikow Serge, Le Front populaire en France, Bruxelles, Complexe, 1996.

Bibliographie personnelle :

Waldeck Rochet, une biographie politique,

Paris, La Dispute, 2000,

377 p. (préface de Serge Berstein).

Le Front populaire,

Paris, PUF, 2011,

128 p. (collection QSJ ?)

Le Clos du maréchal Pétain,

Paris, PUF, 2012, 162 p.

« La faucille après le marteau ». Le communisme aux champs dans l’entre-deux-guerres,
Besançon, PUFC, 2012, 360 p.

Co-direction :

avec Serge Wolikow (dir.),

Les cultures communistes du XXe siècle. Entre guerre et modernité,

Paris, La Dispute, 2003

avec Thomas Bouchet, Mathew Legget Geneviève Verdo (dir.), L’insulte en politique,

Dijon,EUD, 2005.

avec Xavier Vigna et Serge Wolikow (dir.)

Le pain, la paix, la liberté : Expériences et territoires du Front Populaire,

Paris, La Dispute-Editions sociales, 2006.

avec Xavier Vigna (dir.),

Mai-juin 1968. Huit semaines qui ébranlèrent la France,

Dijon, EUD, 2010, 306 p.

21 janvier 2013

La liberté d’association

Michel PigenetMichel Pigenet

Michel Pigenet est directeur du Centre d’Histoire sociale du XXe siècle (UMR CNRS 8058).

Professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, il a tour à tour enseigné, auparavant, en lycée, puis aux université de Grenoble 3 et de Rouen. Agrégé de géographie, il a soutenu, en 1987, sa thèse d’Etat qui, publiée en 1990, portait sur la formation d’une classe ouvrière régionale où, à la croisée de l’histoire économique, sociale et politique, il soulignait l’importance du travail comme activité et rapport social, approche développée ultérieurement dans ses recherches sur les travailleurs en marge du droit commun salarial (dockers, opérateurs des centres d’appel, etc.).

14 Janvier 2013Pap Ndiaye

L’émancipation des Noirs dans les Amériques

par Pap Ndiaye

Pap Ndiaye, professeur d’histoire à Sciences Po Paris. Ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, agrégé d’histoire, titulaire d’un doctorat de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), membre du Centre d’études nord-américaines et du comité de rédaction de la revue L’Histoire, il est spécialiste des États-Unis.

7 janvier 2013 –

La conquète de l’indépendance nationale est-elle toujours légitime ?Alain Croix

par Alain Croix

Historien, co-fondateur de Nantes-Histoire, Alain Croix a publié divers ouvrages, notamment dans le domaine de l’histoire culturelle et sur la Bretagne.

La question posée en titre n’est évidemment qu’un prétexte. Il s’agit de montrer que la question de l’indépendance nationale recouvre des réalités extrêmement différentes selon les contextes, d’autant qu’elle s’est posée ou se pose dans quasiment tous les pays du monde. Elle renvoie à des notions aujourd’hui aussi essentielles que souvent confuses, voire ambiguës : par exemple, la question de la nation et du nationalisme, ou celle de la colonisation et de la décolonisation. Au final, il s’agit de peser les difficultés et les éventuelles limites du «vivre ensemble»…

«La bibliographie sur la question posée est, littéralement, infinie. Le but du cours est justement d’aider les auditeurs à dégager des grilles de lecture utiles ensuite pour telle ou telle lecture de leur choix.»

Dernière publication : La Bretagne des photographes : La construction d’une image de 1841 à nos jours, en collaboration avec Didier Guyvarc’h et Marc Rapillard. Presses Universitaires de Rennes, Avril 2012.

17 décembre 2012 –Serge Slama

Les droits des immigrés

par Serge Slama

Le droit des étrangers depuis la IIème République : l’éternel recommencement ?

On présente souvent le droit des étrangers comme un droit en perpétuelle évolution. Il est vrai que depuis l’émergence d’un statut des étrangers dans la seconde moitié du XIXème siècle les réformes ont été nombreuses et se sont accélérées (1888, 1893, 1912, 1917, 1921, 1932, 1938, 1939, 1940, 1945, 1980 puis une réforme tous les deux ans depuis 1981). Le statut des étrangers change donc constamment et s’est politisé.

Autrefois la majeure partie de ce droit était constituée par des circulaires ou instructions internes, désormais il est consolidé dans un Code – le Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA). Au niveau européen, une législation abondante a aussi vu le jour depuis une vingtaine d’années.

Mais au-delà de ces évolutions permanentes du droit des étrangers, on constate une grande constance des principes qui sous-tendent le statut des étrangers. Depuis plus d’un siècle et demi le droit des étrangers est en effet caractérisé par de remarquables permanences.

Nous avons retenu ici quelques thèmes qui ont une résonance dans les politiques menées ces dernières années : la protection du travail national (I), la dialectique du « bon » et du « mauvais » immigré (II), la gestion « concertée » avec les pays d’origine de l’immigration (III) et enfin le renforcement permanent des dispositifs de contrôle des étrangers (IV).

bibliographie (sommaire) concernant le cours.

FARCY Jean-Claude , Les camps de concentration français de la première guerre mondiale (1914-1920), Anthropos-Economica, 1995.

LAURENS Sylvain , Une politisation feutrée: les hauts fonctionnaires et l’immigration en France, 1962-1981, Belin, 2009.

LOCHAK Danièle, Etrangers : de quel droit ?, PUF, 1985.

LOCHAK Danièle, « Le tri des étrangers : un discours récurrent », Plein droit n°69, juil. 2006.

MATHIEZ Albert, La Révolution et les étrangers : cosmopolitisme et défense nationale, La Renaissance du livre, 1919.

MAUCO Georges, Les étrangers en France. Leur rôle dans l’activité économique, Armand Colin, 1932.

NOIRIEL Gérard, Le Creuset français: Histoire de l’immigration, XIXe-XXe siècles, Editions du Seuil, 1988.

NOIRIEL Gérard, Les origines républicaines de Vichy, Hachette Littérature, 1999.

NOIRIEL Gérard, Etat, nation et immigration: vers une histoire du pouvoir, Belin, 2001.

NOIRIEL Gérard, Immigration, antisémitisme et racisme en France (XIXè-XXè siècle). Discours publics, humiliations privées, Fayard, 2007.

PIAZZA Pierre, Histoire de la carte nationale d’identité, Odile Jacob, 2004.

PONTY Janine, L’immigration dans les textes. France 1789-2002, Belin sup, 2002.

RYGIEL Philippe (dir), Le bon grain et l’ivraie. L’Etat-nation et les populations immigrées (fin XIXè-début XXè), Presses ENS, 2004.

SPIRE Alexis, Etrangers à la carte. L’administration de l’immigration en France (1945-1975), Grasset, 2005.

WEIL Patrick, La France et ses étrangers. L’aventure d’une politique de l’immigration de 1938 à nos jours, Folio/Gallimard, 1995.

WEIL Patrick, Qu’est-ce qu’un Français ? Histoire de la nationalité française depuis la Révolution, Grasset 2002.

Bibliographie :

Le privilège du national. Etude historique de la condition civique des étrangers en France, thèse Paris X-Nanterre, sous la dir. de Danièle Lochak, 2003.

« Les politiques d’immigration depuis 1974. Vies et morts d’une ordonnance », Regards sur l’actualité, n°326, déc. 2006.

« Les discriminations selon l’origine », Problèmes politiques et sociaux n°966, La Documentation française, novembre 2009.

« Un chemin de l’identité. Le tri des étrangers pas l’assignation à une identité », Savoir/agir, n° 2, déc. 2007, p.39

« Politique d’immigration : un laboratoire de la frénésie sécuritaire » in L. MUCCHIELLI (dir), La frénésie sécuritaire. Retour à l’ordre et nouveau contrôle social, La Découverte, coll « sur le vif », 2008, p.65.

« L’unité du droit des étrangers depuis la IIè République ou l’éternel recommencement ? », in E. SAULNIER-CASSIA et V. TCHEN, Unité du droit des étrangers et égalité de traitement. Variations autour d’une police administrative, Dalloz, 2009, pp. 7-24.

« La race des porteurs de cocardes » in O. LE COUR GRANDMAISON, Douce France, Le Seuil/Resf, 2009, pp. 177-209.

« Droits et libertés fondamentaux des étrangers (notice 22) », in T-S RENOUX, Protection des libertés et droits fondamentaux, Les notices, La Documentation française, 2ème éd. 2012.

« Nationalité » in S. LAACHER, Dictionnaire de l’immigration, Larousse, 2012.

10 décembre 2012 –

La liberté de la presse entre pouvoir politique et pouvoir économiqueJean Guiffan

par Jean Guiffan

La liberté de la presse vis-à-vis du pouvoir politique n’a été obtenue, après un long combat, qu’en juillet 1881. Mais, comme toute entreprise en système capitaliste, la presse ne peut échapper aux lois de l’économie libérale.

Aussi, en raison de sa grande influence sur l’opinion publique, les puissances d’argent s’intéressent-elles de plus en plus à ce que Balzac appelait «le quatrième pouvoir».

Lecture conseillée :

Patrick Eveno,

Histoire de la presse française,

Flammarion 2012.

Jean-Noël Jeanneney,

Une histoire des médias,

Points, 2011.

Jean-Yves Mollier,

Édition, presse et pouvoir en France au XXe siècle,

Divers Histoire, 2008.

Bibliographie de Jean Guiffan :

La Bretagne et l’Affaire Dreyfus,

Rennes, Terre de Brume, 1999

Histoire de l’anglophobie en France,

Rennes, Terre de Brume, 2004

La Question d’Irlande,

Bruxelles, Complexe, 2006

Le dernier prêtre-proviseur (1890-1898) :

“Le péché de Nantes” ,

Le Petit Véhicule, 2007

Nantes – Le Lycée Clemenceau, 200 ans d’histoire,

Coiffard, 2008

Idées reçues sur l’Irlande

(avec Erick Falc’her-Poyroux),

Paris, Le Cavalier Bleu, 2009

Les parachutages politiques en Bretagne (1870-2012),

Terre de Brume, 2012

3 décembre 2012 – La libérationLuc Douillard

par Luc Douillard

Nous voici devant une période brève, au sortir de la barbarie nazie, qui a vu la plus importante mise en oeuvre de réformes sociales et démocratiques de toute l’histoire nationale, des « réformes de structures » qui sont encore aujourd’hui, même partiellement remises en cause, à la base du pacte social français.

Et pourtant, cette période a laissé moins de traces sensibles dans la mémoire « progressiste » que des dates ressenties peut-être comme plus glorieusement identitaires ou plus investies d’émotion : 1789, 1830, 1848, La Commune de Paris et plus près de nous 1936 et 1968…

En effet, les conquêtes de la Libération ne sont plus tellement vécues comme des conquêtes, souvent payées au prix du sang, et tout au moins du courage politique. Elles semblent si évidentes qu’on oublie les problèmes qu’elles ont voulu résoudre. Et, comme l’avait prévu Tocqueville, « les grandes révolutions qui réussissent, faisant disparaître les causes qui les avait produites, deviennent ainsi incompréhensibles par leurs succès mêmes. ».

Mais la Libération fut-elle une « révolution » comme l’affirmait la devise du journal Combat « De la résistance à la révolution » ? Révolution réussie ou révolution trahie ? Cette période cruciale, tellement exotique et étrangère à nos conceptions dominantes aujourd’hui, est-elle donc devenue « incompréhensible » ?

Comprendre, c’est donc l’objet de ce cours. Nous allons d’abord cerner comment la Libération est difficile à appréhender (par la cause d’un évident déficit historiographique, par ses difficultés de délimitation dans la chronologie et l’espace, par ses enjeux idéologiques contemporains, etc). Il nous sera impossible de dresser une synthèse de cette période et encore moins un bilan, c’est la raison pour laquelle nous nous permettrons de raisonner un peu comme des initiateurs d’un champ de recherche en histoire contemporaine, inventant en cours de route nos problématiques et proposant nos hypothèses de travail.

Nous évoquerons un bref tableau des ressources matérielles d’une France ruinée et de ses ressources humaines et politiques en 1944-1945. Nous présenterons le programme du Conseil national de la Résistance, en détaillant sa gestation dans la clandestinité, et en expliquant sa triple spécificité dans l’histoire française des « programmes » politiques : unanimité, radicalité, applicabilité. Nous évoquerons les grandes étapes de la mise en œuvre des réformes de la Libération, depuis le temps des « idées du CNR au pouvoir », puis de leur déclin relatif. Et pour mieux comprendre, nous nous appuierons le plus souvent possible sur les témoignages vécus des acteurs et témoins de cette époque passionnante, si proche et si lointaine à la fois.

Ci-après une bibliographie sous forme de couvertures de livre.

On notera que la plupart des ouvrages sont indisponibles, même en occasion, y compris les plus précieux et suggestifs, comme ceux de Claire Andrieu et de Grégoire Madjarian.

26 novembre 2012 – La formation du couplePhilippe Daumas

par Philippe Daumas

Docteur en Histoire moderne, membre de la Société des Études Robespierristes, membre du Comité de rédaction des « Cahiers d’histoire – Revue d’histoire critique »

L’histoire du couple s’inscrit dans deux registres bien distincts mais étroitement liés, ceux de la vie privée et de la vie publique. Cadre de la vie intime, où s’expriment sentiments, aspirations personnelles et choix individuels, il est aussi la cellule de base d’une société qui lui impose règles, contraintes et interdits. Depuis le Moyen-Âge, où le christianisme entend imposer sa vision du monde et encadrer strictement la vie sociale comme la vie intime, jusqu’à notre époque où tous les fondements de ce système semblent remis en cause, l’histoire du couple témoigne de rapports complexes, contradictoires et souvent conflictuels entre liberté individuelle et contraintes collectives.

Dans une société qui se transforme profondément au cours des siècles, le couple se perpétue au prix d’une adaptation constante de sa réalité vécue comme de ses représentations.

Soumis aux effets des changements démographiques, économiques et politiques, il réalise aussi les aspirations des grands courants de pensée de ces derniers siècles : Humanisme, Lumières, libéralisme, révolutions, féminisme. Mais à toutes les époques et jusqu’à nos jours, l’écart est souvent considérable entre les idées, les lois et la réalité vécue, notamment du fait des inégalités sociales et culturelles.

L’affirmation d’une conception du couple fondée sur l’expression des sentiments, la liberté individuelle, la relation égalitaire et l’harmonie conjugale, semble s’être imposée au fil des siècles. Mais s’il est possible de la considérer comme une conquête sociale, celle-ci paraît aujourd’hui encore loin d’être achevée.

Lectures conseillées :

Agnès WALCH,

Histoire du couple en France, de la Renaissance à nos jours,

Rennes, Ouest-France, 2003.

André BURGUIÈRE, Christiane KLAPISCH-ZUBER,

Martine SEGALEN, Françoise ZONABEND,

Histoire de la famille, T. 3 : Le choc des modernités,

Paris, Armand Colin, 1986, rééd. Livre de Poche, 1994.

L’Histoire (collectif), Amour et sexualité, Paris, Hachette, coll « Pluriel », 2012.

Geneviève DERMENJIAN, Irène JAMI,

Annie ROUQUIER, Françoise THÉBAUD,

La place des femmes dans l’histoire, une histoire mixte,

Paris, Belin, 2010.

Ouvrages publiés :

Familles en Révolution. Vie et relations familiales en Île-de-France, changements et continuités (1775-1825),

Rennes, PUR, 2003, 337 p.

Principaux articles :

« Familles et mentalités en Île-de-France (1775-1825) : une révolution différée ? », dans « La culture paysanne (1750-1830) », Actes du colloque de Rennes (24-26 mai 1993), Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, T. 100, n° 4, 1993, p. 411-423

« Prénoms et Révolution (1775-1825), propositions pour une nouvelle approche méthodologique », dans Revue d’histoire moderne et contemporaine, 44-1, janvier-mars 1997, p. 109-132

« Les prénoms et l’image des filles, recherches sur les prénoms féminins en Île-de-France autour de la période révolutionnaire », dans Annales historiques de la Révolution française, 2000-n° 4, p. 111-132

« Nantes-Histoire, réflexions sur une expérience d’histoire citoyenne » (entretien avec Alain Croix), dans Cahiers d’histoire – Revue d’histoire critique, n° 114, janvier-mars 2011, p. 119-132

19 novembre 2012 – La sécurité sociale

René Bourrigaud

par René Bourrigaud

Maître de conférences honoraire de l’Université de Nantes, membre associé du laboratoire Droit et Changement social (UMR 6297)

Né en 1946 de parents agriculteurs, Ingénieur en agriculture de formation, René Bourrigaud a repris un cursus universitaire à la fin des années 1970. Docteur en droit en 1993 (spécialité Histoire du droit), il est devenu maître de conférences à l’université de Nantes où il a enseigné notamment l’histoire de la protection sociale.

Membre fondateur de Nantes-Histoire il est à l’origine de l’idée du cours public.

Retraité depuis 2007, ses recherches se poursuivent sur l’agriculture et le monde agricole, où il tente de croiser l’histoire des techniques et celle des institutions.

Comme il est impossible de traiter de l’ensemble de l’histoire de la Sécurité sociale – un domaine qui reste largement en construction – l’auteur se contentera de brosser à grands traits un tableau des origines de la sécurité sociale française, à partir des thèmes mis en avant par le Comité de mendicité de la Révolution française.

Pour ne pas rester continuellement dans les généralités, il insistera plus spécialement sur la genèse des retraites ouvrières au début des années 1900 et sur la mise en place des assurances sociales à la fin des années 1920, deux grands étapes préalables à la création de la Sécurité sociale à la Libération.

Pour accéder à la documentation concernant l’histoire de la protection sociale, quelques conseils:

– Consulter les ouvrages publiés par le Comité d’histoire de la sécurité sociale et l’Association pour l’étude de l’histoire de la Sécurité sociale AEHSS). ICI

– Interroger le Centre de ressources documentaires multimédias (CRDM) du ministère des Affaires sociales et de la Santé. ICI

– Visiter aussi Le Musée national de l’Assurance maladie (à Lormont en Gironde) et son site internet. ICI

Quelques documents d’orientation bibliographique :

Pour les spécialistes vous trouverez avec ce lien le « Guide des sources de l’histoire contemporaine de la protection sociale en Bretagne » de Thierry Fillaut. Document réalisé pour le compte du Comité breton d’histoire de la Sécurité Sociale en décembre 2001 (210pages). ICI

12 novembre 2012 – La journée de huit heures

par Jean-Pierre Le Crom

Jean-Pierre Le Crom

La loi du 21 avril 1919 sur la journée des 8 h 00 peut apparaître comme une conquête du mouvement ouvrier, qui la revendiquait chaque année dans les manifestations du 1er mai, mais aussi par des grèves depuis la fin du XIXe siècle.

Pour autant, sa promulgation doit aussi à d’autres acteurs (fonctionnaires, médecins hygiénistes, réformateurs sociaux) rassemblés dans ce qu’il est convenu d’appeler désormais la « nébuleuse réformiste ». L’adoption de la loi doit aussi au contexte politique particulier de la fin de la première guerre mondiale : la prise du pouvoir en Russie par les Bolcheviks, la situation révolutionnaire en Allemagne et en Hongrie, la création de l’Organisation Internationale du Travail qui fait de la journée de 8 h 00 l’une de ses priorités.

Fruit d’un compromis, la loi des 8 h 00 va faire l’objet d’une application variée, dans le temps mais aussi selon les secteurs d’activité. Elle restera toutefois la référence légale du temps quotidiennement travaillé malgré les remises en cause dont elle fera l’objet.

Lecture conseillée :

Michel Cointepas, série d’articles dans Études et documents pour servir à l’histoire de l’administration du travail, Cahiers du Comité d’histoire du ministère du Travail, n° 4, septembre 2000, p. 5-34

Najib Souamaa, « La loi des huit heures : un projet d’Europe sociale ? (1918-1932)« , Travail et Emploi, n° 110, avril-juin 2007, p. 27-36.

Isabelle Leray, « La loi des huit heures« , in Jean-Pierre Le Crom, Deux siècles de droit du travail. L’histoire par les lois, Paris, éditions de l’Atelier, 1998, 287 p.

Patrick Fridenson et Bénédicte Reynaud (dir.), La France et le temps de travail (1814-2004), Paris, O. Jacob, 2004, 237 p.

Lex Heerma van Voss, « France et Pays-Bas à la recherche du temps perdu. Une histoire comparée de l’introduction de la journée de 8 h« , Histoire & Sociétés, n° 1, premier trimestre 2002, p. 16-29.

Bibliographie :

Mémoires du camp. Souvenirs d’une cité ouvrière du XXe siècle, Les Ponts-de-cé, Les Métiers Graphiques, 1987, 77 p.

Syndicats, nous voilà ! Vichy et le corporatisme, Paris, éditions de l’Atelier, coll. Patrimoine, 1995, 410 p.

L’introuvable démocratie salariale. Le droit de la représentation dans l’entreprise (1890-2002), Paris, Syllepse, coll. Le présent avenir, 2003, 194 p.

Le travail salarié à domicile (avec Philippe-Jean Hesse), Nantes, Éditions du CDMOT, 1993, 191 p.

Deux siècles de droit du travail. L’histoire par les textes, Paris, éditions de l’Atelier, 1998, 287 p.

La protection sociale sous le régime de Vichy (avec Philippe-Jean Hesse), Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. Histoire, 2001, 377 p.

Les acteurs de l’histoire du droit du travail, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. L’univers des normes, 2004, 413 p.

Le droit sous Vichy (avec Bernard Durand et Alessandro Somma), Frankfurt am Main, Vittorio Klostermann, coll. Das Europa der Diktatur (13), 2006, 498 p.

22 octobre 2012 – Le droit au travail par François Jarrige.François Jarrige

Contrairement à d’autres conquêtes démocratiques et sociales de l’époque contemporaine qui se sont actualisées dans la loi comme dans la pratique, la question du droit au travail relève davantage de l’horizon utopique et de la revendication sans cesse réaffirmée que d’un droit réel. Le droit au travail existe bien dans les textes, mais sa portée juridique est très limitée. Officiellement, dans le discours actuel de l’Etat, le droit au travail ne s’entend pas comme une obligation de résultat, c’est-à-dire comme une obligation absolue de donner à tout chômeur un emploi, mais bien comme une obligation de moyens. Il s’agit, pour les pouvoirs publics, de mettre en œuvre une politique permettant à chacun d’obtenir un emploi.

Dans ce cours il ne s’agira ni de proposer une analyse juridique de ce droit, ni une approche économique des moyens de l’actualiser dans les faits, mais plutôt de tenter un retour sur la genèse de ce mot d’ordre et les controverses qui n’ont cessé de l’accompagner depuis la fin du XVIIIe siècle et l’expérience fondatrice de la Révolution Française.

Dans la première moitié du XIXe siècle, le « droit au travail » s’affirme comme un mot d’ordre majeur dans les milieux socialistes et réformateurs, la Révolution de 1848 le met au premier plan de l’actualité et tente de le rendre effectif. Il symbolise durant quelques mois la prise en compte de la question sociale par le nouveau régime, mais rapidement la possibilité même de ce droit est niée et repoussée. Après une éclipse partielle de cette revendication, le thème du droit au travail ressurgit périodiquement au XXe siècle à la faveur de la crise des années 1930, dans l’euphorie réformatrice de l’après-guerre, et dans le contexte d’explosion du chômage qui caractérise les dernières décennies du XXe siècle.

Bibliographie conseillée :

Thomas Bouchet,

Un jeudi à l’Assemblée. Politiques du discours

et droit au travail dans la France de 1848.

Québec, Nota Bene, 2007

Robert Castel,

Les métamorphoses de la question sociale : une chronique du salariat,

Paris, Fayard, Collection  » L’espace du politique « , 1995

Marcel Gauchet,

La révolution des droits de l’homme,

Paris, Gallimard, 1989

Jean-Jacques Goblot,

Le droit au travail, passé, présent avenir,

Paris, Syllepse, 2003

Pierre Rosanvallon,

La nouvelle question sociale. Repenser l’Etat-providence, Paris, Le Seuil, 1995

Publications récentes de François Jarrige :

(avec B. Reynaud)

« La durée du travail, la norme et ses usages en 1848 »

Genèse. Sciences sociales et histoire, n° 85, décembre 2011: « Temps de travail », p. 70-92.

(avec Laurent Colantonio et Emmanuel Fureix) dir.,

« Souveraineté populaire, expériences et normalisations en Europe (1800-1848) »,

Revue d’histoire du XIXe siècle, n°42, 2011-1.

« Le travail de la routine: autour d’une controverse sociotechnique dans la boulangerie française du XIXe siècle », Annales. Histoire, Sciences Sociales, mai-juin 2010, n° 3, p. 645-677.

Au temps des « tueuses de bras »

Les bris de machines à l’aube de l’ère industrielle (1780-1860), Rennes, PUR, coll. Carnot, 2009.

15 octobre 2012 – Le Suffrage universel par Mathilde LarrèreMathilde Larrère

2 mars 1848, le suffrage universel masculin est instauré par le gouvernement provisoire de la république. Il a été conquis, arraché après des mois de campagne en faveur de la réforme électorale, à l’issue d’une révolution où le peuple s’est battu pour la démocratie.

21 avril 1944 : les femmes obtiennent enfin le droit de vote, le suffrage devient enfin universel. Là encore, c’est le résultat d’un combat pour le droit de vote, que le gouvernement provisoire vient couronner de succès, entre autre pour récompenser un autre combat, celui des femmes en résistance.

En France plus qu’ailleurs, le suffrage universel a été revendiqué, conquis, dans la rue, par les armes parfois ; d’où sa place pleine et entière dans une histoire, encore inachevée des conquêtes sociales et démocratiques.

Lectures conseillées :

8 octobre 2012 – La république de Weimar : une démocratie contre elle-Johann Chapoutotmême. Par Johann Chapoutot.

Soixante-dix ans après l’échec de la révolution de 1848, la séquence 1918-1919 voit l’avènement de la première République allemande.

Cette démocratie à la fois libérale (du point de vue de l’organisation politique) et sociale (eu égard à ses décisions immédiates) est très vite handicapée par un contexte interne et international défavorable.

Après 1945, le verdict est tombé : l’Allemagne n’était pas mûre pour la démocratie, et Weimar était trop faible pour affronter les périls du temps.

Nous allons tenter de relire cette histoire, non pas à la lumière de 1933, mais à celle de 1918-1919, et examiner, pas à pas, quelles furent les faiblesses et les atouts de cette première et fascinante expérience de démocratie allemande.

Lecture conseillée :

Aubier PUF Texto PUF
Paris 1995 Paris 2003 Paris 2011 Paris 2010

Bibliographie sommaire :

L’Allemagne de 1806 à nos jours, Les sociétés européennes au XIXe siècle (1815-1914) et :

La Documentation

Française

PUF
Paris 2012 Paris 2012

1er octobre 2012 – Le droit à l’éducation par Antoine PROSTAntoine Prost

Professeur émérite, université de Paris I,

Centre d’histoire sociale du XX<sup « exposant »= » »>ème siècle

Depuis la Révolution française, notre système éducatif n’a connu en fait que deux grandes reconfigurations, qui ont pris chacune une vingtaine d’années : de 1880 à 1902, et de 1959 à 1985.

Au début du XIX<sup « exposant »= » »>ème siècle, l’éducation du peuple n’est ni un droit, ni même un besoin ressenti par la majorité de la population. L’État n’a pas les moyens humains et financiers de l’assurer. C’est un service, généralement payant, qui devient progressivement service public municipal. L’enseignement secondaire, constitué en monopole par Napoléon, devient au milieu du XIX<sup « exposant »= » »>ème siècle un service marchand, financé par les familles, où les établissements publics et privés sont en concurrence ouverte.

Les Républicains conçoivent l’éducation comme un devoir de l’Etat, donc un service public. Entre 1880 et 1902, ils le refondent. Le primaire devient un service public d’Etat, gratuit, laïque et obligatoire. L’école doit conquérir la jeunesse, l’arracher à l’obscurantisme, et lui apporter la civilisation. Mais la fréquentation scolaire reste incomplète et l’administration se mobilise pour la généraliser et l’étendre. Les républicains modernisent le secondaire et développent des enseignements intermédiaires, primaire supérieur ou secondaire spécial qui devient moderne, et ils les renforcent. Avec la réforme de 1902, ils organisent une passerelle entre ces enseignements intermédiaires et le secondaire. Le système ainsi structuré dure jusqu’à la V<sup « exposant »= » »>ème République.

La discussion qui précède la réforme de 1902 est l’occasion d’une prise de conscience. Ferdinand Buisson explique la différence entre le secondaire et le primaire supérieur par le clivage entre ceux qui possèdent sans travailler, et ceux qui travaillent sans posséder. L’idée d’une démocratisation prend corps, et elle chemine, des « Compagnons » à Jean Zay et Langevin-Wallon, sans aboutir avant les réformes gaulliennes et le développement massif des scolarités. Après la réforme de 1959, qui situait à la fin de la 5<sup « exposant »= » »>ème le palier d’orientation et débouchait sur une organisation en 7 années de primaire prolongé et 5 années de second degré diversifié, la réforme de 1963 situe à la fin de la 3<sup « exposant »= » »>ème le palier d’orientation et structure un système en trois segments de 5, 4 et 3 années : école, collège et lycée. L’orientation à la fin de la 5<sup « exposant »= » »>ème résiste longtemps, mais la réforme de 1985 fait définitivement triompher l’orientation à la fin de la 3<sup « exposant »= » »>ème . La lutte engagée pour le contrôle du collège se termine par la victoire du secondaire. Dans ce contexte où la plupart des adolescents vont à l’école jusqu’à 18 ans, et où le niveau d’éducation de l’ensemble de la population a été massivement élevé, l’éducation devient un droit que les familles entendent exercer à leur guise.

Lecture conseillée :

Martine Allaire &

M.T. Frank

Renaud d’Enfert &

Laurent Loeffel

Françoise Mayeur
Les politiques de l’éducation en France, de la maternelle au baccalauréat Une histoire de l’école. Anthologie de l’éducation et de l’enseignement en France XVIIe-XXe Histoire de l’enseignement et de l’éducation( III)
La Documentation française,

Paris, 1995

Retz

Paris, 2010

Tempus

Paris, 1981

Antoine Prost Jean-Pierre Briand &

Jean-Michel Chapoulie

Jean-Michel Chapoulie
Histoire de l’enseignement et de l’éducation( IV), L’école et la famille dans une société en mutation (depuis 1930) Les collèges du peuple. L’enseignement primaire supérieur et le développement de la scolarisation prolongée sous la 3eme République L’école d’État conquiert la France. Deux siècles de politique scolaire
Tempus

Paris,1981

INRP/CNRS, ENS,

Paris, 1992

Presses Universitaire de Rennes

Rennes, 2010

Bibliographie partielle

Antoine Prost &

Jay Winter

Antoine Prost Antoine Prost Antoine Prost
René Cassin et les droits de l’homme : le projet d’une génération Petite histoire de la France de la Belle Epoque à nos jours Regards historiques sur l’éducation en France

XIXe – XXe siècles

La Grande Guerre expliquée à mon

petit-fils

Fayard

Paris, 2011

A. Colin

Paris, 2009

Belin

Paris, 2007

Le Seuil

Paris, 2005