Hommage à Michel Kervarec
Les membres de l’association Nantes Histoire ont appris avec beaucoup de tristesse le décès de Michel Kervarec, leur ami et compagnon, militant avec eux pour la diffusion de l’histoire citoyenne depuis de très nombreuses années. Sa mémoire a été évoquée lundi 16 janvier au début de la conférence, et le conférencier Alain Bergerat, membre fondateur de l’association en 1987 avec Michel Kervarec, et très longtemps membre avec lui du Conseil d’administration, a dit en notre nom à tous son émotion et tous les chaleureux souvenirs d’amitié qui lui revenaient. Beaucoup d’anciens se souviennent de la présence bienveillante de Michel Kervarec pour les recevoir à l’entrée des conférences au cinéma Le Bretagne. Sa gentillesse, sa disponibilité, sa chaleur humaine sont dans les mémoires. L’année dernière encore Michel était avec nous au cours du cycle sur les goûts de l’histoire.
Militant de la diffusion de l’histoire, Michel Kervarec a eu aussi une importante activité et œuvre d’historien, avec ses recherches et ses livres sur Rezé sous la Révolution et au XIXe siècle, ainsi que son travail sur la toponymie du pays nantais, qui constituent des références, des apports précieux pour la connaissance de notre région.
Pour tout cela nous voulons dire à Michel notre gratitude, et nous associer par la pensée et par le cœur au deuil de sa famille et de tous ses proches à qui nous présentons toutes nos condoléances.
Rémi Fabre, président, au nom de l’association.
Hommage à Jean-Yves Pénard
Notre ami Jean-Yves Pénard vient de nous quitter. Il y a quelques semaines encore il était avec nous. Tous les anciens de Nantes Histoire se souviennent de celui qui fut le trésorier de notre association pendant 9 années de 2011 à 2019. Toujours disponible et souriant, il a fourni un très gros travail pour gérer au mieux nos finances, établir, mettre à jour listes et cartes d’adhérents, faciliter la tâche de tous, militants et conférenciers, utiliser et parfois perfectionner en les adaptant à nos besoins les nouveau outils informatiques, résoudre les problèmes et les situations les plus complexes. Notre association doit beaucoup à son efficacité et à son dévouement dans l’exercice d’une tâche essentielle et difficile, qu’il a exercée avec compétence, patience, modestie. Notre reconnaissance va en même temps à un ami charmant dont la chaleur humaine et l’attention aux autres restent gravées en nous. Ancien syndicaliste et passionné d’histoire, Jean-Yves Pénard avait poursuivi dans notre association d’histoire citoyenne ses engagements dans la cité. A son épouse, à ses enfants et petits-enfants nous disons notre affection, nos condoléances dans ce deuil qui les frappe brutalement. Jean-Yves restera présent dans notre mémoire et dans nos cœurs.
Hommage à Robert Durand
Robert Durand nous a quittés le 23 avril dernier.
Avec Robert Durand notre association perd un de ses fondateurs les plus éminents, on pourrait presque dire un père puisque c’est de son initiative, et de celle d’Alain Croix qu’est née notre association en 1987… Diffuser l’histoire sur la place nantaise, était une démarche militante et solidaire pour permettre à la ville de Nantes de connaître et d’assumer son passé, pour amener chacune et chacun à réfléchir, à éclairer par l’histoire les choix et les interrogations du présent. Une des convictions des fondateurs était que la démarche d’histoire locale et régionale était essentielle, pouvait être menée par tous, et faisait partie intégrante de la « grande histoire ». Au moment de la fondation de Nantes Histoire Robert Durand et Alain Croix en apportaient le témoignage éclatant avec les ouvrages qu’ils venaient de piloter sur Rezé pour Alain Croix et sur Saint-Sébastien1 pour Robert Durand conjointement avec Didier Guyvarc’h et François Macé.
Au moment de la fondation, il s’agissait aussi, particulièrement pour Robert Durand qui a enseigné au département d’histoire de 1967 à 1998, de laver l’honneur de l’Université de Nantes et de ses enseignants après l’affaire Roque, la soutenance scandaleuse d’une thèse qui mettait en doute l’existence des chambres à gaz.
Mais au-delà de ces circonstances, l’ambition de Robert Durand et des fondateurs que nous nous efforçons de poursuivre était plus vaste, il s’agissait d’aborder devant tous, en faisant appel aux meilleurs spécialistes, et en ouvrant la discussion, à toutes les grandes questions historiques.
Cette ouverture au monde associée à un fort enracinement local, cet engagement dans le présent associé à la connaissance savante du passé, Robert Durand les a parfaitement incarnés. Son œuvre de médiéviste a porté sur les campagnes portugaises au cœur du Moyen Âge, au 12e et 13e siècles, et il a élargi ses perspectives pour un plus vaste public en nous donnant un ouvrage de synthèse sur l’Histoire du Portugal, un autre sur Musulmans et chrétiens en Méditerranée occidentale (Xe-XIIe siècles), ou en rédigeant avec Monique Bourin un beau livre intitulé Vivre au village au Moyen Âge. Les solidarités paysannes du 11e au 13e siècle.
Comme le remarque Monique Bourin, on peut dire que ce beau mot de solidarité convient particulièrement bien pour parler de Robert Durand. Solidarité qui l’animait dans ses démarches citoyennes, lui qui a exercé pendant une longue période des responsabilités municipales à Saint-Sébastien. Esprit de solidarité qu’on retrouvait dans les charges universitaires qu’il a longtemps assumées, sans y prendre goût, mais pour servir la maison et tout particulièrement la jeunesse, les étudiants. Solidarité avec la génération enseignante qui le suivait comme peut en témoigner Philippe Josserand qui a préparé sa thèse avec Robert Durand avant d’exercer ces dernières années la présidence de Nantes-Histoire. Et, bien sûr, cet esprit de solidarité qui animait Robert Durand s’incarne pleinement dans l’impulsion donnée à notre association, dans l’esprit d’éducation populaire qui l’inspire.
Je crois aussi qu’on peut parler pour Robert Durand d’une solidarité, d’affinités électives, avec ce monde rural dont, comme nombre d’entre nous, il venait, lui qui était né le 6 février 1936 à Saint-Mesmin en Vendée. Solidarité avec les gens du peuple des campagnes et en même temps amour de la nature tant pour les randonnées sportives que pour le lien avec le monde animal.
Arrivé au département d’histoire de Nantes en 1989 le signataire de ces lignes a eu la chance d’être pendant 10 ans le collègue de Robert Durand et c’est lui qui l’avait invité à faire sa première intervention à Nantes Histoire. C’était le directeur de notre UFR, qui tenait la barque et s’efforçait de garder le bon cap contre vents et marées, un homme réfléchi, presque un peu réservé, sans paroles inutiles, mais on sentait derrière sa sobriété une grande profondeur, une grande chaleur humaine. Il était quelqu’un qui ne se mettait pas en avant, il avait une grande modestie malgré toutes les responsabilités assumées et l’œuvre qu’il a accomplie comme créateur et comme diffuseur de l’histoire. Et il me semble qu’il est d’autant plus important d’en parler à tous, d’évoquer son souvenir en disant notre affection, et de garder sa mémoire.
L’association Nantes-Histoire présente ses condoléances à sa famille et à tous ses proches.
Rémi Fabre
1 Du village à la cité-jardin. Saint-Sébastien-sur-Loire depuis ses origines, écrit en 1986.
Hommage à Rémi Fabre
Suite au décès soudain de notre président, Rémi Fabre, plusieurs membres du bureau de l’association ont tenu à lui rendre hommage aux obsèques qui se sont tenues le 26 décembre.
Hommage du bureau de Nantes-Histoire, lu par Stanislas Jeannesson, trésorier de l’association
La disparition brutale de Rémi Fabre, survenue le 21 décembre, laisse un vide immense. Rémi était le président de Nantes-Histoire depuis 2020, il était un ami sur lequel toutes et tous savaient qu’ils pouvaient compter. Il portait notre association d’histoire citoyenne, comme il aimait à le rappeler, de son enthousiasme, de son engagement fidèle et continu. C’est à son initiative, et malgré les difficultés liées au covid, qu’elle s’est dotée d’un site internet, qu’elle s’est largement ouverte à la jeune génération, qu’elle a su renouveler ses activités, il y a peu encore en proposant des soirées ciné-histoire – il devait inaugurer la première séance et n’a malheureusement pas pu le faire. Que nous nous retrouvions en CA, à l’université ou à son domicile, ou dans la configuration plus réduite du bureau, autour d’un café, il animait nos discussions, il donnait les impulsions nécessaires, il nous transmettait son infatigable ardeur. Il assistait à chaque conférence, actif et bien présent, et ne manquait jamais de poser une question qui manifestait sa curiosité, sa grande culture et son intérêt. Rémi était à l’image de ce que veut être notre association : engagé, exigeant, ouvert au dialogue et à l’argumentation, fidèle à ses valeurs, républicaines, citoyennes, sociales et laïques. Il croyait aux vertus de l’histoire, « science des hommes dans le temps » comme l’écrivait Marc Boch, au partage des connaissances, à la force de la réflexion et de l’échange.
Pour mieux souligner à quel point le métier d’historien était pour Rémi l’expression même de ses convictions, il faut rappeler quelques-unes des figures et des thématiques auxquelles il a consacré l’essentiel de ses recherches : Francis de Pressensé, président de la Ligue des Droits de l’Homme de 1903 à 1914, qui fut le sujet de sa thèse de doctorat ; Théodore Ruyssen et le mouvement La paix par le droit ; les étudiants protestants face aux totalitarismes et plus généralement l’histoire du protestantisme dans la France contemporaine ; la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905 ; les défenseurs de la paix entre 1899 et 1917 ; Jean Jaurès enfin, sur lequel il a publié de nombreux articles et dont, avec d’autres, il a contribué à éditer les œuvres complètes. Ces hommes, ces femmes aussi, qui, en ces temps difficiles de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, ont dédié leur vie à la justice, à la République, à la Paix, l’historien qu’était Rémi leur a redonné corps et a mis au jour leur pensée riche, complexe et féconde. Il avait en lui leur optimisme, leurs indéfectibles convictions, leur force de caractère, leur foi en l’humanité. C’est tout cela qu’il a insufflé à Nantes-Histoire et qu’il nous a transmis. Notre association poursuivra sur la voie qu’il lui a montrée, nous ne l’oublierons pas. Merci Rémi pour tout ce que tu nous as donné.
Hommage d‘Arthur Maillot, membre du bureau de l’association
Nous sommes ici pour rentre hommage à Rémi Fabre, un homme aimé de sa famille, de ses amis et de ceux qui ont eu la chance de le rencontrer comme je l’ai eu moi-même dans le cadre de l’association Nantes-Histoire. Rémi était un président d’exception : à l’écoute, toujours souriant et prêt à accueillir de nouveaux membres. Rémi tenait particulièrement à ouvrir cette association aux plus jeunes. Sa volonté de transmettre était son leitmotiv et les générations qui le suivent ont pu profiter de son expérience et de sa bienveillance. Tout au long de mon parcours à Nantes-Histoire, j’ai eu l’opportunité de voir Rémi soutenir les projets proposés par les nouveaux membres tout en les guidant avec beaucoup de générosité dans ces moments associatifs.
Pour tout ce que tu nous as appris Rémi, je voudrais te remercier. Merci Rémi, pour ta confiance, ton courage et ta gentillesse.
Hommage de Marie-France Lestrat, vice-présidente de l’association
L’arbre et la graine, de Benoît Marchon
Quelqu’un meurt, et c’est comme des pas qui s’arrêtent.
Mais si c’était un départ pour un nouveau voyage ?
Quelqu’un meurt, et c’est comme un arbre qui tombe.
Mais si c’était une graine germant dans une terre nouvelle ?
Quelqu’un meurt, et c’est comme une porte qui claque.
Mais si c’était un passage s’ouvrant sur d’autres paysages ?
Quelqu’un meurt, et c’est comme un silence qui hurle.
Mais s’il nous aidait à entendre la fragile musique de la vie ?
Vous trouverez ci-dessous quelques articles de Rémi Fabre disponibles en libre accès sur les plateformes académiques :
« Pressensé et la séparation des Églises et de l’État une contribution importante », Cahiers Jaurès, n° 171, 2004, p. 25-34.
« Un exemple de pacifisme juridique : Théodore Ruyssen et le mouvement « la paix par le droit » (1884-1950) », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, n° 39, juillet-septembre 1993, p. 38-54.
« La campagne de Jaurès sur le Maroc. Entre pacifisme et colonialisme », Cahiers de la Méditerranée, n° 91, 2015, p. 101-113.
Ainsi que quelques-uns de ses ouvrages :