Cours public 2011 / 2012

Quand les chansons font l’histoire.

Lundi 5 mars 2012 – l’Internationale par Alain Bergerat

Alain Bergerat

Membre du bureau de Nantes-Histoire depuis la création de l’association, Alain Bergerat a été professeur d’histoire en classes préparatoires au Lycée Clemenceau (1971-1981) puis au Lycée Guist’hau (1981-2003).

Auteur d’une Histoire de Basse-Goulaine. Un village entre Loire et Goulaine, il a également participé à plusieurs ouvrages collectifs publiés par Nantes-Histoire.

L’Internationale est le chant révolutionnaire par excellence, non seulement en France, où elle est née, mais aussi dans le monde entier. Longtemps en concurrence avec La Marseillaise, elle s’est imposée comme l’hymne de toutes les révoltes, de tous les mouvements de contestation de la société capitaliste et elle rythme encore aujourd’hui les grandes manifestations de la classe ouvrière.

Née d’un poème de Pottier sans doute écrit pendant la Commune de Paris, avec une musique composée par Pierre Degeyter en 1888, L’Internationale est d’abord chantée par les militants socialistes français et ce n’est qu’à partir de 1900 qu’elle entame sa carrière internationale.

Choisie comme hymne national de l’Union soviétique, elle est souvent considérée comme le chant des communistes, mais les socialistes, les anarchistes et bien d’autres mouvances de la gauche révolutionnaire ont continué, et continuent encore, à l’entonner. L’Internationale est-elle devenue un simple mythe, une sorte de rite imprégné d’une certaine nostalgie, ou a-t-elle gardé toute sa fougue révolutionnaire, c’est la question que nous pourrons nous poser après avoir évoqué l’histoire du chant le plus célèbre de toutes les colères populaires.

Lundi 27 Février 2012 – La cucaracha par Jean-Marie Lassus

Professeur d’université au département d’Etudes Hispaniques de l’Université de Nantes en Langue, Littérature et Civilisation de l’Amérique Latine.

Président de la Commission Amérique latine et responsables des échanges académiques et scientifiques avec le Mexique au Conseil Universitaire des Relations Internationales de l’Université de Nantes.

Membre du groupe de recherche México-Francia, migrations et sensibilités, sur les migrations françaises au Mexique.

Co-organisateur du Festival littéraire Belles Latinas Littératures d’Amérique latine en octobre et novembre à Nantes avec la collaboration de la revue Espaces latinos.

La recherche de Jean-Marie Lassus est centrée sur la problématique des écritures de l’Histoire et des représentations de l’imaginaire en Amérique latine, avec un champ d’investigation privilégiant le XXème -XXIème -siècle pour le roman et le XVIème siècle pour l’étude des documents sur la conquête et la colonisation. En ce qui concerne le XXème siècle, cette recherche tente d’explorer les formes du « nouveau roman historique » en Amérique Latine et les récits biographiques et autobiographiques. Elle étudie les productions liées aux phénomènes migratoires de l’espace Atlantique, en s’attachant plus particulièrement à l’analyse des discours (romans historiques, témoignages, chansons, récits de vie)

Si elle est aujourd’hui identifiée à la Révolution mexicaine, l’histoire de La cucaracha a connu un destin singulier : née en Espagne pour les uns, cette chanson satirique anonyme serait arrivée dans le Nouveau Monde comme un témoignage supplémentaire de ce legs culturel pouvant aller des imaginaires des livres de chevalerie aux romances espagnols. Sa faculté d’adaptation aux situations politiques et guerrières de l’Amérique Latine – de l’invasion napoléonienne du Mexique – 1861-1867- à la Révolution mexicaine de 1910- est étonnante.

Elle retournera en Europe, pour devenir chez nous le symbole de radio Londres luttant contre la propagande de Vichy, puisque c’est l’air de la cucaracha qui accompagnera le slogan chanté de « Radio Paris ment, Radio Paris est allemand » de Pierre Oberlé.

Depuis, l’imaginaire auquel est attachée La cucaracha a suscité en Amérique de nombreuses créations au cinéma, au théâtre ou dans la BD, tout en inspirant les mouvements de résistance politique, ou en s’introduisant dans l’univers des narcotrafiquants.

La cucaracha est le type même de chanson populaire intimement liée à l’histoire, et qui n’en finit pas de manifester son pouvoir de créativité par-delà les frontières.

Il n’existe aucune étude de fond sur la question, en France ou au Mexique. Les références sont éparses sur le sujet et recouvrent plusieurs domaines en histoire, littérature et lexicographie :

Diccionario de americanismos, Editorial Ramón Sopena S.A, Barcelona, 1982.

– Fernández de Lizardi, José Joaquín (1818): La Quijotita y su prima. México: Porrúa, 1967. C’est dans cette oeuvre littéraire qu’elle est citée pour la première fois.

– Taibo II, Paco Ignacio, Pancho Villa. Una biografía narrativa, Planeta, Barcelona, 2007. Le célèbre auteur mexicain auteur de romans policiers mais aussi historien la mentionne dans sa récente biographie de Pancho Villa, en la rattachant au dictateur Huerta.

– Pazos, Luis – Historia sinóptica de México de los Olmecas a Salinas-Editorial Diana – Mexico DF -1994.

– Rodríguez Marín, Francisco (Osuna 1855 – Madrid 1943) folkloriste et lexicologue espagnol – Cantos populares españoles recogidos, ordenados e ilustrados – Séville 1883.

Films:

– Lloyd Corrigan (Etats-Unis) La cucaracha, 1934

– Ismael Rodríguez (Mexique), La cucaracha, 1958

– Jack Pérez, (Etats-Unis) La Cucaracha, 1998

En revanche, les interprétations et adaptations de la chanson sont nombreuses, de Louis Armstrong (1935) à Ricardo Rodriguez (2011) et Kastriot Tusha (2011, Albanie). Parmi les nombreux interprètes de la chanson citons encore – et sans que la liste soit exhaustive- : Bill Haley, Tino Rossi, Los Machucambos, Les Négresses Vertes, Charlie Parker, Speedy Gonzales, Les Motivés, Lila Downs… Sans oublier son adaptation par la résistance au gouvernement de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque Jean Oberlé en fait un slogan sur Radio Londres : « Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand » (septembre 1940).

Bibliographie de Jean-Marie Lassus (publications récentes)

Sur le Mexique :

– « Du labyrinthe de la solitude d’Octavio Paz (1950) aux narcocorridos : une interprétation culturelle de la violence verbale au Mexique à travers l’étude du verbe « chingar », in : « La force des mots : valeurs et violence dans les interactions verbales », Revue Signes, discours et Sociétés, 2011, disponible sur Internet à l’adresse : http://www.revue-signes.info/sommaire.php?id=2390

– « Histoire et ironie dans Viajes a la América ignota – 1972- de Jorge Ibargüengoitia » in Le Mexique de l’Indépendance à la révolution -1810-1910-, Paris, L’Harmattan, 2011, pages 295-303.

– “La acogida de Carlota en Saint-Nazaire en 1866 y su reinterpretación ficcional: los desencuentros de la historia y los rescates de la ficción”, in México Francia: memoria de una sensibilidad común, s. XIX-XX Vol III-IV – Benemérita Universidad Autónoma de Puebla, julio de 2010, pp. 253-275.

– “Marcel Schwob y América Latina”, La Palabra y el Hombre, Revista de la Universidad Veracruzana n°6, otoño 2008, pp. 5-12.

– « Marcel Schwob et l’Amérique latine » Spicilège Cahiers Marcel Schwob n°1, Paris, 2008, pp. 23-33.

A paraître en 2012 :

– « Marcel Schwob et François Villon relus par Juan José Arreola» communication présentée lors du colloque «Migrations et sensibilités : « Les Français au Mexique (XVIIIème-XXIème siècles) » qui s’est tenu à Nantes du 19 au 21 novembre 2007, à paraître en 2012, Presses Universitaires de Rennes.

– « Independencia y la Revolución en los textos de Manuel Scorza y Jorge Ibarguengoitia: entre mito, historia e ironía » Conférence invitée dans le cadre du programme Erasmus de l’Université de Düsseldorf, 12 juillet 2010.

Autres publications 2009-2011 :

Sur Internet :

– « Humboldt revisité : esthétique du danger et histoire culturelle » in revue Amerika « Allers/Retours. Migrations transatlantiques, interaméricaines et territoires littéraires en devenir », « Allers/Retours-5 », disponible sur Internet à l’adresse suivante: http://amerika.revues.org/2394. | 2011

– « Le Tissu et le texte : les ponchos tissés par doña Añada dans La tumba del relámpago (1978) de Manuel Scorza Paru dans Amerika, 1 | 2010

– “Les représentations esthétiques de la violence dans l’œuvre de Fernando Botero : de la Colombie à Abou Ghraib » Paru dans Amerika, 3 | 2010

– Compte-rendu: Néstor Ponce, Sous la pierre mouvante Manosque, Le Bec en l’Air, 2010 Photographies de Pablo Añeli. Paru dans Amerika, 3 | 2010

– “Hijos nuestros (2004) de Néstor Ponce o “los olvidados” de Argentina”, publié sur le site web de Néstor Ponce: www.nestorponce.com | 2008

Revues, actes de colloques, ouvrages:

– « Vampirisme et intertextualité dans Nocturne du Chili (2000) de Roberto Bolaño », Paris, L’Harmattan, 2009, pp. 169-184.

– «Education sentimentale et engagement révolutionnaire : le dilemme du héros dans La danza inmóvil (1983) de Manuel Scorza», in Epicismo y heroicidad en la literatura hispanoamericana, Centre de Recherches Latino-américaines/Archivos, Université de Poitiers-CNRS, 2009, pp.49-64.

– Synthèse sur le roman d’Alejo Carpentier Los pasos perdidos (1953), Nantes, Editions du Temps, septembre 2002, en collaboration avec Marie-Pierre Lassus, musicologue à l’Université de Lille III.

– Synthèse sur Los ríos profundos (1958) de José María Arguedas, Nantes, Editions du Temps, 2004.

Lundi 6 février – Ay Carmela par Rémi Skoutelski

Docteur en histoire, chercheur indépendant, Rémi Skoutelsky a consacré l’essentiel Rémi Skoutelskide ses travaux aux Brigades internationales. Après avoir publié sur les volontaires français, il s’est intéressé aux sources iconographiques de la guerre d’Espagne et à leur utilisation.

Il a ainsi été commissaire de l’exposition photographique No pasaran !, qui a circulé en France et en Espagne. Il a également publié sur la guerre d’Algérie et a participé à la rédaction du rapport remis au gouvernement par la Mission d’études sur la spoliation des Juifs de France, en 2000.

Ouvrages du conférencier en relation avec le sujet :

L’Espoir guidait leurs pas : les volontaires français dans les Brigades internationales (1936-1938), Préface d’Antoine Prost, Grasset, 1998.

Brigades internationales. Images retrouvées (avec Michel Lefebvre), Le Seuil, 2003.

Novedad en el Frente. Las Brigadas internacionales en la guerra civil, Madrid, Temas de hoy, 2006.

Comme pendant toute guerre, pendant toute révolution, on a beaucoup chanté en Espagne, entre 1936 et 1939. Vieille chanson des guérilleros engagés dans la lutte contre Napoléon 1er en 1808, ¡ Ay Carmela ! est réactualisée par les Républicains opposés aux troupes de Franco, en 1938, pendant le dernier des grands engagements de la guerre civile : la bataille de l’Ebre. Guerre civile, mais aussi guerre internationale comme le rappellent les paroles de la chanson. Si l’on se souvient de ¡ Ay Carmela !, c’est d’abord en raison de l’impact considérable des événements d’Espagne sur l’opinion publique mondiale.

Nous reviendrons ensemble sur ces éléments de contexte, rappelés dans les paroles de la chanson, mais aussi sur la façon dont la mémoire collective a véhiculé la guerre d’Espagne…d’abord hors de ses frontières.

Bibliographie conseillée en français :

François Godicheau, La guerre d’Espagne. De la démocratie à la dictature, Découvertes Gallimard, 2006.

François Godicheau, La guerre d’Espagne. Révolution et république en Catalogne, Odile Jacob, 2004.

Pierre Christin et Enki Bilal, Les Phalanges de l’Ordre noir, Dargaud, 1979 (1re éd.).

Geneviève Dreyfus-Armand, L’Exil des républicains espagnols en France. De la guerre civile à la mort de Franco, Albin Michel, 1999.

Hugh Thomas, La Guerre d’Espagne, Juillet 1936-mars 1939, Robert Laffont.

Roger Bourdon (sous la dir.) La guerre d’Espagne, l’histoire, les lendemains, la mémoire, Taillandier, 2007.

José Jornet & collectif Républicains espagnols en Midi-Pyrénées. Exil, histoire et mémoire, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2004.

Lundi 30 Janvier 2012 – Ça ira par Cyril TriolaireCyril Triolaire

Professeur certifié, docteur en histoire de l’université Blaise Pascal et chercheur associé au Centre d’histoire « Espaces et Cultures », Cyril Triolaire est spécialiste de l’histoire culturelle de la Révolution française et de l’Empire. Grand prix du jeune chercheur de la ville de Clermont-Ferrand (2009) et lauréat d’une bourse de recherche de la Direction de la Musique, de la Danse et des Spectacles, du Ministère de la Culture et de la Communication (2004), il a enseigné dans les universités de Clermont 2, Nantes et Rouen et a publié plusieurs articles sur le théâtre, la musique et les fêtes officielles entre Lumières et Romantisme. Il a dirigé l’ouvrage La Révolution française au miroir des recherches actuelles (Paris, SER, 2011) et est l’auteur de Le Théâtre en province pendant le Consulat et l’Empire (sortie en février 2012 aux Presses Universitaires Blaise Pascal). Il prépare actuellement un nouvel ouvrage : Fêter Napoléon. Mettre en scène le pouvoir et gouverner les esprits (1800-1815).

La Révolution française sonne l’une des heures de gloire de la chanson politique et sociale. Art de la communication populaire et politique par excellence, médium retentissant auprès des foules, la chanson investit tout l’espace public de la rue, des cafés, des théâtres et des salons. Plus de 3000 chansons nouvelles sont écrites et entonnées au cours de la décennie révolutionnaire et nombre de strophes inédites sommeillent encore dans les fonds d’archives tant dans les anciennes provinces les textes ont été déclinés sur tous les airs et au regard des bouleversements locaux. Les chansons rythment la Révolution en marche.

Aux côtés de La Marseillaise, de La Carmagnole ou du Réveil du Peuple, le Ça ira s’impose comme l’une des chansons emblématiques les plus populaires de la Révolution française. Attribué au chansonnier des sans-culottes Ladré, sur l’air de contredanse du Carillon national composé par Bécourt, le Ça ira est traditionnellement associé à la fête de la Fédération, célébrée le 14 juillet 1790, couronnant la révolution en marche et la nouvelle union de la Nation, de la Loi et du Roi. Très tôt le Ça ira investit l’imaginaire collectif au point d’être réinvesti à maintes reprises durant la décennie et les suivantes, dès lors que les artisans des nouvelles luttes sociales et politiques décident de placer leur combat dans la lignée de ceux menés au cours de la Grande Révolution. Lorsque dans sa grande fresque cinématographique Si Versailles m’était conté (1953), pour incarner la révolte, Sacha Guitry demande à Edith Piaf d’entonner le fameux Ça ira, le dramaturge devenu réalisateur offre à l’artiste chérie du public français l’occasion de devenir une icône populaire de la Révolution et de prendre rendez-vous avec l’Histoire.

Lectures conseillées :

– Jacqueline LALOUETTE et Claudine LEFEVRE, Vive le son ! Vive le son !, Paris, Fuzeau, 1988.

– Robert BRÉCY, La Révolution en chantant, Publisher, Van de Velde, 1988.

– Jacques CELLARD, Ah ! Ça ira, ça ira : ces mots que nous devons à la Révolution, Publisher, Balland, 1989.

– Pierre CONSTANT, Les Hymnes et les chansons de la Révolution, Paris, Imprimerie nationale, 1904.

– Sylvie DALLET, La Révolution française et le cinéma, Paris, Éditions des Quatre Vents, 1988.

– Philippe DARRIULAT, La Muse du peuple. Chansons politiques et sociales en France, 1815-1871, Rennes, PUR, 2010.

– Michel DELON, Chansonnier révolutionnaire, Paris, Gallimard, 1989.

– Jean-Rémy JULIEN et Jean-Claude KLEIN, Orphée phrygien. Les musiques de la Révolution, Paris, Editions du May, 1989.

– Ginette et Georges MARTY, Dictionnaire des chansons de la Révolution (1787-1799), Paris, Tallandier, 1988.

Lundi 16 janvier 2012

Les canuts par Michel Pigenet

Créée, à Lyon, en 1894, la chanson « Les canuts » détonne dans le répertoire de son auteur-compositeur-interprète, Aristide Bruant. A la fois complainte et cri de révolte, elle évoque le sort des tisserands de la soie dont les deux insurrections, six décennies plus tôt, surprirent, interrogèrent et mirent la question sociale à l’ordre du jour.

La chanson n’en dit rien, mais leur doit sa longue notoriété. Pendant quelques jours de novembre-décembre 1831, en effet, la seconde ville de France fut ainsi aux mains d’hommes qui, indignés par la remise en cause du tarif qu’ils venaient de conclure avec les négociants, en étaient venus à vouloir « vivre en travaillant ou mourir en combattant ».

Si l’ordre fut rétabli par l’arrivée de troupes dépêchées en renfort, l’événement effraya les classes dirigeantes. A Lyon même, la répression ne suffit pas à venir à bout des aspirations ouvrières à la représentation de leurs intérêts et à leur négociation dans les conditions complexes de la « fabrique » lyonnaise.

Trois ans plus tard, en avril 1834, les travailleurs reprirent précisément les armes pour défendre la liberté de s’organiser. Cette fois, l’armée n’hésita pas à bombarder les quartiers ouvriers. Vaincus, les canuts entraient dans une histoire que la chanson de Bruant invite à revisiter à la lumière de nouveaux travaux.

Lectures conseillées :

R. Bezucha, The Lyon Uprising of 1834: The Social and Political Conflict in the Early July Monarchy, Cambridge (Mass.), Harvard University Press.

M.-C. Blaise, B. Collonges, L’insurrection lyonnaise de 1834, Lyon, Aléas, 2007.

R. Brécy, Florilège de la chanson révolutionnaire de 1789 au Front populaire, Paris, Ed. d’hier et aujourd’hui, 1978.

P. Brochon, La chanson sociale, de Béranger à Brassens, Paris, Editions ouvrières, 1961.

L. Frobert, Les canuts ou la démocratie turbulente, Lyon, 1831-1834, Paris, Tallandier, 2009.

L. Frobert (dir.), « L’Echo de la fabrique ». Naissance de la presse ouvrière à Lyon, 1831-1834,Lyon, ENS-Editions Institut d’histoire du livre, 2010.

J. Godard, Travailleurs et métiers lyonnais, Lyon, Cumin et Masson, 1909.

H. Marc, Aristide Bruant. Le maître de la rue, Paris, Ed. France-Empire, 1991.

M. Moissonnier, La Révolte des canuts, Paris, Editions sociales, 1978.

M. Moissonnier, Les canuts. Vivre en travaillant ou mourir en combattant, Paris, Messidor, 1988.

Mouloudji, Aristide Bruant, Paris, Seghers, 1972.

R. Paoli, « Gerhart Hauptmann », Le Nouveau Dictionnaire des auteurs, de tous les temps et de tous les pays, Paris, Laffont-Bompiani, 1994.

J. Perdu, La révolte des canuts, 1831-1834, Lyon, Spartacus, 1974.

B. Plessy, L. Challet, La vie quotidienne des canuts, passementiers et moulinières au XIXe siècle, Paris, Hachette, 1988.

F. Rude, L’Insurrection lyonnaise de novembre 1831: Le mouvement ouvrier à Lyon de 1827 à 1832, Paris, Anthropos, 1969.

F. Rude, Les Révoltes des canuts, Paris, François Maspero, 1982.

Michel Pigenet

Michel Pigenet est directeur du Centre d’Histoire sociale du XXe siècle (UMR CNRS 8058).

Professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, il a tour à tour enseigné, auparavant, en lycée, puis aux université de Grenoble 3 et de Rouen. Agrégé de géographie, il a soutenu, en 1987, sa thèse d’Etat qui, publiée en 1990, portait sur la formation d’une classe ouvrière régionale où, à la croisée de l’histoire économique, sociale et politique, il soulignait l’importance du travail comme activité et rapport social, approche développée ultérieurement dans ses recherches sur les travailleurs en marge du droit commun salarial (dockers, opérateurs des centres d’appel, etc.).

Spécialiste de la construction des identités collectives en milieux populaires, abordées à travers les activités professionnelles, l’intervention des groupes populaires dans le champ politique et les mouvements sociaux.

Il codirige actuellement un programme sur « Les services publics à l’épreuve : entre marchés et égalité (France, Europe occidentale et espaces coloniaux au XXe siècle) » et une «Histoire des mouvements sociaux en France aux XIXe et XXIe siècles».

Ouvrages de Michel Pigenet :

Les ouvriers du Cher (fin XVIIIe siècle-1914). Travail, espace et conscience sociale, Montreuil, Ed. de l’ICGTHS, 1990.

Au cœur de l’activisme communiste des années de guerre froide. La manifestation Ridgway, Paris, L’Harmattan, 1992.

«Ouvriers, paysans, nous sommes…».Les bûcherons du Centre de la France au tournant du siècle, Paris, L’Harmattan, 1993.

Les «Fabiens». Des barricades au front (septembre 1944-mai 1945), Paris, L’Harmattan, 1995.

Les Victimes civiles des bombardements en Haute-Normandie (1er janvier – 12 septembre 1944), codirigé avec B. Garnier, Caen, CRHQ-IRED-La Mandragore, 1997.

Industrialisation et sociétés en Europe occidentale (1870-1970), écrit avec M. Margairaz, P. Saly et J.-L. Robert, Paris, Atlande, 1998.

La France démocratique (combats, mentalités, symboles). Mélanges offerts à Maurice Agulhon, codirigé avec C. Charle, J. Lalouette, A.-M. Sohn, Paris, Publications de la Sorbonne, 1998.

L’Apogée des syndicalismes en Europe occidentale, 1960-1985, codirigé avec P. Pasture et J.-L. Robert, Paris, Publications de la Sorbonne, 2005.

La CGT dans les années 1950, codirigé avec E. Bressol, M. Dreyfus et J. Hedde, Rennes, PUR, 2005.

Campagnes et sociétés en Europe, 1830-1930, codirigé avec G. Pécout, Paris, Editions de l’Atelier, 2005.

Emile, Georges, Fernand et les autres… Regards sur le syndicalisme révolutionnaire, codirigé avec P. Robin, Bouloc, Editions d’Albret, 2007.

Estados y relaciones de trabajo en la Europa del siglo XX, codirigé avec S. Castillo et F. Soubiran-Paillet, Madrid, Ed. Cinca-Fundacion F. Largo Caballero, 2008.

Retraites. Une histoire des régimes spéciaux, (dir.), Paris, ESF Editeur, 2008. Mémoires du travail à Paris, (dir.) Paris, Créaphis, 2008.

Les Meuniers du social. Force ouvrière, acteur de la vie contractuelle et du paritarisme, codirigé avec M. Dreyfus, Paris, Publications de la Sorbonne, 2011.

Lundi 9 janvier 2012

Ça fait d’excellents Français par Marc Olivier Baruch

Georges Brassens, qui aimait mettre les pieds dans le plat, fit deux fois scandale en 1964, année du vingtième anniversaire de la Libération, en publiant un album contenant à la fois Les Deux Oncles, chanson qui peut être entendue comme une apologie de l’attentisme, et La Tondue, critique acerbe et poignante de l’épuration de la collaboration horizontale.

Dans un titre moins connu, qu’il n’a pas enregistré, Honte à cet effronté qui peut chanter, il revint sur la période de l’Occupation.

On y trouve le quatrain suivant :

« Et dans l’année Quarante mon cher que faisiez-vous ?

Les Teutons forçaient la frontière, et comme un fou

Et comm’ tout un chacun, vers le sud, je fonçais

En chantant : Tout ça, ça fait d’excellents Français ».

Que le chanteur français le plus célèbre de la seconde moitié du vingtième siècle fasse référence, pour évoquer cette période, à un « tube » (le mot est anachronique) de son homologue de la première moitié de ce même siècle, est en soi significatif.

On considère souvent que l’histoire de la chanson de variétés et ses interprètes en France pendant la Seconde Guerre mondiale se limite à celle de l’engagement : doit-on garder le silence ou au contraire continuer à chanter, composer ? Dans la chanson citée plus haut, Brassens apporte sa réponse –

« À qui fera-t-on croire que le bon populo

Quand il chante quand même est un parfait salaud ? »

– qui ne saurait surprendre de sa part.

Et si, de fait, cette question était, sinon vaine, du moins insuffisante ? S’il s’agissait moins de savoir s’il fallait ou non chanter que de comprendre qui chantait quoi, quand et pourquoi. ?

On tentera d’apporter quelques éléments de réponse à partir du parcours de Maurice Chevalier entre 1939 et 1944, révélateur sans doute – mais comment ? – d’un moment d’histoire de la France et des Français.

Nous vous recommandons la consultation du site du Centre National du Patrimoine de la Chanson, des Variétés et des musiques Actuelles ICI

et plus particulièrement ICI pour plus d’information sur les conférences précédentes de Marc-Olivier Baruch.

(choisissez «synthèse d’historien»)

Lectures conseillées :

Chantal Brunschwig,

Louis-Jean Calvet,

Jean-Claude Klein

Jean-Claude Klein

Serge Bernstein, avec Philippe Tétard

Bertrand Dicale

Points-Seuils, 1981 Bordas, 1990 Ed. du Chêne, 2000 France- Info Fayard, 2011

Marc Olivier Baruch

Né en 1957, Marc Olivier Baruch est ancien élève de l’École polytechnique et de l’École nationale d’administration. Après avoir occupé depuis 1981, diverses fonctions dans les administrations centrales de l’état (ministère de l’Éducation nationale et ministère de la Culture) et au sein d’un cabinet ministériel, il rejoint en 1997 le CNRS (Institut d’histoire du temps présent) en qualité de chercheur en histoire.

Publiée en 1997, sa thèse relative aux comportements dans l’administration française durant la Seconde Guerre mondiale l’a conduit à être entendu comme témoin lors du procès de Maurice Papon à Bordeaux.

Ses travaux portent maintenant d’une part sur l’histoire de l’Etat et de l’administration au 20e siècle, d’autre part sur les rapports entre histoire, droit et politique dans la France contemporaine.

Et il s’intéresse à la chanson….

.

Bibliographie sommaire :

avec Serge Audier et Perrine Simon-Nahun

la Découverte, Repères, 1996

Fayard, 1997

Fayard, 2003

de Fallois, 2008

Lundi 12 décembre 2011 – Lili Marleen par Alain CroixAlain Croix

Historien, Alain Croix est un des premiers à avoir utilisé l’image comme source, dans les années 1970, et fait partie de ceux qui ont le plus utilisé la photographie dans leurs publications. Il prépare actuellement avec deux collègues, un gros ouvrage sur les photographies de la Bretagne.

Lili Marleen, «La plus belle chanson d’amour de tous les temps», selon l’écrivain John Steinbeck. Ajoutons le nom de l’interprète la plus célèbre, Marlène Dietrich, et nous voilà dans le mythe et, en apparence, bien loin de l’histoire. Le propos de la conférence est justement de montrer que cette magnifique chanson est, à elle seule, un condensé de l’histoire européenne du 20e siècle… La tâche du conférencier s’annonce rude !

Il n’existe aucun ouvrage disponible sur la chanson : celui de Jean-Pierre Guéno, très anecdotique, a été «retiré du catalogue» par son éditeur. Pour aller plus loin, il faut donc consutler des ouvrages bien plus généraux, sur l’histoire de l’Allemagne entre 1914 et 1945, sur la Deuxième Guerre mondiale, et accessoirement sur Marlène Dietrich.

Lundi 5 décembre 2011 – Yesterday par Bertrand LemonnierBertrand Lemonnier

Né en 1959, Bertrand Lemonnier a découvert les Beatles à la fin des années 1960. Il leur a consacré une bonne part de ses recherches universitaires entre 1980 (maîtrise) et 1994 (doctorat d’histoire à Paris-IV-Sorbonne sur Les transformations culturelles dans l’Angleterre des années 1960).

Quelques livres et articles sont venus étoffer cette thèse que l’on peut résumer en ces termes : les Beatles ont pour le moins changé le cours de l’histoire (du monde) entre 1962 et 1970.

Bertrand Lemonnier est aujourd’hui professeur en classes préparatoires littéraires au lycée Louis-le-Grand, une activité qui ne lui empêche pas de transmettre – quand il en a l’occasion – sa passion pour le rock .

Petite fiche signalétique de la chanson :

Du 14 au 17 juin 1965 : dates d’enregistrement de la chanson dans les Studios EMI d’Abbey Road (Londres)

Producteur et arrangeur : George Martin

Auteurs : John Lennon/Paul McCartney (les deux auteurs signent toujours conjointement leurs chansons même si c’est Paul qui a composé les paroles et la musique de Yesterday).

Labels discographiques : Parlophone et Capitol (groupe EMI)

Durée de la chanson : 2:05

Sortie en Angleterre : 6 août 1965 (sur le 33 tours Help en mono ou stéréo)

Sortie aux Etats-Unis : le 13 août 1965 (idem)

Analyse :

I/Yesterday : le contexte historique du succès des Beatles

– Une première analyse historique du phénomène

– Un tel succès garde toutefois une part de mystère

– Les résistances à la Beatlemania

II/ Yesterday : une chanson qui révèle de nouvelles ambitions artistiques

– Les Beatles font de la pop music un art

– Les dynamiques d’une évolution rapide

– Stones versus Beatles : un antagonisme en chansons

III/Yesterday : un chef-d’œuvre mélodique

– Les composantes musicales

– Des paroles mises sur la musique

– La notoriété de la chanson

Bibliographie indicative :

Depuis une quinzaine d’années, les études universitaires sur les Beatles se sont multipliées dans de nombreux domaines (sociologie, musicologie, histoire des médias). On en trouvera une liste non exhaustive dans wikipédia (article « Beatles http://fr.wikipedia.org/wiki/The_Beatles ). En histoire, c’est beaucoup plus restreint, sauf peut-être en Angleterre (à Cambridge) mais généralement dans la cadre de l’histoire des musiques populaires. On lira par ailleurs parmi les centaines de titres disponibles sur le marché :

The Beatles Anthology, Seuil, 2000 (version française) [les Beatles par les Beatles]

M.Lewisohn, The Complete Beatles Chronicle, Pyramide Books, 1993 [la bible de l’érudit]

– H.Davies (trad. Jean-Luc Piningre), Les Beatles : la biographie, Le Cherche-Midi, 2004 [une biographie intéressante parmi des dizaines d’autres]

– B.Lemonnier, L’Angleterre des Beatles, Kimé, 1995 [issu d’une thèse d’histoire]

– Steve Turner, L’Intégrale Beatles, les secrets de toutes leurs chansons, Hors Collection , 2006 [ouvrage décevant tout comme celui de M.Hergstgaard, l’Art des Beatles, Stock, 1995]

28 novembre 2011 – Va, pensiero extrait de Nabucco – par Patrick Barbier

Patrick Barbier

Historien de la musique, nantais, italianiste de formation, professeur à l’Université catholique de l’Ouest (Angers), membre de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de Loire et président du Centro Studi Farinelli (Bologne).

Spécialiste de l’histoire de l’opéra et des rapports entre musique et société, notamment à l’époque baroque et à l’époque romantique.

Tout au long de l’histoire de l’Italie, la musique, et surtout l’opéra, ont été le principal véhicule de la pensée. L’apport de Verdi dans le long combat pour l’indépendance et l’unité de l’Italie en est un des meilleurs exemples. Dès le début des années 1840, bien avant que les événements politiques ne deviennent déterminants, Verdi a senti que quelque chose était « dans l’air ». Comme le dit Pierre Milza, « il est l’accoucheur du patriotisme italien, non l’inventeur ». Sans vouloir faire de sa musique un combat national, il a accordé une place centrale aux passions politiques dans ses opéras.

Très vite certains de ses choeurs, dont l’emblématique Va pensiero, vont devenir un symbole de la lutte nationale. Ils seront récupérés, dès la décennie suivante, par les mouvements nationalistes italiens, au point de devenir indissociables du Risorgimento. Aujourd’hui encore, comme l’a montré la célèbre représentation de cette année à l’Opéra de Rome sous la direction de Riccardo Muti, le choeur des esclaves de Nabucco continue d’incarner un certain esprit national tout autant qu’il attise les passions.

Livres en lien direct avec cette conférence :
La Vie quotidienne à l’Opéra au temps de Balzac et Rossini, Hachette, réédition 2003
La Malibran, reine de l’opéra romantique (biographie) Pygmalion, 2005
Pauline Viardot (biographie) Grasset, 2009

Bibliographie sommaire

-LABIE Jean-François, Le cas Verdi, Paris, Fayard, 2001
-MILZA Pierre, Verdi et son temps, Paris, Perrin, 2001
-VAN Gilles de , Verdi, un théâtre en musique, Paris , Fayard, 2001
et sous la direction de Jean CABOURG, Guide des opéras de Verdi, Paris, Fayard, 1990.

Autres ouvrages du conférencier :
Histoire des Castrats, Grasset, 1989
Farinelli, le castrat des Lumières, Grasset, 1994
La Maison des Italiens, les castrats à Versailles, Grasset, 1998
La Venise de Vivaldi, Grasset, 2002
Jean-Baptiste Pergolèse, Fayard, 2003

21 novembre – John Brown’s body par Anne-Gaëlle Cooper-Leconte

Anne-Gaëlle Cooper-Leconte

Ancienne élève de l’ENS de Fontenay-St-Cloud, Anne-Gaëlle Cooper-Leconte enseigne l’histoire et la géographie au Lycée Jules Verne de Nantes.

John Brown’s Body, célèbre marche de la Guerre de Sécession américaine, est ancrée dans l’histoire sociale et politique de l’Amérique.

La forme de la chanson reprend la tradition des cantiques des campements typiques du Second Grand Réveil religieux du XIXe siècle américain.

Le sujet de la chanson est lié à l’esclavage, question centrale dans la vie politique des Etats-Unis au XIXe siècle, et source de tensions croissantes entre Nord et Sud dans le contexte de l’expansion territoriale du pays, jusqu’à entraîner la Guerre de Sécession. John Brown lui-même, personnage controversé, est une figure originale et extrême de l’abolitionnisme américain et joue un rôle majeur dans l’escalade vers le conflit. Ici vers 1856.

John Brown’s Body naît avec la guerre de Sécession et reflète bien son esprit et son évolution ; la chanson est ennoblie au fur et à mesure de ses versions, jusqu’au Battle Hymn of the Republic, pendant que les idées de John Brown deviennent de plus en plus centrales dans le conflit.

Par la suite, cette chanson est devenue une référence culturelle incontournable, souvent reprise ou réutilisée.

Orientation bibliographique :

La synthèse de référence sur la guerre de Sécession reste :

James McPHERSON, La Guerre de Sécession, 1861-1865, Laffont,« Bouquins », 1991 (traduction d’un ouvrage de 1988).

Des ouvrages généraux plus synthétiques sont disponibles en français, en particulier :

Farid AMEUR, La Guerre de Sécession, PUF, « Que Sais-Je ? », 2004.

Claude FOHLEN, Histoire de l’esclavage aux Etats-Unis, Perrin, 1998. André KASPI, La Guerre de Sécession : les Etats désunis, Gallimard, « Découvertes », 1992.

On pourra aussi voir la série télévisée de Ken BURNS, The Civil War, la Guerre de Sécession, Arte, 2009, 4 DVD. Une bibliographie plus extensive est présentée dans un numéro récent de la revue l’Histoire, qui consacre un dossier à la guerre de Sécession (n° 361, février 2011, pp. 40-81).

Lundi 7 novembre – La petite Tonkinoise par Alain Ruscio

«Ma Tonkiki, ma Tonkiki, ma Tonkinoise»… Plusieurs générations de Français ont fredonné cet air, au point d’en faire un des grands succès populaires du siècle. Créée en 1906, adaptée et reprise en 1931 par Joséphine Baker, elle apparaît aujourd’hui comme l’un des «classiques» de la chanson coloniale française. En l’écoutant sans attention, on peut dans un premier temps croire à une aimable ritournelle. Mais sait-on assez que cette chanson «amusante» masque des relations humaines très inégalitaires,en particulier entre hommes colonisateurs et femmes colonisées ?

Une plongée dans l’histoire des mentalités nous amène à penser que, derrière la chanson se cachaient des réalités moins joyeuses.

Alain Ruscio

Alain Ruscio, historien, docteur ès Lettres, chercheur indépendant, a consacré l’essentiel de son travail de recherche, dans un premier temps, à l’Indochine coloniale et à la phase finale de cette histoire, la guerre dite française d’Indochine (1945-1954). Dont sa thèse, soutenue en Sorbonne (Université Paris I), en 1984.

Depuis quelques années, il a orienté ses recherches vers une histoire comparative, étudiant les autres colonies françaises. Il a notamment porté ses travaux sur ce qu’il est convenu d’appeler le «regard colonial».

Se réclamant d’une Histoire citoyenne, il a récemment publié un livre dénonçant le retour de l’esprit colonial :«Y’a bon les colonies ? La France sarkozyste face à l’histoire coloniale, l’identité nationale et l’immigration » Paris, Éditions Le Temps des Cerises, 2011.

Il s’honore d’avoir eu comme préfaciers à certains de ses ouvrages Madeleine Reberioux, Raymond Aubrac et Albert Memmi.

Bibliographie sommaire.

Maisonneuve & Larose 2001 Le Temps des cerises 2011 Les Indes Savantes 2007 Les Indes Savantes 2011

7 novembre 2011 – La montagne par Jean-Paul Diry

Professeur émérite, Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand.

Centre d’études et de recherches appliquées au Massif Central à la moyenne montagne et aux espaces fragiles (CERAMAC).

Jean-Paul Diry

La Montagne est sans doute la chanson la plus connue, la plus populaire de Jean Ferrat. Elle est écrite durant l’été 1964, alors que l’auteur vient d’acquérir une ferme en ruines à Antraigues-sur-Volane, modeste chef-lieu de canton de la Cévenne ardéchoise. Le texte, révélateur d’une époque, évoque l’exode rural, le départ des jeunes irrésistiblement attirés par la ville, ses emplois et ses loisirs avec pour conséquence l’abandon agricole du « pays » livré à la friche. Et il est vrai que le délestage des campagnes culmine durant la décennie 1955-1965. La révolution agricole, fondée sur la motorisation et la productivité, sélectionne les terroirs et condamne la petite exploitation familiale. Elle n’est guère favorable aux pentes et à la pulvérisation agraire : sauf exception, la montagne est victime de cette modernité. En fait, les pertes démographiques ont débuté bien avant la Seconde Guerre mondiale. Dès le milieu du XIXe siècle, certaines contrées sont minées par un exode qui n’a cessé de s’amplifier. Du fait d’une nouvelle donne économique et sociale, pour le plus grand nombre, la campagne n’est plus viable.

La chanson n’est pas neutre. Elle délivre un message, au point que, en mai 1969, Jean Ferrat déclare à Témoignage Chrétien : « La Montagne est politique… ». Toutefois, à y regarder de près, l’idéologie qui sous-tend le texte n’est pas d’une limpidité absolue. Faut-il retenir une condamnation du système économique dominant, facteur d’inégalités sociales et territoriales ? Ou bien, à l’opposé, et peut-être à l’insu de l’auteur, ne convient-il pas de souligner une certaine exaltation des valeurs de la paysannerie et du sol natal, un rejet de la ville que ne renieraient pas les agrariens ? Enfin, La Montagne n’annonce-t-elle pas le succès futur des thèmes environnementalistes et un renversement des perceptions urbaines et rurales ?

Bibliographie sommaire :

Université

Blaise Pascal, 1999

Mémoire d’Ardèche et du Temps Présent, 2000 Institut d’Études du Massif Central, 1988

Éducation Nationale & CNRS, 1961 Presses Universitaires Valenciennes, 2003 Fayard, 2010

Lundi 17 octobre 2011 – La Paimpolaise par Alain CroixAlain Croix

Il était une fois une chanson, crée en 1895 : La Paimpolaise. Et son auteur, le «barde breton» Théodore Botrel, il était une fois…, oui, car cette chanson est devenue un véritable mythe, plus fort que la réalité évoquée, celle de la pêche à la morue en Islande. Comment expliquer cet incroyable succès et plus encore cette victoire du mythe ? Cette passionnante question d’histoire est au coeur de la conférence.

Bibliographie : le seul ouvrage de qualité sur ce sujet est celui de François Chappé, l’épopée Islandaise (1880-1914) Paimpol et la République de la mer, publié en 1990, épuisé, mais qu’on trouve dans «toutes les bonnes bibliothèques».

C’est là aussi qu’on trouvera (ou sur le web) un film documentaire également épuisé, « Pêcher à Islande ». Mythes et réalités de la pêche à la morue, réalisé par Patrice Roturier, écrit par Alain Croix, distribué par les Presses Universitaires de Rennes, 42 minutes, 1996.

Lundi 10 octobre 2011 – Le déserteur par Alain Bergerat

Le déserteur est incontestablement la plus célèbre de toutes les chansons pacifistes. Ecrite par Boris Vian en 1954, l’année de Diên Biên Phu et de la défaite de l’armée française en Indochine, elle a immédiatement été interdite d’antenne. Mais beaucoup des grands interprètes de l’époque (Mouloudji, Juliette Gréco, Serge Reggiani, …) l’ont mise à leur répertoire pour témoigner de leur engagement contre les guerres coloniales. Il a fallu attendre la fin de celles-ci pour que Le déserteur puisse connaître une plus grande audience. Reprise par les « protest singers » américains pendant la Guerre du Vietnam, la chanson de Boris Vian s’est même internationalisée et est devenue l’hymne universel de la résistance à la guerre.

Mais, pour comprendre l’impact d’une chanson pacifiste, il faut la replacer dans son époque. Si la guerre et la paix sont depuis toujours un thème qui a inspiré nombre de chanteurs, l’historien doit prendre en compte le contexte dans lequel se situent l’écriture et l’interprétation de leurs chansons pour en saisir tout le sens et toute la portée.

Lundi 3 octobre 2011 – Le temps des cerises par Rémy Cazals

Rémy Cazals

A propos du Temps des Cerises, la grande question est celle-ci : s’agit-il d’une chanson de la Commune ? La réponse doit être nuancée ; elle sera développée en 4 parties :

1. « Des pendants d’oreille… »
Ecrite en 1866 par Jean-Baptiste Clément, et mise en musique peu après, la chanson n’a donc rien à voir, au départ, avec la Commune de Paris de 1871. C’est exclusivement une chanson d’amour, même si certaines œuvres de ce type pouvaient cacher un sens politique, et même si Clément, par ailleurs, avait souvent des heurts avec la censure impériale.

2. « Cette chanson a couru les rues… »

Devenue très populaire, Le Temps des Cerises, a été chantée à la fin de l’Empire, pendant les sièges de Paris et la Commune, au milieu d’une floraison de chansons politiques qui seront évoquées.

3. « Une plaie ouverte… »

La répression de la Commune a donné naissance à plusieurs chansons célèbres. On retiendra Elle n’est pas morte de Pottier, et deux autres chansons de Clément, Le Capitaine « Au Mur » et La Semaine sanglante. Le Temps des Cerises prend place dans la série du fait de la dédicace de l’auteur « à la vaillante citoyenne Louise, l’ambulancière de la rue Fontaine-au-Roi, le dimanche 28 mai 1871 ». En éditant ses poèmes et chansons en 1885, Clément a fait, à propos du Temps des Cerises, un long développement sur les derniers moments de la résistance contre les Versaillais. Et les mots « plaie ouverte », qui n’évoquaient que chagrin d’amour, ont pris un autre sens.

4. « Au temps d’anarchie… »

Enfin, on évoquera le devenir des chansons célèbres, l’utilisation du Temps des Cerises dans des manifestations de la gauche, et la récupération de la musique pour y inscrire de nouvelles paroles, par exemple par le mouvement anarchiste. Sans oublier Le Temps des Noyaux de Prévert.

Bibliographie sommaire :

On signalera d’abord la publication des œuvres de Jean-Baptiste Clément, Chansons choisies, éditions Ressouvenances, 1984 (d’après l’édition de 1985).

L’auteur spécialisé dans la question est Robert Brécy, avec notamment ses deux ouvrages, Florilège de la chanson révolutionnaire de 1789 au Front populaire, Institut CGT d’histoire sociale, 1990, et La Chanson de la Commune, Editions ouvrières, 1991.

De Rémy Cazals, « Chansons de la Commune », dans La Commune de 1871 : Utopie ou Modernité ?, actes du colloque de Perpignan, sous la direction de Gilbert Larguier et Jérôme Quaretti, Presses universitaires de Perpignan, 2000, p. 387-397. Du même auteur, vient de paraître Bonaparte est un factieux, Les résistants au coup d’Etat, Mazamet 1851, éditions Vendémiaire, 2011.

Cours Public 2010 – 2011

Quand les images font l’histoire

Quand les images font l'histoire

21 février 2011 – Guernica

tableau de Picasso

par Marie-France Le Strat & Alain bergerat

Guernica, œuvre majeure du XXe siècle, connue dans le monde entier, devenue emblème de la barbarie guerrière, est donc très présente dans la mémoire collective. Paradoxalement , au moment de sa présentation à l’Exposition internationale de 1937 à Paris, ce tableau est passé quasiment inaperçu et a même été plutôt mal reçu par les instances politiques de gauche.

Ce contraste étonnant nous invite à un voyage dans l’histoire de cette image au XXe siècle.

Marie-France Le Strat, membre de Nantes-Histoire depuis sa création, a été professeur d’histoire dans le secondaire. Chargée de mission au Musée des Beaux-Arts de Nantes, elle a assuré un travail de formation auprès des enseignants et a participé à plusieurs ouvrages sur les collections du musée.

Depuis plusieurs années elle donne des cours d’histoire de l’art à l’Université permanente.

Marie-France Le Strat

Alain Bergerat

Membre du bureau de Nantes-Histoire depuis la création de l’association, Alain Bergerat a été professeur d’histoire en classes préparatoires au Lycée Clemenceau (1971-1981) puis au Lycée Guist’hau (1981-2003).

Auteur d’une Histoire de Basse-Goulaine. Un village entre Loire et Goulaine, il a également participé à plusieurs ouvrages collectifs publiés par Nantes-Histoire.

14 février 2011 –

Honte à celui qui ne se révolte pas contre l’injustice sociale

tableau de Jules Grandjouan

par Didier Guyvarc’h

Cette toile réalisée en 1910 par Jules Grandjouan est exposée au Musée d’Histoire de Nantes. Comment cette oeuvre, passée de l’espace privé à l’espace public, est devenue une image qui fait l’histoire ?

Historien, Didier Guyvarc’h a consacré son travail de thèse à la construction de la mémoire de Nantes au 20e siècle.

Ses recherches actuelles portent sur l’histoire des représentations de la Bretagne.

Il prépare avec deux collègues, un ouvrage sur les photographies de la Bretagne.

Quelques publications :

7 février 2011 – Le repas des paysans – tableau de Louis Le Nain

par Joël Cornette

Ce tableau est célèbre. Presque trop célèbre : il fait partie de ces oeuvres qu’on ne regarde plus guère, à force de les avoir tant de fois vu reproduites. Pourtant, cette célébrité mérite, peut être, une nouvelle visite. En oubliant tout ce qu’on a cru avoir lu, ou su, sur lui…

Cette grande toile fut peinte à la fin du règne de Louis XIII, en 1642. Ce qui va m’intéresser dans ce tableau des frères Le Nain, c’est la pluralité des regards qu’il est possible de lui porter, car il est concevable, on va le voir, de proposer plusieurs types de lectures.

Ces lectures du Repas des paysans, nous voudrions les confronter, les associer, comprendre aussi les relations qu’elles peuvent entretenir l’une par rapport à l’autre. Car ce tableau n’a pas dévoilé tous ses mystères. Ni son énigme. En effet, aucun texte contemporain (la trace d’une commande, une lettre des peintres, un témoignage…) ne permet, jusqu’à présent, de dissiper le voile qui recouvre les motivations qui ont suscité sa réalisation.

Des lectures donc, trois lectures historiennes du “ repas des paysans ”, une triple enquête, si l’on veut, qui nous entraînera au cœur même de la réalité matérielle et sociale mais aussi des imaginaires du XVIIe siècle.

Joel Cornette est professeur à l’université Paris 8 Vincennes Saint-Denis.

Il dirige une histoire de France en treize volumes aux éditions Belin (2009-2011).

Il a obtenu le grand prix d’histoire de l’Académie Française pour l’ensemble de son oeuvre.

Il est l’auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels Le marquis et le Régent. Une conspiration bretonne à l’aube des Lumières (Tallandier, 2008), Histoire de la Bretagne et des Bretons (Le Seuil, 2005, réed. 2008). Son dernier livre est : Henri IV à Saint-Denis. De l’abjuration à la profanation ( Belin, 2010).

31 janvier – La prise de Jérusalem par les croisés

tableau d’Émile Signol

par Robert Durand

Répondant à une commande officielle, le tableau, peu connu, de Signol propose une représentation très positive et très apaisée de la première croisade au milieu du XIXe siècle : elle apparaît comme préfigurant et justifiant l’expansion coloniale qui débute alors. Cette vision est aussi celle qui s’est imposée jusqu’à la décolonisation.

Aujourd’hui les historiens insistent davantage sur la très grande violence que contenaient les croisades et sur la haine et les frustrations qu’elles ont déchaînées. On montrera ainsi que des images qui font l’Histoire pendant un temps peuvent aussi figer l’Histoire et devenir obsolètes.

Robert Durand a longtemps enseigné l’Histoire médiévale à l’Université de Nantes et suivi l’évolution de l’historiographie. Il est l’auteur (ou co-auteur) de différents ouvrages dont :

24 janvier 2011 – Le président Mao en route vers Anyuan

Tableau de Liu Chunhua

par Alain Croix

Le tableau est en soi fascinant, puisqu’il s’agit de l’oeuvre très probablement la plus reproduite dans le monde ! Mais derrière l’évidence du culte de la personnalité de Mao Zedong se cache presque un siècle d’histoire de la Chine, de 1921 à nos jours, le chemin passant aussi par les États-Unis et… le Vatican !

Alain Croix

Historien, Alain Croix est un des premiers à avoir utilisé l’image comme source, dans les années 1970, et fait partie de ceux qui ont le plus utilisé la photographie dans leurs publications. Il prépare actuellement avec deux collègues, un gros ouvrage sur les photographies de la Bretagne.

Il est notamment à l’origine de la collection «images et histoire», aux Presses Universitaires de Rennes, dans laquelle il a dirigé ou co-dirigé une histoire de la Bretagne, une histoire de Rennes, et Femmes de Bretagne. Il a également publié La bretagne, entre histoire et identité (Gallimard, 2008), et, avec un collègue, un des volumes de l’Histoire culturelle de la France (Seuil, 1997).

10 janvier 2011 – La liberté guidant le peuple – tableau d’Eugène Delacroix

par Alain Bergerat

La Liberté guidant le peuple est sans doute le tableau le plus célèbre de la peinture française. Largement utilisé dans la publicité, dans la communication, elle suscite des lectures diverses. Représentant pour certains la Révolution, pour d’autres la République, pour d’autres encore la France, elle illustre tous les ouvrages historiques portant sur notre XIX ème siècle.

Mais quelles étaient les intentions d’Eugène Delacroix quand il l’a composée quelques semaines après les Trois Glorieuses de 1830 ? Quelles lectures en ont faite ses contemporains ? Comment cette peinture emblématique fut-elle interprétée au cours de notre histoire et quelle place tient-elle encore aujourd’hui dans notre débat politique ?

Alain Bergerat

Membre du bureau de Nantes-Histoire depuis l’a création de l’association, Alain Bergerat a été professeur d’histoire en classes préparatoires au Lycée Clemenceau (1971-1981) puis au lycée Guist’hau (1981-2003).

Auteur d’une Histoire de Basse-Goulaine. Un village entre Loire et Goulaine, il a également participé à plusieurs ouvrages collectifs publiés par Nantes-Histoire.

Histoire de Basse-Goulaine Un village entre Loire et Goulaine

13 décembre 2010 – Les constructeurs – tableau de Fernand Léger

par Ariane Coulondre

En 1950, Fernand Léger peint le tableau monumental «Les Constructeurs, définitif», aboutissement d’une série composée de dizaines de tableaux et d’études. Cet emblème de la France de la Reconstruction fait écho aux actions du plan de modernisation et d’équipement mis en place à la Libération.

Au delà du contexte spécifique de l’époque marquée par la modernisation de l’économie française, c’est une image allégorique de l’homme au travail que propose le peintre. Réconciliant la force visuelle de la grille abstraite à une figuration engagée, le tableau offre une vision de la classe ouvrière éloignée des doctrines esthétiques préconisées par le Parti communiste, dont Léger est pourtant membre depuis 1945.

C’est que cette œuvre manifeste, très souvent reproduite, n’est pas dénuée d’ambiguïtés, tant par ses sources, son iconographie ou l’histoire de sa réception.

Les constructeurs

Ariane Coulondre Spécialisée en histoire de l’art du XXe siècle, Ariane Coulondre est conservateur du patrimoine au musée national Fernand Léger, à Biot.

Ses recherches ont porté particulièrement le cubisme et sur la scène française des années 50.

Contribution à l’ouvrage collectif : Disques et sémaphores, le langage du signal chez Léger et ses contemporains, Réunions des Musées
Nationaux, Paris, 2010.

disques et sémaphores

6 décembre 2010 – L’empereur triomphant – sculpture sur ivoire

par Bruno Dumézil

L’Empire romain a-t-il disparu d’Occident en 476 ? Certains le croient, notamment les Barbares wisigoths et francs qui ont, à leur façon, beaucoup contribué à l’effacement de la puissance romaine. D’autres en sont moins persuadés. Ainsi en est-il des Byzantins qui représentent encore leur empereur comme le maître d’un univers auquel il apporte foi chrétienne et la civilisation romaine. Or, à la fin du VIe siècle, le palais de Constantinople a l’étrange idée d’envoyer aux Francs, comme cadeau diplomatique, un ivoire synthétisant toutes ses prétentions à l’universalisme. À travers l’image, deux visions du monde s’affrontent.

ivoire Barberini

Bruno Dumézil

Ancien élève de l’ENS, maître de conférences à l’Université de Paris Ouest-Nanterre et membre de l’Institut Universitaire de France, Bruno Dumézil est l’auteur de :

Les racines chrétiennes de l’Europe, Conversion et liberté dans les royaumes barbares V-VIIIe siècle (Fayard, 2005)

et d’une biographie de La reine Brunehaut (Fayard, 2008).

Dernier titre paru : Les Barbares expliqués à mon fils, Paris, Seuil, 2010.

29 novembre 2010 – La fée électricité – Tableau de Raoul Dufy

par Martine Contensou

Commandé à Raoul Dufy pour le hall du palais de la Lumière et de l’Electricité construit par Robert Mallet-Stevens pour l’Exposition internationale des arts et techniques dans la vie moderne de 1937, « le plus grand tableau du monde » qu’est La Fée Electricité était promis à l’existence éphémère d’un décor de pavillon d’exposition universelle…

Pourtant, la Fée Électricité est toujours là : son commanditaire, la Compagnie parisienne de distribution d’électricité, la conserva soigneusement, puis la donna après la guerre à la Ville de Paris, qui ne put entreprendre qu’en 1964 les travaux qu’exigeait son installation au cœur du musée d’Art moderne auquel elle semble désormais indissolublement liée.

Apogée des recherches que poursuivait Dufy depuis sa période fauve sur ce qu’il appelait la «couleur-lumière», La Fée Electricité fut aussi pour le peintre l’amorce d’un nouveau commencement.

A travers l’hymne à l’électricité et à la vie moderne, c’est un véritable hommage à la lumière et aux peintres qui ont cherché à en saisir les multiples variations que Raoul Dufy rend en filigrane.

Martine Contensou

Martine Contensou a été attachée de conservation au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, à la maison de Balzac et à la maison de Victor Hugo,Elle est actuellement responsable du Service Culturel de Galliera, musée de la mode de la Ville de Paris,.

Quelques lectures :

La fée électricité

Paris-musées

Paris

2009

Balzac et Philipon associés

Paris-musées

Paris

2001

l’artiste selon Balzac

Maison de Balzac & Paris musées

Paris

1999

22 novembre 2010- L’homme de la place Tien an Men

par Adrien Gombeaud

Il est à peu près midi ce 5 juin 1989 à Pékin. Une colonne de blindés s’éloigne de la place Tiananmen. Soudain, un homme seul jaillit au milieu de l’avenue. Vêtu d’une chemise blanche, portant deux sacs de supermarché, il immobilise par sa seule présence le monstre d’acier. Du haut d’un hôtel voisin, quatre reporters saisissent l’instant. Leurs photos vont faire le tour du monde. L’homme deviendra l’emblème du « Printemps de Pékin » et au-delà, le symbole de la force de l’individu face à la barbarie. On ne sut jamais qui il était. Quant aux quatre photographes, ils sont restés à jamais marqués par cet instant, à la fois rivaux et frères, unis par cinq minutes d’histoire de Chine. C’est le destin de cette image que nous allons raconter.

Adrien Gombeaud est journaliste et critique de cinéma. Il collabore au quotidien Les Echos, est membre du comité de rédaction de la revue Positif.

Il a notamment coordonné le « Dictionnaire du cinéma asiatique » (Ed. Nouveau Monde, 2008) et publié « Tabac et cinéma, histoire d’un mythe » (Scope, 2008), ainsi que « L’homme de la place Tiananmen » (Seuil, 2009).

Il publiera au printemps prochain un livre sur Marilyn Monroe aux éditions du Serpent à Plumes.

15 novembre – Un enterrement à Ornans – Tableau de Gustave Courbet

par Thomas Schlesser

Un enterrement à Ornans fait partie des œuvres les plus discutées de l’histoire. Non seulement de son temps, alors que la toile est l’objet d’une querelle extrêmement violente entre ceux qui la défendent et ceux – beaucoup plus nombreux – qui la fusillent pour son réalisme rebutant et sa prétention démesurée. Mais encore aujourd’hui. Quelle signification donner à ce cortège sombre ? Quelle part accorder et quel éclairage donner au message politique, à la désillusion républicaine, à l’idéal rural, dans une période critique, où les cendres de 1848 sont encore brûlantes et l’Empire de Napoléon le Petit en gestation ? Gustave Courbet, en signant ce tableau-manifeste gigantesque, pose un bon nombre de questions, profondes et vertigineuses, sur le statut de l’art dans la société. Nous dirons lesquelles. Et nous tenterons même d’y répondre…

un enterrement à ornans

Thomas Schlesser

Thomas Schlesser est pensionnaire à l’Institut national d’histoire de l’art, il enseigne à l’ESAG-Pennighen et collabore comme journaliste à Beaux-Arts Magazine. Il est auteur d’une dizaine de livres, parmi lesquels sa thèse de doctorat, effectuée à l’EHESS, sur Gustave Courbet (Réceptions de Courbet – fantasmes réalistes et paradoxe de la démocratie, Presses du réel, 2007).

En 2010, il a publié Une histoire indiscrète du nu féminin (Beaux-Arts éditions) et Les Cent énigmes de la peinture – la beauté (Hazan).

8 novembre 2010 – Le tympan de l’abbatiale Sainte-Foy de Conques

Sculpture anonyme

Par Didier Panfili

L’un des tympans les plus célèbres de l’art roman sauvé par Prosper Mérimée, Conques est sans doute aussi le seul qui se laisse aisément décrypter par un large public pour un premier niveau de lecture. Réalisé vers 1130-1135, il fut conçu à un moment où l’Église est parvenue à prendre le pas sur les élites laïques et la société toute entière par une série de réformes que l’abbaye rouergate met ici partiellement en scène comme en d’autres espaces de l’abbatiale. Véritable programme idéologique, il offre néanmoins une vision du monde selon l’Église qui, déjà, est remise en cause alors même que le mortier joignant les blocs sculptés du tympan n’est pas sec.

Typan de l'abbatiale Sainte-Foy de Conques

Didier Panfili

Historien du Moyen Âge, Didier Panfili est maître de Aristocraties méridionales. Toulousain, Quercy. XI-XII sièclesconférences à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Il oriente actuellement ses recherches sur la compétition pour la domination entre les élites laïques et ecclésiastiques. L’image y joue un rôle déterminant.

Il a publié Aristocraties méridionales. Toulousain, Quercy. XIe-XIIe siècles (Presses universitaires de Rennes, 2010).

Quelques lectures

La civilisation féodale. De l’an mil à la colonisation de l’Amérique Le Moyen Âge. Adolescence de la Chrétienté occidentale.

980-1140

Conques Féodalités,

888-1180

Les revenants. Les vivants et les morts dans la société médiévale
La civilisation féodale. De lan mil à la colonisation de l'amérique
Le Moyen Âge. Adolescence de la Chréthienté occidentale. 980-1140
Conques
Féodalités, 888-1180
Les revenants. Les vivants et les morts dans la société médiévale

Jérôme Baschet

Georges Duby

Jean-Claude Fau

Florian Mazel

Jean-Claude Schmitt

Paris, Aubier, 2004 Paris, Flammarion Skira, 1984 Saint-Léger Vauban, Zodiaque, 1981 Paris, Belin, 2010 Paris, Gallimard, 1994

18 octobre – Les licteurs rapportant à Brutus les corps de ses fils.

Tableau de Jacques-Louis David

par Alain Croix

Malgré son titre très «daté», ce tableau est d’une parfaite actualité, puisqu’il abord les questions de la vertu, de la citoyenneté, de la modestie de l’homme politique. Et, histoire extraordinaire, il évoque la punition des comploteurs royalistes contre la république alors qu’il s’agit d’une commande royale livrée par le peintre David… en 1789 ! Voilà largement de quoi nourrir une réflexion d’histoire citoyenne…

les licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils

Alain Croix

Historien, Alain Croix est un des premiers à avoir utilisé l’image comme source, dans les années 1970, et fait partie de ceux qui ont le plus utilisé la photographie dans leurs publications. Il prépare actuellement avec deux collègues, un gros ouvrage sur les photographies de la Bretagne.

Il est notamment à l’origine de la collection «images et histoire», aux Presses Universitaires de Rennes, dans laquelle il a dirigé ou co-dirigé une histoire de la Bretagne, une histoire de Rennes, et Femmes de Bretagne. Il a également publié La bretagne, entre histoire et identité (Gallimard, 2008), et, avec un collègue, un des volumes de l’Histoire culturelle de la France (Seuil, 1997).

11 octobre 2010 – La prise d’Iwo Jima

Photographie de Joe Rosenthal

par Alain Croix

La photographie la plus célèbre de la guerre, en tout cas auxÉtats Unis, réunit tous les ingrédients du succès : la qualité formelle, mais aussi un véritable condensé de ce que sont alors les États-Unis, et la même la polémique.

Ainsi s’explique qu’elle ait pu inspirer directement aussi bien Bob Dylan que Clint Eastwood…

Derrière l’apparence se cache pourtant un moment essentiel dans l’histoire de la photographie de guerre, à l’échelle du monde : nous sommes quelque part entre les toutes premières photographies de cadavre de 1858 et l’extraordinaire absence de photographies de la guerre actuellement en cours en Afghanistan.

Iwo Jima

Alain Croix

Historien, Alain Croix est un des premiers à avoir utilisé l’image comme source, dans les années 1970, et fait partie de ceux qui ont le plus utilisé la photographie dans leurs publications. Il prépare actuellement avec deux collègues, un gros ouvrage sur les photographies de la Bretagne.

Il est notamment à l’origine de la collection «images et histoire», aux Presses Universitaires de Rennes, dans laquelle il a dirigé ou co-dirigé une histoire de la Bretagne, une histoire de Rennes, et Femmes de Bretagne. Il a également publié La bretagne, entre histoire et identité (Gallimard, 2008), et, avec un collègue, un des volumes de l’Histoire culturelle de la France (Seuil, 1997).

4 octobre 2010 – L’enfant du Ghetto de Varsovie

par Annette Wieviorka

Annette Wieviorka

Annette Wieviorka, est directrice de recherches au CNRS et membre du Conseil supérieur des Archives. Historienne de la mémoire, ses travaux sur la Shoah lui ont valu une notoriété internationale. Ell a écrit de nombreux ouvrages sur la période 1939/1945 et l’histoire des juifs au XXe siècle

plus d’infos :

http://irice.cnrs.fr/spip.php?auteur44

L'enfant du Ghetto de Varsovie

Quelques publications de référence :

Qu’est-ce qu’un déporté ? : Histoire et mémoires des déportations de la Seconde Guerre mondiale

Tal Bruttmann, Laurent Joly, Annette Wieviorka, et collectif

CNRS 2009

Auschwitz expliqué à ma fille

Annette Wieviorka

Seuil

1999

L’ère du témoin

Annette Wieviorka

Plon 1998

Réédition Hachette Littératures

2002

Maurice et Jeannette Biographie du couple Thorez

Annette Wieviorka Arthème Fayard

2010

Cours public – La Chine et Nous – 2009 / 2010

8 Mars 2010 (16/16)

Comment les Chinois voient les Européens

Zheng Li Hua

Cette conférence est concue comme un épilogue : à la fois le verso du cours proprement dit, et une conférence indépendante pouvant être destinée à un public qui n’a pas suivi, en totalité ou partiellement le cours de Nantes Histoire.

8 février 2010 (15/16)

La Chine et nous : débattons !

Même si Nantes-Histoire fait appel pour ce débat aux trois conférenciers du cours public, Alain Croix, Roland Depierre et Vincent Joly, il ne s’agit évidemment pas d’embrasser toute la réalité chinoise en une heure et demie.

Plus simplement, c’est l’occasion de contribuer à la réflexion du citoyen sur le regard que nous portons sur la Chine : nous, simples citoyens ; nous, les médias ; nous, les femmes et hommes politiques, les femmes et hommes d’affaire ; nous, les « spécialistes ». De relever le poids de nos ignorances et de nos a priori, parfois ancrés dans un passé très ancien. De mesurer aussi les conséquences qu’ont ces regards et ces pesanteurs sur les relations de tous ordres entre les deux pays.

Une approche qui sera complétée le 8 mars par un regard chinois, celui de Zheng Li Hua

1 février 2010 (14/16)

La Chine et le miroir de l’Occident

Roland Depierre

Comme son musée qui a la forme d’un tripode sacré antique, la Chine contemporaine voudrait donner à voir sa modernité dans un langage qui lui serait propre, refusant qu’on la réduise à des formes occidentales que nous aurions explorées et dépassées (soit l’horreur économique d’un capitalisme sauvage, soit l’horreur politique d’un totalitarisme sans frein). De toute façon, ce miroir réfléchit l’image inquiétante d’un avenir marqué par notre déclin. Bref, après l’avoir longtemps nié, nous avons du mal à nous réjouir de son réveil qu’il soit économique, démographique, technologique, sportif, médiatique ou diplomatique.Roland Depierre
La Chine au contraire semble découvrir les icones de la puissance et les bijoux du succès avec un ravissement et une assurance qui nous inquiètent. Son softpower nous paraît une ruse de soupirant, dissipant mal les relents ombrageux d’un nationalisme du ressentiment. Son confucianisme nous semble être le packaging de pacotille d’un pouvoir mis à nu à la recherche d’une légitimité introuvable. Une castafiore ..indiscrète.
Nous nous interrogerons donc sur ces faux semblants respectifs.

Lectures conseillées

ZHU Xiaomei (autobiographie ) La Rivière et son secret, Robert Laffont, 2007.

CHEN Yan, Ecrits édifiants et curieux sur la Chine du XXI° siècle, L’aube, 2003.
Léon VANDERMEERSCH, Le nouveau monde sinisé, PUF, nouvelle édition, 2007.
Mark LEONARD, Que pense la Chine ? Plon 2008.
Pascal LOROT, Le siècle de la Chine, Choiseul, 2007.
J-L. ROCCA (dir.) La société chinoise vue par ses sociologues, Les Presses de Sc.Po,2008.
GUO Yuhua (dir.) La Nouvelle Sociologie chinoise, CNRS Editions, 2008.
MURRAY Geoffrey, Le rêve vert de la Chine, China Intercontinental Press, 2004.

J-P. BEJA, A la recherche d’une ombre chinoise, la démocratie, Seuil, 2004

Cours public – La Chine et Nous – 2009 / 2010

25 janvier 2010 (13/16)

De la fascination à la répulsion :

la Chine de Mao vue de l’Occident

Roland Depierre

Qu’on l’entende comme l’épopée de la Révolution chinoise (1927-1976), comme le recouvrement du destin de la Chine Nouvelle à travers la République Populaire (1949-1976) ou comme les Turbulences de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, la Chine de Mao fascine et inquiète à la fois. Mais cette double réaction ne s’inscrit-elle pas dans le mouvement de balancier sinophilie/sinophobie que nous avons observé depuis les premiers contacts avec ce continent d’Extrême-Orient ?

Elle s’enracinerait d’abord de nos propres constructions imaginaires. Il faudrait à cet égard interpréter les « maoïsmes » occidentaux comme des manifestations caractéristiques de nouvelles passions françaises. Pourtant leur pleine compréhension requiert un ‘deuxième retour de Chine’, critique et historique que nous entreprendrons à travers quelques moments décisifs de l’histoire chinoise contemporaine.

Lectures conseillées

Jean BABY, La grande Controverse sino-soviétique (1956-1966), Grasset, 1966.
Jean DAUBIER, Histoire de la Révolution culturelle, Maspéro, 1970.
Jacques JURQUET, la crise de mai 68, Editions Git-le-cœur, 1968.
Patrick KESSEL, Le mouvement ‘maoïste’ en France, 10-18, 1978.
Gilbert MURY, La Révolution Culturelle chinoise, 10-18, 1972.
Roderick MACFARQUHAR, La dernière révolution de Mao, Nrf, Gallimard,2009.
Yongyi SONG Les massacres de la Révolution Culturelle, Buchet Chastel, 2008.

Caroline ASTOLOPOULOS (ed.) Les Années 68, Edtions Syllepse, BDIC, 2008.
Philippe ARTIERES (dir 😉 68, une histoire collective, La Découverte, 2008.
Serge AUDIER, la pensée anti-68, La Découverte, 2008.
Jacques CAPDEVIELLE, Dictionnaire de mai 68, Larousse,2008.
Alain DELALE, La France de 68, Seuil, 1978.

Cours public – La Chine et Nous – 2009 / 2010

18 janvier 2010 (12/16)

La question du Tibet

Roland Depierre

Si elle est pour nous la preuve de l’aveuglement d’une puissance impériale et la manifestation crue de la surdité de la Chine aux exigences de notre époque, la question du Tibet est, en Chine, une question «occidentale» au sens où «nous» en serions les créateurs et surtout les instigateurs.

Est-il possible d’apporter quelques éléments pour permettre aux deux plaidoiries d’engager un effort de compréhension, condition d’un dialogue et d’une éventuelle réponse ?

Mythe orientaliste, ici, pays en danger de «génocide culturel» là, les accusations méritent d’être exposées, mais surtout reconnues les réalités historiques.

W Jiawei &

N Gyaincain

G Van Grasdorff

Revue

R A Stein

R-P Droit

China International Press, 2000

Perrin, 2006

2009 numéro 3

Dunod, 1962

Hermann, 2009

Cours public – La Chine et Nous – 2009 / 2010

11 janvier 2010 (11/16)

Voies occidentales et voies chinoises.

Roland Depierre

Sun Yat Sen

Confrontée aux stratégies différentes mais coordonnées des Huit puissances impérialistes, les élites chinoises vont tenter successivement et concurremment différentes voies pour garantir la survie de l’empire, ou celle de la nation, ou celle de la «race» ou encore celle du peuple.

Comment surmonter l’aliénation coloniale, assurer la modernisation en composant avec l’occidentalisation sans perdre à la fois sa puissance et son âme ?

Après avoir repéré les indices de la colonisation occidentale, dans les domaines des mœurs, de la culture ou de l’économie, nous suivrons sept hautes figures historiques permettant de saisir l’éventail des solutions réformistes ou révolutionnaires que «la révolution chinoise» va expérimenter ou récuser au début du XX° siècle.

Nous nous demanderons en particulier si l’occidentalisation fut une violence subie ou une mutation choisie.

Lectures conseillées

Zhang Chi

Chine et modernité

Kao Chung Ju

Le mouvement intellectuel en Chine et son rôle dans la révolution chinoise

Roland Lew

L’intellectuel, l’État et la révolution

Jacques Guillermaz

Histoire du parti Communiste Chinois

Lucien Bianco

Les origines de la révolution chinoise

Edit.You Feng,2005 Edit.Saint Thomas, 1957 L’Harmattan, 1997 Payot Gallimard

Cours public – 2009 / 2010 – La Chine et nous –

4 janvier 2010 (10/16)

Nuits de Chine, nuits câlines …

Roland Depierre

Avec les Guerres de l’opium et l’étreinte impérialiste qui enserre l’Empire sino-mandchou, l’imagerie populaire va encore noircir –ou jaunir- la figure médiatique du Chinois. Le Céleste n’est pas un nègre, ni un Turc, ni un Arabe; il n’a jamais été un naturel ni un sauvage. S’il devient un indigène, il reste l’héritier ingrat d’une vieille civilisation. Mais cette reconnaissance s’adresse à une culture décadente, dépravée, en décomposition que la présence occidentale devrait purifier par la conversion chrétienne, revivifier par l’emprise économique et rehausser par une transfusion scientifique et technique. Cruauté (les supplices), obscurité (les superstitions), perfidie (la xénophobie cachée sous le sourire), passion dévorante (sexualité et cupidité), prolifération (le péril jaune), les clichés de l’exotisme colonial ne sont pas vraiment inventifs. Même quand ils se pareront de la rhétorique scientifique.

Pourtant la civilisation chinoise va faire l’objet recherché d’un exotisme culturel sinon spirituel, raffiné : la méditation bouddhiste (Alexandra David-Neel), les arts graphiques, l’insondable historiographie, l’étrangeté scripturaire vont réinventer le ‘voyage à la Chine’ des amateurs orientalistes (Chavannes, Guimet). Cette sinophilie ouvrira la voie à un nouveau type de savoir : la sinologie avec l’œuvre érudite de Marcel Granet ou de Max Weber.

A travers les figures successives de Pierre Loti, Victor Segalen et André Malraux, nous verront se construire puis s’effacer les traits d’une altérité culturelle peut-être plus édifiante sur nos propres inquiétudes que sur les aspirations des élites chinoises (Cours 11).

Muriel Détrie

Pierre Loti

Victor Ségalen

André Malraux

Marcel Granet

Le voyage en Chine

Les derniers jours de Pékin

Le fils du ciel

René Leys

La tentation de l’occident

La civilisation Chinoise

La pensée Chinoise

14 décembre 2009 (9/16)

la colonisation de la Chine

Vincent Joly

Activité économique débridée dans les concessions, affaires juteuses dans le pays, flot de missionnaires catholiques et protestants, occidentalisation de quelques villes corrompues.

Et très logiquement sursauts nationaux, parfois xénophobes, de la population : cette histoire ne nous est connue que dans ses aspects les plus spectaculaires (les Boxers, les «55 jours de Pékin», Shanghaï, le «Paris de l’Asie» dans les années 1920-1930, alors qu’il s’agit tout simplement d’une tentative de colonisation.

Spécialiste de l’histoire de la colonisation, Vincent Joly est professeur d’Histoire contemporaine à l’université Rennes 2/Haute-Bretagne.

7 décembre (8/16)

Les guerres de l’opium

Vincent Joly

Quasiment ignorée de tous les manuels scolaires français, la date de 1840 marque au contraire, en Chine, une rupture décisive : le passage entre l’histoire « ancienne » (depuis la préhistoire) et l’histoire moderne.Lin Zexu

Et de même le mandarin Lin, héros de 1840, est-il connu, aujourd’hui encore, de presque tous les Chinois. Voilà bien un exemple, caricatural, de la différence de perception de l’histoire.

De quoi s’agit-il ? D’une guerre menée par l’Angleterre pour imposer à la Chine l’importation d’opium : oui, une guerre pour imposer le trafic de la drogue.

Une guerre prolongée par une deuxième, vingt ans plus tard, dans laquelle la France s’illustre aux côtés de l’Angleterre. Ces guerres de l’opium contraignent la Chine à céder des parties de son territoire (Hong-Kong, les concessions…), et elles consacrent le renversement du rapport des forces entre l’Occident et la Chine.

Spécialiste de l’histoire de la colonisation, Vincent Joly est professeur d’Histoire contemporaine à l’université Rennes 2/Haute-Bretagne.

30 novembre 2009 ( 7/16)

Le regard occidental sur la Chine :

je t’aime, moi non plus…

Alain Croix

L’Occident lettré, l’Occident aisé s’est passionné pour la Chine, jusqu’à l’idolâtrie : cela mérite, d’abord, une explication.

Cela se vérifie bien à travers les idées des philosophes des Lumières, qui rêvent ainsi d’inoculer en France l’esprit chinois… Et qui font si bien que l’Occident introduit des pratiques chinoises encore en vigueur aujourd’hui, à l’exemple de la pratique tellement françaises des concours de recrutement.

Comment expliquer alors que l’opinion soit passée de cette sinophilie militante à une sinophobie devenue virulente avec le temps, au fil du 18e siècle ?

Derrière «le peuple le plus fourbe de la terre» et «les plus stupides des Asiatiques», l’Occident a en fait réglé ses comptes avec lui-même, et instrumentalisé la Chine pour conduire à ses évolutions mais aussi ses révolutions.

Quelle histoire !

23 novembre 2009 (6/16)

Des trésors de la Chine à la mode chinoise.

Alain Croix

Oui bien sûr, «nous» allions chercher en Chine la soie et la porcelaine, et tant d’autres produits de luxe. Mais bien plus que cela, avec l’extraordinaire histoire du thé. Et avec des effets spectaculaires sur le niveau de vie en Chine…

Mais il s’est développé aussi en Occident, à partir de la fin du 17e siècle surtout, un «goût de la Chine» dont nous avons largement oublié l’ampleur. Les plus grands artistes, les plus grands écrivains, des compositeurs illustres, des artisans de génie produisent dans le «goût chinois». Des mécènes aristocratiques se passionnent au point d’investir des sommes folles dans la recherche des techniques de la porcelaine.

Les jardins chinois sont le comble de la mode chez les plus fortunés.

Jusqu’aux pires excentricités : l’importation de poissons rouges chinois ou le déguisement des jardiniers en jardiniers chinois.

Jusqu’au jour où la Chine passe de mode, annonçant le grand renversement du regard porté sur l’Autre…

Lecture conseillée pour le cours n°6 : Dawn JACOBSON, Chinoiseries, Phaïdon, 1993

16 novembre 2009 (5/16)

Au temps des Compagnies des Indes

Alain Croix

Oui bien sûr, il s’agit de rêver à tout ce qu’évoque le simple nom de la Compagnie des Indes, entre Nantes et Lorient. Mais il s’agit aussi d’évoquer les terribles réalités maritimes.

De parler d’argent, aussi. De concurrence farouche entre Européens. De la toute-puissance des compagnies hollandaise et anglaise. Du retard des Français.

Le plus passionnant tient cependant dans la manière dont les choses se passent en Chine. Pas du tout comme nous l’imaginons ou comme nous l’avons appris, dans une vision très occidentale des choses.

Un commerce totalement contrôlé par les Chinois, et non par les Occidentaux. Jusqu’à ce que les choses se dérèglent peu à peu, en annonçant ce qui sera plus tard l’infâme commerce de l’opium, et ce que seront les « traités inégaux » qui imprègnent encore le regard porté par les Chinois sur l’Occident…

Bibliographie pour le cinquième cours :

Philippe HAUDRÈRE et Gérard LE BOUËDEC,

Les compagnies des Indes, Ouest-France 2001, 23 €

9 novembre 2009 (4/16)

Le rêve de la conversion des Chinois :

les missionnaires jésuites

L’histoire est bien sûr celle d’un rêve missionnaire, celui des jésuites et de quelques autres.

Mais c’est surtout celui d’une aventure culturelle : quelles méthodes utiliser pour convertir les Chinois ? Jusqu’où adapter le catholicisme à la culture chinoise, à Confucius, au culte des ancêtres ? La réponse à cette question n’est venue qu’au bout de 60 ans d’une « querelle des rites » dont l’issue pèse encore aujourd’hui sur les orientations de l’Eglise catholique.

Et, plus encore, cette histoire est celle d’échanges culturels dont les traces se mesurent toujours : échanges techniques, scientifiques, artistiques qui sont à l’origine de la passion occidentale pour la Chine.

Lectures conseillées :

Pour le quatrième cours

René ÉTIEMBLE,

les jésuites en Chine.

La querelle des rites,

1552-1773

Julliard,

1966.

Vénérable par sa date, mais reste une bonne synthèse.

Michel BEURDELEY,

Peintres jésuites en Chine,

Anthèse,

1997.

Oeuvre d’un collectionneur execptionnel, et une magnifique illustration.

19 octobre 2009 (3/16)

Quand la Chine entre dans la culture occidentale.
Alain Croix

Mappemonde et quarante Nationalités (extrait) Japon XVII°, Idemistu, Muséum of Arts, Tokyo

L’histoire d’une redécouverte : il faudra un siècle pour que les Occidentaux comprennent que la Chine est bien la même chose que le Cathay de Marco Polo !

Vierge à l'enfant, Province de Fujian, Chine, Dynastie Ming,Musée de l'Ermitage Saint Petersbourg

L’histoire d’un zèle intéressé et parfois si maladroit qu’il en résulte des catastrophes : nous parlerons beaucoup de Portugais, et un peu de premiers missionnaires.

Et puis surtout, ce 16e siècle voit se mettre en place de nouveaux circuits commerciaux, les Européens tentant de s’introduire dans un univers incroyablement actif, celui d’une « Méditerranée chinoise » au fonctionnement complexe, entre le « circuit de Java », les îles Philippines et la piraterie japonaise.

Et cela dans un contexte de rivalité parfois féroce entre Portugais, Espagnols et Hollandais.

ICI

Lectures conseillées, pour le troisième cours

Amazon.fr Fernão MENDES PINTO

Pérégrination

La différence,

1991

20 €

12 octobre 2009 (2/16)

Ce que cache l’aventure de Marco Polo

Alain Croix

D’un siècle de relations directes entre l’Occident et la Chine, nous ne connaissons en général qu’un nom, Marco Polo, et un peu de son Livre des Merveilles.

Marco Polo

Ces aventures pourtant extraordinaires sont tellement oubliées que même les missionnaires renouant avec la Chine au 16 e siècle n’en ont pas connaissance !

Il s’agit donc de présenter ce qu’on fait des moines et des marchands (dont la famille Polo), dans quelles conditions, et pourquoi ces relations ont pris fin au milieu du 14 e siècle.

Et puis bien sûr, et surtout, d’exposer le regard porté sur la Chine : regard éberlué, extasié, critique, plein d’illusions.

Sans jamais perdre de vue la dimension humaine qui conduit l’orfèvre parisien Guillaume Boucher à Karakorum, en Mongolie, ou l’ambassadeur de Chine Rabban bar Sauma à Paris …

Lectures conseillées, pour le deuxième cours

*Jean-Pierre DRÈGE,

Marco Polo et la route de la soie, Découvertes Galimard, 1989,

14 €

Petit ouvrage abondamment illustré dont le sujet est plus vaste que le titre, puisqu’il porte sur les voyageurs du 13 e au 17 e siècle.

*Guillaume de RUBROUCK, Voyage dans l’Empire Mongol (1253-1255) Imprimerie nationale, 1997,

49 €.

Pour un récit de voyage « Missionnaire », magnifiquement illustré.

5 octobre 2009 (1/16)

Dissipons quelques mythes…

Alain Croix

Ce cours introductif rappelle quelques-uns des principaux mythes dont nous sommes porteurs,

de la route de la soie

La route de la soie

aux 55 jours de Pékin,

http://www.notrecinema.com

les inscrit dans leur contexte, et souligne les enjeux citoyens. Nous sommes donc pleinement dans la démarche de l’association Nantes-Histoire : contribuer à une meilleure réflexion du citoyen sur les enjeux d’aujourd’hui et de demain.

Le cours tente également de répondre à deux questions fondamentales : pourquoi les initiatives occidentales en direction de la Chine, et pourquoi le discrétion chinoise ?

Enfin, il livre quelques grands jalons de l’histoire chinoise, indispensables puisque, ensuite, il s’agira bien d’évoquer non pas l’histoire de la Chine, mais les relations entre la Chine et nous.

Lectures conseillées…

Le cours public de Nantes-Histoire repose sur un dialogue entre le conférencier et le public : 30 minutes sont prévues pour le débat. Or nous sommes souvent peu au fait de l’histoire des relations entre l’Occident et la Chine, sans parler de l’histoire de la Chine, ce qui peut paralyser l’échange. Voilà pourquoi Nantes-Histoire conseille quelques lectures, qui ne constituent aucunement un tableau d’honneur, d’autant que nous en avons écarté les travaux trop universitaires, pourtant souvent essentiels ! Un astérisque désigne les ouvrages qu’il est toujours possible d’acquérir (avec mention de leur prix). Et les autres sont consultables à la Médiathèque…

Pour l’ensemble du cours

*Jacques

GERNET,

Le monde chinois, Armand Colin (édition complète, 73€,

ou édition de poche en 3 volumes, 27€).

La meilleure synthèse sur la Chine, régulièrement rééditée (et actualisée) depuis 1972.

*Ninette BOOTHROYD et Muriel DÉTRIE,

Le voyage en Chine. Anthologie des voyageurs occidentaux du Moyen Âge à la chute de l’empire chinois, (coll. Bouquins, 1992, 30 €).

Une somme, dans laquelle chacun picore à son goût… Et, pour un exemple précis, un vrai roman d’aventures en même temps qu’un classique de la littérature portugaise, dont il sera question dans le cours bien entendu .

Cours 2009 /2010 : La Chine et nous.

«Hauteville House, 25 novembre 1861

Vous me demandez mon avis, monsieur, sur l’expédition de Chine…

ll y avait, dans un coin du monde, une merveille du monde, cette merveille s’appelait le Palais d’été…

Cette merveille a disparu…Deux bandits sont entrés dans le Palais d’été. L’un a pillé, l’autre a incendié…

Nous, Européens, nous sommes les civilisés, et pour nous, les Chinois sont les barbares. Voila ce que la civilisation a fait à la barbarie…

Devant l’histoire, l’un des deux bandits s’appellera la France, l’autre s’appellera l’Angleterre.

Mais je proteste, et je vous remercie de m’en donner l’occasion, les crimes de ceux qui mènent ne sont pas la faute de ceux qui sont menés, les gouvernements sont quelquefois des bandits, les peuples jamais… »

Victor Hugo.

Une vente publique, les objets du délit, et le début de notre réflexion sur la Chine et nous.

Nous proposons de revenir à la formule des débuts, celle d’un « vrai » cours, dont il est plus facile d’assurer la cohérence, en faisant en sorte que les intervenants, peu nombreux, se concertent étroitement sur un plan d’ensemble.

Thème : La Chine et nous. Le cours aura pour objet d’étudier les relations historiques entre la Chine et l’Europe, les interrogations d’aujourd’hui.

Avec trois intervenants (tous bénévoles) : Alain Croix, professeur émérite des Universités (séances 1 à 7), Vincent Joly, également universitaire, spécialiste de l’histoire des colonisations (8 & 9), et Roland Depierre, qui enseigne la civilisation chinoise à l’Université de Nantes (10 à 14). Les trois se retrouvant pour un débat avec le public le 8 février, et recevant le 8 mars le renfort d’une sommité Chinoise, parfaitement francophone, Zheng li Hua.

L’idée séduit sans doute puisque on va vers quasiment une année de la Chine à Nantes !

– Festival de cinéma organisé par le Centre International des Langues que préside R. Depierre.

– Expo Musée Jules Verne : Tribulations d’un Chinois en Chine.

– Prolongation du cours par une grande exposition de quatre mois au Musée du Château, de juillet à novembre 2010. Cette exposition, en outre, bénéficie du partenariat (rare !) du Musée Guimet, et recevra probablement le label d’exposition d’intérêt national.

Cliquez ICI pour télécharger le dépliant avec tous les renseignements.

Les cours auront lieu dans l’amphithéatre 9 de la Faculté de Médecine, 1 rue Gaston Veil Nantes. Ils commencent à 18 h 15 précises, pour une durée d’une heure, suivi d’un débat, cloturé à 19 h 45.

Nantes-Histoire lance ce printemps un café-histoire.

Le principe est simple : utiliser l’histoire pour décrypter l’actualité.

Lundi 25 mai 2009, de 20 à 22 heures:

Les élections Européennes !

Goulven Boudic est maître de conférences de Sciences politiques à l’Université de Nantes, et membre du comité de rédaction de la revue Place publique.

http://www.ouest-france.fr/of-photos/2008/03/18/naPL_2206571_4_apx_470__w_ouestfrance_.jpg

Le débat est animé par Thierry Guidet journaliste et directeur de cette revue.

http://www.jocaseria.fr/Auteur/Ecrivain/guidet_files/page85_1.jpg

http://www.cafebabel.com

La première élection du Parlement européen au suffrage universel direct en 1979 fut considérée comme une étape essentielle, « historique » dans la construction européenne. Censée marquer la démocratisation d’un système politique original et inédit, cette institution souffre toutefois de toute évidence aujourd’hui d’une faible identification par les citoyens. Cette faiblesse n’est pas exclusivement française, comme l’attestent, au-delà des seules frontières nationales, les désaffections croissantes des électeurs et la montée continue de l’abstention aux différents scrutins qui se sont succédés depuis 1979, y compris semble-t-il dans les pays dont l’adhésion est la plus récente.

Faut-il y voir une défiance généralisée à l’égard de toutes les formes de représentation, ou, en d’autres termes, l’expression d’une « crise de la représentation » qui affecterait l’ensemble des institutions démocratiques ?

Faut-il y voir un phénomène spécifique liée à l’histoire du Parlement européen ? Comment concevoir à la fois la montée en puissance progressive de ce Parlement européen, tant en ce qui concerne l’étendue de ses compétences que celle de ses pouvoirs, et cette désaffection croissante ? Comment replacer le Parlement européen dans l’histoire plus longue du parlementarisme et des modèles parlementaires ? L’opposition de deux modèles, l’un, plus consensualiste et technique, l’autre, plus conflictuel et politique, permet-il d’envisager des projets de réforme ?

Notre invité envisage de croiser ces différentes approches et ces différentes questions, pour éclairer le débat sur une hypothétique « citoyenneté européenne ».

le lundi 27 avril 2009, de 20 à 22 heures.

L’Université ?

L’idée demeure d’éclairer un grand problème d’actualité par une démarche historique. Après la question antillaise en mars, voici celle de l’Université.

Mais que se passe-t-il donc dans les universités pour qu’un mouvement revendicatif y soit aussi long, aussi général, et longtemps aussi unanime ?

Quels changements posent donc autant problème ? Que veut donc dire « autonomie des universités », et cette notion est-elle une nouveauté dans notre pays ? et en Europe ? Qu’est ce que cette question de « formation des maîtres », et les décisions gouvernementales marquent-elles donc une rupture ? Qu’en était-il voici vingt, cinquante, cent ans ?

http://univpopulairenantes.cyberspider.info/

Peut-on penser l’Université d’aujourd’hui en oubliant son lien avec la société ?

Oublier le choix d’une université de masse ? Mais quand et pourquoi ce choix a-t-il été fait ?

Les universités sont-elles les lieux d’une démocratie idéale voire d’une autogestion, ou les lieux d’un conservatisme maintenu par des féodalités… ou par des syndicats ?

http://www.flickr.com/photos/mcanevet/3331763152/

Et, quelles que soient les réponses, comment expliquer cette situation ?

Ce que Nantes-Histoire propose est à l’opposé de ce que certains médias voudraient nous imposer. Il ne s’agit pas, tout d’un coup, de se prononcer « pour » ou « contre » une « réforme » érigée comme une valeur en soi, mais d’aider à réfléchir avec le recul nécessaire : le contexte du temps, et celui de l’espace européen dans lequel nous vivons.

Certaines de ces questions, et bien d’autres — puisque c’est vous qui décidez de la soirée, après une brève http://www.ouest-france.fr/2007/01/19/rennes/Une-expo-tisse-l-histoire-du-costume-regional-50294375.htmlintervention liminaire de notre invité — seront abordées par Jean-Pierre Lethuillier.Historien, universitaire, placé en outre en un point d’observation que l’actualité a souvent mis en avant (Rennes), il mettra son expérience et son savoir à notre disposition.Nantes-Histoire Forum 2008

Le débat sera mené par Didier Guyvarc’h, lui aussi historien et universitaire, et longtemps président de Nantes-Histoire.

le lundi 23 mars 2009, de 20 à 22 heures.

Pour le premier café-histoire de Nantes-Histoire, consacré à la question des îles françaises des Caraïbes (Martinique, Guadeloupe…), Nelly Schmidt et Oruno Lara ont tenu le public en haleine pendant deux heures : il a fallu interrompre le débat… Café-Histoire 23/03/2009

Des dizaines de questions, des témoignages, ont suivi leur courte intervention liminaire : le poids de l’héritage colonial, l’absence ou quasi-absence d’une connaissance de leur histoire par les habitants, les rapports économiques et sociaux, la question de la langue (le créole et le français), le rôle des écrivains, le poids de la mémoire…

Café-Histoire 23/03/2009Nelly Schmidt a conclu en soulignant que, historienne, elle était attachée au devoir d’histoire : la mémoire fait partie du vécu, elle est donc évidemment prise en compte par les historiens, mais c’est bien d’histoire que nous avons tous besoin pour mieux comprendre qui nous sommes, et bâtir notre avenir.

Café-Histoire 23/03/2009

Alain Croix, qui animait cette première séance, a rappelé la date du prochain café-histoire, le lundi 27 avril de 20 à 22 heures au même lieu (café Le Flesselles), et a précisé que le thème en était bien évidemment encore inconnu, puisque dépendant de l’actualité !

Guadeloupe, Antilles : comment en est-on arrivé là ?

La discussion sera lancée puis nourrie par les réponses de Nelly Schmidt et de Oruno D. Lara. Cette séance sera animée par Alain Croix.

Directrice de recherche au CNRS, historienne, Directeur du Centre de recherches Caraïbes-Amérique
Nelly Schmidt http://recherche.fnac.com/ia120759/Nelly-Schmidt
Oruno D. Lara http://www.africultures.com/php/index.php?nav=personne&no=8322

Nelly Schmidt

Oruno D. Lara

Publications récentes :

http://www.amazon.fr/
http://www.amazon.fr/
http://www.amazon.fr/
http://www.amazon.fr/colonisation-aussi-est-crime-reconstruction/dp/2747582337
Histoire du métissage.

Alain Corbin,

2003

L’abolition de l’esclavage : cinq siècles de combats, XVIe-XXe siècles.

Fayard,

2005

La France a-t-elle aboli l’esclavage? Guadeloupe,Martinique, Guyane, 1830-1935.

Perrin,

2009

La colonisation aussi est un crime. De la destruction du système esclavagiste à la reconstruction coloniale.

L’Harmattan,

2005

Ce débat aura lieu au café «Le Flesselles», 3 allée Flesselles à Nantes, à deux pas du croisement des lignes de Café Flesselles 3, allée Flesselles NANTEStramway 1 & 2, arrêt « commerce » dans la salle du premier étage.

Accès libre – limité à 100 personnes – (unique condition : une consommation), un animateur/une animatrice pour jouer le rôle de Monsieur Loyal, une/un «spécialiste» pour apporter, au départ, un minimum d’informations solides. Et la suite dépend des participants !

Les thèmes dépendent de l’actualité ! Le sujet précis de chaque café-histoire sera indiqué sur ce site entre 10 et 15 jours avant la date fixée.

L’Europe d’hier à aujourd’hui : entre utopie et réalités.

2 février 2009 – Quelle Europe de l’immigration ?

http://www.geopopulation.com/20080209/neufs-nouveaux-pays-membres-accords-schengen/

La construction de l’Union européenne a conduit les Etats membres à définir des règles communes en matière d’immigration. Depuis les accords de Schengen (1985) et le traité de Maastricht, les règles relatives aux conditions d’entrée et de séjour des étrangers, à la délivrance des visas, à l’attribution de l’asile politique, à la lutte contre l’immigration irrégulière sont de la compétence de la communauté européenne. Parallèlement les Etats ont pris des mesures pour faciliter la circulation des citoyens au sein de l’Union. De façon générale, deux objectifs sont ainsi poursuivis par les dirigeants européens : créer une frontière extérieure commune et mettre en place une liberté de déplacement à l’intérieur de cette frontière. Malgré les efforts d’harmonisation des politiques, des différences importantes demeurent en matière de politique migratoire entre les Etats du fait de leur situation géographique, de leur tradition, de leur démographie…

La conférence permettra de faire un bilan de la politique européenne en matière d’immigration, d’en discuter les fondements, de souligner les difficultés qu’elle rencontre et de présenter les débats qu’elle suscite.

http://www.gmfus.org/experts/expert.cfm?id=99

Directeur de recherches au C.N.R.S. (université de Paris Panthéon Sorbonne), Patrick Weil est l’un des plus grands spécialistes de l’immigration en France et l’auteur de nombreux ouvrages dont :

http://www.amazon.fr/France-ses-%C3%A9trangers-Laventure-limmigration/dp/2070411958
http://www.amazon.fr/Quest-ce-quun-Fran%C3%A7ais-nationalit%C3%A9-R%C3%A9volution/dp/2070426572
http://www.eyrolles.com/Entreprise/Livre/liberte-egalite-discriminations-9782246646815
La france et ses étrangers. L’aventure d’une politique de l’immigration de 1938 à nos jours,

Paris,

Gallimard,

folio histoire,

2005

Qu’est-ce qu’un Français ?

Histoire de la nationalité française depuis la Révolution,

Paris,

Gallimard,

folio histoire,

2005

Liberté, égalité, discrimination. L’identité nationale au regard de l’histoire,

Paris,

Grasset,

2008

26 janvier 2009 – Le phénomène Berlusconi, par Jean-louis Briquet

http://blogsimages.skynet.be/images_v2/002/626/980/20080130/dyn009_original_1138_1543_pjpeg_2626980_42003460b79e36c59f7fc2d48be80126.jpg

Comment interpréter le phénomène Berlusconi ?

Est-il l’expression d’une montée du populisme que l’on retrouve sous des formes diverses dans beaucoup d’autres pays européens ?

Ou encore un effet des transformation des partis, des identités partisanes et des formes de la mobilisation politique à l’heure de la « démocratie d’opinion » ?

Nous discuterons ces hypothèses en parcourant l’histoire récente de l’Italie et en étudiant la manière dont l’entreprise politique berlusconienne s’est affirmée et consolidée dans l’espace social et politique depuis le milieu des années 1990.

Jean-Louis BRIQUET est directeur de recherches au CNRS (CERI-Sciences Po, Paris). Ses recherches portent sur les pratiques politiques officieuses (clientélisme, corruption, mafia) ainsi que sur l’histoire politique de l’Italie républicaine, plus particulièrement sur la crise et la recomposition de son système politique dans la période « berlusconienne ».

Jean-Louis Briquet

Quelques ouvrages:

http://www.karthala.com/upload/couverture/1766.jpg
http://www.editionsducygne.com/editions-du-cygne-italie-annees-cavaliere.html
http://www.amazon.fr/LItalie-%C3%A0-d%C3%A9rive-moment-Berlusconi/dp/2262024472
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/catalogue/3303331952527/3303331952527.jpg
Jean-Louis Briquet,

Mafia, justice et politique en Italie. L’affaire Andréotti dans la crise de la République

(1992-2004),

Paris,

Karthala,

2007

Eric Jozsef,

Italie. Les années Cavalière. De Berlusconi à Berlusconi, Paris,

Editions du Cygne,

2008

Marc Lazar,

L’Italie à la dérive.

Le moment Berlusconi,

Paris,

Perrin,

2006

Hervé Rayner,

L’Italie en mutation,

Paris,

La Documentation française,

2007

19 janvier 2009 – La Belgique, un pays au bord de l’éclatement ?

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Faciliteitengemeenten.png

Régulièrement, la Belgique défraie la chronique politique par les crises ministérielles qu’elle connaît.

Le pays semble devenu ingouvernable du fait de l’opposition grandissante entre Flamands et Wallons et chacun se plaît à parier sur son éclatement prochain.

Grâce à l’évocation de l’histoire politique, économique et culturelle de la Belgique, on essaiera de comprendre les raisons de ces tensions et on cherchera à en dégager les significations pour l’Union européenne, dont l’une des capitales est aujourd’hui située à Bruxelles.

Dominique Le Page, est maître de conférences en Histoire moderne à l’université de Nantes et membre du conseil d’administration de Nantes-Histoire.

Quelques publications de références :

http://livre.fnac.com/a1551637/Marie-Therese-Bitsch-Histoire-de-la-Belgique?PID=1

Marie-Thérèse Bitsch,

Histoire de la Belgique de l’Antiquité à nos jours,

éd. Complexe, 2004.

http://livre.fnac.com/a1656140/Yves-Manhes-Histoire-des-belges-et-de-la-Belgique

Yves Manhès, Histoire des Belges et de la Belgique,

Vuibert,

collection « Mémoires des nations »,

2005.

http://www.librairiewb.com/enrayons/sciencesh/politique03.html

Pierre-Yves Monette,

Belgique où vas-tu ?

Entretiens avec Christian Laporte, Mardaga,

2007.

12 janvier 2009

Roms et Tsiganes : des Européens sans frontières ?

Avec 10 millions de personnes, les Roms et Tsiganes forment en Europe une population plus importante que celles de nombreux Etats. Ils ne sont pas inconnus, car on en parle presque quotidiennement, mais ils sont méconnus, la connaissance qu’on en a passant à travers le filtre des préjugés et stéréotypes, et l’information qu’on en donne étant souvent (re)configurée dans le cadre de discours politiques qui mettent en exergue seulement les éléments qui viennent étayer leurs propres arguments et justifier les actions menées.

Les Roms et Tsiganes sont au cœur d’une Europe marquée par un développement de la mobilité, par l’émergence des minorités, et par une situation de multiculturalité que les Etats s’efforcent de gérer. Leur situation est caractéristique de ce que l’Europe a de plus négatif, en termes de discrimination exacerbée, de rejet, de racisme, d’impuissance à accepter et à gérer la diversité. Mais, par leur présence dans tous les Etats et leurs liens transnationaux, ils sont les pionniers d’une Europe future. Suprême paradoxe que ces relégués soi-disant anachroniques et qui vivent selon les valeurs de demain.

Les Roms et Tsiganes sont des passeurs de frontières, mais aussi des interrogateurs de frontières. Présents politiquement depuis des siècles dans des Etats qui réagissent à leur contact, peut-on dire qu’ils sont enracinés géographiquement ? Et si s’attache à eux l’image d’un nomadisme plus ou moins romantique, la réalité n’est-elle pas avant tout une mobilité induite par le rejet des populations dans lesquelles ils se trouvent immergés? En 2008 comme au Moyen-Âge, les Etats comme les collectivités locales se les renvoient. Et dans une Europe qui se voudrait sans frontières, certains Etats veulent aujourd’hui restreindre la circulation des citoyens roms.

Les Roms sont ainsi les premiers promoteurs d’une libre circulation qu’ils pratiquent depuis des siècles, et les analyseurs des politiques qui en bloquent la réalisation pratique.

http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Vincent_van_Gogh-_The_Caravans_-_Gypsy_Camp_near_Arles.JPG

Jean-Pierre Liégeois est enseignant (sociologie) à l’Université Paris Descartes où il a fondé en 1979 et dirigé jusqu’en 2003 le Centre de recherches tsiganes. Il fait actuellement partie du GEPECS – Groupe d’Etude pour l’Europe de la Culture et de la Solidarité. Depuis le début des années 1980 il a travaillé en étroite collaboration avec le Conseil de l’Europe et avec la Commission européenne.

En 1983 il a organisé pour le Conseil de l’Europe le premier séminaire européen concernant la formation des enseignants travaillant avec des enfants tsiganes, puis en 1984 la Commission européenne l’a chargé de réaliser la toute première recherche européenne concernant les Roms. Elle portait sur l’analyse critique des conditions de scolarisation, et a servi de base pour l’adoption d’une Résolution du Conseil et des Ministres de l’Education, qui a ce jour reste le texte le plus important concernant les Roms dans l’Union européenne.

Ses travaux, publiés depuis 1967, ont ouvert de nouvelles perspectives de compréhension des communautés roms, par l’examen critique des politiques menées à leur égard, par la présentation du développement des organisations politiques roms, et par la définition de propositions destinées à améliorer une situation difficile.

Quelques publications de référence :

la procure.com Minorité et scolarité : le parcours tsigane,

Centre National de Documentation Pédadogogique, CRDP Midi-Pyrénées, Collection Interface, 1997.

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/catalogue/9789287160508/
L’accès aux froits sociaux des populations tsiganes en France,

Editions de l’École des Hautes Études en Santé publiques, Rennes, 2007.

http://www.ac-nancy-metz.fr/casnav/crd/bibliotsi/minorite.htm Roms en Europe,

Éditions du Conseil de l’Europe, 2007.

5 janvier 2009

Attila, père fondateur de l’Europe ? par Jean-Christophe Cassard

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:MorThanFeastofAttila.jpg

Fête d’Attila (1870) par Môr Than (peintre Hongrois)

Véritable « fléau de Dieu », Attila (vers 395-453) aurait menacé d’emporter ce qu’il restait de l’empire romain à la tête de ses Huns… Mais la victoire d’Aetius brisa son élan conquérant et sauva la chrétienté occidentale !

S’il n’est pas faux en soi, ce résumé des faits apparaît très réducteur : Attila était un sauvage qui parlait grec, il n’avait pas que des Huns derrière lui, certains de ses hommes étaient chrétiens, l’art des steppes est une réalité…

Fondamentalement, cet épisode de l’histoire appelle à réfléchir sur les rapports entretenus entre peuples nomades et peuples sédentaires : en forçant ces derniers à s’unir contre lui, Attila pourrait passer, à son insu, pour l’un des pères putatifs de l’Europe !

8 décembre 2008

La CEE, l’Union Européenne et le Sport

Par Alfred Wahl

http://www.lepoint.fr/actualites-sport/football-vers-une-multiplication-des-lots-des-droits-de-la-l1/921/0/212093Professeur émérite, université de Metz.

On sait trop aujourd’hui combien notre vie quotidienne est de plus en plus régie par les directives de l’Union européenne au lieu et place du Parlement français.
Cependant cette ingérence de l’UE dans la pratique sportive est survenue tardivement, vers les années 1990 seulement.
Ce retard s’explique par :
– l’indépendance historique du mouvement associatif et sportif.
– Le fait que longtemps la pratique sportive a été perçue comme une activité ludique ou culturelle. Ne relevant pas de l’économie, elle n’était pas concernée par le traité de Rome.

La rencontre avec la CEE, puis avec l’UE a lieu pour deux raisons :

– Le sport est devenu de plus en plus une activité économique et donc relevait de la CEE, puis de l’UE.

– L’UE cherche toujours davantage à créer une conscience européenne, elle pense y arriver en particulier en s’emparant du dossier sport.
Depuis 1990 environ, et surtout depuis le fameux arrêt Bosman en 1995, les instances européennes interviennent sur le principe de la liberté de circulation et sur la question de la concurrence. Finalement, les instances européennes de Bruxelles en arrivent à exercer un rôle déterminant dans l’organisation des sports en Europe et même dans le monde par le biais d’ingérences dans le fonctionnement des fédérations sportives internationales.

Bibliographie récente

A paraître en 2009 : Une histoire de la République fédérale d’Allemagne, A. Colin.

Armand Colin Les archives du football, Gallimard, coll. Archives, Paris 1989. Hachette FIFA 1904-2004, le siècle du football, Edit. française du livre du centenaire de la FIFA, le cherche midi, Paris 2004, (Avec EHRENBERG Christiane, LANFRANCHI Pierre, MASON Tony). Gallimard
La seconde histoire du nazisme dans l’Allemagne fédérale depuis 1945, A. Colin, Paris 2006. (trad. italienne). Gallimard Les footballeurs professionnels de 1932 à nos jours, (avec LANFRANCHI Pierre), Hachette, Paris 1995 (Trad. chinoise). Le cherche midi La balle au pied. Histoire du football, Gallimard coll. Découvertes, Paris 1990, dern. Edit 2000. (trad. italienne, espagnole, coréenne, japonaise, russe, turque).

1er décembre 2008

Les mafias en europe.

par Clotilde Champeyrache

les mafias en Europe

On estime à l’équivalent d’une montagne de 2 600 mètres de hauteur les tonnes de déchets dont, pour l’année 2006 en Italie, ont a totalement perdu la trace et qui ont disparu des circuits légaux de retraitement. Ces disparitions parfois à fort risque toxique durent au moins depuis 1994. Où finissent ces déchets ? dans les décharges abusives de la camorra et dans les terres napolitaines qu’ils contaminent. La mafia de Naples et de Salerne y gagnerait plus de 20 milliards d’euros par an. En août 2007, la petite ville de Duisburg et l’Allemagne toute entière découvrent avec stupeur que des tueurs de la ‘ndrangheta, la mafia calabraise, opèrent aussi hors d’Italie pour régler leurs comptes, tuant ainsi six personnes. Derrière ce massacre, une guerre de clans entre deux familles du petit village de San Luca. Jusqu’alors inconnu en Europe, San Luca est en apparence une petite bourgade du sud de l’Italie ; en réalité, idéalement situé entre mer pour les approvisionnements et montagne pour les planques, San Luca est depuis longtemps une plaque tournante du trafic de cocaïne à l’échelle mondiale. Depuis 2007, en Italie, les deux journalistes d’investigation Roberto Saviano, Napolitain, et Lirio Abbate, Sicilien, vivent sous escorte depuis que la camorra et Cosa nostra les ont menacés de mort pour être allés trop loin dans leur dénonciation de la mafia.

Assassinats, menaces, trafics de drogue et autres activités illégales mobilisent l’attention des médias. Mais derrière les « coups d’éclat » la réalité mafieuse est celle d’un contrôle au quotidien des populations vivant sur les territoires mafieux ; la réalité mafieuse est aussi celle de l’auréole d’honorabilité dont les sociétés du crime ont su se parer. L’imagerie de la mafia est encore et toujours celle de l’ « homme d’honneur », du « juge de paix », du médiateur. La mafia a effectivement su entretenir des mythes fondateurs à usage interne et externe en mesure d’associer aux yeux du grand public des valeurs positives à une association criminelle. L’enjeu est de comprendre ce qu’est réellement une mafia et, a contrario, ce qu’elle n’est pas. Ceci suppose de s’intéresser aux multiples facettes de la mafia d’un point de vue sociologique, juridique, historique et économique. Derrière la façade des étymologies plus ou moins fantasmées et des mythes et légendes savamment entretenus par la mafia, la réalité de ces associations criminelles apparaît alors : organisations parfaitement structurées et efficaces, alliant revenus illégaux et légaux, les mafias procèdent à une véritable mise sous coupe des territoires qu’elles contrôlent.

Il suffit de plonger dans le cœur de la réalité mafieuse pour combattre que ces organisations criminelles méritent d’être combattues. Des dispositifs spécifiques – surtout en matière de confiscation des patrimoines mafieux – existent en Italie ; beaucoup ont été repris à l’échelle européenne voire mondiale. Ces dispositifs, pour être efficaces, nécessitent le soutien des organismes nationaux et transnationaux ainsi que des initiatives locales comme les associations anti-racket. Pourtant, on est encore loin d’un anéantissement des mafias. L’accent doit être mis sur une coopération notamment européenne, en particulier en ce qui concerne des activités dépassant les territoires mafieux stricto sensu. Europol et Eurojust ont un rôle à jouer en ce sens mais force est de constater que ces outils européens sont encore bien insuffisants, faute de moyens et faute sans doute aussi de bien percevoir les enjeux propres à la mafia par rapport à des formes de criminalité organisée plus banales.

Clotilde ChampeyracheClotilde Champeyrache est maître de conférences au Département d’économie et gestion de l’Université Paris 8 – Saint-Denis. Elle est l’auteur de Entreprise légale, propriétaire mafieux. Comment la mafia infiltre l’économie légale (2004) et de Sociétés du crime. Un tour du monde des mafias (2007) chez CNRS Editions.

amazon.fr amazon.fr

Bibliographie sommaire :

amazon.fr

John Dickie, Cosa nostra : la mafia de 1860 à nos jours, Perrin, 2008.

amazon.fr

Diego Gambetta, The Sicilian Mafia. The Business of Private Protection, Harvard University Press, 1993.

amazon.fr

Paolo Pezzino,

Les mafias, Casterman, 2007.

amazon.fr

Pino Arlacchi, Mafia et Compagnies, Presses Universitaires de Grenoble, 1986.

amazon.fr

Giovanni Falcone et Marcelle Padovani, Cosa Nostra. Le juge et les hommes d’honneur, Editions N°1/Austral, 2001.

amazon.fr

Jean-François Gayraud, Le monde des mafias. Géopolitique du crime organisé, Odile Jacob, 2008.

fnac.fr

Roberto Saviano, Gomorra. Dans l’empire de la camorra, Gallimard, 2007.

24 novembre 2008

Les syndicalismes européens entre références nationales et horizons internationaux (1945-2000)

Les mouvements ouvriers, et particulièrement les syndicats, se sont développés dans des cadres nationaux, construisant ainsi des modèles très différents : le modèle syndicaliste révolutionnaire français, le modèle unioniste britannique, le modèle centralisé-socialiste allemand, … Pour ne prendre que l’exemple du droit de grève, celui-ci s’exerce très inégalement : son usage semblait avoir disparu en Allemagne dans les années 70 alors qu’il atteignait son maximum en Grande-Bretagne, en France et en Italie. Aujourd’hui, tous ces syndicalismes européens sont confrontés au double défi de l’internationalisation de l’économie et d’une construction européenne dont les modalités donnent la priorité au marché. Comment envisager une convergence entre des mouvements syndicaux aussi spécifiques ? Comment poser la question du droit du travail dans une Europe où la diversité des législations pousse au dumping social ? La crise actuelle risque-t-elle d’accroître les divergences, ou au contraire permet-elle d’envisager un rapprochement entre les syndicalismes ?

Michel Pigenethttp://histoire-sociale.univ-paris1.fr/Publi/Apogee.htm;Michel Pigenet, professeur en histoire contemporaine à l’Université Paris 1, est un spécialiste d’histoire sociale des milieux populaires. Après une thèse sur les ouvriers du Cher, il a publié de nombreux ouvrages et articles sur le mouvement ouvrier français. Depuis une dizaine d’années, il est associé à des équipes internationales qui s’interrogent sur le lien entre le social et le politique. Il a organisé en 2002 un colloque sur Les syndicalismes européens à leur apogée et mené à son terme, en 2007, un programme international de recherches sur le thème « Etats et relations de travail au XXème siècle ».

L’apogée des syndicalismes en Europe occidentale, 1960-1985
sous la direction de Michel Pigenet, Patrick Pasture et Jean-Louis Robert
Paris, Publications de la Sorbonne, 2005

17 novembre 2008

Europe et services publics, le mariage impossible ?

http://blog.fanch-bd.com/index.php?2006/10Au vu des contradictions et des conflits de ces 20 dernières années, l’Europe semble incompatible avec les « services publics à la française ». L’hostilité d’une bonne partie des élites bruxelloises à l’égard des services publics est de notoriété publique même si formellement l’Union européenne n’a pas son mot à dire en matière de propriété publique ou privée.

Les règles de la concurrence ont largement servi à déstabiliser les services publics à caractère économique et les services publics en réseau. La roue semble cependant commencer à tourner. La réalité des services publics est commune à tous les États de l’Union même si les formes d’exercice changent. Les règles européennes elles-mêmes doivent admettre le rôle du service public et des conditions de financement dérogatoires.

La crise actuelle peut être l’occasion d’élargir la brèche. Rien n’est bien sûr acquis mais de réelles opportunités existent. D’autant qu’une prise de conscience sociale européenne s’amorce. Mais dialoguer avec nos partenaires, trouver des soutiens nous oblige à porter un regard parfois critique sur les limites de la construction française des services publics.

Par Jean-Christophe Le Duigou

Secrétaire de la Confédération Générale du Travail

Le bilan du service public en 2020 par Fanch ar ruz (10/2006)

(http://blog.fanch-bd.com/)

3 novembre 2008 – Les régionalismes en Europe.

http://www.aer.eu/fr/

par Mathieu Trouvé

L’Europe des nations ou l’Europe des États a-t-elle laissé la place à une Europe des régions ? Les régions sontwww.espon.eu-elles l’avenir de l’Europe ? Comment l’échelon régional est-il pris en compte dans la construction européenne ? De quelle Europe rêvent les mouvements régionalistes ? Ce cours a pour objet d’étudier la réalité régionale en Europe au début du XXIe siècle et d’examiner les apparentes contradictions entre les régionalismes, forces centrifuges par définition, et le processus d’intégration européenne, souvent vécu comme un mouvement centripète. En s’appuyant sur des méthodes et des connaissances empruntées à l’histoire, la science politique et le droit administratif, il s’intéressera en priorité à décrire les régions et régionalismes dans les cinq « grands États » européens : France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie et Espagne. Après une réflexion et une définition précise des termes, il s’articulera autour de trois points : d’abord, une présentation des différentes situations régionales afin de mieux comprendre comment est prise en compte la dimension régionale dans l’Europe d’aujourd’hui ; puis, une étude des régionalismes dans l’espace européen, entre nationalisme et européanisme, en tentant de décrire l’Europe voulue par les régionalistes ; enfin, une analyse de la place des régions dans l’Europe en construction, en s’interrogeant notamment sur la politique régionale menée par l’Union européenne depuis les années 1970 et sur la manière dont les régions peuvent influencer l’intégration européenne.

Bibliographie :
Ammon, Günther (dir.), Fédéralisme et centralisme : l’avenir de l’Europe entre le modèle allemand et le modèle français, Paris, Economica, 1998.
Balme, Richard (dir.), Les politiques du néo-régionalisme : action collective régionale et globalisation, Paris, Economica, 1996.
Commission européenne, Quatrième rapport sur la cohésion économique et sociale, Des régions en pleine croissance, une Europe en pleine croissance, Bruxelles, OPOCE, 2007.
Deyon, Pierre, Régionalismes et régions dans l’Europe des quinze, Paris, Éditions locales de France, 1997.
Dufour, Gérard et Jean-François, L’Espagne : un modèle pour l’Europe des régions ?, Paris, Gallimard, « Folio/Actuel », 2000.
Grasland, Claude, Les inégalités régionales dans une Europe élargie , in Chavance, Bernard (dir.), Les incertitudes du grand élargissement : l’Europe centrale et balte dans l’intégration européenne, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 181-214.
Kukawka, Pierre, L’Europe par les régions, Grenoble, PUG, 2001.
Le Galès, Patrick, Lequesne, Christian, Les Paradoxes des régions en Europe, Paris, La Découverte, 1997.
Lynch, Peter, Minority Nationalism and European Integration, Cardiff, University of Wales Presss, 1996.
Rézeau, Pierre (éd.), Dictionnaire des régionalismes de France. Géographie et histoire d’un patrimoine linguistique, De Boeck Duculot, 2001.

Mathieu TrouvéDiplômé de l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Bordeaux et agrégé d’histoire, Matthieu Trouvé est maître de conférences en histoire contemporaine à Sciences Po. Bordeaux. Il est l’auteur d’une thèse sur La diplomatie espagnole face à l’Europe (1962-1986).

Enjeux, stratégies et acteurs de l’adhésion de l’Espagne aux Communautés européennes, à paraître en novembre 2008 aux éditions Peter Lang dans la collection « Euroclio » sous le titre L’Espagne et l’Europe. De la dictature de Franco à l’Union européenne. Ses travaux et articles scientifiques récents portent sur la construction européenne, l’Espagne et l’histoire politique depuis 1945.

Ressources Internet :
Site de l’Observatoire en réseau de l’aménagement du territoire européen : www.espon.eu
Site de la DG REGIO de la Commission européenne : http://ec.europa.eu/regional_policy
Site de l’Assemblée des régions d’Europe : www.aer.eu/fr/
Site du Comité des régions : http://www.cor.europa.eu/pages/HomeTemplate.aspx

20 octobre 2008

Identité européenne et opinions publiques en France depuis 1992

http://www.france-politique.fr/referendum-maastricht.htm http://www.france-politique.fr/referendum-maastricht.htm
Affiches électorales référendum Maastritch source : www.france-politique.fr/referendum-maastricht.htm

Le concept d’identité européenne, très discuté depuis la mise en œuvre des projets européens dans l’entre-deux-guerres, a souvent servi de justification au processus de la construction européenne depuis 1957. Sans entrer dans le débat sur l’existence même d’une « identité européenne », la conférence partira d’une analyse des textes issus du traité de Maastricht, qui fondent la création d’une citoyenneté européenne sur l’existence de cette identité, pour essayer de comprendre les attitudes des opinions publiques face au projet européen. Essentiellement axée sur l’époque très contemporaine, l’intervention reviendra aussi sur les périodes antérieures, afin de mieux cerner les réactions des opinions face à la construction européenne dans la durée. Les opinions, peu passionnées sur l’Europe d’un point de vue électoral, réagissent par des attitudes inattendues lors des référendums sur les grands traités ; mais aussi par des réactions catégorielles sporadiques pouvant se traduire en mouvements sociaux. Pour autant, les opinions semblent se rallier majoritairement au projet européen. Est-ce le signe d’une identité européenne acceptée ? D’une identité européenne en construction ? Dans un questionnement ouvert, la conférence essaiera de revenir sur ces objets.

Penser et construire l'Europe de 1919 à 1992

Laurent Jalabert, maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Nantes, chercheur au CRHIA (Nantes), est spécialiste d’histoire politique de la France sous la V° République. Auteur d’un ouvrage, Penser et Construire l’Europe de 1919 à 1992 (avec Michel Catala), Bréal, 2007, il prépare un ouvrage sur Les socialistes et l’Europe (1957-2008), L’Encyclopédie du socialisme (novembre 2008).

13 octobre 2008

Peut-on parler de construction européenne depuis la seconde guerre mondiale ?

https://pastel.diplomatie.gouv.fr/editorial/archives/dossiers/schuman/index.htmlOn a longtemps parlé, pendant une cinquantaine d’années, de construction européenne. L’Europe de Robert Schuman et de Jean Monnet était portée par le triple souffle d’un projet diplomatique (la paix européenne par l’intégration), d’un espoir de prospérité économique et d’un horizon d’expérimentation politique (créer des institutions voire un « régime » qui ne soit plus fondé sur la base d’un Etat-nation).
Cette triple dynamique a nourri deux grandes périodes d’expansion des institutions européennes : une première qui commence au lendemain de la deuxième guerre mondiale et que vient couronner la signature des traités de Rome en 1957 ; une deuxième que l’on peut faire commencer en 1978 (adoption du principe du système monétaire européen) ou 1979 (première élection au suffrage direct du Parlement européen) et qui se termine en 1992 avec la signature du traité de Maastricht.
Depuis lors, l’aventure de l’Europe semble hésiter et parfois vaciller. On a d’un côté la poursuite de la construction symbolisée par l’adoption de la monnaie unique et de l’autre ce qui ressemble à une véritable déconstruction européenne. Profonde ou simplement conjoncturelle, difficile de le dire, la crise est en tout cas multiforme. Elle est à la fois géographique (l’élargissement qui pose la question des « frontières » de l’Europe), institutionnelle (comment réformer un « régime » devenu illisible) et politique (le fameux « déficit » démocratique).
Il ne s’agira pas ici de porter des jugements à l’emporte-pièce ou de jouer au prophète sur l’avenir de l’Union européenne mais de tenter de mettre au clair les principales données du problème, pour permettre enfin une discussion sur l’Europe.

http://www.assemblee-nationale.fr/infos/derniers_ouvrages/index.asp

Nicolas ROUSSELLIER est maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris. Spécialiste de l’histoire des institutions politiques (parlementarisme, pouvoir législatif et pouvoir exécutif, formes institutionnelles de la démocratie), il a préfacé le recueil des textes de traités européens, L’Europe des traités. De Schuman à Delors, Paris, CNRS Éditions, 2007

Bibliographie indicative

Marie-Thérèse BITSCH, Histoire de la construction européenne de 1945 à nos jours, Bruxelles, Éditions Complexe, 1996 (1ère édition).

Gallimard.fr

Elisabeth Du Réau, L’idée d’Europe au XXe siècle : des mythes aux réalités, Bruxelles, Complexe, 1996

(1ère édition).

amazon.fr
Bino OLIVI, L’Europe difficile. Histoire politique de la Communauté européenne, traduit de l’italien, Paris, Gallimard, 1998, collection Folio Histoire
amazon.fr

6 octobre 2008

L’identité européenne ? Un mythe !

Dans le cadre de son nouveau cours public consacré à « L’Europe d’hier à aujourd’hui : entre utopie et réalités », l’association Nantes-Histoire ouvre le débat avec cette première conférence. Il s’agit, en s’appuyant bien sûr sur l’histoire, d’aider à comprendre pourquoi des peuples au sentiment européen affirmé peuvent voter Non à des référendums, pourquoi aussi se manifeste, dans certains domaines, une moindre adhésion à l’idée européenne. La conférence ouvre des dossiers comme le territoire, la culture, la démocratie, et n’hésite pas à établir quelques parallèles avec la construction d’autres identités et unités : celles de l’Allemagne, de l’Italie, de la France au 19e siècle.

http://www.challenges.fr/actualites/politique_economique/20080612.CHA2807/vote_des_irlandais_sur_le_traite_de_lisbonne.html
http://bruxelles.blogs.liberation.fr/.shared/image.html?/photos/uncategorized/2008/06/12/file_331420_116025_3.jpg
http://www.marianne2.fr/Etienne-Chouard-Si-l-Irlande-vote-non,-ca-ne-changera-rien-_a87686.html

Alain Croix

Le conférencier, Alain Croix, président de Nantes-Histoire, professeur émérite des Universités et spécialiste d’histoire culturelle, a publié de très nombreux ouvrages sur l’histoire de la Bretagne mais aussi, moins connus, sur l’histoire du 20e siècle. Il a également conduit la récente publication collective de Nantais venus d’ailleurs. Histoire des étrangers à Nantes des origines à nos jours. Il s’agit donc d’un historien aux curiosités multiples qui appliquera au dossier les méthodes de son métier.

Nantais venus d'ailleurs , PUR 2007

Cours Public 2007 / 2008 :

4 février 2008

Famines et guerres du Darfour à la Somalie : de qui et de quoi la corne de l’Afrique est-elle victime ?

Ethiopian Emperor Bristish museum manuscript 713 (18th) Wikimedia commons

Depuis plusieurs décennies, lorsqu’on évoque la Corne de l’Afrique, c’est pour rendre compte de famines (Somalie, Éthiopie), de guerres entre voisins (Éthiopie/Érythrée) ou de guerres civiles (au Soudan, en Somalie, en Éthiopie). Cette immense région (dix fois la superficie de la France) est-elle victime du réchauffement climatique, à l’origine des sécheresses ? des rivalités ethniques instrumentalisées par les dirigeants politiques ? de l’interventionnisme des grandes puissances, intéressées par sa situation sur l’une des routes maritimes les plus importantes du monde et par ses ressources pétrolières ?

UN soldiers in Eritrea by Dawit Rezené World 66 Wikimédia commons

Partant de la situation à l’issue de la période coloniale et des frustrations liées à la décolonisation, Robert Durand tentera d’éclairer des situations complexes. Éminent spécialiste du Moyen Âge, il a longtemps enseigné à l’Université de Nantes. Ses recherches sur la péninsule ibérique l’ont conduit à s’intéresser de très près à l’Islam médiéval, une curiosité encore amplifiée par son excellente connaissance personnelle de la corne de l’Afrique. Il est ainsi devenu un des meilleurs connaisseurs de cette partie du monde trop délaissée par les historiens.

Lectures conseillées

Gérard Prunier Gérard Prunier

(sous la direction de)

Fabienne Le Houérou Roger Joint-Daguenet
Le Darfour, un génocide ambigu. Chapitre.com l'Hétiopie contemporaine. Karthala.com Éthiopie/Érythrée, frère ennemis de la Corne de l'Afrique. Editions-harmattan.fr Histoire moderne des Somalis. Les Gaulois de la Corne de l'Afrique. amazon.fr
Le Darfour.

Un génocide ambigu,

La Table ronde, Paris 2005

L’Éthiopie contemporaine,

Karthala, Paris, 2007

Éthiopie-Érythrée, frères ennemis de la Corne de l’Afrique,

l’Harmattan, Paris, 2000

Histoire moderne des Somalis. Les Gaulois de la Corne de l’Afrique, l’Harmattan, Paris, 1994

28 janvier 2008

Simon Bolivar

L’Amérique latine contemporaine : persistance de l’ordre colonial ou modernité différente ?

L’histoire politique de l’Amérique latine contemporaine est souvent présentée comme une succession de régimes autoritaires sur fond de pronunciamientos, de coups d’Etat, de révolutions avortées ou triomphantes, de populisme.

Nourri par la littérature, un imaginaire s’est développé autour des figures du caudillo, du guérillero, du général dictateur ou du leader populiste. Les conflits dont le continent fut le théâtre depuis 200 ans semblent parfois se résumer à un combat binaire entre bien et mal. Ce regard simplificateur ne rend pas justice à la complexité des histoires nationales de l’Amérique latine.

En abordant l’actualité contemporaine, marquée par le retour de la gauche au pouvoir, puis en faisant retour sur le moment inaugural des révolutions d’indépendance, il s’agit de proposer une histoire moins fantasmée de la république, de l’État et des formes démocratiques au sud du Rio Bravo depuis 1810.

Hugo Chavez

Ainsi, l’idée d’un échec latino-américain est-il à relativiser, comme l’ont montré certains travaux historiques récents.

On ne peut pas comprendre l’histoire du continent en la rapportant systématiquement à celle de l’Europe et des États-Unis pour en pointer à la fois les naufrages et l’exotisme.

Afin de rendre compte de l’histoire singulière du continent, si loin, si proche, les historiens se sont forgés des outils spécifiques dont on évoquera la nature et les limites.

Républiques en armesClément Thibaud est maître de conférences à l’Université de Nantes et historien de l’Amérique latine contemporaine, a été pendant cinq ans chercheur à Bogota, à l’Institut Français d’Études Andines, et invité dans une quinzaine d’universités en Amérique latine, en Espagne et aux États-Unis.

Il est notamment l’auteur d’un ouvrage sur les armées de Simón Bolívar. Républiques en armes Les armées de Bolivar dans les guerres d’indépendance du Vénézuela et de la Colombie, PUR Rennes 2006

Lectures conseillées

L'Amérique latine, de l'indépendance à nos jours Amérique latine : introduction à l'Extrème Occident Les révolutions d'Amérique Latine
François Chevalier Alain Rouquié Pierre Vayssière
L’Amérique latine, de l’indépendance à nos jours

Paris, PUF, Nouvelle Clio, 1993

Amérique latine : introduction

à l’Extrème Occident

Paris, Le Seuil, Point Essais, 1998

Les révolutions d’Amérique Latine Paris, Le Seuil, Points Histoire, 2002

(en sachant que cet ouvrage présente une vision des choses très différente de celle du conférencier)

21 janvier 2008

La liberté guidant le peuple (Delacroix)Comment rallier une opinion publique à la guerre ?

Les deux dernières guerres d’Irak, notamment, ont parfaitement illustré cette question essentielle. La conférence n’a évidemment pas pour but de donner aux pouvoirs publics comme aux média un petit mode d’emploi de la parfaite mobilisation des esprits en cas de conflit armé ! Il s’agit de comprendre comment, principalement dans le cas français, même si les situations allemande, anglaise et américaine seront aussi étudiées, on a cherché, et souvent réussi, à rallier les opinions publiques à la guerre. Il s’agit essentiellement d’une problématique du 20e siècle, à l’ère où les guerres totales mobilisent un nombre considérable d’hommes au front, ainsi que les esprits à l’arrière ; à l’heure aussi où ce sont, sinon des démocraties, du moins des régimes soucieux de leur popularité qui s’engagent dans les conflits et qui ne sauraient faire abstraction du soutien des citoyens. Seront donc abordés la mobilisation des opinions publiques lors des deux conflits mondiaux, dans le cas des guerres d’Espagne, ainsi que dans la situation plus récente de la guerre en Irak.

Mathilde Larrère est une brillante universitaire (agrégée d’histoire, docteur en histoire, elle exerce à l’université de Marne-la-Vallée et à Sciences-Po Paris) soucieuse de quitter les amphis, les salles de classes et les publics d’étudiants pour d’autres lieux et d’autres attentions : celle de conférences citoyennes et éclairées.

Lectures conseillées :

Fabrice d’Almeida Jean-Jacques Becker Bruno Cabanes,

Jean-Marc Pitte

François Fontaine Benjamin Stora
Images et propagandes 1914 Comment les Français sont entrés dans la guerre 11 septembre, la grande guerre des Américains La guerre d'Espagne, un déluge de feu et d'images Imaginaires de guerre, les images dans les guerres d'Algérie et du Viet-nam
Images

et propagandes

Casterman,

Paris 1995

1914 : Comment les français sont entrés dans la guerre

FNSP,

Paris 1977

11 septembre, la Grande guerre des Américains

Armand Colin,

Paris 2003

La guerre d’Espagne, un déluge de feu et d’images

BDIC,

Paris 1992

Imaginaires de guerre, les images dans les guerres d’Algérie et du Viet-nam

La découverte, Paris 2004

14 janvier 2008

La guerre en Irlande du nord : de religion ou de décolonisation ?Irlande 2005

Aujourd’hui apaisé – sans qu’on puisse encore avoir la certitude d’un apaisement durable – le conflit nord-irlandais a provoqué des centaines de morts dans un pays membre depuis longtemps de la Communauté européenne, et sans que cela émeuve réellement l’opinion publique. Ce drame humain, économique, social, culturel a en outre été présenté, presque toujours, comme le lointain et anachronique héritage d’une« guerre de religion » entre protestants fanatiques et catholiques terroristes. Le rôle de l’historien est d’interroger les faits, et de tenter de percevoir les racines profondes d’un conflit, et en particulier sa part coloniale.Portadown 1997LondonDerry 1997

Jean Guiffan

Jean Guiffan, spécialiste reconnu de l’histoire irlandaise, a notamment publié en 2006 la cinquième édition de sa Question d’Irlande, et une très originale approche culturelle du conflit à partir d’une collecte exceptionnelle de murals, ces fresques militantes qui expriment les revendications, attentes et parfois rodomontades des camps en présence.

Lectures conseillées :

Ouvrages de Jean Guiffan Voir également
La question d’Irlande Irlande du nord :

les murs témoignent

l’Irlande contemporaine

de A à Z

de

Pierre Joannon

La question d'Irlande Irlande du Nord : Les murs témoignent l'Irlande contemporaine de A à Z Histoire de l'Irlande et des Irlandais
Bruxelles,

Complexe 2006

Morlaix,

Skol Vreizh 1998

Crozon,

Ameline 2001

Histoire de l’Irlande et des Irlandais Paris, Perrin 2006

10 décembre 2007

Le passé colonial, un passé qui ne passe pas ?Exposition coloniale 1922

Nantes-Histoire a choisi de revenir sur le thème abordé en octobre dernier, et en tentant cette fois de le saisir du point de vue des colonisés. Le conférencier s’appuie sur un film qui permet de traiter le sujet avec nuances, mais sans concession : le magnifique Force noire, consacré aux tirailleurs sénégalais, produit en 2007 par l’Établissement cinématographique des Armées. La projection sera suivie d’une conférence écourtée, de manière à permettre un débat dans les conditions habituelles.

carte coloniesExposition coloniale 1906 Marseille

Le conférencier, Alain Bergerat, longtemps professeur d’Histoire en classes préparatoires aux Grandes écoles au lycée Guist’hau, s’est intéressé pendant plusieurs années au fait colonial.

3 décembre 2007

Quelle mémoire de la guerre d’Espagne (1939-2007) ?

Capa -Death of loyalist soldier

Au printemps de 1939, des centaines de milliers d’Espagnols, hommes, femmes, enfants, fuient l’instauration de la dictature franquiste et se réfugient en France. Enfermés dans des camps, puis affectés à des chantiers de travaux de force, les familles séparées, ils subissent. Certains poursuivent la lutte contre le fascisme en s’engageant dans la Résistance, comme à Nantes, en le payant souvent de la déportation ou de leur vie. Et, après 1945, l’acceptation par les Alliés du régime de Franco détruit l’espoir du retour. Comment la mémoire de ces terribles événements s’est-elle formée et transmise ? Comment les réfugiés se sont-ils intégrés dans la société française ? Comment leurs enfants, leurs petits-enfants, ont-ils gardé, ou non, cette mémoire ? Comment leurs rapports avec l’Espagne ont-ils évolué ? Et pourquoi tant d’écrivains, de cinéastes, d’historiens ont-ils été sensibilisés à cette histoire ?

AfficheAfficheAffiche

François Godicheau

François Godicheau, agrégé d’histoire et normalien, enseigne à l’Université de Toulouse-Le Mirail. Il a publié de nombreux ouvrages sur l’histoire de l’Espagne au 20e siècle, qui se caractérisent par leur qualité mais aussi leur grande sensibilité.

Lectures conseillées

Parmi les ouvrages du conférencier :

La guerre s'Espagne : de la démocratie à la dictature

La guerre d’Espagne :
de la démocratie à la dictature,
collection Découvertes Gallimard,
Paris 2006

Les mots de la guerre d’Espagne,
PUM, Toulouse, 2003

Les mots de la Guerre d'Espagne

Sur le thème abordé par la conférence

Gabrielle Garcia et Isabelle Matas, La mémoire retrouvée des républicains espagnols. Paroles d’exilés en Ille-et-Vilaine, éditions Ouest-France, Rennes, 2005.

Nantes-Histoire, Nantais venus d’ailleurs. Histoire des étrangers à Nantes des origines à nos jours, PUR, Rennes, 2007.

26 novembre 2007

Quelle est la réalité historique des druides ? par Jean-Louis BrunauxDruide

Chacun connaît Panoramix, le druide ami d’Astérix, et chacun croit donc tout savoir des druides : le gui, la serpe d’or, les pouvoirs magiques. Ajoutons à ces idées reçues une bonne dose de celtisme, voire d’ésotérisme. Et si tout cela n’avait strictement rien à voir avec la réalité ? Jean-Louis Brunaux a mené une formidable enquête, à la fois sur la réalité des druides, et sur les mythes qu’ils ont suscité. Une enquête dont la publication bouleverse notre connaissance de ces personnages essentiels de la Gaule. Nous tenons donc là un des meilleurs exemples de l’écart entre la vision commune, nourrie d’un siècle de légendes, et les acquis les plus récents de l’histoire…

Jean-Louis Brunaux

Chercheur au Centre national de la Recherche scientifique et archéologue, Jean-Louis Brunaux a publié plusieurs ouvrages sur la civilisation gauloise.

Lectures conseilléesLes Druides, des philosophes ches les Barbares

Sur le thème abordé par la conférence
Jean-Louis Brunaux, Les druides. Des philosophes chez les Barbares, Paris, Éditions du Seuil, 2006.Les Gaulois

Pour une mise en contexte
Jean-Louis Brunaux, Les Gaulois, Paris, Les Belles Lettres, 2005.

19 novembre 2007

Qu’est-ce que le communautarisme dans la France du 21e siècle ? par Yves Careilpanneau école

Tandis que le principe de laïcité perd de son sens, on assiste aujourd’hui en France à une montée en puissance des crispations identitaires. Les changements des trois dernières décennies, en particulier au niveau du capitalisme, se traduisent notamment par le développement de nouveaux processus ségrégatifs dans la ville et à l’école. En s’appuyant sur une formidable recherche menée dans l’agglomération nantaise, le conférencier mettra plus particulièrement l’accent sur la contribution (souvent inconsciente) apportée par le système scolaire et ses acteurs à la montée des communautarismes. Et il évoquera autant les effets de l’islamisme à l’école que ceux d’un « communautarisme social »…

Yves Careil

Maître de conférences en sociologie à l’IUFM de Bretagne, Yves Careil est un spécialiste du monde éducatif, sur lequel il a publié trois ouvrages avant L’expérience des collégiens. Ségrégations, médiations, tensions, paru aux Presses Universitaires de Rennes en octobre 2007.

Lectures conseillées

Autres ouvrages du conférencier

Instituteurs des cités HLM. Radioscopie et réflexion sur l’instauration progressive de l’école à plusieurs vitesses, Paris, PUF, 1994.

De l’école publique à l’école libérale. Sociologie d’un changement, Rennes, PUR, 1998.

École libérale, école inégale, Paris, Nouveaux regards/Syllepse, 2002.

L'expérience des collégiensInstituteurs des cités HLM De l'école publique à l'école libérale École libérale, école inégale

Pour aller plus loin dans ses lectures

Castel R., Les métamorphoses de la question sociale. Une chronique du salariat, Paris, Fayard, 1995.

Chauvel L., Les classes moyennes à la dérive, Paris, Seuil/La République des Idées, 2006.

Kepel G., Fitna. Guerre au cœur de l’islam, Paris, Gallimard, 2004.

Maurin E., Le ghetto français. Enquête sur le séparatisme social. Seuil/La République des Idées, 2004.

Pinçon M. et Pinçon-Charlot M., Grandes fortunes, Dynasties familiales et formes de richesse en France, Paris, Payot, 1996.

12 novembre 2007

La légende arthurienne, une imposture médiévale ? par Amaury ChauouThe death of king Arthur by James Archer

Coqueluche des cours aristocratiques médiévales, légende sans frontières, le roi Arthur est l’un des plus riches témoignages que nous possédions sur l’importance du merveilleux dans l’Occident du 12e au 15e siècle. Mais comment ce personnage central de la matière de Bretagne et des « romans bretons » est-il né, et quel statut la geste arthurienne a-t-elle occupé au Moyen Âge? À la charnière de l’histoire culturelle et de l’histoire politique, l’étude des sources du légendaire arthurien depuis Geoffroy de Monmouth révèle que le rayonnement du fameux roi de Bretagne n’est pas neutre pour l’Angleterre des Plantagenêts, et qu’il y avait de bonnes raisons de faire croire à l’historicité de ses hauts faits. Nous sommes donc, au-delà de l’histoire médiévale, devant un bel exemple de manipulation de l’histoire qui nous ramène à des enjeux très actuels…
L'idéologie Plantagenêt,

Agrégé d’histoire, Amaury Chauou est professeur de Première Supérieure au lycée de Kerichen à Brest.

Il est l’auteur d’une thèse de doctorat sur l’histoire culturelle et politique des Plantagenêts, ainsi que de plusieurs articles et communications sur l’espace Plantagenêt, notamment dans le cadre de colloques organisés à l’abbaye de Fontevraud par le Centre d’Etudes Supérieures de Civilisation Médiévale (Université de Poitiers).12 novembre 2007

Lecture conseillée

La thèse du conférencier a donné un livre : L’idéologie Plantagenêt. Royauté arthurienne et monarchie politique dans l’espace Plantagenêt (XIIe-XIIIe siècles) PUR, 2001.

22 octobre 2007

La Turquie est-elle européenne ?

Hommes politiques voire experts se prononcent, depuis deux ans, « pour » ou « contre » l’entrée de la Turquie dans la Communauté européenne, ce qui est leur rôle. Mais ils le font souvent en s’appuyant sur des « évidences » : la Turquie est, ou beaucoup plus souvent « n’est pas » européenne. La conférence rappelle tout simplement l’Histoire, celle de rapports riches et… complexes entre la Turquie et l’Europe : une histoire dont nous ignorons souvent tout ou presque tout. Bonne manière de permettre au citoyen de faire ensuite le tri entre options politiques et démagogie, entre dossiers étayés et ignorance…Ankara 2007

Le conférencier prévu, Bruno Ripoche, a jeté l’éponge ces tous derniers jours. Passons. Nantes-Histoire a souhaite relever le défi, et la conférence sera assurée par Alain Croix. Président de Nantes-Histoire, professeur émérite des Universités et spécialiste d’histoire culturelle, il a publié de très nombreux ouvrages sur l’histoire de la Bretagne mais aussi, moins connus, sur l’histoire du 20e siècle. Il s’agit donc d’un historien aux curiosités multiples qui appliquera au dossier les méthodes de son métier.

Mosquée bleue Istambul

Lectures conseillées

La meilleure histoire de la Turquie est celle qu’a dirigée Robert Mantran, Histoire de l’empire ottoman, Fayard, Paris, 1989.

Pour un exemple de livre à thèse (un auteur kurde qui souligne le repli turc sur l’Anatolie), Bozarslan Hamit, Histoire de la Turquie contemporaine, La Découverte, Paris, 2004.

Pour se faire plaisir, l’Histoire de la Turquie publiée par… Lamartine en 1854 (en bibliothèque).

15 octobre 2007

Faut-il condamner notre passé colonial ? par Daniel LefeuvreDelacroix

Les débats ont été vifs dans le monde politique et dans la société, en 2006 particulièrement (le fameux amendement sur le bilan positif de la colonisation que la majorité des députés avaient décidé d’imposer aux manuels scolaires…), et plus largement en liaison avec des thèmes aussi sensibles que l’esclavage, le « devoir de mémoire », voire la revendication de « réparation »… La conférence apporte un point de vue d’historien, non pas neutre, mais dégagé des contingences politiciennes ou démagogiques.

Daniel LefeuvreDaniel Lefeuvre, spécialiste de l’Algérie coloniale, est professeur d’histoire économique et sociale à l’Université de Paris VIII-Saint-Denis. Il préside l’association Études coloniales, créée en 2006, l’année où il publie un livre au large écho, Pour en finir avec la repentance coloniale (éditions Flammarion). Il a également publié de nombreux ouvrages sur l’histoire du 20e siècle et sur l’histoire de l’Algérie coloniale.

Lectures conseilléesPour en finir avec la repentance coloniale

Pour mesurer le travail de recherche du conférencier, Chère Algérie. La France et sa colonie (1930-1962), Paris, Flammarion, réédité en 2005.

Sur le sujet abordé par la conférence, Pour en finir avec la repentance coloniale, Paris, Flammarion, 2006.

Pour aller plus loin, la revue en ligne de l’association Études coloniales
http://etudes coloniales.canalblog.com/

et le blog de Daniel Lefeuvre,
http://www.blog-lefeuvre.com/

8 octobre 2007

Chine d’aujourd’hui : la réforme contre la Révolution ? par Roland DepierreNouvel opéra de Pékin 9/2007

Voilà 58 ans que la Révolution chinoise s’est imposée, 31 que la Révolution culturelle a pris fin. Aujourd’hui, une part notable de l’actualité chinoise est faite de taux de croissance à deux chiffres, de capitalistes locaux et étrangers, d’élévation du niveau de vie, du creusement des écarts sociaux, de sérieux problèmes d’accès aux soins ou à l’éducation, tandis que le Parti communiste chinois exerce le monopole du pouvoir. Qu’est donc la Chine d’aujourd’hui ? Révolutionnaire ? Capitaliste ? Créatrice d’une voie originale ?

Roland Depierre , philosophe, chercheur, professeur d’histoire et de civilisation de la Chine, y a vécu et travaillé de 1976 à 1983. C’est un excellent connaisseur du pays et de ses évolutions récentes.

nantes-histoire 9/2007

Lectures conseillées

Pour une mise en appétit sur le sujet : Thierry Sanjuan, Atlas de la Chine. Les mutations accélérées, éditions Autrement, Paris, 2007.

[Un formidable petit ouvrage pour « tout » savoir sur la Chine d’aujourd’hui]

Pierre Gentelle, Chine. Un continent… et au-delà ?, éditions de la Documentation française, Paris, 2001.

[Synthèse d’un des meilleurs connaisseurs de la Chine sur les changements récents]

He Jiagong, Crimes et délits à la Bourse de Pékin, éditions L’Aube noire, 2005.

[Le polar d’un auteur chinois, inconcevable il y a vingt ans encore]

Monument aux morts de Ploemeur (56)

1er octobre 2007

Les Bretons de 14-18 : une histoire particulière ?

La Bretagne a longtemps vécu, et vit encore en partie aujourd’hui, sur une mémoire doloriste de la Première Guerre Mondiale, illustrée par le mythe des 250 000 tués. Même si les effroyables pertes de la guerre sont bien une réalité, on peut s’interroger sur les raisons qui ont fait le succès de cette histoire « reconstituée ». Et surtout, ce qui n’a jamais été réalisé, tenter une approche régionale de cette guerre qui tienne compte des essentiels progrès de l’histoire sur ce chantier. La conférence propose donc un regard totalement inédit.

Ce type de monument, inauguré le 31 juillet 1921, est rare en Bretagne. Il ne comporte aucun signe religieux et il est réputé pacifiste : la femme, en costume du pays lorientais, se penche sur des armes cassées.

Didier Guyvarc’h , agrégé et docteur en histoire, est maître de conférences à l’IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) de Bretagne. Historien-citoyen, il a aussi présidé Nantes-Histoire de 1992 à 2004. Depuis une quinzaine d’années, ses recherches portent sur les questions de la mémoire en histoire, appliquées aussi bien à la ville de Nantes qu’à la traite négrière ou à la Première Guerre mondiale. Il prépare une histoire de cette guerre à l’échelle de la Bretagne.

Lectures conseillées

Pour une mise en appétit sur le sujet : Didier Guyvarc’h, Moi, Marie Rocher, écolière en guerre. Dessins d’enfants (1914-1919), éditions Apogée, Rennes, 1993.

[Un petit bijou, à partir de formidables dessins conservés aux Archives municipales de Nantes]

Parmi les ouvrages dirigés par le conférencier : La mémoire d’une ville. Vingt images de Nantes, éditions Skol Vreizh, Morlaix, 2001 [ouvrage préparé par l’association Nantes-Histoire], ou le classique Guide de l’histoire locale, éditions du Seuil, Paris, 1990.

Boesinghe (Belgique)

A Boesinghe, en Belgique entre Dixmude et Ypres, un mémorial rappelle la première attaque par les gaz, le 22 avril 1915 dont ont été victimes les soldats bretons. Le mémorial est composé d’un calvaire venu de Louargat et d’un dolmen de Hénanbihen, une sorte de résumé des images convenues de la Bretagne.