Éditorial de rentrée
16 septembre 2022 | Le président de Nantes-Histoire
Club des femmes patriotes dans une église, 1793, par Chérieux / Technique (dessin à la plume et encre de Chine, lavis à l’encre de Chine et aquarelle) / dimensions (hauteur : 40,8 cm ; largeur : 54,5 cm) / Bibliothèque nationale de France / Département des estampes et de la photographie.
L’équipe de Nantes-Histoire est heureuse de souhaiter, pour cette année 2022-2023, la bienvenue à tous ses adhérents et à tous ses amis visiteurs du site. Le président, signataire de ces lignes, va devoir pour raisons de santé se mettre en retrait pendant quelques mois mais il va suivre avec beaucoup d’intérêt les conférences qui vont, comme l’an dernier, être accessibles en podcast.
Et il espère bien vous retrouver tous en présentiel d’ici quelques mois, peut-être pour la grande conférence de Michelle Perrot, consacrée aux « femmes dans l’espace public », qui est prévue le 16 janvier prochain et devrait constituer un moment-clé de cette année.
Nous nous réjouissons tous d’accueillir et d’écouter la grande historienne pionnière de l’histoire des femmes. En même temps, ce sont au fil de l’année, les représentantes de plusieurs générations qui viendront faire état de cette percée historiographique qui a fait émerger, comme d’un continent oublié, le parcours de toutes ces personnalités féminines individuelles ou collectives qui ont façonné, depuis la préhistoire, la vie des sociétés et aussi des cités humaines, même si l’espace public a été difficile à conquérir. En présentant ces femmes dans l’histoire, nous n’avons pas voulu sacrifier à une mode ; bien sûr, on ne saurait, en plongeant dans le passé, faire abstraction de notre présent, des phénomènes d’oppression et d’occultation qui sont encore si prégnants et font l’objet de revendications légitimes pour en finir avec les dominations patriarcales aux racines si anciennes. La question des féminismes fera partie de nos interrogations et fera l’objet de notre table-ronde finale. Mais l’histoire des femmes, la grande histoire des femmes, ne saurait se limiter à l’histoire tragique de victimes. Ce sont des actrices que nous voulons présenter, avec toutes les initiatives qu’elles ont pu prendre au cours de l’histoire. Des Nantaises parmi elles, comme les filles de Chantelle ou la musicienne Charlotte Baudry. Et des dissidentes, dont il est beaucoup question aujourd’hui, comme les sorcières, un personnage collectif que Michelet avait déjà présenté comme une sorte d’héroïne romantique, et aussi, en sens inverse, car l’histoire n’est jamais unilatérale, ces religieuses qui ont créé des sociétés féminines presque autogérées pour agir dans la Cité.
Comme le suggère la gravure que nous présentons, mais qui constitue plutôt une caricature à charge et qui relève de l’antiféminisme, avec ce club de femmes haineuses, la présence des femmes en révolution est un phénomène historique, comme viendra nous le rappeler Jean-Clément Martin. On pourrait même se demander si les basculements révolutionnaires ne se font pas aux moment-clés où des femmes interviennent collectivement, des journées d’octobre en 1789 à Versailles aux manifestations en Russie en février-mars 1917 ou bien plus récemment, qui sait, en Iran. En même temps, quand les révolutions se durcissent ou s’ossifient, des personnalités féminines ont pu se dresser et s’opposer aux dérives, quitte à passer pour contre-révolutionnaires, telles Charlotte Corday, Manon Roland ou même Olympe de Gouges.
Pour ce programme d’histoire des femmes et du genre, nous sommes heureux de pouvoir proposer, comme nouveauté, des conférences Junior assurées par des étudiantes et étudiants en Master, qui nous présenteront leurs recherches, dont les thématiques, de l’Antiquité au présent, relèvent de la même attention aux distinctions mais aussi aux dialogues et parfois aux brouillages des genres, avec des mythes revisités, tel celui des Amazones. La parole donnée à cette nouvelle génération constitue un vrai renouvellement pour notre association.
Nous souhaitons à tous les membres de Nantes-Histoire, que nous espérons de plus en plus nombreux, de trouver dans ce programme d’histoire citoyenne une riche source de connaissances et de réflexion.
Le président,
Rémi Fabre