Méditerranée : une évolution sur la durée au miroir du changement global

Résumé :

Au carrefour des routes et des civilisations, la Méditerranée a intégré au cours de son histoire de très nombreux apports d’espèces non-indigènes. Celles-ci participent aujourd’hui de son identité culturelle, paysagère, gastronomique. Depuis le milieu du XXe siècle, ces introductions s’accélèrent. Elles ont à mettre en relation avec la forte croissance des transports maritimes, première cause des introductions involontaires dans le milieu marin. Dommageable pour les écosystèmes locaux, le caractère invasif de certaines de ces espèces nouvelles est parfois décrit avec des mots alarmistes, alors que nombre d’entre-elles sont d’ores et déjà exploitées par les flottilles de la pêche côtière. Si la capture de ces êtres vivants importés, poissons, crustacés, algues, peut être perçue comme un moyen efficace de les éradiquer, on oublie que la première cause de réussite des phénomènes invasifs réside dans l’état dégradé des écosystèmes locaux. L’absence de prédateurs naturels, décimés par la surpêche, plus que le caractère diabolique des nouveaux venus, explique ici la facilité de leur installation. L’effondrement de certains compartiments du vivant, en Méditerranée, démontre à ce titre pleinement les effets du changement global sur le monde océanique.