Quand le déjeuner devint petit : une histoire de mondialisation

Cours public Nantes Histoire, lundi 06 décembre 2021

Amphi 9 de la Faculté de médecine

Christian Grataloup

Quand le déjeuner devint petit : une histoire de mondialisation.

Biographie

Professeur émérite de géographie à l’université de Paris (naguère université Paris Diderot), Christian Grataloup est directeur de la collection d’atlas historiques L’Histoire/éd. des Arènes. Il s’intéresse à la géohistoire des grandes découpages du Monde (ce qu’on appelle parfois « métagéographies ») comme Est/Ouest, Europe/Asie/Afrique/Amérique…, Orient/Occident. C’est dans le cadre de la genèse du couple Nord/Sud qu’il s’est intéressé à la genèse du « petit déjeuner ».

Derniers ouvrages publiés :

• 2020 : Atlas historique de la France, Les Arènes/L’Histoire
• 2020 : L’invention des continents et des océans, Larousse
• 2020 : Cabinet de curiosité de l’histoire du Monde, Armand Colin
• 2019 : Atlas historique mondial, Les Arènes/L’Histoire
• 2018 : Vision(s) du Monde, Armand Colin
• 2017 : Le Monde dans nos tasses, Armand Colin (réédition en poche en 2020)

Résumé

Au début du XIXe siècle, apparait à Paris l’expression « petit déjeuner » qui se diffuse lentement et imparfaitement au-delà. Elle désigne un nouveau type de repas, apparu dans de rares milieux très favorisés des grandes villes d’Europe occidentale au début du XVIIIe siècle et qui se répand assez vite dans le reste de la société européenne. Il est organisé autour de la consommation de boissons chaudes dont les ingrédients viennent tous de plantations tropicales : thé, café ou cacao, avec ou sans sucre. Des produits nouveaux aux matériaux plus locaux leurs sont associés au cours du XIXe siècle : viennoiseries et baguette de pain. Ainsi s’impose à l’échelle mondiale un repas très stéréotypé, le continental breakfast, devenu la norme hôtelière du matin à l’échelle mondiale.

Cette mondialisation de la consommation n’a pu se produire qu’accompagnée, et même précédée, d’une mondialisation de la production, faite de plantations esclavagistes, de traites négrières, d’invention de l’industrie agro-alimentaire et de construction historique du « Sud ».

Pour aller plus loin 

Sindney Mintz, Sucre blanc, misère noire. Le goût et le pouvoir, Nathan, 1991

Christian Boudan, Géopolitique du goût. La guerre culinaire, PUF, 2004

Pierre Dockès, Le sucre et les larmes. Bref essai d’histoire et de mondialisation, Descartes & Cie, 2009

Christian Grataloup, Le Monde dans nos tasses. Une histoire du petit déjeuner, Armand Colin, 2017

Paul Butel, Histoire du thé, Desjonquères, 1997

Frédéric Mauro, Histoire du café, Desjonquères, 2002

Nikita Harwich, Histoire du chocolat, Desjonquères, 1992

Jean Meyer, Histoire du sucre, Desjonquères, 1989

Philippe Haudrère, Les compagnies des Indes orientales, Desjonquères, 2006