11 mars 2024 | Amphi Kernéis
Abraham Bosse, Les Métiers : Le Clystère (v. 1632-1633), Eau-forte et burin, 265 x 335 mm, BnF, département des Estampes et de la photographie.
Biographie :
Mathilde Mougin a soutenu une thèse de doctorat intitulée « De l’expérience des corps à la fabrique d’une science de l’homme : discours pré-anthropologiques dans la littérature de voyage (1578-1721) » et est actuellement rattachée au CIELAM (Centre Interdisciplinaire d’Étude des Littératures d’Aix-Marseille) et à TELEMMe (Temps, espaces, langages, Europe méridionale, Méditerranée). Ses recherches portent sur la littérature de voyage française des XVIe et XVIIe siècles, et plus spécifiquement sur la constitution d’un savoir anthropologique et d’une idéologie racialiste dont témoignent les discours que les voyageurs élaborent sur les altérités qu’ils rencontrent aux Amériques, en Afrique, en Orient et en Extrême-Orient. Elle est notamment membre du projet « Géographies imaginaires » et co-rédactrice de la « Lettre du voyageur » du CRLV (Centre de recherche sur la littérature des voyages).
Résumé :
Saignées, purgations, diètes et potions sont au cœur de la pratique médicale du XVIIe siècle fondée sur une conception humorale du corps héritée de la médecine antique (Hippocrate et Galien), et dont témoigne l’œuvre de Molière (1622-1673). En effet, nombreuses sont les pièces de cet auteur à aborder la médecine et ses acteurs, à l’origine de plusieurs situations comiques héritières de la farce (la scène de l’urine du Médecin volant par exemple) ou encore d’un comique de caractère mettant en scène des personnages de médecins vrais ou déguisés, et ridiculisés. Mais, loin de n’être que des ingrédients comiques ou l’objet d’une satire, la médecine et la maladie sont aussi l’occasion d’une réflexion sur la nature humaine, comme il apparaît notamment avec Le Malade imaginaire (1673). L’œuvre du dramaturge reflète également certaines querelles de son temps (à propos de la saignée par exemple, ou encore de la circulation sanguine découverte par William Harvey en 1628), comme d’autres de ses contemporains avec lesquels cette communication entend faire entrer l’auteur en dialogue. En effet, la médecine « au temps de Molière » ne peut être envisagée sans ses acteurs réels, et en particulier deux d’entre eux, François Bernier (1620-1688), médecin gassendiste, et Pierre-Martin de La Martinière (1634-1690), chirurgien barbier qui entreprit des études de médecine après une période de captivité en Méditerranée (épisode dont l’authenticité est discutée). Par leur pratique de la médecine et leur production littéraire – tous deux composent le récit de leurs voyages ponctués d’aventures médicales –, ces deux auteurs participent eux aussi à ce dialogue entre littérature et médecine.
Bibliographie :
• Dandrey, Patrick, La médecine et la maladie dans le théâtre de Molière, Paris, Klincksieck, 1998, 2 volumes.
• Dandrey, Patrick, Le ‘’cas’’ Argan : Molière et la maladie imaginaire, Paris, Klincksieck, 1993.
• Gmerk, Mirko D. (dir.), Histoire de la pensée médicale en Occident. 2. De la Renaissance aux Lumières, Paris, Editions du Seuil, 1997.
• Lebrun, François, Se soigner autrefois : médecins, saints et sorciers aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Editions du Seuil, 1995.
• Loux, Françoise, Pierre-Martin de La Martinière : un médecin au XVIIe siècle, Paris, Imago, 1988.
Mathilde Mougin
Mathilde Mougin est docteure actuellement rattachée au CIELAM (Centre Interdisciplinaire d’Étude des Littératures d’Aix-Marseille) et à TELEMMe (Temps, espaces, langages, Europe méridionale, Méditerranée).
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