La conserve française de sardine, la première industrie agroalimentaire au monde ?

Présentation du conférencier

Jean-Christophe Fichou, docteur agrégé de géographie, docteur habilité en histoire contemporaine, est professeur de chaire supérieure au lycée de Kerichen à Brest. Il est membre-chercheur du CETMA (CNRS – Museum). Sa thèse d’histoire, portant sur la signalisation des côtes de France, a été publiée sous le titre : Phares, histoire de la signalisation maritime des côtes de France, Douarnenez, Édition de l’Estran, 1999. Jean-Christophe Fichou est l’auteur de nombreux ouvrages sur les phares, dont Gardiens de phares, 1798-1939, Rennes, PUR, 2002 ; Les Maisons-phares, Rennes, Ouest-France, 2011 ; Phares en mer, Rennes, Éditions Ouest-France, 2016 ; Phares du Monde, Rennes, Ouest-France, 2019. Le sujet de son HDR, soutenue en 2006 à l’université de Bretagne occidentale, portait sur : Les Conserveries de sardines et les conserveurs. Littoral atlantique français, 1852-1969.

Résumé de la conférence

La conserve de sardine à l’huile est née au début du XIXe siècle à Nantes et à Bordeaux ; elle a connu immédiatement un très grand succès. La réussite de ces entreprises n’est pas le fruit du hasard, mais elle est liée à plusieurs éléments dont bien évidemment l’invention d’une technique nouvelle développée par Nicolas Appert. Non seulement les conserveurs de sardines parviennent à mettre au point le premier aliment industriel recherché pour sa valeur gustative propre, mais certainement aussi ses connotations sociales. De plus, ils le vendent presque entièrement à l’étranger, sans avoir aucune connaissance réelle des appétits, des nécessités, des goûts de nos voisins, puis des Français. Ce qui frappe c’est bien l’essor de la technique nouvelle, et plus encore l’assentiment des gastronomes sans qui le produit n’aurait pas connu plus de succès que les conserves de viandes, de soupes ou de légumes telles qu’on les préparait à la même époque, mais qui n’emportaient jamais la comparaison avec leurs équivalents mangés frais.

La sardine à l’huile, produit de l’ère industrielle ? À coup sûr ! On achète sans goûter un poisson que l’on ne voit même pas, emboîté selon des techniques mécanisées : on a confiance dans la marque, dans le nom. L’emballage de fer-blanc n’est plus un obstacle au goût, au bon goût évidemment, et même au contraire puisqu’il permet de le définir et de présenter sa richesse, discrètement, et plus encore sa culture, son appartenance à l’aristocratie de la société gourmande.

Quelques références bibliographiques :

Élisabeth Ridel, André Zysberg et Éric Barré (dir.), Les nourritures de la mer. De la criée à l’assiette, Paris, Publications du CNRS-CRHQ, 2007.

Articles de Jean-Christophe Fichou :

« La Conserverie de poisson 1939-1945 : une industrie sinistrée ? », Guerres Mondiales et Conflits Contemporains, n°207, juillet-septembre 2002, pp. 61-75.

« Les Conserveurs bretons et le Front populaire», Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, tome 111 -1, 2004, pp. 111-125.

« La Grande Guerre et les conserveurs de sardines », Guerres Mondiales et Conflits Contemporains, n° 219, 2005, pp. 71-86.

« Les Conserves de sardines à l’huile ou le luxe français sur les grandes tables du monde », Histoire, Économie & Société, 2007-1, pp. 107-123.

« La Crise sardinière de 1902-1913 au cœur des affrontements religieux en Bretagne », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, tome 116-4, 2009, pp. 149-170.

« Un goût nouveau pour le premier aliment industriel, la sardine à l’huile », Food and History, Volume 8.2, 2011, pp. 7-21.

« La Pêche sardinière et les conserveurs de poisson dans la Bretagne atlantique, 1852-1914 », Revue d’Histoire Maritime, n°15, 2012, pp. 221-235.

« La Sardine à l’huile ou le premier aliment industriel », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, tome 119-4, 2012, pp. 69-81.

« A la guerre comme à la guerre ; une conserve de poisson au goût déroutant pendant la Seconde Guerre mondiale en France », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, tome 122-1, 2015, pp. 139-153.